L'autre moitié de soi

C'est un bon livre, qui se lit sans s'arrêter. Simple, malgré le fait qu'il traite de sujets au combien importants.
La différence... accepter nos différences, sans juger. Couleur, sexualité, niveau social.....
Il traite aussi de l'abandon de sa famille, des mensonges qui s'ensuivent, des secrets.

Ce n'est pas vraiment un scoop, en Amérique il ne fait pas bon être noir. Mais lorsque les métissages ont fini par rendre votre peau particulièrement claire, la position est peut-être plus inconfortable encore : ni vraiment d'une communauté ni de l'autre, vous n'êtes accepté nulle part.

Stella et Desiree sont des jumelles nées à Mallard, un bled paumé du sud des Etats-Unis créé de toutes pièces dans les années 1850 par un affranchi qui rêvait d'un lieu où, par unions successives de mulâtres, chaque génération se rapprocherait ainsi de « la perfection ». Un siècle plus tard, Stella et Desiree ont la peau extrêmement pâle. Elles n'en sont pas moins noires et désespèrent, devenues adolescentes, de n'avoir pour tout horizon qu'une place de domestiques, comme leur mère qui les élève seule depuis que son mari a été lynché sous les yeux des fillettes alors âgées d'une dizaine d'années.

Une seule issue : fuir. Laisser Mallard derrière elles et gagner La Nouvelle Orléans, puis se rendre peut-être plus loin encore...

Quinze ans plus tard, pourquoi Desiree rentre-t-elle au bercail, aussi inopinément qu'elle l'avait déserté ? Quelle est cette enfant à la peau sombre qui l'accompagne ? Quant à Stella, pourquoi n'est-elle pas à ses côtés ? Qu'est-elle devenue ? Desiree elle-même l'ignore depuis que sa soeur a disparu quelques mois seulement après leur fuite.

Brit Bennett déroule simultanément le fil de l'histoire de chacune des deux soeurs, l'une ayant assumé son ascendance noire, quand l'autre a choisi de la taire pour entrer dans la peau d'une Blanche et se frayer un chemin dans la bonne société américaine.

Le mensonge peut-il être la clé du bonheur ? Ou bien n'est-il qu'un piège qui vous étouffe peu à peu. Vaut-il mieux au contraire demeurer dans sa condition, quitte à souffrir des conséquences qu'elle entraîne ?

Brit Bennett ne prétend pas apporter de réponse, mais explore ces deux voies dans une trame romanesque jouant constamment sur le parallélisme des deux héroïnes qui, à partir d'une situation initiale rigoureusement identique, vont emprunter des chemins divergents. C'est sans jugement de valeur, avec lucidité et empathie qu'elle observe ses personnages et aborde la question de la ségrégation, nouant les fils d'une l'intrigue qui retient habilement le lecteur dans ses rets.

Les jumelles finiront-elles par se retrouver ? Pourront-elles vivre une existence apaisée ? Leur fille respective parviendront-elles à se faire à leur tour une place au sein de cette société fracturée et peu encline à accepter les différences, de quelque nature soient-elles ?

Avec ces délicats portraits de femmes, Brit Bennett transcende la seule question raciale pour sonder celle, plus large, des possibilités d'épanouissement des individus au sein d'une société oppressive, et signe ainsi un captivant roman outrepassant largement le cadre historique et social dans lequel il s'inscrit.
Lien : https://delphine-olympe.blog..

La rentrée littéraire 2020 a vu le thème de la ségrégation aux États-Unis plusieurs fois représenté.
C'est un thème qui ne laisse pas indifférent, un sujet fort et j'ai pour ma part beaucoup aimé "Nickel Boys" de Colson Whitehead.
Sans vouloir comparer ces deux oeuvres car elles sont très différentes, je n'ai pas pu m'empêcher un petit parallèle, les ayant lues à peu d'interval. Pourtant "L'autre moitié de soi" traite une toute autre facette du problème.

Le roman est moins profond que ce à quoi je m'attendais.
C'est plus une saga familiale racontée à travers les problèmes d'identité de deux soeurs, le déni de ses origines par l'une des deux et toutes les difficultés qui en découlent et se répercutent sur leurs enfants.
C'est une lecture sur la difficulté de trouver sa place dans une société qui n'accepte pas la différence, et pas seulement raciale.
Ce sont bien là des thèmes profonds pourtant. Certes, mais si j'ai apprécié ce livre,  je n'ai pas été aussi touchée que je pensais l'être.
Un très agréable moment néanmoins et une construction alternant les périodes et les personnages intéressante.

Tout d'abord, je tenais à remercier Babelio.com de m'avoir sélectionne pour la masse critique et surtout cette rencontre mémorable en visio qui a eu lieu le 29 novembre avec Brit Bennett, ce fut un moment inoubliable.
J'étais tellement impressionné et surtout absorbé par ce que l'auteur disait de ce roman que je n'ai pas posé de questions mais ce moment fort restera graver dans ma tête.
Ce roman aborde plusieurs sujets dont la quête de l'identité, le racisme, la ségrégation.
C'est un roman puissant qui fait passer un message fort dans un style unique.
Un roman poignant, émouvant, touchant, tout simplement magnifique.
Merci à l'auteur pour ce très bon moment de lecture

Les jumelles de Mallard partent à l'aventure en secret, elles quittent leur village, leur mère du jour au lendemain …
Mallard, étrange village où tous les noirs sont tous plus clairs les uns que les autres.
Mallard, où leur père a été tué impunément par des blancs parce qu'il travaillait trop bien ou qu'il dérangeait, faut-il vraiment une raison à un blanc pour tuer un noir? Stella la discrète, tout en retenue et en calcul en rêve la nuit, elle ne se raconte pas à sa jumelle. Desiree, nerveuse, ambitieuse, garde sa soeur dans son sillage et l'entraîne dans son périple, mais est-ce vraiment elle qui a le plus envie de partir vivre une autre vie à la ville ? Car au final, c'es Stella qui va franchir la ligne et saisir l'opportunité de se faire passer pour une blanche, décrocher un emploi de secrétaire et amorcer le plus gros mensonge de sa vie. Et tandis qu'elle disparaît sans un avertissement, sans un indice, Desiree , elle, fera un mariage malheureux et finira par fuir les coups de son mari et retourner dans son village natal avec sa fille Jude, une enfant d'un noir-bleu, noir comme ils n'ont jamais vu à Mallard! Elle retrouvera Early, ancien flirte, chasseur de prime à ses trousses, menant une vie de nomade. Abîmée par son mariage, Desiree refait sa vie au village malgré les souffrances psychologiques que sa fille subit chaque jour, elle la plus noire parmi les noirs. Rejet, racisme, solitude. Jude court, décroche une bourse, elle aussi à son tour veut fuir Mallard, ce village qui n'est même pas sur une carte.

Plus qu'une histoire de séparation, j'ai trouvé ici l'histoire d'une quête d'identité. L'autre moitié de soi, est-ce vraiment la jumelle disparue? ou plutôt la recherche de qui on est vraiment et ce qui nous défini?
Desiree croyait qu'elle était la meneuse mais se rend compte que sa soeur avait une volonté propre, qui est-elle maintenant qu'elle est rentrée au bercail? Quels étaient les secrets de sa soeur? la reverra-t-elle un jour?
Stella a peur qu'on découvre qu'elle n'est pas blanche, qu'elle n'est pas qui elle prétend être, mais est-on vraiment noir lorsqu'on a la peau blanche, un mari blanc, une enfant blonde aux yeux bleus et qu'on vit dans un quartier de blancs? Qu'est-ce qui nous définit?
Seul Reese le petit ami transgenre de Jude a toujours su qui il était, c'est la nature qui n'a pas voulu lui donner ce qu'il ressent être au plus profond de lui.
Kennedy, la fille de Stella, ne veut pas être ce que ses parents attendent d'elle, d'ailleurs qu'attend sa mère? qui est sa mère, la connaît-elle vraiment? comment se construire lorsqu'on ne connait pas la substantifique moelle de ses géniteurs?

Première lecture dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2021. Agréable et interrogative malgré le sujet sur la transidentité survolé et superflu dans ce roman. Les sentiments de séparation et de manque des jumelles sont moins exploités que le thème du racisme qui m'a interpellée et m'a remémoré le magnifique et percutant J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian que j'ai du coup très envie de relire.

Britt Benett réussit à captiver le lecteur en l'amenant à la question au centre de ce roman social : l'identité et sa construction.

Tout débute lors de la disparition de deux soeurs jumelles en 1954, et se poursuit par leur séparation au cours de leur fugue commune. Une jumelle, Desiree, retourne une quinzaine d'années plus tard dans leur village d'enfance, provoquant stupeur au sein de la communauté. Jude, la fille de Desiree, rencontre Reeve un homme transgenre dont elle tombe follement amoureuse. Stella, l'autre jumelle, de son côté, suit un tout autre chemin, aux antipodes de celui sur lequel il convenait pour elle de poursuivre.

Britt Benett amène à la construction de l'identité. D'abord éclairée par la juméllité et la quête de l'identité propre des jumeaux/jumelles qui peut s'avérer tumultueuse et source de souffrance. Par la relation de Desiree et Stella, les hauts et les bas qu'elle connait, Britt Bennet souligne cette quête d'identité complexe. Puis, cette question est illuminée sous plusieurs projecteurs : le physique ne définit pas l'identité ni le genre, puisque Reeve, personnage clé, transsexuel, et son parcours, démontrent bien que les caractères physiques ne définissent pas l'identité propre d'une personne.

C'est au travers différentes histoires d'amour – et de vie - extrêmement différentes que ce livre propose des pistes de réflexion et de réponses à cette interrogation de manière complète puisqu'au travers des thèmes qui y sont intimement liés : la transsexualité, la prostitution, le racisme…

En nous plongeant dans un environnement particulier, rien n'est laissé au hasard dans la construction de l'intrigue : nous voici dans les années 50 à 80 dans une Amérique encore réticente à accueillir – encore moins à inclure - les Afro-américains. Plus précisément à Mallard, une ville bien étrange car les noirs y sont presque blancs. Et c'est par ce symbole fort que ce livre décolle et fonctionne d'emblée. L'évolution de cette ville et de ses mentalités au cours des décennies permet également de comprendre la question dans sa globalité.

Un autre sujet en filigrane : comment gérer la rupture familiale lorsque cette dernière est indispensable à l'expression de notre identité propre ?

Le style est simple et reprend les codes du thriller ; ce qui très intéressant car ce roman profondément social, s'en retrouve palpitant. Ce mélange des genres bien ficelé permettront à beaucoup de lecteurs de s'y retrouver. Les quatre grandes parties cohérentes facilitent le dénouement sans le dévoiler pour autant, alors le suspense reste entier.

Particulièrement divertissants, empruntant certains codes du courant pop moderne, certains chapitres transportent dans l'univers clivé de Desperate Housewives : la vie de Stella semble se dérouler dans Wysteria Lane. On pense également au film La couleur des sentiments pour l'ambiance raciste de ces années, qui rappelle le sérieux du livre.

Ce mélange des genres, des décors, des histoires fait de ce récit un texte aussi profond que divertissant. Une réussite.

Farfouillant dans ma pal, je "tombe" sur ce roman... Je suis entrée pleinement dans la vie des Vignes, appréciant une écriture, un esprit pas si éloignés de la grande et regrettée Toni Morisson, c'est dire !
De 1954 à 1986, c'est l'histoire de 3 générations de femmes. Elle débute à Mallard, une bourgade de Louisiane qu'on ne situe même pas sur une carte. Stella et Desiree sont jumelles et le soir d'une fête, adolescentes de 16 ans, elles decident de s'enfuir, main dans la main, en quête de leur identité.
Lorsque l'une prend pleinement conscience de ce que veut dire être noire, l'autre la réfute de tout son être et entoure sa vie de mensonges : elle vivra comme une blanche.
10 ans ont passé, Desiree revient au bercail, elle n'a plus du tout de nouvelle de sa jumelle Stella. Cette dernière semble s'être volatilisée.
C'est absolument passionnant et intéressant ! Que veut dire être noire, blanche, femme de couleur, femme sans couleur ? Peut on aimer, construire, rêver sa vie, se projeter quand la couleur est à l'origine de la moindre de vos décisions ? Parfois, n'est il pas plus simple de mentir, se faire passer pour quelqu'un d'autre pour se protéger soi, ceux qu'on aime ? Élever ses enfants sans mentir totalement ? Apporter une vérité qui n'a de sens que pour nous-mêmes ?
Construit en mode flash-back pour mieux appréhender le présent de chaque protagoniste m'a beaucoup plu. Je n'ai pas lu le 1er roman de l'autrice le coeur battant des mères mais ça me donne bien envie de l'ajouter à ma liste !

La,4e de couverture m'a attirée tout de suite, des jumelles d'origine noire mais qui paraissent blanches s'enfuient de leur village pour s'ouvrir au monde et vivre leurs vies.
Le lien des jumelles est si fort que je m'attendais à ressentir des émotions fortes lorsque l'une d'elle disparaît, abandonnant l'autre. Leurs vies vont être totalement différentes mais l'auteur reste en surface tout au long du récit. Heureusement que leurs filles respectives s'en mêlent pour qu'à la fin il y ait un semblant de réunification.
Ce roman m'a déçue même s'il est très facile à lire. Il n'y a aucune profondeur et je cherche encore leur recherche d'identité. J'en attendais plus.

Qu'est-ce qu'être noir ? Est-ce le regard des autres qui vous fait vous sentir noir ? Est-ce un état de fait, un choix délibéré ? En racontant, sur trois générations, l'histoire de personnages doublement pénalisés parce que métisses et femmes, Brit Bennett défait l'opposition simpliste entre Noirs et Blancs.
Au début des années 1950, Desiree Vignes enjoint sa jumelle Stella de quitter Mallard. Elles ont seize ans et s'installent à La Nouvelle-Orléans. Un an après, elles se séparent. Quinze ans plus tard, Desiree est de retour dans sa ville natale. Flanquée de Jude, sa fille au teint sombre issue de son mariage avec « l'homme le plus noir qu'elle avait pu trouver » et qui la battait, elle habite chez Adele, sa mère.
Mallard est « une de ces villes qui sont une idée avant d'être un lieu ». Ce bourg imaginaire a été créé en 1848 par Alphonse Decuir, un esclave affranchi à la peau claire. Les générations suivantes, à la carnation quasi immaculée, devinrent des Nègres « se rapprochant de la perfection ». Ce qui n'empêchera pas les Blancs de les considérer comme Noirs. Sauf ceux qui quittent Mallard et qui en ont assez de volonté d'endosser le rôle du Blanc comme le fit Stella. Mais peut-on faire table rase de son passé, de sa filiation, de ce qui fait ce que l'on est ? Peut-on jouer toute sa vie la comédie sans se sentir une usurpatrice et une traître à ses origines ? Voilà les questions que pose Brit Bennett qui s'interroge aussi, via un personnage transsexuel, sur le genre. La réponse est que nous ne nous réduisons pas à notre couleur de peau ni à notre sexe. L'identité, si complexe, se construit à partir de l'héritage familial, des influences, des rencontres, des hasards mais aussi des choix. Elle n'est pas un bloc figé mais évolue au fil du temps.
Si cette problématique, incarnée par des personnages forts, est finement et intelligemment posée, j'aurais aimé que la psychologie des protagonistes ainsi que les raisons de leurs décisions soient davantage fouillées et que le récit soit moins elliptique.
Ces bémols posés, la lecture de « L'autre moitié de soi » est vraiment prenante.

EXTRAIT
- Pour être blanc, il suffisait donc de se conduire comme si on l'était ?
Lien : http://papivore.net/litterat..

Deux soeurs jumelles Desirée et Stella ont décidé de fuguer lors du bal pour reconstruire une vie. Quand elles ont trouvé du travail, et tenté de trouver leur place dans cette nouvelle vie. Stella décide sur un coup de tête de suivre son patron et de se séparer avec sa soeur pour une meilleure vie, et devenir blanche. Desirée ne s'attendait pas de voir sa soeur disparue sans explications, elle se sentait vide, abandonnée, comme si elle avait perdu une moitié… Stella a tout fait pour avoir une vie de rêve, un mari et un enfant, et veut oublier à tout prix son enfance, son passé, et même sa soeur. Desiree a rencontré quelqu'un et a eu un enfant Jude.

On suit sur plusieurs décennies, et un jour leurs enfants, Jude et Kennedy vont se croiser par hasard et découvrent qu'elles sont cousines. Elles vont alors découvrir leurs mères respectives.

Peut-on construire une nouvelle vie en renonçant à son histoire familiale et son passé ? Nous suivons les femmes de la famille sur plusieurs années, comment elles évoluent avec l'absence de la soeur, et le mensonge. Stella s'est complètement métamorphosée, et se comporte comme une vraie « Blanche ». Desiree a eu beaucoup du mal à trouver sa place.

C'est un roman fort, intéressant, bien mené sur la quête d'identité. On suit vraiment une histoire de « races » aux Etats-Unis. C'est un roman sensible, intelligent sur le thème du colorisme, le racisme, l'identité. Mais il manque quelque chose pour être transportée complètement…
Lien : https://bibliocoeur.wordpres..