Pas facile de chroniquer ce roman…
Laurent Binet a eu l'idée originale de s'appuyer sur des faits et des personnages réels pour nous proposer un polar “intello”, satirique et trépidant. Il couvre la période mars 1980-mai 1981, et s'appuie sur le décès de
Roland Barthes, renversé par une camionnette dans Paris, qui pourrait être un assassinat. Jacques Bayard, policier chargé de l'enquête, s'adjoint les services d'un jeune universitaire, Simon Herzog. Au fil des pages, nous croisons toutes sortes de figures connues – Giscard, Mitterrand, Foucault,
Derrida,
Althusser,
Sollers, BHL,
Umberto Eco,
Jack Lang… et j'en oublie.
J'ai sans cesse oscillé entre deux sensations (d'où ma note “moyenne” de 2,5 sur 5) : le plaisir de suivre ces aventures rendues plus savoureuses par
le contexte et les personnages (ah, cette peinture de la fac de Vincennes, elle vaut son pesant de cacahuètes !), une certaine lassitude face aux considérations “intellectuelles” parfois trop appuyées. J'ai surtout déploré la grande violence de plusieurs scènes, inutiles à mes yeux compte tenu de l'humour censé dominer dans le roman.
La fin, je dois dire, est sacrément bien imaginée. Sans rien révéler, la description du débat télévisé de second tour de mai 1981 – Giscard versus Mitterrand – ne manque pas de sel ! Et le titre ? Il désigne une “méthode” langagière qui aurait été découverte par
Roland Barthes, et assurerait à ses praticiens la certitude de l'emporter dans les joutes verbales – en particulier politiques… Ce serait la “septième” fonction du langage.