qu'un brin de fins cheveux
qu'un brin de fins cheveux frissonne
sur tes tempes
avec une légèreté dansée
et émouvante
comme au revers de l'un
son pluriel éparpillé
c'est maintenant
mains nouées à d'autres mains.
qu’un museau mi mulot mi belette
qu’un museau mi mulot mi belette
-proie et prédateur se ressemblant
étonnamment- glisse roux doux
sous les paupières dans le sommeil venant
que dans l’ombre inversée d’un T
d’architecte se profilent un gibet
une croix ou une dague de temps
tranchant des portions de vie crue
d’une inintelligible cruauté
qu’une mer dure
et sèche comme une claque
gifle le sable
sans même une obole d’éternité
à qui la contemple
c’est maintenant
mains prises au temps qui lui échappe
le sans porte
qu'une clique de bruits
et son trousseau de clés inutiles
cliquètent à nulle serrure
dans le sans porte
que comprendre se connaît comme un bras
plongé dans le brasier et la boue
que le mixeur des écrans
que le mixeur des écrans
malaxe pêle-mêle virus guerres migrants
et lamelle de lune dans un pli de nuage
faillites et supernovas likes et attentats
caddies de mangeaille
famine et fonte des glaces
rafales d'étourneaux opérations boursières
et dégueulis d'insultes internautiques
dans l'addition illimitée
d'un total soustrait de lui-même
en bannière de pagaille mondiale
que le graphe d’une aile d’avion
que le graphe d’une aile d’avion
biffe de rails immatériels et floconneux
l’air solaire et surexposé
qu’il n’y aura ni divorce ni réconciliation
ni avant ni après
seulement hier et demain
dans leur gémellité disygote
…
Epître langue louve, de et par Claude Ber.