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3,7

sur 1084 notes
Magnifique ! Quelle déclaration d'amour ! Lettre que l'on aimerait tous recevoir ! (Mais au bon moment)
Belle écriture poétique de Bergsveinn Birgisson, né en 1971, titulaire d'un doctorat en littérature médiévale scandinave.
Une pépite que cette histoire d'amour qui se passe dans la campagne islandaise, racontée par un vieil homme, éleveur de brebis, sur la fin de sa vie. le paragraphe sur Christophe Colomb qui profite des heureux indiens pour en faire des esclaves fait froid dans le dos. C'est également une réflexion sur les sentiments humains, sur la comparaison des vies citadines et rurales, sur le choix de sa destinée. Petit livre ou tout y grand et bien analysé.
Ce roman est aussi fin que La pêche au saumon de Jeannette Haien qui se passe en Irlande. A savourer… Un grand merci à la vendeuse de la librairie Gilbert Joseph du 13ème qui me l'a conseillé.
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De sa maison de retraite où il attend la mort, Bjarni , un ancien berger maintenant nonagénaire, rédige La lettre à Helga.
Helga, c'était la femme qui habitait la ferme voisine avec son mari. La femme que Bjarni a désiré plus que sa femme stérile, et la femme qu'il n'a jamais oublié.

L'amour, la mort, l'adultère, les ébats passionnés, les regrets, les amours impossibles : des thèmes universels qui, bien qu'usités plus d'une fois en littérature font toujours vendre car ils nous touchent de près.
Une histoire vieille comme le monde, vue par le prisme d'un berger islandais attaché à sa terre et fier de son pays.

A la fin de cette courte lecture, mon avis reste mitigé. D'un côté, les descriptions "du terroir " glacé m'ont ennuyée. de même que les comparaisons du corps de la femme aimée à des scènes plus ou moins bucoliques et les souvenirs un peu crus m'ont laissée de marbre. Quant au recours l'intertexualité des mythes et autres sagas islandaises… je suis passée à côté !
Mais je ne peux pas nier que certains passages étaient émouvants et plein de vérité.

Cette lettre nous rappelle combien l'amour peut nous faire peur, nous amenant - à tort ou à raison - à mettre en avant notre orgueil, au détriment de notre recherche de bonheur. Peut-être est-ce là le secret de la longévité de certains désirs et souvenirs amers de nos amours passées ?
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Au soir de sa vie, le vieux Bjarni adresse à Helga une longue lettre d'amour teintée de nostalgie, de regrets et d'amertume. Il l'a aimée passionnément - elle, ou son corps ?

Qui osera prétendre qu'il fait froid en Islande ? Pas ce Bjarni, en tout cas, fréquemment obligé "d'éteindre dans l'eau glacée le feu qui le brûlait" lorsqu'il pensait à Helga.
Pas le lecteur non plus, qui passe du chaud bouillant de cette passion charnelle à la moiteur des bergeries, avec odeur de suint et d'urine fermentée en fond olfactif.
Je suis passée au tiède aussi, lorsque le bonhomme se fait vieux papi rasoir, grincheux, de mauvaise foi et passéiste.

Je retiendrai de cet ouvrage de jolis portraits de la rude campagne islandaise et de ses habitants, de leurs métiers, de leurs modes de vie, entre les années 1940 et l'exode rural corrélé à l'industrialisation/la mondialisation que cet homme déplore tant.

--- 2.5/5
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Sur la fin de sa vie, le vieux Bjarni ravive dans sa lettre à Helga, les souvenirs d'une vie passée aux côtés de son épouse Unnur, tous deux enfermés dans leur couple d'où l'amour s'était enfui, tandis que lui aimait et désirait Helga, la femme d'un autre. Sous sa plume vigoureuse et poétique, flambe le désir toujours vivace de Bjarni pour la belle Helga, désir qu'il éteignait autrefois dans les ruisseaux glacés. Tourments de la chair et de l'âme inassouvies... Moments merveilleux quand il connait enfin l'amour avec Helga, désespoir et descente aux enfers quand Helga le rejette.

Le vieil homme évoque aussi avec beaucoup de nostalgie son métier d'éleveur traditionnel de moutons et de contrôleur des fourrages, ses regrets d'une époque plus rurale où il vivait en communion avec la nature et les animaux sur ses terres balayées par le vent du nord. Mais la radio et le téléphone sont arrivés et ont fait disparaître les conteurs d'histoire ainsi que le peuple caché, ces êtres surnaturels qui peuplent les vallons d'Islande. Parmi les souvenirs de Bjarni se glisse une touche d'humour avec l'anecdote d'une vieille femme "fumée", que je n'aurais pas été surprise de lire dans les racontars arctiques de Jørn Riel.

C'est un texte magnifique dont les mots vivifiants, bouleversants et pleins d'une animalité brute se fondent en une prose très poétique.

Challenge multi-défis 2022
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J'ai acheté ce livre au milieu d'autres, sans préméditation, attiré par la petite publicité aguicheuse sur le rayonnage...donc pas d'attentes démesurées...donc pas trop déçu. Mais enfin, le sentiment est très mitigé.

L'histoire est très simple : Bjarni, un éleveur de brebis islandais, marié, tombe amoureux de Helga, mariée elle aussi à un des fermiers voisins, et mère de deux enfants.
Ce récit consiste en une lettre unique écrite à l'approche de la mort par le vieux Bjarni à sa défunte maîtresse. La lettre clame cet amour omniprésent, obsédant, et pourtant manqué.

Non, l'histoire n'est pas restée platonique ! Car si au début le narrateur ne cesse de se plaindre des mauvaises langues du voisinage et des soupçons de sa femme (qui d'après ce qu'il laisse entendre seraient infondés), il ne va pas tarder à tâter des beaux mamelons et de la croupe de son Helga adorée...Hé oui, je n'y peux rien, les termes sont assez "agricoles", mais c'est un véritable fil conducteur, bien récurrent.
Malheureusement, la fornication répétée dans la bergerie ou l'étable finit par provoquer l'accident...Helga enceinte ne songe qu'à fuir avec son amour à la ville, à Reykjavik. Lui, bien qu'amoureux, décide finalement de rester dans les terres rurales de sa naissance, à élever ses bêtes, pour tenir la promesse faite à son père.
Bjarni est ravagé, mais ne bouge pas, il subit, nous conte ses obsessions pour Helga et son corps, son désespoir lorsqu'il voit de temps à autre la fille née de leur amour illégitime...on apprendra qu'il a tenté des années après de revoir Helga, que la rencontre s'est mal passée sur le moment...Mais elle lui a écrit peu après pour lui redire son amour et lui demander à nouveau de le rejoindre. Et là, il a encore renoncé.

Parmi les points positifs, de belles envolées lyriques, une défense des traditions et de la société rurale islandaise, l'éloge de la fidélité, de la patience...
Et puis une histoire d'amour universelle, la souffrance pour un amour impossible, le fait de passer à côté, les remords et regrets, ça touche forcément, on pourrait presque s'identifier...

Et pourtant non, quelque chose ne marche pas tout à fait.
Premièrement, on se dit que cette histoire n'est pas très originale, car maintes fois imaginée, certes sur d'autres terrains qu'une ferme islandaise.
Ensuite, Bjarni se lamente sans cesse sur son sort. On a envie de lui dire qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même !

Enfin, le romantisme est régulièrement mis à mal par des termes bien vulgaires (bon, nous sommes à la campagne, mais ça parle trop de pisse par exemple), les obsessions sexuelles du narrateur, qui sombre même à un moment dans la zoophilie !
Et puis les grandes envolées lyrico-philosophiques sur l'amour et la vie en général finissent par lasser, on se demande ce que l'auteur peut apporter de plus dans ce domaine. Et puis les "tu sais, Helga..." pour un oui pour un non, je ne sais pas, ça m'a gonflé, comme d'ailleurs la surdose de noms de lieux, islandais bien sûr (on ne va pas lui reprocher), sur lesquels on bute toutes les deux phrases !

Bon, je sais, le jugement est assez dur, j'ai d'ailleurs failli mettre 2/5. Sauvé sans doute par les points positifs signalés et par la concision du propos, 120 pages.


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je ne pense pas que je vous ferai découvrir ce premier roman de l'islandais Bergsveinn Birgisson, car il a connu un énorme succès, dans pas mal de pays d'Europe, et notamment en France.

En effet, lors de cette rentrée 2013, il a été une des rares excellentes surprises, la presse et les blogueurs célèbrant d'une voix quasiment unanime ce nouveau prodige de la littérature scandinave, et plus particulièrement de la littérature islandaise, une littérature dont je vous avais déjà dit un mot l'an passé.

Ce court roman, que j'ai lu dans le cadre de la nouvelle édition du prix CEZAM 2014 organisé avec mon CE, est en fait une confession épistolaire d'un vieux paysan islandais, qui, juste avant de mourir, souhaite alléger le fardeau avec lequel il affrontera la grande Faucheuse. Il écrit ainsi une longue lettre à Helga, la seule femme qu'il n' a jamais aimé, d'un amour impossible une déclaration enflammée dans lequel il se souvient avec délices et intensité des premiers émois, des premiers regards, des premiers gestes.

En tentant d'expliquer dans sa lettre la raison de l'impossibilité de son amour (la fidélité à sa femme, l'attachement à sa terre...etc.), le narrateur se met à nu de façon très touchante, et cette tragédie sentimentale est absolument poignante, car tout en suivant la voie qu'il croyait la sienne, on s'aperçoit au fil de sa lettre qu'il jamais cessé de penser à Helga.

En effet, le "héros" de ce beau récit, Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple et un peu rustre, mais en même temps pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage, et en tout cas complétement dépassé par la force de cet amour qu'il ne soupconnait pas.

Hymne à la nature, à la terre, à certaines valeurs qu'on peut juger un peu ancestrales mais qui n'en restent pas moins tout à fait respectable, cette bouleversante confession amoureuse s'avère in fine une puissante réflexion sur les sentiments amoureux et le sens de la vie. Assurément un des plus beaux romans sur l'amour de ces dernières années...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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A plus de 90 ans, Bjarni Gislason a décidé d'écrire une dernière lettre. Une lettre destinée à sa chère Helga, son seul véritable amour. Avec sa femme Unnur, ce n'était pas pareil. Elle n'a jamais pu avoir d'enfant et leurs relations en ont été particulièrement détériorées. Une vie de couple pleine de rancoeur et d'amertume que Bjarni fuyait dès qu'il le pouvait. Éleveur de moutons et contrôleur cantonal des réserves de fourrage, il devait souvent se rendre dans les fermes alentour pour évaluer la santé des cheptels. C'est dans une de ces fermes, pendant la seconde guerre mondiale, qu'il a rencontré Helga. Une femme sensuelle à la poitrine opulente qui l'a rendu fou de désir. Leur adultère fut aussi passionné que foudroyant. Lorsqu'Helga tomba enceinte, elle lui proposa de quitter leur trou perdu pour partir à Reykjavik. Mais le fermier refusa d'abandonner sa terre et brisa à jamais leur relation. Quarante ans plus tard, il ressent le besoin d'écrire cette longue lettre pour expliquer à Helga les raisons de son choix. Forcément trop tard…

Ce pourrait être la triste litanie d'un vieillard en bout de course. Ce pourrait être un texte tire-larmes où un homme se retourne une dernière fois sur des occasions manquées. Et bien c'est tout sauf ça. Certes Bjarni constate qu'il a raté quelque chose. Mais il le fait avec tellement de détachement, d'humour et d'autodérision que c'est un régal. Avec lui on découvre la vie dans les campagnes islandaises au tournant de la modernité. On accueille les premiers tracteurs mais l'isolement est tel qu'il faut parfois fumer les morts comme des poissons au coeur de l'hiver pour les conserver en attendant de pouvoir les enterrer au printemps. Pour traiter les brebis contre la gale, il faut les tremper manuellement dans une mixture composée à 90% d'urine. Il raconte aussi son échec au concours du plus beau bélier où il était pourtant certain de gagner. Des pratiques d'un autre âge sur lesquelles il revient sans amertume mais avec un réel plaisir. Concernant la fin de leur histoire, il assume totalement son choix même s'il sait que c'était sans doute une erreur : « Ici, à la campagne, j'ai eu de l'importance. Et si ce n'est qu'une idée, au moins aurais-je eu l'impression d'en avoir. Voila une différence qui compte. »

Ce qui est formidable, c'est le ton sur lequel il rédige sa lettre. Léger et fleuri, souvent très drôle (« Te voir nue dans les rayons de soleil était revigorant comme la vision d'une fleur sur un escarpement rocheux. Je ne connais rien qui puisse égaler la beauté de ce spectacle. La seule chose qui me vienne à l'esprit est l'arrivée de mon tracteur Farmall. »), c'est franc, direct, en toute sincérité. J'ai aussi adoré la façon dont il parle du désir qui a été l'aiguillon de sa relation avec Helga : « Ensuite je t'aurais embrassée, des attouchements hâtifs auraient eu lieu avant que je ne baisse mon froc tandis que tu relevais ton pull de grosse laine pour dénuder tes seins et là, mes cuisses couleur d'aspirine se seraient mises à claquer contre toi, tandis que le courlis roucoulais dans l'air lourd du parfum de la bruyère, et nous deux, pauvres créatures, là, dans le creux, n'en aurions plus fait qu'une, l'espace d'un instant, jusqu'au dernier soupir de la montée de sève, quand la gelée blanche aurait dégouliné sur la face interne de ta cuisse sur quelques brins d'herbe sèche, seuls témoins de l'embrasement qui nous avait saisis. » Ces quelques lignes sont à des années lumières du purin que nous offre les Cinquante nuances de grey et consorts. Tellement supérieur, tellement plus proche de la littérature que j'aime.

Un premier roman somptueux, tragi-comique à souhait et qui m'a fait passer un délicieux moment de lecture. Un véritable coup de coeur. Pour le plaisir, je vous offre une dernier extrait : « Je te le dis du fond du coeur, ma Belle, je ne suis plus qu'une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le rivage du temps, d'où le ressac m'emportera bientôt. Et nul ne pleurera ma disparition. C'est bien vrai ce que disaient les anciens : on devient lâche en vieillissant. »
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le temps à filé, les saisons se sont succédées pour Bjarni Gislason. C'est au soir de sa vie qu'il décide de répondre à sa belle Helga. Boucler ainsi la boucle avec la femme qu'il aura toujours aimé, avec qui il n'aura pourtant jamais vécu. Sa manière à lui de confesser son regret de l'avoir laissée filer. Mais que l'on ne s'y trompe pas, l'autre amour de sa vie est sa chère campagne islandaise, avec ses défauts certes, mais aussi ses lumières, ses couleurs et ses paysages ainsi que les liens souvent rudes mais solidaires qui lient ses habitants. C'est une déclaration d'amour charnelle, autant envers Helga qu'envers son bout de terre natale et la vie - les deux se confondant parfois.

Au cours de ma lecture, j'ai été partagée sur un point. D'un côté, j'aurais préféré que les passages crus soient moins nombreux afin de laisser un peu plus de place à la personnalité d'Helga. D'un autre côté, cette manière de raconter son amour perdu correspond bien à Bjarni. de nature manuelle, il semble avoir besoin de vivre tactilement les choses. Que ce soit vis-a-vis du souvenir du corps d'Helga que de son quotidien laborieux; où créer des choses de ces mains, faire montre d'ingéniosité sonnent comme un impératif pour lui.

Quoi qu'il en soit, cette lettre est magnifique. Avec ces envolées poétiques sur la nature, la vie, l'être humain, et ses belles fulgurances : "... Je me suis trouvé un refuge hors du monde, là où les cygnes vont dormir". Je n'ai pu m'empêcher de relire certains paragraphes, voire des pages entières même si - légère frustration - rien ne peux remplacer le premier ressenti ; une note d'émerveillement teintée de plaisir lorsque l'on tombe sur de belles pensées.

"La vie n'est que transe et rêve,
Calme plat et dur ressac,
Écueil et courant rapide,
Tempête, neige et brouillard.
Avec fleurs et soleil aussi.
Mais derrière les hautes montagnes -
Personne n'est encore allé voir"
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Je n'utilise que rarement l'expression « coup de coeur » et ce roman fait partie des exceptions car elle retranscrit parfaitement l'émotion qui m'a habitée pendant la lecture.
En Islande, pendant la Seconde Guerre mondiale et surtout pour les Islandais au moment de l'occupation par les Américains, notre narrateur, Bjarni , est fermier et a la charge de certaines tâches pour la collectivité. Par exemple, c'est lui qui se déplace avec le matériel adéquat pour soigner les moutons de la gale et qui veille aux réserves de foin.
Sa vie, c'est aussi son couple sans enfant, c'est aussi la voisine plantureuse et pas farouche bien qu'également mariée. Quand l'occasion se présente de s'enfuir avec elle pour vivre leur amour à Reykjavik, il refuse, ne pouvant quitter ces terres qui l'ont vu grandir.
Cette lettre, écrite des années plus tard, est une tentative d'explication à ce renoncement alors même qu'il était très amoureux.
C'est émouvant, touchant, bucolique, sincère parce que n'évitant pas les contradictions qui animent tout un chacun, c'est palpitant, joyeux et triste.
Bref, en moins de 200 pages, voici un texte qui aborde avec pudeur l'amour de la terre et de l'attachement de chacun à ses racines avec une pointe de nostalgie qui a fait chavirer mon coeur.
C'est beau
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Romantique, La lettre à Helga ? A vrai dire, tout dépend de ce que l'on entend par là et ce n'est que l'un des aspects du roman de Bergsveinn Birgisson. Nostalgique, alors ? Oui, sans l'ombre d'un doute, dans la description d'un monde rural, âpre et humain, loin du pays standardisé et "vendu" au Dieu argent qu'il est devenu. Cette longue lettre (130 pages) est la confession ultime d'un vieil homme, Bjarni, à la seule femme qu'il ait jamais aimée et avec laquelle il n'a pas pu, ou pas su, vivre pleinement sa passion. Et comme il est lucide, cet éleveur de moutons, lui qui se décrit lui-même comme un indécrottable cul-terreux, au moment de faire le bilan d'une existence gâchée par une certaine lâcheté ou tout bonnement l'impossibilité d'abandonner sa vie tranquille, quoique insatisfaisante, pour la grande aventure amoureuse. S'il y a souvent de la mélancolie dans le livre de Birgisson, pas trace de complaisance en revanche et encore moins d'effets mélodramatiques. Les dernières lignes, avec sa cruelle révélation, en sont d'autant plus poignantes. le ton du livre est vigoureux et alerte, avec des traînées d'humour irrésistibles qui font parfois place à une crudité éclatante dès lors qu'il s'agit d'exprimer les vertiges du désir. Sans oublier un lyrisme diffus et élégiaque, ode splendide à la beauté dangereuse de la nature islandaise. La traduction de Catherine Eyjolfsson est magnifique, à l'égal du travail qu'elle a accompli sur les livres d'Olafsdottir. On pense un peu à Sur la route de Madison et puis on n'y pense plus. On est là, dans la tête de ce vieillard dont les souvenirs jaillissent comme un geyser trop longtemps en sommeil. C'est le genre de roman que l'on lit d'une traite et qu'on a envie d'offrir autour de soi. A des gens qu'on aime, de préférence.
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