Et « le Radeau de la Méduse » est le chef-d'oeuvre de Théodore Géricault.
Jean-Louis Berthet, dans un ouvrage intitulé «
les Naufrages de Géricault », fait la somme des connaissances actuelles, depuis le faits divers initial jusqu'à la réception du tableau au salon de 1819.
La Méduse était une fringante frégate qui sombra corps et biens au large de la Mauritanie en 1816. de nombreuses exactions très peu reluisantes eurent lieu sur les deux radeaux, dont bientôt, il n'en resta qu'un seul. Il y eut des vols, des bagarres pour la nourriture et l'eau, des meurtres, des actes d'anthropophagie. Géricault rencontra deux des rescapés qui lui firent le récit du drame.
Alexandre Corréard et Jean-Baptiste publièrent leurs souvenirs dans «
le Naufrage de la Méduse » (aujourd'hui disponible chez Gallimard, en Folio). Donc Géricault avait des témoignages de première main, sans aucun filtre. Ce qui le motiva pour l'exécution de la toile. En choisissant un thème d'actualité et en le traitant tel quel sans le passer au crible de l'Histoire, Géricault expose aux regards de tous le destin cruel des rescapés, créant ainsi un manifeste pour le romantisme pictural. En même temps, la vie personnelle de Géricault est également parcourue de drames, la neurasthénie, la naissance d'un enfant adultérin, entre autres. Si bien que l'esprit torturé de Géricault se livre plus facilement au lecteur. N'a-t-il pas peint les portraits de « pensionnaires » de la Salpêtrière à Paris, connus sous le titre « les Monomanes », pour remercier celui qui l'a soigné pendant sa dépression nerveuse ? N'y-a-t-il pas là, un des aspects de cette fascination morbide pour le désespoir des naufragés, l'angoisse des prisonniers, le drame des esclaves ? le texte de Berthet, très actuel et très rigoureux, se concentre sur le tableau du Louvre, le restitue dans son époque et dans sa postérité, sans oublier ses implications dans un pays en pleine transformation sociale.