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Critique de fanfanouche24


******Première critique de cette lecture écrite en octobre 2013, reprise et complétée à la lumière d'une relecture le 11 avril 2021, car mon exemplaire rejoint la bibliothèque d'une amie à qui je souhaite l'offrir !...

Un petit volume où Pierre Bergé dessine le portrait de ceux qu'il a "aimés, admirés": Jean Cocteau, François Mitterrand, Marie-Laure de Noailles, Bernard Buffet, avec qui il a vécu huit années, , Louise de Vilmorin, Aragon, Chanel et Schiaparelli; Lili Brik et Tatiana Yakovleva, Ferdinand Céline, Pierre Mac Orlan, Les Rostand, Rudol Nureev, Andy Warhol, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, etc. sans oublier le premier texte, plein de vénération pour Jean Giono : "Ce que je lui dois est indicible. Il fut mon mentor, mon ami, mon guide. Il m'a fait découvrir tant de choses, lire tant de livres ! (p.24)

Un texte sobre, sans confidence ou déclaration fracassantes... juste des hommages à des rencontres amicales , intellectuelles, artistiques, bienfaisantes et lumineuses.
Toutefois un bémol qui doit tenir à la personnalité de Pierre Bergé ; il ne peut pas se départir parfois d'une certaine arrogance et de remarques désobligeantes, inutiles, qui nuisent à l'ensemble de ce petit livre qui aurait pu être plus lumineux avec une once supplémentaire d'indulgence et de bienveillance ; je préfère retenir le positif dont la partie consacrée à Ferdinand Céline, qui pour le coup, reste plus nuancée
« Les chiens aboyèrent et se jetèrent sur la grille lorsque nous arrivâmes à Meudon, rue des Gardes, pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. La lecture du –Voyage- m'avait terrassé lorsqu'à quinze ans j'ai découvert ce qu'était l'écriture, comment on pouvait tordre les mots, faire jaillir des images, des épithètes et cracher à la face du monde. A cette époque je ne savais rien de Céline, de sa vie , de son comportement pendant la guerre. L'antisémitisme m'était inconnu. Aussi lorsque Daragnès, trois années plus tard, m'apprit qu'il récoltait un peu d'argent pour l'envoyer à Céline , au Danemark, je mis la main à la poche, même si elle était presque vide.
Lorsque Céline revint en France, j'avais, bien sûr, tout appris, mais mon admiration pour l'écrivain était restée la même. Alors, lorsqu ‘on m'offrit de le rencontrer, je ne pouvais qu'accepter avec joie. Que dis-je ? Avec fébrilité ! Pensez : c'était comme rencontrer Proust, Genet, Claudel, Valéry. Ce que j'avais déjà fait avec Giono. Je dois avouer que je n'éprouvais aucun dégoût, aucun rejet. Flaubert s'était dressé contre la commune, d'autres contre Dreyfus et Péguy aimait les « justes guerres ». Ce qu'a fait Céline est impardonnable, mais qui parle de pardonner ? Donnons plutôt la parole à D.H Lawrence : « Ne faites aucune confiance à l'artiste. Faites confiance à son oeuvre. La vraie fonction d'un critique est de sauver l ' « oeuvre des mains de son créateur » (p. 114)

Pour oublier mon agacement face , parfois, à cette arrogance, ce ton supérieur, je me rappelle avec reconnaissance, que parmi ses très nombreux mécénats culturels et artistiques, Pierre Bergé a sauvé de la destruction la maison- Musée Emile Zola, à Médan… alors …à mon tour de me plaider à moi-même l'indulgence !!!...

je termine cette brève présentation par le texte de Clément Marot, choisi par Pierre Bergé, pour introduire ses souvenirs ,ses rencontres, et ce satané temps... qui passe trop vite :
Plus ne suis ce que j'ai été,
Et plus ne saurais jamais l'être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t'ai servi sur tous les dieux.
Ah si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux !
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