Temps réel résonne de cet air de fuite, ou de fugue : quelque chose se prolonge ici, en dépit du discontinu des pièces, qui semble suivre les lignes conjointes du texte et du paysage, et nous inviter à filer dans une sorte de voyage du divers, un mouvement pour lequel « il n’y aurait pas de commencement,/ pas d’autre solution que de prendre le train/ (micheline ou TGV) en marche… », comme disent les premiers mots du premier poème.
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Il arrive qu'on surprenne en haut d'une herbe un peu longue ou d'une tige un peu fine un insecte qui y a grimpé et qui la fait pencher légèrement : alors le regard se concentre sur cet infime point du monde où l'insecte en question s'est aventuré. Il me semble que ce non-événement pourrait servir d'allégorie à ce qui advient avec l'écriture d'un poème, même si celle-ci à pu se concevoir comme un acte de fondation susceptible d'être proclamé du haut d'une tribune.
En fait le poème est écartelé entre insignifiance et responsabilité — mais s'il cesse d'être ainsi divisé il n'est plus rien.
p. 7.
Mallarmée la profonde
des pales d’hélice au loin, tournent
un dessin à la craie sur le sol
marelle,
enfants germés du dieu d’Héraclite poussant le palet
vers Mallarmée la profonde
l’autre nom, le prête-nom de la fée des ratures
un rythme / un souvenir / un battement.
le poème perdu…
le poème perdu,
roulé en boule et tout au fond de la remise…
… mais là où il se tient je n’ai pas accès
et lui-même ne sait peut-être plus où il se trouve
chaque peuple…
chaque peuple, … contient son propre vomi
et s’y vautre, avec son pli pris d’uniformes et d’insultes
l’espèce humaine, en habits nationaux est terrible
Écrire…
Écrire, par conséquent, c’est toujours relancer
c’est revivre le mouvement éperdu qui ne peut pas se poser
qui n’a ni temps ni lieu pour cela
Lecture de Jean-Christophe Bailly : une création originale à partir d'une série de créations littéraires originales inspirées par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Saison 4 : Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne", saison 1 : Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif paru en septembre 2018. Saison 2 : Jacques Rebotier, Marie Cosnay, Claudine Galea et Fanny Taillandier, à paraître septembre 2019. Saison 3 : Christian Prigent, Hubert Haddad, Laure Murat, Mona Ozouf
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