Oeuvres, tome 3

Haussmann s’est lui-même qualifié d’ « artiste démolisseur ». Il se sentait la vocation de son œuvre, et il y insiste dans ses Mémoires. Cependant, il rend Paris étranger à ses propres habitants. Ils ne s’y sentent plus chez eux. Ils commencent à prendre conscience du caractère inhumain de la grande ville.

Entre le peintre et le cameraman nous retrouvons le même rapport qu'entre le mage et le chirurgien. L'un observe, en peignant, une distance naturelle entre la réalité donnée et lui-même, le cameraman pénètre en profondeur dans la trame même du donné. Les images qu'ils obtiennent l'un et l'autre diffèrent à un point extraordinaire. Celle du peintre est globale, celle du cameraman se morcelle en un grand nombre de parties, qui se recomposent selon une loi nouvelle.

Les panoramas, qui annoncent un bouleversement dans le rapport de l'art à la technique, traduisent en même temps un sentiment nouveau de la vie. Le citadin, dont la supériorité politique sur la campagne s'exprime à maintes reprises au cours du siècle, tente à présent d'introduire la campagne dans la ville. Dans les panoramas, la ville s'élargit en paysage, comme elle le fera plus tard, plus subtilement pour le flâneur.

Les femmes que nous courtisons n’ont-elles pas des sœurs qu’elles n’ont plus connues ? S’il en est ainsi, alors il existe un rendez-vous tacite entre les générations passées et la nôtre.

La guerre est belle, car elle réalise pour la première fois le rêve d’un corps humain métallique. La guerre est belle, car elle enrichit un pré en fleurs des flamboyantes orchidées des mitrailleuses.

[Marinetti]

L’une des tâches primordiales de l’art a été de tout temps de susciter une demande, en un temps qui n’était pas mûr pour qu’elle pût recevoir pleine satisfaction.

[A propos du neuvième poème du Manuel pour habitants des villes de Brecht]

L’inhumanité à laquelle [les personnages] sont condamnés n’a pas pu les priver de la politesse du cœur. On peut y trouver des raisons d’espérer ou de désespérer. Le poète ne s’est pas expliqué à ce propos.

Toute personne qui milite pour la classe exploitée est un émigré dans son propre pays.

Ce qui intervient […] dans l’histoire naturelle c’est le fait inouï que les partenaires peuvent se regarder dans les yeux au moment de l’orgasme. C’est ainsi seulement que l’orgie devient possible. Non par l’accroissement des stimulations que rencontre le regard. L’aspect déterminant, c’est que l’expression de la saturation, voire de l’impuissance, peut elle-même devenir un stimulant érotique.

L’art fasciste est un art de propagande. Il est donc exécuté pour des masses. La propagande fasciste doit, en outre, pénétrer la vie sociale tout entière. L’art fasciste, de ce fait, n’est pas seulement exécuté pour des masses, mais aussi par des masses.