Elle est la femme sans histoire, la définition même de la femme sans histoire. Son existence est absolument ordinaire, linéaire, sans aspérités, sans aventures. La destinée n'y a pas sa place.
« L'océan, c'est autre chose. C'est la turbulence, c'est aussi l'interminable, l'inintelligible, l'inattaquable. Une pureté qui gronde. »
Désormais, elle se contente d'attendre que le temps fasse son oeuvre. Elle trouve néanmoins qu'il en met du temps, le temps.
Elle a également, devant elle, à nouveau, la démonstration que le monde continue, et qu'il continuera sans elle, que demain et les autres jours s'accompliront ces mêmes gestes insignifiants, ces infimes traversées, ces rites sans importance, que battront encore des milliards de coeurs (mais pas le sien), que se poursuivra l'aventure fabuleuse et dérisoire de l'humanité.
Ce sont les détails qui causent les plus grandes violences.
Elle fait comme si la vie n’était pas une chienne.
Ils croient qu'un couple fonctionne sur un espoir partagé et se brise sur la fin de cet espoir.
Elle en conclut qu'on peut vouloir cesser de vivre simplement parce que la vie est fade.
Laura envie Julia d'avoir su garder son mari. Elle ne le formule pas de la sorte, bien entendu, mais c'est ça, la réalité. Elle regarde leur couple et ne peut s'empêcher de voir ce qu'elle a elle-même perdu, ce qui lui a échappé un jour. Elle regarde leur couple et éprouve aussitôt de la nostalgie, regrettant cette stabilité, cette sécurité. Elle a toujours considéré le foyer comme un abri. Maintenant, elle se sent démunie, offerte aux grands vents, aux tempêtes.
Elle veut respirer encore, avaler des bouffées du dehors, traquer une brise légère qui se serait miraculeusement immiscée, et embrasser le ciel, comme elle le faisait sur la jetée de Newport Beach, les jours où elle songeait à se noyer, et que le souffle léger du vent la sauvait, au dernier moment.