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Citations sur Ainsi parlait ma mère (69)

Je ne sais pas si ma mère a été une bonne mère. Ou simplement une mère qui a fait ce qu'elle a pu.Avec ce que Dieu lui à donné comme connaissance,comme amour,comme courage.Comme patience aussi.Je sais juste que c'est la mienne.Et que ma plus grande richesse en cette vie est d'avoir pu l'aimer.( Page 91).
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Être reconnaissant à ses parents, ça vaut pour les siens, mais quand on est soi-même parent, ce qu'on peut faire de mieux pour ses enfants c'est que jamais ils pensent qu'ils vous doivent quelque chose. Qu'ils soient libres.
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Et moi je me suis enduit d'une couche supplémentaire de honte. Je m'occupe certes de ma mère - on me loue souvent pour ça. Mais me suis-je jamais vraiment intéressé à elle? Je veille à ce qu'elle ne manque de rien par devoir. Je l'aime sincèrement. Mais la fracture culturelle que l'école a établie entre mes frères et elle d'un côté et moi de l'autre me semble définitivement insurmontable. Les transfuges de classe ont toujours le cul entre deux chaises. Ce n'est pas la position physique qui fait mal mais la douleur muette qui vous donne ce sentiment ineffaçable d'être un traître à votre propre famille. A celles et ceux qui vous sont le plus chers. Et qu'inconsciemment et patiemment vous avez appris à mépriser. p.53
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Elle nous a toujours beaucoup donné, mais n'a jamais osé nous solliciter. Car le sacrifice est sa seule ligne de conduite.
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L'humilité et la crainte de déranger ont été les deux guides spirituels de ma mère. Jamais, et pour rien au monde, elle n'aurait osé demander à quelqu'un de son temps ou de son attention.
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Ma culture scolaire naissante développait chez moi un inconscient mais bien réel mépris de classe. Qui me souille encore aujourd'hui et dont j'ai définitivement honte. p.15
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INCIPIT
Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans la chambre de ma mère. Moi, le professeur de lettres de l’Université catholique de Louvain. Qui n’a jamais trouvé à se marier. Attendant, un livre à la main, le réveil possible de sa génitrice. Une maman fatiguée, lassée, ravinée par la vie et ses aléas. La Peau de chagrin, de Balzac, c’est le titre de cet ouvrage. Une édition ancienne, usée jusqu’à en effacer l’encre par endroits. Ma mère ne sait pas lire. Elle aurait pu porter son intérêt sur des centaines de milliers d’autres ouvrages. Alors pourquoi celui-là ? Je ne sais pas. Je n’ai jamais su. Elle ne le sait pas elle-même. Mais c’est bien celui-ci dont elle me demande la lecture à chaque moment de la journée où elle se sent disponible, où elle a besoin d’être apaisée, où elle a envie tout simplement de profiter un peu de la vie. Et de son fils.
Une lecture qui lui est aussi devenue indispensable le soir, avant de s’endormir. Elle se cale en chien de fusil contre son oreiller, ferme les yeux. Comme un enfant qui sait, pour l’avoir entendu des dizaines de fois, qu’un conte va l’émerveiller ou l’épouvanter. La Peau de chagrin, j’ai dû le lui lire moi-même déjà deux cents fois. Elle l’a découvert sur une cassette audio que j’avais empruntée à la bibliothèque il y a bien vingt-cinq ans. Je me suis attaché à une époque à lui faire découvrir des trésors de la littérature par ce biais. Des cassettes ordinairement destinées aux aveugles et aux malvoyants. Parmi les dizaines écoutées, celle-ci a eu, de loin, sa préférence. Tout de suite. À peine rendue à la bibliothèque, elle m’a demandé de la lui acheter. Puis de le lui lire régulièrement. Pour soulager un peu mon temps et inquiet de sa fascination pour cette seule œuvre, je lui ai trouvé d’autres supports. J’ai d’abord acheté des cassettes vidéo puis des DVD des versions de l’ouvrage en drame lyrique, en opéra, en ballet, en adaptations diverses et variées au cinéma et à la télévision. Mais rien n’a trouvé suffisamment grâce à ses yeux pour qu’elle puisse se passer de ma lecture.
En mon absence, ma mère revenait inlassablement à la cassette audio dont j’avais déjà racheté plusieurs exemplaires, tant elles s’usaient rapidement par l’écoute systématique – j’en avais fait faire des copies mais elles se révélaient trop rapidement inaudibles. Et puis, un jour, je n’en ai plus retrouvé. On avait cessé d’en vendre. J’ai fait les brocantes dans l’espoir d’en voir ressurgir une. Sans succès. J’ai même menti à la bibliothèque, leur faisant croire que j’avais perdu leur exemplaire. Mais cette cassette-là aussi a fini par rendre l’âme à son tour. Alors je me suis astreint pour elle à cette lecture quotidienne. J’ai bien essayé d’enregistrer moi-même le texte, mais j’ai vite compris que ma mère n’y trouvait pas son compte. J’ai payé un comédien pour l’enregistrer dans un studio numérique. La manipulation informatique étant totalement étrangère à ma mère, je l’ai fait transférer sur une cassette audio. Cette version n’a pas davantage eu sa bénédiction. Elle ne supportait que la cassette qui lui avait fait découvrir le livre ou ma lecture de vive voix.
Et puis ma mère a soudain vieilli plus vite. Oubliant un jour le gaz allumé. Une autre fois se laissant vendre trois aspirateurs aux pouvoirs miraculeux dans la même semaine. D’autres fois encore chutant lourdement au sol sans arriver à se relever. Seul célibataire de la fratrie, il y a quinze ans j’ai tracé une croix définitive sur tout projet de vie de couple et j’ai emménagé chez ma mère, dans le petit deux pièces de Schaerbeek où j’ai vu le jour il y a cinquante-quatre ans. Mes quatre frères, bien plus âgés, s’étaient depuis longtemps installés dans d’autres régions. Ils ont tous une vie de famille et des petits-enfants. J’habite donc avec elle depuis qu’elle a soixante-dix-huit ans et qu’elle ne peut plus vivre seule.
Depuis quinze ans, je la soigne, je la change, je la lave, je l’habille. J’assure, plusieurs fois par jour, sa « toilette intime ». Une expression bien neutre pour qualifier un acte que je n’aurais jamais imaginé faire lorsque, il y a cinquante-quatre ans, ma tête hurlante et sanguinolente débouchait de cette même « intimité » pour son premier contact avec l’air libre.
Dans ces moments-là, ma mère prend ma main. Elle sourit tristement. Nous sommes tous les deux gênés et en même temps heureux. Curieux sentiment. En dehors des personnels soignants qui se succèdent à son chevet durant la semaine, je suis le seul dont elle accepte cette toilette, sans doute humiliante mais dont elle sait la nécessité.
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Ma mère est une citadelle imprenable, celle où je me suis toujours réfugié avec confiance, certain qu'elle me défendrait contre vents et marées. Ses bras sont mes remparts. Que faire quand ils seront tombés? J'y pense et je pleure. J'y pense et le courage me manque. J'y pense et puis le présent me rappelle. Elle est encore là. Je dois rester dans le "maintenant", me nourrir de chaque instant, de chaque sourire, faire de chaque moment une éternité. Je dois être là. L'"après" me rattrapera bien un jour. Mais pas tout de suite... pas aujourd'hui.
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Je ne savais ce dont ma mère était capable en dehors de sa famille. Mais ce que j'ai appris ne m'a pas étonné d'elle, au service des autres et en silence.
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Les enfants, on leur doit tout. Et eux ils nous doivent rien. Ils n'ont pas demandé à naître.
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