Le pitch : un écrivain accaparé par l'écriture d'une oeuvre ambitieuse, embauche un imitateur (de voix) pour répondre au téléphone à sa place.
L'éditeur, le traducteur, les vagues connaissances faciles à duper, mais aussi le père, la fille, l'ex-femme, la maîtresse et le mari de cette dernière croient s'entretenir avec Jean Chozène, alors qu'au bout du « fil », comme Christian dans Cyrano, Baptiste improvise. Et dans la mesure où il ne peut se fier qu'aux quelques notes afférentes à chacune de ses relations, proche ou lointaine, jetées par l'écrivain dans un dossier, une « bible » à laquelle Baptiste se réfère à chaque appel, il accumule les gaffes, les maladresses. Les initiatives, heureuses ou malheureuses. Jour après jour le timide Baptiste s'enhardit, et cet emploi de « marionnettiste » qui agresse, éconduit, console, rassure au petit bonheur la chance l'emmène loin, très loin, bouleversant l'existence de Chozène et aussi la sienne. Évidemment.
Le répondeur ouvre des pistes de réflexion sur la communication sous ses formes verbales et non verbales, sur l'hypothèse de pouvoir, d'un geste ou plutôt d'une parole, infléchir le destin, biaiser le cours des choses.
Un roman sympa, original et bien mené, bien que j'aie trouvé les derniers chapitres un peu décevants après l'enchaînement de péripéties jubilatoires.
J'ai aimé les notes d'humour et les réflexions plus profondes, notamment sur la « rançon de la gloire » et l'hypocrisie des relations intéressées, génératrice de jeux de dupes et de situations factices.
Cette lecture m'a fait penser aux « prête-plumes » qui ne prêtent non pas leur voix mais leur talent, pour écrire un texte qu'un autre signera à leur place… et pour lequel il recevra les honneurs à leur place.