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Marion et Baptiste, un couple d'éleveurs, vivent heureux à la lisière d'une village.Une nuit d'hiver,Marion est prise de douleurs violentes. A leur grande surprise, il s'agit d'un accouchement.
Déni de grossesse. cette expression- pas très jolie d'ailleurs- ne sera jamais prononcée dans ce roman choral. Il épinglerait comme un papillon une situation que l'auteure envisage avec délicatesse, sous différents angles, via le prisme de ses personnages.
Pendant trois jours, vont ainsi alterner le point de vue du voisin qui a sauvé l'enfant, de l'employé du couple, de la sage-femme,de la grand-mère maternelle, de Baptiste et Marion, sans oublier celui plus trouble de Madame Peyre. Cette dernière, toujours à sa fenêtre, tout à la fois en retrait et aux premières loges, pourrait être la caricature d'une commère de village. Mais,au fil du texte, son personnage prendra de la densité et gagnera en subtilités. Il fonctionnera aussi en contrepoint du vent de folie et de solidarité qui s'empare du village à l'annonce de cette naissance.
Le parti-pris de l'auteure est de nous présenter sous forme de fragments numérotés qui s'enchaînent avec fluidité les points de vue différents, libre à nous de consulter si nécessaire (cela a été rarement mon cas) les grilles de lecture fournies en fin de volume. On peut aussi choisir de suivre les numéros à partir du 5 (je vais bientôt le faire).
En 160 pages, Violaine Bérot réussit un pari fou : traiter d'un thème qui se tient à la frontière du sordide et du cas psychologique, sans tomber ni dans le pathos ni dans l'angélisme. Ses personnages ont chacun leur voix, bien identifiable, la majorité d'entre eux n'est pas dans le jugement, mais dans l'action. Seul le grand-père, dans un premier temps, se préoccupera du regard des autres et des explicitations à fournir. Quant à la mère, elle ne prend la parole qu'au fragment 31 et semble au sens propre Tombée des nues, puisqu'elle se réfugie dans le monde des nues, des nuages. Seule la voix de Dédé, qui s'occupe du troupeau de chèvres de Marion en son absence, parvient dans un premier temps à la ramener sur terre. Quant à la fin, elle est juste sublime.
L'écriture, toujours sur le fil du rasoir, est à la fois poétique et précise. Les personnages sont denses et savent préserver leur part de mystère.
Un formidable roman sur une maternité déroutante s'inscrivant dans un rapport charnel aux animaux et à la nature. Un pur bonheur ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
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Etre mère est une préparation de 9 mois afin d'être prête pour accueillir votre enfant. Rien n'est inné. Alors comment cela se passe t'il si vous n'avez pas conscience de votre grossesse ?

29 février, 2h du matin. Marion hurle dans la baignoire. Elle pense qu'elle va mourir. Qu'un cancer la tue. Elle veut expulser ce qui la torture. Baptiste impuissant, en panique, appel à l'aide un ami. Lorsque celui-ci arrive, il n'en croit pas ses yeux. Là, dans la baignoire, abandonné de tous, se trouve une autre personne.

Que ce bébé se soit permis de pénétrer à l'intérieur de moi sans ma permission m'était intolérable, je n'acceptais pas la violence avec laquelle il s'était imposé dans mon corps, je ne pouvais pas supporter cette intrusion, cette « souillure », mais à qui aurais-je pu raconter cela, à qui aurais- je pu dire ces mots inaudibles, ce bébé m'a Violé..

Pas facile le thème de la maternité. On idéalise toujours, on oublie la souffrance, la fatigue, l'inconfort. Violaine Bérot a des mots forts dans ce court roman. Il choque, interpelle. Oui, on ne naît pas mère. Oui, on apprend à la devenir tous les jours. Oui, nous ne sommes pas parfaites mais nous faisons au mieux. Et oui, il y a des femmes qui ne le deviennent jamais.

Ici, Marion n'a pas ressenti les signes de la grossesse. Blocage psychologique, peut-être. C'est culpabilisant. Comment commencer sa vie de mère quand vous avez déjà raté votre grossesse ? Il y a tout un travail à faire et l'enfant est déjà là !

L'auteur nous raconte avec une aisance impressionnante le fil très mince entre l'acceptation et la folie qui peut devenir meurtrière. On comprend un peu mieux, les faits divers où une mère tue son nouveau-né. Les abandons. On souffre avec Marion.

Et puis, il y a le village de Marion et Baptiste. Et vous retrouvez le sourire.

Construit comme un ensemble de témoignages, vous pouvez le lire de façon traditionnelle (chapitre à la suite ) ou de façon à suivre chaque personnage (un peu à la manière des livres dont vous êtes le héro, il faut suivre les numéros de chapitres écrits à la fin de ceux-ci ).

Tombée des nues est un roman de 161 pages paru chez Buchet-Chastel en janvier 2018.
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Avez-vous déjà lu 2 fois d'affilée le même roman ? Moi, jamais. Il y en a trop qui attend dans ma bibliothèque.
Et pourtant, Violaine Berot sera parvenue à me faire faire ce pas de côté. Elle propose 2 conférences différentes pour son roman. le premier, classique en tournant les pages les unes après les autres. le 2ème en suivant la voix de chacun de ses personnages.
C'est inattendu et l'expérience intéressante.
Après ma découverte cet été de son dernier roman "comme des bêtes" j'étais curieuse d'en lire davantage d'elle. Cela confirme mon sentiment. C'est terriblement sensé. Elle réussit comme nul autre à donner la voix à chacun, à laisser s'exprimer son ressentiment sans jugement.
Une longue phrase, sans point ni majuscule. Les récits se mélangent comme le murmure et les rumeurs qui remuent tout un village et tout se mêlent de manière intelligible.
Un merveilleux roman sur le déni de grossesse, la maternité, l'acceptation et la solidarité.
Splendide!
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" Il faut que vous sachiez qu'un enfant né dans de telles conditions est condamné si sa mère ne parvient pas à sortir rapidement de son apathie, ne perdez pas de vue que pour elle l'enfant n'est pas un enfant, il faut vraiment comprendre que tout se joue en quelques minutes, si la mère est seule le pire peut arriver, dans cette histoire le bébé a eu beaucoup de chance, un homme providence a croisé sa route, tous ces enfants n'ont pas droit à pareil conte de fées. ”


Baptiste et Marion élèvent des bêtes dans leur ferme isolée du village. Ils attendent de nouvelles naissances dans leur cheptel mais ils étaient loin de s'imaginer que la première serait tout autre.

.

" le père a bien réagi, certains ont des comportements brutaux, s'en prennent à leur femme, les accusent de mentir, de leur avoir caché la grossesse, se montrent jaloux, mauvais, lui non, il a eu ce moment de flottement mais il en est sorti assez vite, il a écouté ce que nous lui expliquions, la mère par contre n'entendait rien, n'exprimait rien, pas un mot, pas un geste ni un cri, rien ..."


Cette nuit, Marion à son plus grand étonnement, vient de donner la vie à une petite fille. Elle ne réalise pas, elle est dans le déni

.

" j'entendais Baptiste discuter au téléphone, il expliquait, il racontait, il parlait du bébé, il n'arrêtait pas de parler de ce bébé, je l'entendais répondre oui Marion va bien elle se remet, et ces mots tournaient en boucle dans ma tête, Marion va bien elle se remet, la voix qui les prononçait se distordait, ricanait, c'était Baptiste et ce n'était plus lui, la voix riait, se moquait, Marion va bien elle se remet, ça pouffait de rire dans mon crâne, Marion va bien elle se remet, alors je souriais, qu'aurais-je pu faire d'autre que sourire puisque j'allais bien, puisque je me remettais "


Je découvre l'écriture de Violaine Bérot à travers ce roman atypique qui soulève un sujet grave, une douleur de femme, le déni de grossesse : quand l'inconscient est plus fort que le corps. le regard d'une femme sur une autre femme sans aucun jugement. 


L'auteur se démarque par la construction de son récit plutôt original et vous propose deux choix de lecture, soit de la façon classique comme tout livre normal, soit en commençant par un chapitre qui vous mènera vers le prochain en suivant les indications comme un jeu de piste. 
Personnellement j'ai choisi la lecture classique et me connaissant c'est celle que j'aurais préféré même si je tenterai prochainement la seconde. 
Un roman choral, avec sept personnages qui nous donnent à tour de rôles leurs points de vue face à cette naissance, pendant quelques jours.


" C'est Baptiste qui nous l'a annoncé, il a dit je voudrais que vous mettiez le haut- parleur pour que vous entendiez tous les deux ce que j'ai à vous dire, je l'ai interrompu il est arrivé quelque chose à Marion, il a ri, il a dit oui il est arrivé quelque chose mais ça va tout va bien ..." 




Avec ce titre à double sens en parfaite harmonie avec le récit et sa présentation où même le lecteur à son tour Tombe des nues. 
Un sujet compliqué, abordé d'une manière inattendue auquel je me suis attachée comme le cordon du bébé attaché à sa mère pour être à la fin libérée de l'ignorance. 
Violaine Bérot donne naissance à sa manière à un roman percutant où les émotions se bousculent, entre les sourires et les larmes,  comme à chaque venue au monde. 
Tombée des nues est  né le 11 janvier 2018 en librairie pour le plus grand plaisir de l'écrivaine et tous les futurs lecteurs. Il pèse 162 pages et tient déjà toutes ses promesses.

Il est né le divin bouquin...

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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Un livre assez déroutant j'ai trouvé. Pas seulement pour le sujet traité, le déni de grossesse, mais aussi par la structure choisie : des épisodes brefs vus à travers les yeux d'une personne acteur ou témoin des évènements. L'ordre de la narration peut même être modifié par le lecteur.
L'alternance de ces points de vue crée un malaise, une incompréhension proche des sentiments engendrés par cette naissance surprise. Un choix risqué mais efficace selon moi.
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Baptiste et Marion ont quarante ans, vivent dans un petit village ; ensemble ils ont repris une ferme, élèvent des chèvres. Pas d'enfant dans le tableau. Mais voilà, sans crier gare, une nuit Marion accouche d'une petite fille... Récit à plusieurs voix, roman kaléidoscope, Tombée des nues est une réussite totale. Parce qu'il est tendre et empathique. Parce qu'il ne juge pas. Parce que l'auteure a trouvé la note juste. Je vais m'empresser de découvrir les autres romans de Violaine Bérot.
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Lu d'une traite (160 pages à peine) dans la foulée de Comme des bêtes du même auteur. J'ai craint le pire quand j'ai vu qu'il y avait deux pistes de lecture, chronologique ou par narrateur (il y en a 7 qui racontent l'histoire à tour de rôle). Peut-être une sorte d'exercice lié au fait que le livre a été écrit en résidence d'écriture ?
Le lecteur sait toujours qui parle dans cette succession de courts paragraphes, chacun apporte sa touche à l'histoire comme autant de coups de pinceaux sur la toile du peintre qui permettent d'aborder l'instinct maternel (s'il existe), le déni de grossesse et certains de ses ressors, la délicate prise en charge qui en découle que ce soit par le corps médical (qui détient forcément la vérité) ou encore les voisins (suspicieux) et les amis (solidaires).
Enfin, l'absence de longues descriptions n'empêche pas le fort ancrage de l'histoire dans son contexte géographique (la montagne en hiver) et socio-professionnel (les villageois et l'élevage de chèvres).



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Ce petit livre traite d'un sujet assez peu évoqué en littérature, me semble t'il, le déni de grossesse. Nous sommes dans un petit village reculé de montagne. Une femme vient de mettre monde un enfant, dans une salle de bain, seule. Sous le choc, découvrant sa femme hébétée dans la salle de bain, son mari appelle un ami à la rescousse. C'est lui qui comprend ce qui se passe en découvrant la chose sanguinolente qui gigote dans la baignoire. Il conduit tout le monde à l'hôpital, l'enfant emmitouflé contre lui dans sa veste. Voilà pour les faits.

L'histoire nous est racontée par les différents protagonistes de l'histoire : le mari, la femme, l'ami, la sage-femme qui les accueille à l'hôpital, l'institutrice du village, les grands-parents de l'enfant... Ces différents points de vue nous permettent d'analyser le cataclysme produit par cette naissance inattendue. le point de vue de la mère de l'enfant est particulièrement troublant. Nous comprenons, au travers du récit des faits, le mécanisme à la fois psychologique et physiologique du déni de grossesse.

La construction du roman offre deux possibilités : lire chaque témoignage, l'un après l'autre, ou suivre l'ordre des pages. J'ai tenté la première option, mais je trouvais la lecture fastidieuse. J'ai donc suivi l'ordre des pages. L'écriture fait appel au langage oral. Chacun s'exprime à sa façon, ce qui rend la narration très vivante. L'histoire s'arrête au retour à la maison. Nous ne saurons donc pas comment le couple surmontera l'épreuve dans le temps. le témoignage de l'institutrice nous met sur la piste d'un possible qui n'est heureusement pas une fatalité. On ne peut que croiser les doigts pour que la petite famille trouve son équilibre après ce démarrage chaotique.

Juste pour l'anecdote, j'ai lu ce livre dans l'avion (aller et retour Brest/Paris). Il faut croire que je ne suis pas trop superstitieuse vu le titre.

Un roman intéressant, qui fait le tour d'un sujet complexe en 160 pages.
Lien : http://www.sylire.com/2018/0..
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Quel bijou… reçu dans le cadre d'une Masse Critique, le thème ne m'interpellait pas plus que ça mais ce que j'avais lu de sa forme m'avait fait le mettre à ma sélection. Bien m'en a pris. Ce livre peut se lire de deux façons différentes, mais je conseille vivement d'en garder l'ordre premier et de ne pas lire par personnage, la confusion des divers protagonistes se ressentant mieux (à mon humble avis) dans ces voix interrompues, ces points de vue éparpillés, que par une lecture plus « linéaire ». Stylistiquement, c'est impeccable, cette oralité brute, vivante, cette urgence dans le ton, ce livre se lit en un souffle, en une grande respiration. Du point de vue humain ce roman est aussi une réussite, une focalisation de l'ordre de l'intime sur un phénomène connu, mais peu médiatisé. C'est terrifiant et beau tout à la fois, exigeant littérairement (car contrairement à ce que l'on peut penser, la langue orale naturelle, à la fois poétique et juste, est un des « trucs » les plus difficiles à mettre en place sans que cela sonne artificiel), bref, ce livre mérite son 5/5 même si sa technicité littéraire ne semble pas – à mon grand regret – être perçue par tous ses lecteurs…
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Un court roman (une nouvelle ?) que j'ai découvert par hasard, sur un sujet qui me passionne : le déni de maternité.
L'auteur VIolaine BEROT a composé un livre choral sur cette femme, Marion, et son conjoint Benjamin. Ils ont repris une ferme isolée et élèvent des chèvres. Ils sont très heureux sans enfant et n'envisage pas d'en avoir, sans regret : Marion a par ailleurs, atteint un âge un peu limite pour la maternité. Sauf qu'un soir d'hiver, saisie de douleurs abdominales foudroyantes, elle met au monde, un bébé : une petite fille. Un villageois qui les connaît bien, va accompagner la petite famille à l'hôpital.
Le roman raconte les jours qui suivent l'accouchement :
- l'état de sidération de la maman qui veut juste revenir voir ses chèvres, et ne fait pas le lien entre ce qui lui est arrivé et le nouveau né,
- le nouveau papa surpris mais ravi, qui voudrait tellement que sa compagne soit aussi heureuse que lui,
- la famille de Marion, dont le père passe de la colère à l'attendrissement en apprenant qu'il est grand-père d'une petite fille
- l'organisation menée tambour battant et avec beaucoup de tendresse par les cafetières, les Adèles, avec le village pour trouver de quoi équiper le logement des nouveaux parents et de quoi habiller le bébé (le gang des tricoteuses entre en action : j'adore !) et le tout sans a-priori sur cette naissance si particulière
- la méfiante de l'ancienne institutrice qui n'a jamais eu d'enfant, mais se reproche encore de ne pas avoir aider les enfants maltraités qu'elle repérait
et surtout les chèvres qui attendent le retour de leur maman Marion et on bien du mal à se faire à leur nourrice masculine.
Une belle histoire et j'ai bien sûr pensé automatiquement à Marie, Joseph et l'enfant Jésus, sauf qu'ici la petite fille va être nommée Eve au suffrage universel du village. le petit village reclus compose de beaux rois mages, sans les richesses, mais avec beaucoup de coeur et j'ai repensé à cette histoire où une femme se retrouve enceinte comme par hasard au mépris de toute logique physique et à comment elle avait fait pour gérer cette naissance si peu ordinaire : Marie...
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