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3,76

sur 802 notes
" Rinascita" .
Terme employé par Vasari ( peintre italien 1511-1574 ) pour la 1ère fois dans le domaine des arts et qui englobe les périodes de : " la Renaissance , la haute Renaissance et le Maniérisme "

C'est l'endroit où nous emmène aujourd'hui Laurent Binet , et, j'ai personnellement adoré ce voyage au coeur de la Toscane , le berceau de la Renaissance, qui va rayonnée sur toute l 'Europe .

Livre particulier puisqu'il se présente sous la forme de 176 missives qui s'entrecroisent, pour entre autre chose , résoudre un crime , mais ce n'est pas le principal .

J'ai donc pris beaucoup de plaisir à lire ce livre ,que je relirai ultérieurement, avec le même plaisir , j'en suis sur .
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Quoiqu'y invite l'exergue, il aurait fallu ne pas lire Mon nom est rouge d'Orhan Pamuk. Garder un souvenir enchanteur de la septième fonction du langage n'est pas très indiqué non plus. Enfin, si l'on peut éviter d'avoir eu trop récemment dans l'oreille le phrasé, les brillantes machinations, l'élégance des Liaisons dangereuses, cette lecture de Perspective(s) n'en sera que plus aisée.

Enumérer de telles précautions en prémices est navrant car cela suppose d'une part que ce roman a besoin d'une mise en garde et d'autre part que le livre n'est pas à la hauteur des illustres précédents dont il se targue.

Mais il serait injuste tant de nier la pertinence de ce conseil que d'agonir d'insultes celle qui le formule. Je ne suis après tout que le messager d'une réalité désagréable : ce livre est à moitié réussi.

C'est un roman ayant pour cadre l'Italie à feu et à sang de 1557, quelques années seulement après que Lorenzo a assassiné le duc de Florence en pure perte. Les Républicains ont fui la ville. Côme de Médicis perpétue le pouvoir autoritaire de son prédécesseur. La France revendique l'héritage italien de sa reine Catherine de Médicis, le Pape est allié aux rigoristes et puissants Espagnols tandis que Florence continue de bruisser de complots, d'assassinats et de projets artistiques grandioses. La trame aura déjà servi les plus grandes plumes et fourni de nombreux drames romantiques.

Difficile donc de faire un arrière-plan historique plus chargé d'événements entremêlés, de références littéraires plus illustres et Laurent Binet est sacrément culotté de s'essayer à laisser sa patte après Musset, Hugo, Dumas. En outre, parler à la place de Michel-Ange, Côme de Médicis, la Reine de France, il fallait oser. Et comme si cela ne suffisait pas à monter les enchères, Binet met son texte sous le patronage de Pamuk, lequel a pris le cadre de l'empire ottoman, quelques années seulement après Perspective(s), pour nous livrer une intrigue policière sur fond de rivalités entre ateliers d'artistes et problèmes de représentation. Ce faisant, Laurent Binet s'est condamné à un niveau d'exigence, d'érudition, d'intelligence qui fait frémir. Décider de faire de son livre un polar et de lui donner la forme d'un roman épistolaire, convoquant nécessairement Choderlos de Laclos au-dessus de son berceau, peut alors s'interpréter comme une gageure supplémentaire, le geste au panache désespéré de qui n'est plus à cela près.

Reste que le résultat n'est pas à la hauteur des (gigantesques) attentes. Malgré le paratexte idoine qui nous raconte la liasse de lettres retrouvées par hasard, traduites et mises à disposition du lecteur par un anonyme B., malgré la carte d'Italie retraçant pédagogiquement les enjeux politico-militaires du moment, malgré mon goût pour l'aventure et mon envie d'être emportée, je n'y ai jamais cru. Que Catherine de Médicis écrive « Mais je vous sais fait d'un autre métal » et non « je vous sais d'un autre alliage », qu'elle invite son complice à « imprimer des copies » d'une toile, que sa nièce Maria s'exclame « C'est formidable ce que peuvent les mots écrits », qu'un épistolier concède un « bien sûr » ne m'a pas aidée à me plonger dans ce 16e siècle de fiction. Ca et là, des indicatifs là où la couleur locale aurait invité au subjonctif. Et mille autres détails dissonants qui n'ont cessé de grincer à mon oreille.

Jusqu'à un point de saturation qui a cristallisé dans mon esprit une autre hypothèse. Et si c'était une parodie ? A ce compte, les commentaires sportifs de Cellini à propos des équipes pratiquant l'ancêtre du football ne sont plus maladroits mais deviennent amusants. Les personnages qui, après une gueule de bois, ne peuvent rassembler trois neurones puisque le terme n'existe pas mais se contentent « de rassembler le peu d'atomes qui [leur] restent » ressemblent ces Assurancetourix, Aplusbégalix, Diagnostix inventés par Goscinny, autant d'anachronismes rieurs et assumés.

Tirant ce fil, je me suis amusée du style administratif des rapports de Vasari au Duc. Je me suis même à peine étouffée quand Catherine de Médicis a qualifié de « gothique » je ne sais plus quelle nouvelle. J'ai accepté que Maria soit une très pâle, très sotte et très falote copie de Sophie de Volanges, laquelle n'est déjà pas bien épaisse.

Finalement, ce bouquin, ce serait un peu la Marie-Antoinette de Sofia Coppola à la sauce Binet. La même distance ironique et moderne anime le style, on fait mine de se déguiser en personnages historiques pour s'en amuser. On prend le décalage de l'Histoire pour se moquer de notre présent. Mais où sont les converses et les macarons ? A ce compte, la scène dans la coupole du dôme avec Strozzi a tout du clin d'oeil aux innombrables course-poursuite sur les toits dans les films d'aventures. Et je verrais bien Alain Chabat, et Christian Clavier dans une adaptation cinématographique avec effets spéciaux sur incrustés pour la scène de l'arbalète. Itineris, je ne vous capte plus…

Mais pourquoi Pamuk alors ? Pourquoi coder l'attente du lecteur de tous ces impressionnants palimpsestes ? Pastiche plaisant ou ambition démesurée ? Perspective(s) n'est pas bon parce qu'il n'assume pleinement aucune de ces deux hypothèses. Faute de talent ou d'audace, il reste au milieu du gué, et moi avec.
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Ah je sais que les avis sont très partagés sur ce livre, mais moi je l'ai beaucoup aimé.
Un polar historique épistolaire. Une première pour moi. J'aime les romans épistolaires, c'est un exercice qu'en tant que lectrice j'apprécie. Là vous ajoutez Florence, la peinture, les Médicis, et me voilà ravie, me laissant embarquer par l'histoire.
Mes lettres préférées ? celles de la grande Catherine de Médicis, reine de France, soeur du duc de Toscane, retorse au possible. Je me suis amusée à voir qu'on ne pouvait rien lui reprocher, alors que....
Pour moi ce livre a été un bon moment de lecture, cultivé, intéressant. Au fond savoir qui avait tué ce malheureux peintre devant sa fresque a été surtout pour moi l'occasion d'un voyage dans la Florence des Médicis.
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Pas vraiment un polar historique comme annoncé.

L'idée prétexte de ce livre donné par le narrateur en introduction est plaisamment exposée. Au lieu d'acheter un souvenir fade et surfait à rapporter en France, il choisit d'acquérir une liasse de lettres écrites au XVIe siècle. Fébrile, il passe la nuit dans son hôtel italien à les lire, les classer de telle manière à ce que le tout prenne forme.
Il nous présente les auteurs des lettres, auteurs, excusez du peu, qui ne sont autre que la famille de Médicis, Vasari, Michel-Ange ou Catherine reine de France, pour n'en citer que quelques uns.

Même si je ne suis pas adepte des romans se passant au Moyen-Âge et à la Renaissance (préfèrant la forme de l'essai ou du documentaire), je dois concéder que Laurent Binet a su créer une atmosphère qui nous y emporte, qu'on le veuille ou non.
Cet auteur, même s'il n'a jusqu'à ce jour abordé aucun des thèmes que j'apprécie spontanément, il faut lui reconnaitre que chacun d'eux est documenté, fourni, incontestablement entier. On sent toujours qu'il sait de quoi il parle, qu'il aime ce qu'il aborde et qu'il le fait avec une réelle conviction. On aborde l'époque sous plusieurs angles différents dont le politique, le religieux, l'historique et l'artistique. Fiction et réalité se confondent même agréablement.

Comme dans les précédents romans, Laurent Binet a usé d'une plume juste. Ici il a adapté sa plume au XVIe et l'a planté dans cette Toscane que pour ma part je porte dans mon coeur. On y est plongé dès les premières pages car sa plume est assurée, maitrisée. La structure et l'écriture sont maitrisées et admirables.

Par contre le soi-disant polar, ne m'est pas apparu comme tel. L'échange de lettres en est probablement la raison. Faire entrer une ambiance d'affaire criminelle ou d'enquête dans un échange de lettres entre tant de personnages, ne pouvait pas faciliter la tache de l'écrivain. Disons que c'est une enquête gentillette, mise dans un contexte historique avantageusement mis en scène.
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Voici un roman original, entièrement composé de lettres, qui se déroule à Florence en 1557 et met en scène de nombreux personnages de l'époque.
On y retrouve Jacopo da Pontormo, le peintre, mais aussi la famille des Médicis ou Michel-Ange.
Toutes ces correspondances entrecroisées nous révèlent des faits, petits ou grands, que ce soit le décès suspect de Pontormo, l'existence d'un tableau qui pourrait ruiner bien des réputations, les déboires amoureux d'une jeune demoiselle, les états d'esprit de peintres célèbres qui ont consacré leurs vies à des oeuvres qui leur survivront pendant des décennies, des complots, des luttes de pouvoir...
Le tout est habilement mené, on ne se perd jamais dans l'intrigue malgré le nombre important des protagonistes, la langue, bien que riche, est aisée à comprendre et l'histoire est palpitante.
J'ai eu grand plaisir à côtoyer les peintres de cette époque et les grands de ce monde, lesquels ont tous des secrets et des choses à cacher.
L'ambiance est bien retranscrite, on découvre des milieux différents, que ce soit celui des artistes peintres et de leurs apprentis, celui très complexe des hommes et femmes au pouvoir, celui des religieuses, ou celui des ouvriers qui sont indispensables à la vie de chacun mais dont les qualifications ne sont pas reconnues.
Un roman épistolaire très riche, avec une histoire bien construite et haletante, mais qui reste accessible même sans avoir suivi d'études littéraires ou artistiques sur le 16 ème siècle !
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Polar historique épistolaire se déroulant en 1557 à Florence.

On y lit la prose d'un bon nombre de personnages plus ou moins connus et j'avoue m'y être un peu perdue.

Pour la famille Médicis, pas de soucis. Il y a l'ingénue Maria, fille de Cosimo le duc de Florence et d'Eléonore de Tolède. Et sa célèbre tante, Catherine de Médicis qu'on ne présente plus.
Quelques Ferrare et un Strozzi.
Ajoutez à cela de nombreux artistes, tous en I et là, il m'a fallu une bonne moitié du livre pour les identifier: Vasari, Buonarroti ( Michel-Ange), Allori, Naldini, Cellini et Bronzino ( ah celui-ci, il est en 0) et Pontormo ( Lui aussi est en O et en plus, il est mort ! d'où l'enquête...)
Et quelques soeurs amoureuses de Savonarole...

Je ne dévoile rien en vous faisant le listing des personnages car Laurent Binet a eu la bonne idée de présenter tous les correspondants en début de roman.
Merci !

Bon, une fois, qu'on a pris ses marques, ce polar épistolaire se lit plutôt bien.
J'ai beaucoup aimé les références à la peinture de la Renaissance italienne, les allusions à la politique si compliquée de l'Italie du XVIe, les extravagances de certains personnages et les coups montés ( parfois foireux) de certains autres.

Ce qui est beaucoup plus gênant, ( certains lecteurs l'ont déjà dit ici) c'est le manque de personnalité et de particularité épistolaire de chacun des protagonistes. Ils utilisent tous le même langage, qu'ils soient duc, page, prieure de couvent ou ouvrier broyeur...Ce qui prive le lecteur de repères et
c'est bien dommage d'être obligé de se référer sans cesse à la liste donnée au départ.

Je ne suis pas certaine de garder de ce roman beaucoup de souvenirs mais je l'ai apprécié car il m'a replongé dans la Renaissance Italienne, période que j'aime beaucoup !
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Enquête épistolaire, ce roman bruisse, fourmille de voix pourtant toutes claires et distinctes qui se répondent, fouillent l'ombre florentine, les recoins artistiques, politiques et religieux de la Renaissance. Laurent Binet fait ainsi s'exprimer d'illustres artistes désormais personnages, brouillant les frontières entre fiction et réalité (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/08/25/perspectives-laurent-binet/)
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Un roman policier épistolaire dans la Florence de la Renaissance !
Voici de quoi allécher la lectrice curieuse d'originalité que je suis, toujours en quête de trouvailles littéraires.

Qui a tué le Pontormo ?
Et qu'est devenu le tableau licencieux de la fille du duc de Florence?

Dans une enquête racontée par des dizaines de correspondances, on évoque ici les querelles de palais, les enjeux géopolitiques franco-espagnols s'écharpant autour du gâteau des Etats italiens, la fracture des deux religions chrétiennes, les luttes ouvrières, la difficile conciliation entre créativité artistique et pudibonderie.
L'ensemble s'apparente à un jeu de pistes où tous intriguent ou pourraient être coupables…

Cerise sur le gâteau : on prend en parallèle une leçon de peinture et d'architecture avec les plus grands talents de la Renaissance, les accompagnant dans leurs réalisations, trouvailles ou interrogations esthétiques.

On peut dire que je n'en attendais par moins de Laurent Binet, talentueux conteur, connaisseur documenté d'art et d'histoire. Entre roman d'aventures, de société, et petit traité de peinture et d'architecture, les artistes prennent vie, d'ordinaire discrets derrière les merveilles préservées par les siècles.
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Ce polar historique est original et singulier par sa composition. En effet, l'auteur, Laurent Binet ne nous transcrit pas simplement une histoire de A à Z. Non, au contraire, le récit est offert aux lecteurs par une série chronologique de lettres échangées entre les différents protagonistes, tous des figures importantes de l'Histoire florentine, italienne et française.

Débutant en janvier 1557 et se clôturant en juillet 1558, ces missives relatent l'enquête entourant le meurtre du peintre Pontormo près des fresques auxquelles il travaillait depuis de nombreuses années ainsi que l‘existence d'un tableau faisant preuve d'un crime de lèse-majesté.

J'ai adoré cette singularité pour la construction de l'histoire. Jamais, je n'avais trouvé cela dans mes lectures et le travail de Laurent Binet est tout simplement incroyable. J'ai été fascinée par cette façon de faire ainsi que par l'essence du roman qui m'a plu, grande amatrice d'art et d'histoire que je suis.

L'ayant lu et écouté en lecture immersive, j'ai su m'y faire et m'y retrouver, malgré la multitude de personnages et les noms à consonance majoritairement italienne. Si j'avais choisi que l'écoute, je ne sais pas si mon plaisir aurait été à la même hauteur. En effet, malgré une liste des correspondants au début du livre, ils interviennent tous à des moments différents et n'étant lus « que » par 4 voix différentes (ils sont plus nombreux), je pense que ça ne doit pas être chose aisée.

J'adore la voix de Françoise Cadol. Pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est la voix française des actrices Sandra Bullock et Angelina Jolie, entre autres. Elle est parfaite dans le rôle qui lui a été attribué. Les voix des autres acteurs (Marion Trintignant, Nicolas Djermag et Emmanuel Lemire) sont aussi très agréables à écouter et il y a une bonne harmonie entre elles.

Un livre et un livre audio que je ne peux que vivement vous conseiller !
Lien : https://musemaniasbooks.be/2..
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Voilà un prétendu polar, une vingtaine de personnages s'y ébrouent . Jusque là tout est normal sinon que les prétendus scélérats ont pour nom:Le prince de Médicis, Cellini, Malatesta, Michel-Ange pendant qu'on y est ! Et tout cela bien sur dans ce merveilleux écrin qu'est Florence au XVI siècle.
Un peintre , Jacopo de Pontormo a été tué et c'est un autre peintre Giorgio Vasari , homme de confiance des Medicis qui est chargé de l'enquête.
C'est un roman épistolier brillant , chaque protagoniste racontant avec énormément de digressions son point de vue.
Personnages fictifs se mêlent aux réels, plusieurs histoires se recoupent plus ou moins(normal pour un polar). Fresque romanesque haletante teintée d'humour, captivante jusqu'à la 176ième lettre. Brillantissime.
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