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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Aloysius Bertrand, poète dijonnais, est mort très jeune, dans la misère et oublié de tous. Il est sans doute un des plus grands poètes maudits de notre XIXème siècle.

Baudelaire lui rend hommage comme à l'un de ses prédécesseurs dans l'"invention" du poème en prose.

Amoureux de sa belle ville, fou de moyen-âge, féru de peinture, de gravure et ami du sculpteur David d'Angers qui fit son masque mortuaire, Aloysius a produit avec Gaspard de la Nuit une oeuvre étonnante dont les poèmes souvent inspirés de dessins ont à leur tour inspiré les musiciens -surtout Ravel ...

Ses poèmes renvoient aux gravures fantastiques de Callot, à celles toutes mystiques de Rembrandt, et à la peinture de genre hollandaise: de Hooch, van Laer, Teniers entre autres..

On feuillette, en le lisant, un livre étrange semé d'enluminures médiévales, de dessins grimaçants et diaboliques, de rassurantes scènes de cabaret, de graves méditations philosophiques,d'ardentes recherches alchimiques.

Il faut redécouvrir ces poèmes qui sont de petites pochades drôles, inquiétantes...toutes incroyablement travaillées, avec un art consommé de l'ellipse, de l'humour (noir) et une magistrale musicalité malgré l'absence de rimes...

Ma préférence va à la silhouette diabolique de Scarbo, figure récurrente dans le recueil, et qui esquisse une macabre sarabande entre les pages et fait penser à une créature échappée des peintures de Hiéronymus Bosch...
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Malgré mon statut d'enseignant, je suis peu attiré par la poésie, c'est un tort je le sais.
L'autre nuit, je me suis souvenu d'un poème "Ondine" étudié en première avec un professeur qui n'est plus malheureusement. Et bim, j'ai sauté sur Aloysius Bertrand.

Au premier abord, la prose c'est cool, on se dit qu'on va lire un roman avec des rimes et puis... non!! ( ce commentaire est pour nos jeunes lecteurs)
Ne nous décourageons pas dès la première page l'introduction donne le ton avec un " l'enfance est un papillon qui se hâte de bruler ses blanches ailes aux flammes de la jeunesse". Et là mon pote, Aloysius t'a pécho !!!

Malgré une multitude de notes, de remarques, d'observations, chaque poème nécessite un peu de travail mais beaucoup valent le coup. Enrichissement de vocabulaire garantie.

De quoi envouter, vous aussi, votre Ondine...
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Aloysius Bertrand, c'est le type même du poète maudit. Mort jeune, mort pauvre, son oeuvre principale n'est publiée qu'après sa mort, oubliée puis redécouverte bien des années plus tard par Baudelaire puis par les surréalistes. Il nous plonge dans sa vision du Moyen-Âge et crée un univers pittoresque, fantastique, gothique, noir. C'est très beau, le résultat est une suite de poèmes en prose (les premiers ?), très influencés par la peinture (le sous-titre est Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, mais on peut aussi penser à Brueghel ou à Bosch). On y retrouve le moyen-âge romantique de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, mais aussi le fantastique noir de Théophile Gautier. Il était bien de son temps pour les thématiques mais il faut croire qu'il était trop en avance pour la forme, avec cette langue ciselée, précise, virevoltante qui dessine de petits tableaux avec un sens aigu du rythme et de la musique des mots (Ravel ne s'y est pas trompé et a mis trois poèmes en musique). Un petit bijou à déguster par petits morceaux.
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C'est le premier recueil de poèmes en prose connu, datant de 1842, et qui n'a pas échappé à la vigilance de Baudelaire, qui s'y réfère dans son Spleen de Paris. La lecture demande une grande culture esthétique, picturale et graphique, car il ne s'agit presque que de poèmes sur des estampes, tableaux, gravures et autres, comme le sous-titre le laisse entendre. La marque du Romantisme "noir" est très forte, et cette oeuvre originale, exigeante, rappelle par bien des côtés la poésie de Gautier, elle aussi tout en extérieurs, effets picturaux et impressions.
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Si je vous dis Lamartine, Vigny, Hugo, Musset ou encore Nerval, vous me dites bien évidemment : ce sont des romantiques ! Et vous avez raison. Mais encore faut-il préciser : ce sont des romantiques "majeurs". Parce que, oui monsieur, oui madame, il y a des romantiques "majeurs" et des romantiques "mineurs". Ces derniers on n'en parle guère dans les chaumières, mais ils ont leur importance, et littérairement parlant, ils ont laissé une trace. Tenez, à la première d'Hernani, rameutés par Théophile Gautier et Gérard de Nerval, ce sont eux qui ont fait d'une représentation théâtrale une bataille (plus ou moins rangée) auprès de laquelle Austerlitz ressemble à une querelle en cour de maternelle.
Parmi ces romantiques dits "mineurs" ou "petits romantiques", nous trouvons des noms connus : Marceline Desbordes-Valmore, LA poétesse française du romantisme, Auguste Maquet, qui deviendra le collaborateur principal d'Alexandre Dumas, ou encore Lacenaire, le poète-criminel qui finira guillotiné. Et puis des poètes moins connus comme Pétrus Borel ou Aloysius Bertrand.
Louis-Jacques-Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand (1807-1841) est poète et dramaturge (encore n'a-t-il écrit qu'une pièce qu'il n'a pas réussi à faire jouer). Surtout, il est l'auteur de Gaspard de la nuit (paru en 1842, après sa mort).
Gaspard de la nuit est un recueil de soixante six poèmes en prose, sous-titré Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot. Ce sous-titre n'est pas sans rappeler un recueil de nouvelles de E. T. A. Hoffmann, paru en 1816 Fantaisies à la manière de Callot. Vu la similitude d'inspiration entre les deux poètes, ce n'est sans doute pas un hasard.
Justement quelle est-elle, cette inspiration ? Elle est romantique, forcément, elle se nourrit des chansons et ballades médiévales alors à la mode, à l'atmosphère mystérieuse venue des légendes allemandes, à celle tout aussi inquiétante du gothique anglais, aux tentations ésotériques peuplées de sabbats et de sorcières... Elle se réfère comme indiqué aux peintures de Rembrandt d'une Hollande mythique, à la fois réelle et imaginée, ou d'un Callot, auteur de Misères de la guerre aux allures fantastiques.
Il ressort de toutes ces influences une poésie nouvelle, non plus en vers mais en prose, dont le pouvoir évocateur est la première caractéristique, la deuxième étant le rythme du poème, envoûtant comme un sortilège, et la troisième une complicité avec le lecteur qu'il emmène dans ses délires, pour parfois le lâcher dans une chute aussi saisissante qu'imprévisible.
C'est Baudelaire lui-même qui, dans sa préface du Spleen de Paris, adoube Aloysius Bertrand comme inventeur du poème en prose.
Pour les mélomanes, je ne saurais trop conseiller un triptyque pour piano de Maurice Ravel (1908), intitulé également Gaspard de la Nuit. le compositeur y adapte trois poèmes : Ondine, le Gibet et Scarbo;
Et si vous n'êtes pas mélomane, ne vous inquiétez pas, vous serez quand même séduit par la petite musique, envoutante, ensorcelante, pleinement dépaysante d'Aloysius Bertrand.
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J'ai découvert Aloysius Bertrand au collège, quand un professeur de français nous a fait étudier le poème "Une nuit", sans doute l'un des plus connus de Gaspard de la Nuit. Quelques années après, en passant devant cet ouvrage chez un libraire, je me suis rappelé de ce poème qui m'avait totalement envoûtée et que je n'ai jamais totalement oublié. J'ai donc sauté sur l'occasion pour (enfin !) lire le recueil en entier. Et je ne l'ai pas regretté !

Certes, tout le monde n'apprécie pas la poésie, certains la trouvent trop compliquée, on lui reproche ses tournures de phrases, ses règles trop strictes, et que sais-je encore ! Je crois cependant que certains poèmes de Gaspard de la Nuit sont accessibles à un plus grand nombre qu'on ne le croirait au premier abord.
Moi, je me suis laissée transporter de poème et poème, de livre en livre. La prose donne une grande fluidité à cet ouvrage ; le lecteur explore un univers avant de passer au suivant. Et quand il est temps pour nous de tourner la dernière page et de reposer ce livre, on a l'impression de sortir du sommeil, de se réveiller à la fin d'un rêve qu'on aurait préféré ne pas quitter.

Magnifique !
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Mort misérable et presque oublié de tous de la tuberculose à 34 ans Aloysius Bertrand a tout du poète maudit, la renommée en moins... Aujourd'hui encore, il demeure peu connu.
Son chef d'oeuvre, "Gaspard de la Nuit", Aloysius Bertrand y travailla toute sa vie, en espérant ou attendant une publication souvent promise, jamais réalisée jusqu'en 1842 date à laquelle Sainte-Beuve et le sculpteur David d'Angers parviennent à faire publier le recueil. Le poète est mort depuis plus d'un an. Il faudra attendre Baudelaire pour que le livre rencontre le succès.
C'est un ouvrage bien singulier que ce "Gaspard de la Nuit" sous-titré "fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot": il présente une soixantaine de poèmes en prose (audace! merveille!) comme autant de tableaux, de visions d'inspirations romantiques et qui dépeignent le Moyen-Age gothique tel que le rêva le XIX°siècle avec ses monastères, ses tours, ses fées, ses sylphides, ses salamandres, ses brigands, ses alchimistes et ses démons... Qu'on ne s'y trompe pas, "Gaspard de la Nuit", ce n'est pourtant pas des visions pittoresques d'une époque fantasmée: c'est bien plus. Ce Moyen-Age poétisé, revisité permet au poète de donner libre cours à ses visions intérieures fantasques, sombres parfois ironiques, parfois tourmentées... C'est une poésie du clair-obscur qui emprunte beaucoup à la peinture, une poésie singulière, inquiétante qui fascine, qui envoûte... Une oeuvre unique pétrie d'obsessions romantiques, de l'imaginaire d'un homme dont on ne sait pas grand chose, d'influences (Hugo, Nodier...) et de ce petit supplément d'âme qui en font aussi une oeuvre d'avant-garde, annonçant le symbolisme à venir.
Lorsque je me lance dans la lecture de recueils poétiques, j'ai beaucoup de mal à lire d'une traite et je grignote deux poèmes par-ci, un poème par là. "Gaspard de la Nuit", je l'ai dévoré et il fait partie de ces livres qui sont toujours sur ma table de nuit, un de ces recueils dont j'aime qu'ils m'accompagnent. Je n'en ai pas fini avec la fascination et le charme qu'exercent sur moi ce volume aux attraits aussi sombres que lumineux. Vous doutez encore de la beauté ineffable de "Gaspard de la Nuit"? Lisez "Ondine"! Ou "Madame de Montbazon"... Ou encore "Scarbo" ou "Le Bel Alcade"...
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Aloysius Bertrand fait partie des poètes maudits. Il a été reconnu comme un grand poète après sa mort, comme beaucoup d'artistes, semble-t-il. Il a inventé le poème en prose. Il a offert une plus grande liberté à cet art lyrique. L'art est la pierre philosophale du XIXe siècle, énonce Gaspard de la Nuit, le double du poète. Gaspard pensait expliquer l'art grâce à la nature ; donc, il étudia la nature. Puis, il étudia les monuments des hommes. Il le chercha à travers Dieu puis le diable. "Eh ! Oui... le diable !"
Les fantaisies de Gaspard de la Nuit compte six livres, divisés en plusieurs titres, sorte de petits tableaux. Aloysius peint avec des mots la nature et l'ordre du monde. C'est un poète romantique, singulier, qui invite la peinture - l'école flamande - dans sa poésie. Les personnages, les lieux, il dessine sa vision romanesque d'un Dijon moyenâgeux, obscur et barbare et parfois burlesque.
Aloysius Bertrand a renouvelé la forme poétique avec sa prose en abandonnant la métrique et la versification. Une sorte de précurseur. Pour exister, l'art doit imaginer, créer de nouvelles formes, une nouvelle esthétique.
Pendant que je lisais Gaspard de la Nuit, ce ne sont pas des peintures qui ont été mes références mais la musique classique telle que "L'apprenti sorcier" de Dukas et "La Boutique fantasque" de Respighi. Sans doute parce que j'ai plus d'affinité avec la musique qu'avec la peinture ou la photographie que je découvre.
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Chef d'oeuvre d'un poéte méconnu de son temps, qui est considéré comme le premier poéme en prose, ou la réalité cotoie le réve.
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Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand est sûrement le plus beau recueil en prose. Il est marqué par le mouvement, l'imaginaire du Moyen-Âge, et le mysticisme. Une poésie très secrète qui amène de nombreuses réflexions sur l'Art, la frontière entre deux mondes, et la spiritualité. J'ai été ébranlée par la modernité de l'écriture, cette capacité impressionnante à fondre son lecteur dans une atmosphère pesante, un temps qui n'est pas le sien. Personne ne peut s'improviser Aloysius Bertrand et l'on sait pourquoi. Amatrice de poésie, j'ai rarement quelque chose d'aussi vibrant et intemporel.
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