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EAN : 9782362292361
160 pages
Editions Bruno Doucey (06/06/2019)
4.38/5   8 notes
Résumé :
À l’origine de La mort n’est jamais comme, un drame : celui de voir un être que l’on aime, une compagne, basculer dans la folie et n’en jamais revenir. Le livre, qui paraît pour la première fois en 2003, ferait presque oublier ce drame tant il est puissant, vital, organique. Mais les maisons qui portent les couleurs de ce texte – Léo Scheer puis L’Amandier – baissent pavillon, le laissant orphelin d’éditeur. La mort donc, et puis la vie qui lui dame le pion puisque ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Construire du beau sur une tragédie.
Publié une première fois en 2003, "La mort n'est jamais comme" est un vibrant hommage de la poétesse à sa disparue. L'écriture, la poésie sont là pour tenter d'apaiser la douleur, de comprendre, de donner une éternité à la bien aimée qui a sombré dans la folie avant de se suicider. Parce que les mots jetés sur le papier sont souvent ce qu'il reste quand il ne reste plus rien.
Le recueil, les poèmes sont structurés d'une façon bien particulière : de nombreux blancs comme des silences, des répétitions, des ponctuations absentes ou au contraire bien trop présentes, des retours à la ligne, des phrases inachevées. Toute la typographie est au service de cette mise en scène sublime et poignante de la mort et de la folie. le mythe orphéen est aussi convoqué.
L'entrée dans le texte n'est pas aisée pour autant, il ne faut pas le cacher : certains poèmes sont abscons, ne se laissent pas dompter facilement (voire pas du tout pour certains, à titre personnel). C'est le genre de recueil qu'il faut lire, relire, par petits bouts. Ne serait-ce que pour se laisser emporter dans ce voyage le long du Styx. Il ne faut pas non plus y voir que des ténèbres car la lumière jaillit parfois dans ce deuil, dans cette poésie.
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Claude Ber dit dans ce recueil la folie de l'être aimé, son absence, l'ensevelissement des mots et la vie au quotidien.
Dans une alternance de poèmes et de textes en prose ( les découpes numérotées) elle rend sensible son deuil, sa peine et sa colère tout en procédant à un retournement du langage étonnant .
Je découvre avec grand plaisir et beaucoup d'émotion cette auteure.
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J'ai eu quelques inquiétudes lors de la lecture des premières lignes. Serai-je capable d'aller au bout de ce livre reçu dans le cadre de la masse critique de septembre ? Je l'avais choisi pour le sujet et la maison d'édition Bruno Doucey que j'aime bien. J'avais un peu oublié le côté poésie.
Donc, des poèmes en vers libre alternent avec des "découpes", poèmes en prose, denses et plus difficiles à appréhender. J'y suis entrée sur la pointe des pieds puis je me suis laissé emporter par la violence évoquée de la mort, de la folie. J'ai parfois été obligée de relire des passages pour les apprivoiser, les comprendre, les apprécier. Je n'ai jamais été rebutée tellement le texte est poignant, vibrant. La fin intitulée "Fragment in memoriam" me semble plus apaisée, plus ouverte sur le monde avec les yeux grands ouverts, lucides, toujours sans concession.
Ce livre va rester sur ma table de chevet pour que j'y replonge de temps en temps.
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Quel exercice compliquée que la critique de poèmes.
Exercice d'autant plus complexe quand il touche un sujet aussi dramatique que la mort, ou dans ce cas précis de la perte d'un être cher. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, l'introspection et la multitude d'émotion, de sentiments et d'état par lesquels passe un être endeuillé.
Des passages nécessitent parfois la relecture pour y pénétrer pleinement.
Lorsqu'il s'agit de ce type d'écrit, et plus encore avec celui ci, je ne peux m'empêcher de penser que rien ne nous permet de comprendre et rejoindre l'émotion de l'auteur, à part peut être l'écouter lui/elle même en conter des passages.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
ainsi des bribes


Extrait 3

ainsi tel un apaisement dans l'hystérie de l'arasement de
la pensée
parlant muet parlant silence pensant silence
sans chercher à trancher
de toute façon retranchée, tranchée deux fois
sans coutelas pour tailler découper diviser
‒ à peine un terreau de lèvres ébréchées ‒
moi qui suis de toute façon retranchée, tranchée deux fois
laissant être ce qui est multiplement dans l'indivis
de la pensée
moi tranchée retranchée tant de fois soustraite
de moi de tant soustraite
je parle sans              parce que pas de
là bas où      rien       et encore trop ce rien
comme chantant obstinément à voix absente
en mots réduits à l'ordre du silence
les joignant nous joignant
en ce qui balbutie

p.27-28
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Ce qui reste


Extrait 5

J'entends ceux qui restent
dont je fais partie
pourtant c'est toi qui reste à cette date où tu finis ta vie et
y demeure définitivement
alors que je continue d'avancer vers la mort et qu'il me reste
à parcourir la distance inconnue entre ta mort et la mienne
et   ta mort me fait vivre à reculons allant te rejoindre
alors que tu demeures d'où je continue
et   je vais vers la mort en arrière
et   ce qui me reste de vie est pris entre deux morts

J'entends ceux qui restent
et je n'entends plus rien

p.20-21
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Ce qui reste


Extrait 3

Des poèmes aussi
restent de toi
et je pense triomphante: une fois fait le ménage des morts,
le poème c'est ce qui reste à ceux qui restent
et je classes des fragments et débris de poèmes dans de
vieilles chemises froissées, des tiens, des miens
je relis les phrases raturées encore lisibles
‒ c'est pour effacer, vraiment effacer toute trace et qu'il
ne reste rien que toi comme moi les surchargeons de noir
épais et c'est aussi pour qu'il ne reste rien que j'écris le plus
possible directement sur ordinateur, plus de ratures, plus
de traces, plus rien
la mort lisse l'illusion d'éternité intacte
enfin rien ‒
mais ce qui reste, ces bribes de textes inaccomplis et même
les accomplis, ces restes je les rassemble
comme
recueillant des restes mortuaires
et ce qui pouvait être émouvant, les traces de ce que nous
sommes, ou festif, celles de ces restes sur la table des
anniversaires ou dans les draps des célébrations intimes,
tout cela sombre avec le reste
et ce qui reste c'est la mort

p.19-20
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Ce qui reste


Extrait 2

Ce qui reste des morts
c'est aussi le ménage des morts
après la mort solitaire du père j'ai fait le ménage
les vêtements le linge la vaisselle les papiers les objets
on trie on jette on donne on prend on range
ce ménage de la mort je l'ai fait ensuite pour des morts
familiaux plus lointains: pareil le linge, les vêtements, les
meubles et même pour une très vieille morte par surprise
en plein mois de juillet d'une crise cardiaque et emportée
deux jours après par les pompiers, le ménage des premiers
vers, de gros vers blancs qui courraient sur le carreau à
l'emplacement du corps
et pareil le linge, la vaisselle, les meubles, les papiers
et maintenant le ménage de toi
celui-là impensable
et pareil ce qui restait de toi et de toute ta, nôtre...
le linge les habits les papiers les livres
un an entier a duré
ce ménage de ta mort
vidant sac par sac
moi aussi vidée
sac par sac
et maintenant qu'il faudrait vendre la maison où ont
échoué ces restes des morts et que je vide tout c'est
comme
s'il fallait que je me charge du ménage de ma propre
mort

p.18-19
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Quelqu'un, un jour, plus tard, bien plus tard, regardera-t-il ces photos de femmes marchant sous leur voile linceul ou ce visage émacié de prisonnier dénonçant les mouroirs comme nous regardons le triomphe de la mort de Brueghel ?
Et ce qui a été si invisible à notre oeil ou si impossible - insupportable - à voir deviendra-t-il alors si visible tandis que ce qui existera restera caché comme si le temps n'était qu'un jeu de cache-cache et de bombe à retardement ne dévoilant jamais nos vies qu'à reculons ? Et nous ne pouvant voir que trop tard - toujours trop tard - ne supportant pas - férocement - de voir, ne voyant et n'ayant de conscience qu'en mémoire.
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Epître langue louve, de et par Claude Ber.
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