Première incursion dans le monde de
Philippe Besson, après avoir eu autant de retours positifs de ce
Paris- Briançon.
L'écriture est limpide, les personnages attachants, les chapitres courts, mais on passe tout aussi rapidement d'un genre littéraire à un autre.
Et c'est peut-être là que se situe la faiblesse de ce roman: il ne sait pas trop où aller, contrairement à la destination du train de nuit dans lequel se passe ce huis-clos.
Nous avons la présentation obligatoire des protagonistes du roman, dans l'ordre de leur montée dans le train, comme l'entrée en scène des personnages d'une pièce de théâtre. L'auteur divulgue en partie leurs situations, leurs soucis, mais sans nous en dire trop de prime abord. Tout cela ressemble beaucoup aux premières pages du Crime de l'Orient-Express. L'auteur annonce aussi assez vite que certains passagers n'arriveront pas vivants à destination.
Changement de style: des connaissances se lient, des confidences sont échangées et même davantage. L'auteur nous explique que les trains de nuit y sont propice (est-ce vraiment toujours le cas, en ces temps où l'on a tendance à rester dans sa bulle virtuelle ?). le roman devient intimiste, humain, triste aussi. de nombreux sujets y sont abordés, mais rien n'est vraiment creusé. L'auteur a décidé d'écrire un livre rythmé, qui n'a pas le temps d'approfondir les caractères des personnages. C'est dommage, car certains gagneraient à être approfondis.
Après nous avoir fait miroiter un polar, puis un roman psychologique, Besson nous gratifie encore d'un scénario de film catastrophe, avant de nous pousser vers la sortie avec une toute dernière pointe, pour bien montrer que nous venons de lire un roman dramatique, ce qui était bien entendu son idée originale.
En résumé, le fait d'aborder plusieurs genres littéraires en 200 pages a eu un avantage de taille pour la lectrice et le lecteur: on ne s'est pas ennuyé une seconde et d'aucuns ont versé des larmes à la fin.
Philippe Besson a ainsi réalisé un véritable tour de force, en nous concoctant un roman qui sait plaire et distraire les masses, tout en se vantant d'être de la littérature moderne, engagée et tournée vers l'avenir. Dans la dernière partie, il alterne même entre des pages pleines d'empathie et d'autres écrites dans un style médiatique, mêlant ainsi le discours traditionnel à celui, froid et distant, des mass médias d'aujourd'hui. C'est à mon avis ces pages -là qui représentent les moments les plus forts de ce
Paris-Briançon.