Un train de nuit presque d'un autre temps.
Des voyageurs qui, outre leurs bagages, transportent leur vécu, leurs silences et leurs envies de dire.
Des rencontres ont lieu.
Des âges, des provenances, des cultures différents se croisent et s'entrecroisent.
Des échanges se font qui les étonnent.
Se confier à l'inconnue(e) qu'on ne verra sans doute plus jamais peut être une délivrance.
Des lieux défilent au rythme du train, des ombres, des lumières, des lointains.
Et nous lisons les mots simples et habités de
Philippe Besson qui nous raconte les uns et les autres dans les tours et détours de leur vie.
Tout est simple, rien n'est simple.
Le hasard bien-nommé permet ces échanges, ces rendez-vous avec soi-même et avec ces interlocuteurs qui écoutent et se disent aussi en toute humilité.
Chacun se récrée, chacun « grandit » un peu plus.
Puis l'horreur et tout ce qu'elle contient.
De la déchirure à la médiocrité de l'humain à tous les niveaux de la société.
Quelques passages dans ce roman mettent l'homme en face de ses dérives, puissent-ils être entendus…
Les lieux communs émis par les « voyeurs » montrent la dangerosité des paroles reproduites rapidement et sans réflexion.
Une lecture qui se déroule presqu'avec la vitesse du train tant l'écriture est simple, ce qui est peut-être une des choses les plus difficiles à atteindre.
Certains parlent de suspense, j'ai plus ressenti une atmosphère et subodorais, puisque l'auteur l'écrit tôt dans le roman, ce qui allait se passer (la description qu'il en fait est percutante).
Le livre met le lecteur face à des réalités évidentes. Agréable livre.