Histoire Des Peintres de Toutes Les Écoles : École Florentine

Lorsqu'on jette un coup d'oeil d'ensemble sur l'histoire de l'art en Toscane et qu'on songe aux merveilles qui nous sont venues de cette région privilégiée, on est frappé d'admiration et de surprise, on se sent au coeur une sympathie qui ressemble à un remerciment. On s'étonne, on applaudit, et l'acclamation n'est ici que de la justice. En dehors du rayonnement de l'Egypte et de la Grèce, on rie voit pas, depuis que l'homme met son rêve dans la recherche dé la beauté, qu'un pareil effort ait été accompli, qu'une pareille éclosion de chefs-d'oeuvre ait jamais ébloui les âmes. Ce magnifique mouvement à suivi la loi de l'histoire. Rien ne s'improvise dans l'art et rien n'est éternel : comme toutes les autres écoles, l'école toscane a connu les hésitations du début et les mélancolies de la décadence.

Le maître souverain de cette révolution longtemps attendue, ce fut Giotto. né en 1276, il assiste au triomphe de son maître Cimabue; il ouvre la porte du XlVe siècle, dont il devait être le héros, et il meurt en 1337, laissant à l'Italie le plus précieux de tous les trésors, l'art moderne. Ami de Dante, qu'il a connu à Florence au temps de ses magistratures municipales, et dont il aurait plus tard consolé l'exil si l'illustre banni n'avait pas renoncé à toute espérance, Giotto est aussi grand que le poète de la Divine Comédie. Il est théologien comme lui, et, comme lui, il pénètre dans les cercles mystérieux du monde moral; il voit clair dans l'âme humaine. Il est abondant, varié, inépuisable.

École Française-Vol. 1
Tel paléographe, qui s'occupait à éclaircir un point des événnements politiques du passé, à refaire le tableau des anciennes moeurs, ou à dégager une illustre biographie, ou bien à dessiner la topographie d'une ville de Gaule nommée César, a rencontré sur son chemin des renseignements inattendus touchant la peinture, la sculpture, les vitraux, l'émail, les tapisseries, les miniatures, les décorations de toute espèce; de sorte que les notes pouvant servir à reconstituer l'histoire de notre art se sont trouvées écrites au jour le jour, en marge de la grande histoire.

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Tous les ouvrages de l'esprit humain sont ornés de fines et graçieuses peintures; mais l'humilité chrétienne condamme à l'oublie ces innombrables artistes qui, à la place de leur signature, inscrivent une devise évangélique, une sentence morole, un acte de foi. C'est par hasard que quelques noms sont arrivés jusqu'à nous, celui de Museignols entre autres, qui, enfermé sept ans dans les combles du Châtelet, y transcrivit un Guillaume de Tyr, et celui d'Arnulphe de Comphaing, un des plus habiles calligraphes du temps de saint-Louis.

Comme un parfum qui s'évapore peu à peu, le. sens symbolique de quelques-unes des compositions de Giotto s'est amoindri pour nous. De même que Dante, il a dans son grand poème pittoresque certains passages obscurs; mais ces énigmes étaient autrefois lumineuses, tout le monde les déchiffrait. L'Italie entière embrassa le nouveau culte. Sans attendre le signal de Florence, Sienne s'était associé à l'évolution qui devait transformer la peinture.