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EAN : 9782876775206
112 pages
Soline (05/09/2012)
4.4/5   5 notes
Résumé :
En réunissant plus de 50 scènes new-yorkaises saisissantes, Avis Berman explore comment Hopper et son art s’illuminent l’un l’autre, et analyse tout ce qu’est – et n’est pas – le New York de Hopper. Anticonformiste, Hopper propose un autre regard à ce que de nombreux artistes américains ont représenté: la nouveauté, le gigantesque et l’enthousiasme technologique. Il gardait ses distances avec les grands sites touristiques, et sa preference pour les bâtiments ordinai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a deux façons de lire ce livre :
1°) soit de ne pas le lire et de se laisser transporter par les images et de s'en infuser de la manière la plus sensitive et intuitive qui soit. (Je rappelle pour mémoire une définition de Kant : "Est beau ce qui est connu sans concept comme objet d'une satisfaction nécessaire.")
Vous y êtes cordialement invité par un riche corpus de reproductions de 37 huiles sur toile parmi les plus célèbres et plus représentatives du style et de l'impact du peintre sur la peinture américaine et mondiale du milieu du XXème siècle, parmi lesquelles l'inévitable Nighthawks de 1942.
Mais ce qui m'apparaît le plus intéressant dans cet ouvrage c'est aussi et surtout de pouvoir mesurer l'étendue du savoir-faire de l'artiste au travers également de 9 eaux-fortes ou pointes sèches, 6 aquarelles et 8 études ou dessins au crayon qui dénotent (s'il en était besoin) soit son talent à poser la couleur dans de magnifiques aquarelles des toits de New-York ou sur des ponts franchissant l'Hudson (le pont de Manhattan ou le Queensboro), dans des perspectives peu communes.
Soit, et j'en viens au second et supplémentaire aspect du talent de Hopper que nous livrent les eaux-fortes et les dessins au crayon, la fantastique maîtrise du cadrage et sa synergie avec la magie de l'ombre et de la lumière. le noir et blanc révèle encore mieux le feeling du peintre pour la combinaison et le dialogue des zones claires et sombres.
L'iconographie de cet ouvrage permet également de mesurer l'évolution du style de Hopper. Parti d'une patte très impressionniste dans les années 1920-1930 qui rappelle énormément Degas comme par exemple dans les deux toiles de 1921 "New York Interior" et "Girl At Sewing Machine", encore que cette dernière puisse également fortement évoquer la série de Manet sur les blanchisseuses et repasseuses.
Mais l'orientation de l'ouvrage à évoquer l'architecture de New York nous force à appuyer le parallèle avec un autre grand maître du cadrage et de la représentation architecturale en la personne de Gustave Caillebotte.
Nul doute que la peinture de Hopper, dans son développement précoce est fortement influencée par les grands maîtres européens, impressionnistes, mais pas seulement, l'amour que voue Hopper pour les fenêtres et la lumière ne peut que nous évoquer une filiation avec le grand Vermeer.
Le livre nous montre bien l'évolution ultérieure du style (virage amorcé dans les années 1940 mais surtout dans les années 1950) qui va vers de moins en moins de réalisme dans la représentation des personnages et des expressions ainsi que de son emploi de plus en plus marqué d'à-plats de couleurs qui donnent aux situations un aspect plus symbolique, je pense notamment à "Summer In The City", qui le rapproche alors davantage par cette simplification poussée soit de régionalistes naïfs américains comme Thomas Hart Benton, ou soit carrément de l'école mexicaine de Frida Kahlo et Diego Rivera.
Il n'empêche que cette pétillance, cette force, cet éclat de la couleur, cet oeil qui circule d'intérieur en extérieur et réciproquement, cette maîtrise des verticales et des horizontales est, reste et demeurera la magie de Hopper et c'est ce que nous présente admirablement l'ouvrage.
2°) on peut lire les commentaires et les éclairage d'Avis Berman sur l'homme Edward Hopper, ses influences, sa pratique son style, ses correspondances, sa vision. le travail fouillé et structuré de l'auteur, ainsi que son angle d'attaque de l'oeuvre de Hopper via une lecture de New York sont tout à fait pertinents et bien sentis. Elle met notamment en lumière un aspect qui m'avait échappé de prime abord, à savoir que, bien que New York se prête particulièrement aux représentations verticales, Hopper a délibérément décidé d'étaler ses tableaux dans le sens horizontal, boycottant sciemment les éléments les plus typiques de la ville que sont les buildings géants qui pullulaient à l'époque où ils trimballait ses pinceaux dans les rues ou sur les toits.
De façon général, bien que les lignes verticales soient très présentes dans les représentations que Hopper propose de New York, celui-ci met son point d'honneur à matérialiser des horizontales fortes qui invitent l'oeil à cheminer dans les rues ou le long des parois plutôt qu'à s'envoler vers les cieux.

Je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Soline de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.

Dans les deux façons d'aborder la lecture que j'ai évoquées, et plus vraisemblablement en mélangeant les deux, ce livre est admirable et je vous le recommande vivement. Mais tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Edward Hopper (1882 - 1967), artiste emblématique du XXe siècle américain, a vécu à New-York durant plus de 60 ans. Ce beau livre se concentre exclusivement sur les oeuvres qu'il a consacrée à sa ville d'élection. Toutes les techniques sont représentées : gravures qui lui donnèrent ses premiers succès, rares aquarelles urbaines (il réservait en général cette technique plus "spontanée" à ses études de paysages de campagne), toiles à l'huile, esquisses préparatoires au fusain et à la craie. L'unité de lieu permet de confronter les points de vue, les époques et les techniques.

Avis Berman, dans un texte concis et accessible au non-spécialiste, dresse le portrait d'un homme secret, et livre quelques clefs susceptibles d'aider à la compréhension de son oeuvre. Sa vie sentimentale quasi inexistante jusqu'à son mariage, à quarante ans passés, avec une artiste peintre qui deviendra son principal modèle. Les complexes qu'Hopper avait de sa grande taille, qu'il évoque dans une aquarelle représentant un immeuble dépassant seul d'une ligne de toits : il envisagea d'appeler cette oeuvre "autoportrait"... Sa préférence exclusive pour les compositions horizontales, alors même que son sujet préféré est New-York, ville verticale par excellence. Son dédain vis-à-vis des critiques qui interprétaient ses oeuvres, de manière simpliste, uniquement comme des odes à la solitude.

L'auteur s'appuie sur des écrits du peintre ou de ses critiques et met en regard les textes et les oeuvres de manière judicieuse. Elle réussit notamment à lever un malentendu répandu sur l'oeuvre d'Hopper, dont l'apparence réaliste a tendance à masquer le travail de composition et d'imagination, tant dans la représentation des lieux que dans celle des personnages. Hopper, infatigable marcheur à travers la ville, reconstituait et affinait sur la toile des pensées, des scènes à peine entrevues, dans le décor d'un New-York fantasmé et idéalisé.

"Donner une expression concrète à une impression nébuleuse est la difficulté absolue en peinture. J'ai obtenu ce résultat en improvisant, sans me baser sur un fait ou une scène en particulier." Edward Hopper

"Hopper est tout autant expressionniste - c'est-à-dire un artiste qui créé ses effets en brisant la réalité visuelle - que réaliste." John Canaday

Ouvrage découvert dans le cadre de l'opération "Masse Critique" - merci à Babelio et aux Editions Soline.
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Très bon point de vue qui explique le cheminement artistique de Hopper dans ses représentations très cinématographiques de sa ville d'adoption. Les reproductions sont nombreuses et superbes ; le texte de commentaire est très enrichissant et pas du tout superflu.
A offrir à tous les fans, en sachant que le catalogue de l'exposition du Grand Palais est beâucoup plus onéreux...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
" Notre architecture natale, par son hideuse beauté, ses toits fantastiques, qu'ils soient pseudo-gothiques, mansardés, coloniaux, mixtes ou que sais-je encore, par ses couleurs vives ou sa douce harmonie de peintures usées, ses bâtiments accolés les uns aux autres le long de rues interminables, (...) tout cela revient encore et toujours, comme ce devrait être le cas dans toute représentation honnête des scènes américaines. Les grands réalistes européens ne se sont jamais donnés trop de mal à dépeindre l'architecture de leur terre natale dans leurs œuvres. "

EDWARD HOPPER.
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Si Hopper n'avait pas goût à peindre les portraits des personnalités riches et célèbres, il gardait également ses distances avec les attractions touristiques et les grands sites de la ville. L'artiste a créé son propre paysage urbain en se passant de ce qui a fait la renommée de New York : les gratte-ciels. La ville verticale, et son pendant pictural qui est la peinture " en portrait", laissaient Hopper de glace, comme il n'hésitait pas à le dire lui-même : " Je suis désolé qu'il n'y ait pas un seul tableau vertical dans mon œuvre. " Hopper a peint plusieurs ponts de New York — les plus grandes structures horizontales qu'il ait pu voir —, mais jamais le plus connu, le Brooklyn Bridge. Le Woolworth Building, le Jefferson Market, le Chrysler Building ou l'Empire State Building sont également inexistants dans son œuvre.
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En peignant des paysages architectoniques, des ponts, des chemins de fer et d’autres objets inanimés, Hopper se dévoile beaucoup. Il semble caresser les immeubles de son pinceau — la texture du verre, de l’acier, de la brique, du bois et de la pierre est fidèlement rendue. Les visages, en revanche, peuvent être rigides et fastidieux : ils laissent transparaître une tendre maladresse, comme si l’artiste était gêné à l’idée de les toucher.
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Sans recourir à la moindre figure humaine, Hopper est capable de transmettre, à travers une rangée d'immeubles tout à fait ordinaires, une impression de vie omniprésente et d'activité humaine insouciante. L'action, le drame même, semble plus subtilement inhérente parce qu'elle n'est justement pas manifeste.
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L'incroyable capacité de Hopper à nous toucher découle en partie de son talent à représenter l'architecture extérieure en même temps que le for intérieur de ses personnages.
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