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sur 824 notes
Arthur Vlaminck est un jeune conseiller fraîchement chargé des langages du ministre des affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms. Une expérience riche où Arthur va apprendre, en autre, à jongler avec le chef de cabinet et les conseillers d'un ministre survolté.

Worms (très grand, très carré d'épaules, cultivé et sportif) donne l'impression d'avoir une vue d'ensemble et secoue son entourage qui tente de le satisfaire tout en s'autorisant, à l'occasion, des moments récréatifs. Devant le chef on courbe l'échine, mais on plaisante, se moque et batifole dans son dos. On le comprend rapidement, Quai d'Orsay met en scène Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères de 2002 à 2005.

Une réalisation très bien vue et drôle. Très bien vue puisque son auteur n'est autre qu'Antonin Baudry (alias Abel Lanzac) une des plumes de Dominique de Villepin de 2002 à 2004. Drôle grâce aux dessins énergiques de Christophe Blain qui brocardent les gesticulations des protagonistes. Surtout celles d'un ministre un peu détestable qui n'épargne personne mais qui, avec le président de l'époque, a refusé de suivre les Américains sur le sentier de la guerre en Irak.
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Sous le pseudonyme de Abel Lanzac se cache un jeune normalien qui fut la plume de Dominique de Villepin avant d'être bombardé conseiller culturel à Madrid puis à New York. Il décrit avec beaucoup d'humour l'entrée d'Arthur Vlaminck, jeune thésard et « intello précaire », au cabinet du nouveau ministre des affaires étrangères, l'ébouriffant Alexandre Taillard de Worms.

La grande réussite de cet album, remarquablement mis en image par Christophe Blain, est la justesse avec laquelle est décrite la vie de cabinet (le parallèle avec la série américaine West Wing - À la maison blanche s'impose). On y voit des hommes et des femmes « comme les autres » avec leurs qualités et leurs défauts, leurs grandeurs de vue et leurs petitesses, essayer tant bien que mal de faire leur « boulot » dans un climat de stress permanent.

De cette galerie de personnages émerge le directeur de cabinet - on aura reconnu Pierre Vimont indéboulonnable DirCab de 2002 à 2007 - dont l'exquise componction fait utilement contrepoids à la fougue désordonnée du ministre. Dominique de Villepin alias Alexandre Taillard de Worms est présenté comme une « force qui va », toujours entre deux avions et entre deux idées géniales, qui puise son inspiration dans Les fragments d'Héraclite. La scène où il convie à déjeuner une Prix Nobel de littérature sans lui laisser placer un mot est particulièrement réussie.

Pour autant, la caricature opère comme le Chichi des Guignols de l'Info en 1995 : on ne peut s'empêcher - comme l'auteur l'a probablement été lui même - d'être subjugué par le souffle qui habite ce ministre si brillant, aussi grandiloquent soit-il.
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Que dire de plus au sujet de cette bande dessinée déjà adaptée d'un roman et elle-même adaptée au cinéma ? Tout le monde (ou presque) sait déjà qu'il s'agit d'un album de grande qualité, qu'il faut avoir lu.

La réputation du scénario n'est pas usurpée bien au contraire. le découpage a de quoi dérouter les adeptes de bandes dessinées. le séquençage en chapitres semble être ici une innovation qui est pleinement adaptée au récit. Il est vrai qu'une histoire d'un seul tenant, ou une succession de gags plus ou moins longs auraient desservi l'ensemble. Il fallait oser et le pari paye. La longueur étonne également, autre signe de grande qualité. Autant être averti, lorsqu'un lecteur va mettre le nez dans ce premier tome de Quai d'Orsay, le lecteur va en avoir pour un petit moment... qui va toutefois passer à une grande vitesse.
Les dessins ont de quoi freiner à première vue. Si l'on s'arrête à Alexandre Taillard de Worms, le style a de quoi dérouter, certaines planches tout droit sorties d'un cauchemar futuriste ne sont peut-être pas du goût de tout le monde, il est vrai. Mais lorsque le lecteur consent un petit effort, il se retrouve propulsé dans un univers presque qu'impressionniste. Si la qualité ne saute pas forcément aux yeux, elle se développe au fil des pages, rendant les relectures d'autant plus nécessaires.
L'humour développé ici est de haute volée. Là aussi il fallait oser et une nouvelle fois les auteurs remportent le jackpot. le nombre de jeux de mots, règlements de comptes verbaux et autres délectations syntaxiques ne peuvent se compter.
L'histoire en en elle-même se laisse lire agréablement et réserve de nombreuses surprises par rapport au film. Il faudra toutefois se replacer dans un contexte pour savourer pleinement l'ensemble.
Les personnages sont attachants et permettent de faire passer en douceur des thèmes d'importance : surmenage, narcissisme, comportements compulsifs (dans leur grande variété)…

Assurément une référence à posséder dans une bibliothèque !
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Quai d'Orsay, chroniques diplomatiques, fait partie de ces BD dont on a tellement entendu parler dans la presse, qu'on a tant vues sur les présentoirs des libraires, qu'on hésite presque à lui donner sa chance: comment surmontera-t-elle l'attente générée par tout le bien qu'on en a entendu, ou l'exaspération due à tout ce battage?
Il faut reconnaitre qu'elle s'en sort plutôt pas mal, ma foi.Le dessin et le texte s'accordent bien pour rendre l'ambiance très particulière d'un ministère perpétuellement sous tension, où le ministre, force de la nature, a des éclairs de génie mais pas tellement l'habitude du travail de fourmi nécessaire pour faire suivre, où les nuits sont longues, très longues, et où une crise ne s'achève que pour en voir naitre une autre, où les coups de Jarnac sont légions mais n'empêchent pas les moments de rire... C'est la politique du point de vue de ses ouvriers moins connus, c'est drôle et intéressant à la fois et ça vaut bien la pub qui lui a été faite!
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Blain au dessin, Lanzac à l'investigation… Ancien conseiller du Quai d'Orsay, ce dernier nous fait profiter de son expérience au sein de ces grands bureaux en mettant en scène un personnage dont la ressemblance avec Dominique de Villepin n'est absolument pas fortuite :dentsblanches :

Chaque chronique est introduite par une citation d'Héraclite censée représenter le goût du ministre pour tous les bons mots des grands maîtres à penser dont il semble friand :

« Je me suis cherché moi-même. »
« A l'âme appartient le discours qui s'accroît lui-même. »
« Présents, ils sont absents. »
« En se transformant, il reste au repos. »
« Fatigue c'est : peiner aux mêmes tâches et par elles commencer. »
« La sagesse : dire le vrai et agir selon la nature. »
« Errants dans la nuit : mages, bacchants, bacchantes, initiés. »


Citant à tort et à travers Mao Zedong, Marlier, Erasme, Montesquieu, Schumann, Jaurès… la représentation de de Villepin nous apparaît finalement comme un homme creux qui n'a de pensées personnelles que celles que d'autres ont déjà eues avant lui.
Toujours expert pour repousser les priorités à plus tard, oubliant les problèmes au Moyen-Orient pour assister à un repas avec le prix Nobel de littérature Molly Hutchinson (qu'il ne passera pas sans ses petites fiches de rappel), l'image qu'on se fait de lui n'est pas forcément des plus reluisantes mais amuse par les parallèles que l'on peut faire avec l'actuelle gouvernance du pays
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C'était un vendredi après-midi. J'étais confortablement assis dans un auditoire de Louvain-La-Neuve et je suivais un cours intitulé Stratégie et sécurité internationale. C'était un cours vraiment sympa, le genre de ceux qu'un étudiant de relations internationales s'attend à suivre lorsqu'il s'inscrit en 1ère mais qu'il attend deux ou trois ans avant de réellement toucher. le thème du cours était la « prise de décision ». Qu'est-ce que c'est ? Il s'agit grosso modo de l'analyse des décisions prises par des dirigeants. Ca a l'air tout bête comme ça mais, en fait, pas du tout.

En ce qui me concerne, j'ai déjà du mal à prendre une décision bénigne, mais imaginons un peu le bordel que ça doit être quand il s'agit de gérer la politique étrangère d'un pays. Une guerre éclate dans une ancienne colonie, paf, que faire ? La presse s'emballe, le parlement réclame des comptes, les ressortissants du pays sur place sont menacés : il faut s'activer, et dans l'urgence s'il vous plaît, pas question de se lancer dans une longue et vaste analyse de la question. La décision d'intervenir ou pas, et de quelle manière, doit se prendre dans un intervalle de temps très court. Evidemment, un ministre dispose d'un cabinet, bourré de conseillers qui, eux-mêmes, ont leurs avis et ambitions personnelles. Les leaders, eux-mêmes, ne sont pas tous identiques, il y en a de plusieurs styles (certains sont plus impulsifs ou réfléchis que d'autres). Bref, on nous racontait tout ça quand tout à coup le prof de stratégie nous conseille une BD. Là, comme ça, sans prévenir.

« Vous connaissez Quai d'Orsay ? C'est une BD, c'est très bon » qu'il nous sort ainsi.

Silence mortel. Je ne sais pas si c'est par ignorance ou par surprise, mais personne n'a réagi (en ce qui me concerne, c'était les deux). Ca l'a un peu décontenancé, le prof. Alors il a juste dit que si on voulait en savoir plus sur le foutoir que c'est de prendre des décisions, ou tout simplement de gérer la politique étrangère d'un pays, cette BD valait de l'or. J'ai donc noté, religieusement.

Les deux auteurs de ces Chroniques diplomatiques sont le dessinateur Christophe Blain et le scénariste Abel Lanzac. Ce dernier utilise un pseudonyme, et pour cause : il a travaillé dans le cabinet de Dominique de Villepin du temps où il était ministre des Affaires étrangères, quand Jacques Chirac était président (ça paraît loin, hein ?). C'est de cela que Quai d'Orsay s'inspire. Nous suivons Arthur Vlaminck, chargé de la communication au sein du cabinet d'Alexandre Taillard de Vorms, une caricature évidente de Dominique de Villepin. Arthur ne va pas tarder à constater que le ministre est un personnage particulier : constamment en mouvement, idéaliste, emporté, impatient, ayant une haute opinion de sa fonction et, pour tout dire, carrément difficile à suivre. Heureusement, son directeur de cabinet, d'un calme olympien, est là pour calmer le jeu et traduire les desiderata du ministre.

Ce qui m'a frappé, c'est l'absence totale de vulgarité du propos. Contrairement à de nombreuses BD de type politique, Quai d'Orsay évite les blagues faciles et vaseuses. On se rapprocherait plutôt d'un travail journalistique à caractère humoristique : il s'agit pour les auteurs de montrer le fonctionnement d'un cabinet de ministre dans son travail quotidien mais aussi confronté à des crises internationales soudaines. de Villepin n'est ni épargné ni adulé, son personnage est à la fois agaçant et impressionnant, c'est tout simplement un être humain atypique qui nous est décrit là, en dehors de toute considération politique. Abel Lanzac ne manque pas non plus d'évoquer les répercussions de ce métier sur la vie personnelle des conseillers, les coups bas entre ces derniers, mais aussi la pratique de la diplomatie au plus haut niveau.

Quant au dessin, il est adapté au propos et contribue énormément à faire de Taillard de Vorms ce personnage à la fois insaisissable et omniprésent. le but, là, n'est pas de faire dans le dessin réaliste et ce parti pris ajoute au côté rafraichissant de l'ouvrage. J'ajouterais même que cela contribue à le rendre plus accessible, sans que cela ne soit péjoratif pour un sou. Quai d'Orsay est bel et bien, au final, une BD drôle, intelligente et pleine de bonnes idées. Mon prof de stratégie avait raison : c'est très bon.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=1..
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c'est un régal!!! la vie quotidienne dans un cabinet ministériel où le ministre met tous ses collaborateurs à cran pour faire un discours sur l'Europe qui reste dans l'histoire. (comme ich bin ein berliner" de JFK°).
évidemment la copie n'est jamais bonne car les grands thèmes du ministre change chaque fois selon la dernière personne qui croise son chemin.

ce ministre qui fait penser bien sûr à Dominique de Villepin est bluffant avec ses grands gestes, les pages du discours qui volent, les portes qui claquent.... cet être toujours en mouvement qui tourbillonne nous fait passer un bon moment.
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Plongé au sein du quai d'Orsay on s'amuse de la vie de ce petit microcosme en savourant le beaux dessins. On s'inquiète un peu aussi de la façon dont se fabrique l'avis de la France dans le monde … mais ce n'est qu'une caricature…
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Une BD au scénario intéressant, qui dépeint essentiellement un ministre des affaires étrangères dans lequel chacun retrouve l'emblématique Dominique de Villepin. Un ministre qui marche plus vite que son ombre, qui demande à ses conseillers une multitude de choses en même temps, qui travaille sur les nombreux pays dans lesquels il faudrait intervenir, ...ou pas, prépare quelques discours inutiles pour ses interventions dans les conseils internationaux, on s'y croirait.
Le thème est intéressant, par contre j'ai un peu de mal à rentrer dans ce graphisme, et le rythme, les « Tchac tchac tchac », c'est parfois un peu trop. C'est cependant une belle immersion dans les arcanes des ministères et de la complexité de la diplomatie française
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Cette BD m'a plu, je ne peux pas dire le contraire. le dessin est vif et expressif, sans fioriture inutile. Mais j'ai été un peu perdu par tout le tumulte : le ministre qui cite à tout va et ne veux jamais parler des sujets pour lesquels il doit intervenir, les conseillers qui doivent gérer 18000 trucs en même temps, les affaires du Lousdem d'un côté, de l'Afrique de l'autre, en passant par les USA et l'Allemagne.
Je ne sais pas i je vais m'embarquer dans le tome 2, mais je suis sûre de ne pas m'être tromper en choisissant de ne pas devenir ministre ou conseiller (oui oui, c'est un choix! et comment ça le pays s'en porte mieux? pas sûr).
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