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EAN : 9782914467773
328 pages
Chèvre-feuille étoilée (01/02/2012)
4/5   1 notes
Résumé :
Initialement il y avait le goût du mot dans la bouche, du souffle sur les lèvres, la parole comme une présence de la langue dans le corps et du corps dans la langue, une italianité florentine du verbe haut et chantant, de la vitesse et du son de la langue – toutes les langues comme étrangères et sonores. Il y avait la lignée du Sud, l’aède et le troubadour, Orphée et la musique pour aider la mémoire. Mnémosyne ou la mémoire et le poème – et le goût de faire fondre e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
1. "Aux déchirés de la parole, écriture et folie"

Ce texte est celui d'une conférence à l'université de Nice en 2009. Claude Ber s'y interroge sur l'écriture et la folie. Elle évoque quelques classements distinguant les "fous littéraires [...] dont la folie s'exprime par une production livresque" comme disait Shoshana Feldman, les témoignages sur la folie et l'écriture de la folie, celle De Nerval, d'Artaud, de Virgina Woolf... écriture qui "tente de faire oeuvre littéraire à partir de la folie, avec et malgré la folie". Très vite cependant elle mentionne le défaut de tels classements qui se dispensent de considérer l'histoire personnelle et de s'attarder sur la parole de la folie. Elle observe que l'analyse de l'écriture du fou peut en partie Convenir au texte poétique. Orphée qui incarne la figure du poète fait entendre son chant hors du temps et de l'espace, aux Enfers, tout comme le fou qui écrit à la marge, hors des limites et au contraire d'Oedipe qui raconte son histoire aux personnes qu'il rencontre en chemin. Tout de même, Claude Ber souligne qu' il y a une différence notable entre poète et fou : le "dérèglement raisonné de tous les sens" voulu par Rimbaud, l'expérience de la mescaline par Michaux sont des choix délibérés des poètes alors que le fou qui écrit ne choisit pas sa folie. de même que les fous ne sont pas plus criminels que la moyenne des humains, de même ils ne sont pas plus souvent que les autres des poètes ou des littéraires.

Partant du journal d'Evelyne Encelot Claude Ber insiste sur la souffrance de la personne qui se sent sombrer dans la folie et pour qui l'écriture est tentative de reconquête de soi. Claude Ber explique les fondements de sa réflexion en mentionnant son expérience personnelle d'accompagnement de ce glissement dans la folie jusqu'au mutisme et la publication du livre d'Evelyne Encelot . "Lire les textes, les lire lire avec une attention soutenue, ouverte et aiguë" recommande Claude Ber après avoir cité quelques vers d'E. Encelot pour illustrer la déliquescence du langage du fou :

"Maintenant je n'ai quasi plus rien que mes mots

Alors j'ai tout le temps

Et je voyage avec les survivants

Avec ce qu'il y a

Comme c'est

Seulement

Seulement"

2. La fable/l'histoire_ Notes sur Poésie et narration

Il s'agit ici de notes à visée opératoire plutôt que théorique, numérotés de 0 à 21 concernant la distinction entre poésie et prose et leur rapport avec la narration. Cette analyse est nécessairement à situer dans le temps et l'espace : la réflexion ne concerne que la poésie française actuelle, celle qui ayant "évacué le lyrisme, le chant, la subjectivité, l'expression des sentiments, le figuratif, le narratif, le discursif, etc" tend vers "un dire intransitif".

La note 5 oppose poésie et prose, en associant la première au retour, la seconde à l'avancée ce que le vers (versus) figure dans son retour à la ligne ; ce retour du poème sur lui-même "débouche sur une langue pliée et reflétée au miroir -à la conscience_ d'elle-même".

La note 6 renforce cette idée de retour en évoquant les strates du poème, "millefeuilles" où rythme, sonorités, figures, dispositions... se superposent pour produire du sens. le poème se caractérise ainsi par son épaisseur, sa "pluralité de sens non éparpillés" disait Heidegger.

Au contraire de la prose qui "renvoie à l'histoire" et se déploie plutôt horizontalement, la poésie revient sur "ce que parler veut dire" c'est à dire sur l'énonciation et le langage. (note 7). La prose "déroule" alors que la poèsie "enroule", là se trouve la frontière (note10).

Dans la note 11, Claude Ber reprend l'oposition entre Orphée et Oedipe puis explore quelques autres éléments de distinction de la poésie : elle est fragment, elle explore le son et l'oralité, les images, les rythmes et elle s'y "mire" ce que la prose ne fait pas..

Dans la note 15, Claude Ber insiste sur ce point : "Même narratif, même prose narrative, le mouvement du poème est [...] indissociable de [...] la démultiplication des reflets aux facettes des cristaux, là où la prose promène toujours, d'une certaine manière, le long du chemin, le miroir stendhalien."

Note 16, elle reprend le mythe d'Orphée pour observer que le chant naît quand l'histoire est finie. Dans le poème, la "fable" a tout perdu, temps, personnages alors que dans la prose elle renoue les fils de l"histoire. le poème "dit intransitivement. La prose, elle, dévoile, révéle" précise-t-elle dans la note 18 avant d'ajouter, note 20, que la narration concerne aussi bien la prose que la poésie. le poème "pose la question de la narration" alors que la prose privilégie la narration.

3. L'entre-deux ou une conscience du féminin dans l'écriture
(à suivre http://aller-plus-loin.over-blog.com/article-ber-claude-aux-dires-de-l-ecrit-103003026.html)
Lien : http://aller-plus-loin.over-..
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Alors, moi j'ai bien aimé ce livre puisque justement il parle de l'écriture et j'adhère totalement, pour moi c'est très important et même si ces temps-ci elle se fait rare dans ma vie, j'ai pu lire la vision de cette auteure et elle s'en donne pour convaincre, elle donne sa vision et on prend forcément parti avec elle. Bon livre, Paroles d'écriture.
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Epître langue louve, de et par Claude Ber.
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