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3,85

sur 441 notes
Difficile de résumer ce roman tant les formes qu'il prend sont multiples. Entre la biographie d'un jésuite du XVIIe siècle, le quotidien qu'un journaliste expatrié au Brésil qui travaille sur celle-ci, une expédition archéologique, un gouverneur véreux, un enfant des favelas, une adolescente à la recherche de repères, on a l'impression de tenir un roman tout en un !

Et pourtant toutes ces histoires sont liées. On alterne subtilement de l'une à l'autre avec comme point commun à chaque partie ce jésuite allemand dont on suit l'évolution. J'ai beaucoup apprécié cette biographie très érudite, avec énormément de notes en fin d'ouvrage qui m'ont permis de découvrir de formidables personnages.

Cette grande érudition, c'est peut-être aussi le point faible de ce roman. J'en ressors avec l'impression d'être sûrement passé à côté de beaucoup de références... Mais relire un roman n'est pas dans mes habitudes donc je resterai sur cette impression.

Hormis le personnage d'Éléazard von Wogau, le journaliste, j'ai apprécié tous les personnages dont la personnalité est très bien développée. Alors oui, parfois ces personnalités sont un peu surprenantes, on ne comprend pas bien leurs réaction et leur comportement, mais rien ne m'a paru déplacé. Je me suis laissé entièrement porté par la plume de Jean-Marie Blas de Roblès.

Autre petit bémol : la fin de l'ouvrage m'a laissé sur ma faim. Tout n'est pas entièrement résolu, de nombreuses zones d'ombre restent. Mais s'il avait fallu toutes les éclaircir, je n'aurais peut-être pas pu tenir le livre à une main tant il serait devenu épais !

Je ressors toutefois satisfait de cette lecture suggérée par ma librairie qui m'a permise de découvrir cet excellent auteur. Ce fût un voyage original et très enrichissant à la croisée de différents mondes.
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Captivant !
Un roman fleuve virtuose qui s'attache notamment à la personnalité fascinante d'Athanase Kircher, jésuite allemand du 17e siècle qui travailla sur les mathématiques, l'hébreu, la Chine, les hiéroglyphes et inventa la lanterne magique. Quelques siècles plus tard, au Brésil, le correspondant de presse Eléazard von Wogau enquête sur le jésuite. Une enquête qui aura des conséquences sur sa vie.
Jean-Marie Blas de Roblès est un conteur talentueux qui sait transmettre son immense érudition sans en étouffer le lecteur.
Lien : https://shot-de-culture.fr/r..
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"La main dans la main, à l'aventure et lentement, à travers l'Eden, ils cheminèrent seuls."
(J. Milton, "Le Paradis perdu")

Nostalgie baroque, quand tu nous tiens !
Les épreuves du roman "Là où les tigres sont chez eux" n'ont enchanté aucun éditeur. S'ils n'étaient pas perplexes devant le long pseudonyme archaïsant choisi par l'auteur (Roblès a vraiment quelque peu arrangé son nom, en hommage au premier éditeur/imprimeur de "Don Quichotte" de Cervantès), ils étaient ensuite déstabilisés par le pavé irrésumable de presque mille pages, dédié primairement à l'excentrique et aujourd'hui oublié jésuite Athanase Kircher (1601-1680).
Roblès a mis dix ans à écrire son roman, et il en a fallu dix autres avant que les éditions Zulma ne tentent l'aventure... pour le plus grand bonheur des lecteurs.

Un grand nombre de bons romans peuvent être qualifiés d'"irrésumables", sans pourtant être "illisibles", et c'est bien le cas de ces réjouissants "Tigres". Roblès nous propose un gracieux mélange de roman historique et de roman d'aventure, de fable philosophique et de roman psychologique, d'aphorismes, de folklore et de savoir encyclopédique, agrémenté encore par un zeste de cette étrange atmosphère typique pour les auteurs latinoaméricains. Afin que les feuillets de ce brouillon expérimental ne se dispersent pas aux quatre vents, il a fallu trouver une agrafe symbolique pour les retenir : le personnage de Kircher.

Ce "dernier homme de la Renaissance", ou "le Léonard baroque", qui englobe à lui seul tout le savoir de l'époque, mais dont les théories mégalomanes se révélaient systématiquement toutes fausses, rappelle l'émouvante et pathétique figure de Don Quichotte. Ses expériences - déchiffrage rapide des hiéroglyphes égyptiens, ballet exploratif sur un volcan en éruption, calculs des dimensions exactes de l'arche de Noé, machines volantes, miroirs ardents, orgues à chats, culture de toutes sortes d'organismes sur son propre corps - ne sont que des excursions dans les impasses du savoir, pour annoncer à ses successeurs : "Non, les amis, le chemin ne passe pas par là !". Sans le savoir, Kircher était doté de l'aptitude géniale à l'erreur, mais sa curiosité sans borne en fait, paradoxalement, une sorte de fondateur de la véritable science, et un précurseur des futurs Pasteurs et Champollions.
Mais l'aventure de la science moderne et les réflexions sur les chemins tortueux de la connaissance humaine ne sont qu'une des nombreuses dimensions du roman. le plus souvent, Roblès revient vers des questions philosophiques et métaphysiques que se pose son infatigable jésuite. Les destins des autres protagonistes font écho aux méditations de Kircher sur le sens de la vie, la place de l'homme dans le monde et la recherche des Paradis perdus.

Deux héros du roman sont directement liés à Kircher. Il s'agit d'Eléazard von Wogau, correspondant brésilien pour un journal français, qui prépare un article sur une curieuse biographie du jésuite, écrite prétendument par son élève et admirateur enthousiaste Caspar Schott. En même temps, son ex-femme Elaine, paléontologue de renom, prépare une expédition dans la jungle à la recherche de fossiles uniques. Expédition malheureuse, qui ne frôlera que trop près les Paradis perdus, quand sa seule chance de survie deviendra une tribu primitive de la forêt vierge, dont les rites confus sont encore liés à... Kircher !
Le destin des deux autres protagonistes - Moéma, la fille d'Eléazard, qui noie ses rêves naïfs sur le Brésil précolombien dans l'alcool et la drogue, et Nelson, petit truand handicapé qui tisse, dans la misère infinie des favelas, des projets fous sur l'assassinat du gouverneur de l'état de Maranho - sont liés à Kircher seulement par des allusions. D'autant plus amusante est la tâche du lecteur, de chercher des analogies entre les passages du journal de Schott et l'histoire qui se passe au Brésil actuel.

Le jeu de Roblès avec l'attention de son lecteur, concrètement les variations diverses sur le "texte dans le texte", fait un peu penser au "Manuscrit" de Potocki ou à la tradition de L'Oulipo. Il suffit de regarder, par exemple, "L'Idolâtre", le poème préféré de Kircher : la fin du roman révèle (ou pas !) que cette méditation spirituelle n'est pas vraiment ce qu'elle semble être, tout comme Kircher lui-même, et tout comme les élans vertueux des protagonistes principaux.
Avec ses jeux littéraires, ses illusions théâtrales et sa logique presque détective, ce livre "baroque" nous entraîne lentement dans le tourbillon des aventures les plus incroyables du corps et de l'esprit.
Le Brésil de Roblès, à la fois beau et cruel, n'est pas seulement une image hyperbolique du monde actuel, ce "trou noir qui s'effondre à l'intérieur de lui-même". C'est une métaphore qui se réfère à la citation de Goethe qui ouvre le roman, mais aussi à Borges, et à son image de la vérité comme un tigre : un être discret qui évite la lumière crue de toutes les idéologies univoques, capable de vivre seulement dans le clair-obscur ambigu de la jungle sauvage. Ce n'est que là où ces tigres peuvent être vraiment "chez eux". 4,5/5
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— L'homme a la bite en pointe ! Haarrk ! L'homme a la bite en pointe ! fit la voix aiguë, nasillarde et comme avinée de Heidegger. [J.M.B.de R.]

Heidegger, ici, c'est un perroquet, le perroquet d'Eléazar von Wogau, un correspondant de presse établi au Brésil qui a accepté de commenter l'édition de la biographie hagiographique d'Athanase Kircher rédigée par son disciple Caspar Schott. Athanase Kircher est un polymathe jésuite du XVIIe siècle, époque baroque s'il en est. Il intervint dans tous les sujets scientifiques de son temps que ce soit l'archéologie, les langues orientales, l'égyptologie et les hiéroglyphes, la géographie, les mathématiques, la musicologie, l'astronomie, la physique et l'ingénierie, ou la géologie et la volcanologie, tout cela teinté fortement de théologie. Comme l'affirme Jean-Marie Blas de Roblès par la voix d'Eléazar, « Kircher est baroque, tout simplement baroque ». Par-dessus l'épaule d'Eléazar, on suivra, curieux et étonné, le parcours de Kircher tel qu'il nous est narré par Schott, mais cette lecture sera accompagnée des commentaires du journaliste. Et, ces commentaires ainsi que les réflexions qu'ils provoquent sont autant de moments pour poser la question de notre rapport à la science, de notre rapport à la connaissance.

Dans l'instant prolongé où se déroule cette lecture et ce voyage dans le temps et dans l'espace vers une Europe baroque et friande de cabinets de curiosités, la vie brésilienne s'anime et des fenêtres s'ouvrent sur d'autres réalités, elles bien actuelles. On suivra ainsi les difficiles pérégrinations d'un groupe d'archéologues dans la forêt équatoriale, les tractations malveillantes du gouverneur Moreira da Rocha autour d'un projet de base militaire, les explorations psychédéliques d'un groupe de jeunes gens frayant dans les favelas, une aventure spirituelle et sexuelle liée aux rites du candomblé. On assistera à des dérives, des déroutements, des dérapages. Puis, on verra une société mouvante, pleine de contradictions, une société qui se cherche et qui s'invente. On y portera un regard intéressé comme celui d'un ethnologue, à la façon dont Jean-Marie Blas de Roblès nous invite à le faire.

Jean-Marie Blas de Roblès nous entraîne ainsi dans un périple vertigineux où l'intelligence est à l'avant-plan. Il nous offre un roman construit autour d'un livre, livre qui lui-même porte ses références et son histoire qui jongle avec la vérité et l'édification d'un monde de connaissances. Il faut accepter de plonger dans son univers et on ne regrettera pas notre décision. On sera tenté de s'arrêter pour noter des réflexions, pour citer des phrases qui marquent, qui imprègnent notre pensée et nous propulsent plus loin, plus avant.

Eléazar von Wogau note à propos de l'hagiographie de Kircher qu'il commente : « QU'AI-JE AIMÉ CHEZ KIRCHER, sinon ce qui le fascinait lui-même : la bigarrure du monde, son infinie capacité à produire des fables. ». Je pourrais tout à fait reprendre ce jugement pour l'appliquer tel quel à ce que j'ai aimé chez Jean-Marie Blas de Roblès et son Là où les tigres sont chez eux.


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Un bonbon de 900 pages. Que dire sinon qu'on a l'impression de lire un Umberto Eco avec une teinte tout à fait différente. J'ai aimé la tendresse, la cruauté, l'humour et la vraisemblance des multiples situations où nous plonge l'auteur. On a l'impression de redécouvrir le monde derrière les yeux des personnages qui sont pour le moins fantasques.

Je n'ai rien lu d'autre de cet l'auteur pour l'instant mais je vais voir ce qu'il a en magasin.
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Récits enchâssés, personnages énigmatiques, différentes cultures, différentes époques et pays; mais tous se rejoignent. Malgré son épaisseur, ce roman est un réel plaisir même s'il peut parfois paraître difficile à suivre. A lire d'une traite sans le lâcher, sinon, tout est perdu.
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Je ne saurais décrire ce roman tant il est foisonnant. Cinq destins, qui forment chacun une histoire à part entière, au Brésil, à des époques différentes. Bien que leurs déroulements alternent, on est vite pris par chacune de ces destinées qui s'entremêlent. C'est un livre par lequel l'auteur -historien, philosophe de formation, archéologue et passionné de voyages- nous fait pleinement profiter de ses connaissances, de son goût de l'aventure et de son imagination. Encore un ouvrage que j'ai eu du mal à quitter.

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Un roman d'aventure dense et érudit, sans aucun doute, mais à la toile de fond bien sombre dans un Brésil de cauchemar ou il est bien difficile de trouver quelques lueurs positives.
Les personnages et les situations sont peu subtils voir carrément clichés.
Ajoutons une scène d'une extrême violence qui m'a réellement choqué et qui revient me hanter de temps à autre et l'expérience de ce livre est pour le moins mitigé.

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Athanase Kircher est un personnage ayant existé, un savant érudit.
Eléazard va au fil du récit découvrir ce personnage.
Nous découvrons la misère sociale au Brésil, peut-être avec des exagérations.
C'est un long roman, qui se lit doucement et demande beaucoup de concentration.
L'on me l'avait conseillé puisque je cherchais un roman érudit..
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Mais dans quel but Jean Marie Blas de Roblès a t'il écrit ce livre ? Ce n'est pas que je n'ai pas aimé puisque je suis allée au bout des 880 pages en poche. Mais pourquoi cet Athanase Kircher européen du XVIIème, à côté de ces personnages de la fin du XXème vivant au Brésil ?
Le lien c'est la biographie rédigée par le père Kaspar Schott sur laquelle travaille Eléazar von Wogau. Les personnages sont d'ailleurs reliés les uns aux autres ou le deviennent. Il y a sa femme dont il est séparé, Elaine scientifique qui part en mission dans la forêt amazonienne avec entre autres Mauro, fils de Moreira gouverneur corrompu et de son épouse Carlotta. Il y a aussi sa fille Moema toxicomane idéaliste, son amie et amante Thaïs qui font connaissance de Roetgen collègue de Mauro. Et puis Nelson jeune orphelin handicapé et l'Oncle Zé qui vivent dans une favela et dont on se demande longtemps quel est leur rapport avec les autres. Autour d'eux quelques autres personnages, Soledade gouvernante d'Eléazar, Loredana italienne dont il tombe amoureux, son ami Euclides, Hermann ancien nazi dans le bateau duquel l'expédition amazonienne a pris place... et l'on passe d'un groupe à l'autre. de la science, de la sorcellerie, de l'aventure, de la violence, il y a tout cela et plus encore dans ce roman.
Ce portrait du Brésil contemporain n'est guère flatteur mais je suppose qu'il est juste.

Un roman très érudit que j'ai trouvé un peu étrange mais que j'ai aimé. A lire si vous ne l'avez pas déjà fait.
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