AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 50 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis
Karen Blixen veut raviver, réanimer, en quelque sorte revisiter, trente ans après son retour au Danemark, ses souvenirs du Kenya, écrits dans « la ferme africaine ».
Le premier souvenir prégnant est celui de Farah, noble Somali, son bras droit, conscient de son devoir de veiller sur elle, lui interdisant aussi de se mettre en danger ou d'entrer dans des dépenses inutiles. Farah l'attendait à Aden, pendant 18 ans il a connu, dit-elle « tous mes projets et toutes mes pensées. Je lui parlais de mes espérances et de mes déceptions. »

Avec une tendresse infinie, avec intelligence, dans son deuxième livre sur l'Afrique, Karen Blixen rend hommage, en premier, à ce gentleman musulman aux idées aristocratiques, majordome hautement respectable, plus soucieux de son bon renom et de son honneur à elle que de son bien-être.

Lorsque Karen fut obligée de quitter le Kenya, il l'accompagna jusqu'à Mombassa ; voyant sa silhouette s'éloigner de plus en plus, « j'eus l'impression, dit elle, de perdre une partie de moi même, comme si, par exemple, on me coupait lentement la main droite de sorte qu'il me serait impossible dorénavant de monter un cheval, de manier un fusil ou d'écrire autrement que de la main gauche. »
Peut-on écrire de façon plus délicate de l'estime que l'on a et que Karen gardera toute sa vie pour Farah, ainsi que la douleur de l'éloignement définitif ?

Elle a tout perdu bien sûr, quand elle a dû retourner d'où elle venait, parmi les siens qui ne voulaient pas d'elle. Elle a perdu, alors, elle écrit, et elle se souvient : les personnes, en premier ; les chasses, lorsqu'elle se trouve face à face avec un fauve, en compagnie de Denys Finch Hatton , en particulier la chasse aux lions.
Elle soigne , aussi, comme elle peut, et raconte ses erreurs, tout en se demandant si ses « clients « ne préféraient pas au fond de leur coeur un médecin qui n'était pas infaillible ». et qui lui pardonnent donc ses faux pas. Elle comprend par là même le rejet de « ses gens » comme elle dit, qui pensent que la médecine occidentale et les hôpitaux surtout, sont destinés à faire mourir, en remplaçant, sans qu'ils l'aient demandé, et sans leur en expliquer le pourquoi, les remèdes traditionnels à base de plantes et de prières, en famille, naturellement.
Elle reçoit, un jour, un « grand geste », de la part de beaucoup de Kikuyus , femmes, enfants, vieillards : une sorte d'acceptation collective pour ce qu'elle essayait de faire, les soigner : ils viennent en foule avec des maux bénins, se faire soigner par elle.
Ils la félicitent aussi de s'être bien habillée le jour de la réception du Prince de Galles, futur roi d'Angleterre : elle leur a fait honneur, ils avaient peur qu'elle garde sa vieille culotte de cheval remplie de boue et ses bottes éculées.
Elle rappelle le souvenir d'Ali Abdullahi, dont elle n'avait pas parlé dans sa « Ferme africaine »et la généalogie qui fait qu'une veuve épouse le frère puiné.
Et puis Kamante, l'intelligent petit, ayant adhéré au parti Mau Mau, qui, pour expliquer ce changement à un autre danois venu prendre de ses nouvelles :
-« Voyez donc ce que m'écrit Mensahib : « Mon bon et fidèle serviteur Kamante » puis il replia la lettre, la remit en poche et dit : « C'est bien ce que je suis ».

Douce tendresse, de cette grande dame qui a essayé de comprendre la civilisation où elle vivait, ses traditions, ses coutumes, et toujours les comparant à son érudition nordique. Lorsqu'elle apprend la mort de Farah, elle refuse d'y croire, « pourquoi s'en était-il allé ? Lui qui avait toujours été le premier à répondre à mon appel » puis repense qu'il l'a toujours devancée, pour dresser sa tente au lieu du rendez-vous.
LC Thématique octobre 2021 : Cap au Nord
Commenter  J’apprécie          549
Karen Blixen, dans Ombres sur la prairie évoque les personnes et les moments qu'elle a connus quand elle était à la tête de sa ferme africaine, avec un premier témoignage en forme d'hommage à Farah son homme de confiance, somali musulman, celui qui l'accueille quand elle arrive pour la première fois en Afrique et celui qui la verra partir définitivement en Europe. Elle évoque également des moments comme la chasse et les safaris qu'elle pratique et auxquels elle renonce (sauf la chasse au lion) ainsi que sa fonction de "médecin", consultée régulièrement par la population environnante. le dernier évoque son retour et les nouvelles qu'elle obtient de temps en temps de ses amis africains qui maintiennent son souvenir vivant.

A la lecture d'Ombres sur la prairie, c'est une femme à la fois forte et sensible qui nous est révélée, une femme qui à force d'humilité et de patience, s'adapte aux populations somali, kikuyu, masaïs, des groupes dont il faut souvent ménager les rites et traditions pour obtenir leur respect. On sent à chaque page l'amour et le bonheur qu'elle décrit et même l'honneur qu'elle ressent d'avoir connu des personnes d'exception, quelque soit leur statut social, leur religion, coutumes ou nationalité. On peut ressentir un peu de colonialisme mais il faut replacer ces récits dans leur contexte et l'attitude respectueuse dont Karen Blixen fait preuve pendant sa vie au Kenya montre qu'elle a toujours placé sur un pied d'égalité le personnel avec lequel elle travaillait et ses amis européens.
Une belle leçon de respect et d'humanité.
Commenter  J’apprécie          310
Quelques jours après ma relecture de la ferme africaine, j'ai relu Ombres sur la prairie. Ce petit recueil de 4 textes fut écrit beaucoup plus tard par Karen Blixen : il clôt avec bonheur la parenthèse de sa vie au Kenya de 1914 à 1931, non loin de Nairobi. On y retrouve ceux qui l'ont accompagnée et servie pendant ces années : Farah, le fier domestique somali qui veillait au "standing" de la ferme de Karen Blixen, Juma, Kamante et tant d'autres...

La romancière nous livre quelques anecdotes qui font sourire et émeuvent : la lettre talisman au pouvoir guérisseur du roi du Danemark, ses propres talents d'infirmière sur les kikuyus qui viennent la solliciter pour une brûlure aux jambes ou une morsure de serpent, ses fréquents malentendus aussi avec les habitants de la ferme.

La dernière nouvelle est un long au revoir très touchant qui nous donne des nouvelles de tous ses serviteurs et amis de la ferme avec lesquels elle a entretenu une longue correspondance après son retour au Danemark, qui ne fut interrompue que durant la deuxième guerre mondiale.
En filigrane, Karen Blixen évoque aussi avec regret et à plusieurs reprises les changements qui ont eu lieu au Kenya depuis qu'elle l'a quitté : la déforestation, les constructions, le développement de Nairobi...

Challenge Multi-défis 2023
Challenge Plumes féminines 2023
Commenter  J’apprécie          213
Si vous n'avez pas lu La Ferme africaine vous avez certainement vu le film ! Rarement l'adaptation d'un livre fut aussi réussie au point de ne pouvoir à nouveau lire Karen Blixen sans avoir le visage de Meryl Streep en filigrane.
Je vous parlerai un jour ou l'autre de sa correspondance mais aujourd'hui j'avais envie de retrouvailles avec un livre court moins connu que la Ferme Africaine.

Quatre petits récits placé dès les premières lignes sous la protection de Farah « le gardien de mon univers africain » dit Karen Blixen.
Ces Ombres sur la prairie complètent très heureusement la magnifique Ferme Africaine et éclairent certains aspects de la vie de Karen Blixen qu'elle a passé sous silence dans son roman.
Elles revient sur les tribus qui peuplaient alors le Kenya, leurs pratiques ancestrales, sur ses lectures pour comprendre la loi musulmane et la confiance que lui font les africains qui l'entourent.
Elle revient longuement sur Farah à qui elle est attachée de façon très forte et dont elle dit qu'il est « le plus authentique gentleman que j'aie connu. » qui dirigeait la maison et conduisait la vieille Ford « comme si elle eût été la Rolls Royce des Rothschild » elle donne des nouvelles de Juma ou de Kamante « le grand solitaire » et sa fameuse « sauce Cumberland » et prouve ainsi que son attachement ne s'est pas interrompu avec son retour au Danemark.
Elle revient sur certains épisodes évoqués dans la Ferme Africaine, chasse aux lions, chasse aux éléphants. Et vous verrez le rôle que peut jouer une « lettre du roi ».
Karen Blixen revient sur les soins qu'elle dispensât tout au long de son séjour « je finis par savoir réduire la fracture d'un bras ou d'une cheville » ou ses tentatives vaines pour soigner les morsures de serpent.
Les récits ne sont pas exempts de parfum colonialiste mais rien qui n'entache la sincérité de Karen Blixen dans l'attachement qu'elle avait pour tous les africains qui ont gravité autour d'elle, qui ont travaillé sur la ferme et l'on sent un grand dévouement de part et d'autre.
Elle revient sur les derniers temps passés en Afrique, le retour au Danemark, les lettres échangées pendant des années avec les uns et les autres mais inexorablement l'Afrique s'éloigne « La Croix du sud était restée suspendue au ciel pendant quelque temps, telle une trace lumineuse de ce monde englouti » et finit par disparaître.

Un petit livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          110
karen Blixen revient, de nombreuses années après son retour au Danemark, sur la longue période de sa vie passée au Kenya. En quelque sorte, ce livre est un complément au très beau récit de "La ferme africaine". le lecteur y retrouve l'attachement que cette femme d'origine danoise éprouvait pour "ses gens", un terme qui n'avait rien de péjoratif dans son esprit, et notamment pour son fidèle serviteur et ami Farah; il y retrouve l'évocation des paysages et de la faune africaine peuplée de grands fauves; il y perçoit tout l'amour pour un pays que l'auteure n'avait jamais vraiment quitté par la pensée.
Ce récit est empreint d'une poignante nostalgie.
Commenter  J’apprécie          100
Denys Finch Hatton, le Concerto pour clarinette, le survol de l'Afrique...
Tous les fans d'Out of Africa connaissent ces images ainsi que celle de Karen Blixen, incarnée par Meryl Streep dans son plus beau rôle (enfin, d'après moi^^), le destin exceptionnel de Karen Blixen, née au Danemark en 1885. Rejetant un mode de vie bourgeois et linéaire, elle part s'installer en Afrique avec le baron Bror Blixen où elle reste de 1914 à 1931. Elle est obligée de quitter sa ferme africaine après avoir fait faillite et retourne au Danemark, mais elle reste fidèle à cette nation où elle aurait « désiré laisser ses os ».
Si la biographie de Jean-Noël Liaut, Karen Blixen m'a montrée que sa relation avec Denys était largement moins idyllique que dans le film, elle m'a donné envie de me plonger dans son oeuvre. Je lirai donc d'ici peu Les Contes d'hiver et pourquoi pas Les Contes gothiques, dont le titre m'attire beaucoup...
La plus grande partie de la vie de Karen Blixen en Afrique est racontée dans La Ferme africaine et dans les Lettres qu'elle a échangées avec ses amis et sa famille ; Ombres sur la prairie constitue un prolongement de ces oeuvres et régalera ceux qui rêvent de retrouver cet univers. Composé de quatre récits, ce recueil est un tissu de souvenirs, d'émotions, de réflexions anthropologiques, et d'érudition, liés par un fil parfois ténu mais toujours présent. Karen Blixen raconte les liens de confiance tissés avec ses domestiques et les tribus vivant sur « ses » terres, les échanges, les difficultés mais aussi les moments émouvants qu'ils ont pu partager et réussit à retrouver leurs traces vingt ans après son départ d'Afrique.


Si certaines remarques peuvent surprendre le lecteur contemporain, par exemple sur les comparaisons qu'elle établit entre les différents peuples qu'elle rencontre et sa propre culture, il faut situer l'oeuvre dans un contexte colonial, à une époque où les européens s'installaient en Afrique en conquérants, pour y faire fortune, parfois aux dépens de la population. Ce qui n'est finalement pas le cas de Karen Blixen qui s'est sincèrement intéressée au sort des peuples vivant sur ses terres, à leur santé, leurs coutumes, leur manière d'envisager le monde. En témoigne la première nouvelle, Ombres sur la prairie, où elle rend hommage à son domestique Farah et où on la voit soigner avec dévouement ses « gens ».


Ma préférence va Barua a soldani, dans lequel elle raconte comment une lettre écrite de la main du roi du Danemark devient une sorte de talisman pour les gens qui vivent sur ses terres et permet d'apaiser les souffrances les plus terribles par le simple contact. Un mélange de réalisme, de réflexion et de poésie dans lequel elle révèle une grande humanité et beaucoup de sang-froid.
Commenter  J’apprécie          70
« Ombres sur la prairie » Karen Blixen (Folio, 150p)
Quatre nouvelles qui témoignent de la vie de Karen Blixen en Afrique, récits de souvenirs émus qu'elle rédige après son retour en Europe. C'est beau, poétique, très sensoriel, très émouvant, elle y témoigne de son attachement à cette terre, à ses habitants aussi, dont certains avec qui elle gardera toujours une amitié épistolaire. Elle est assez lucide sur sa place de femme blanche dans les années 30 dans cette colonie, dirigeant à la force du poignet une ferme, et sur les difficultés de ce continent et de ses populations. Deux remarques pourtant. Je me demande (?) s'il n'y a pas une part d'idéalisation du pays, par une forme de réserve qui ne veut pas juger. Et puis, quoiqu'elle s'en défende, je n'arrive pas à me faire une idée autour d'une certaine forme de « hauteur » (pas de la condescendance) que son statut et ses origines lui donnent. Ainsi dans la première nouvelle, elle décrit longuement le lien très fort qui l'unit à Farah, son domestique en même temps que le régisseur de la ferme. Mais malgré tout le respect qu'elle a pour lui, et ce qu'il lui renvoie avec amitié et noblesse, sans aucune courbure d'échine, il reste le domestique. Les places et les rôles sociaux ne sont pas égalitaires. Je me demande (j'aimerais beaucoup savoir) ce qu'un lecteur africain pense de ce livre, et ça reste pour moi (pour l'heure) une question sans réponse pour ces textes qui m'ont quand même touché.

Commenter  J’apprécie          61
Dans ombres sur la prairie, Karen Blixen nous offre 4 nouvelles sur sa vie en Afrique. de son amitié avec Farah, un somali musulman, à la chasse, en passant par ses fonctions de médecin de campagne, l'autrice évoque plusieurs aspects de ses années africaines.

Ce livre est un recueil de souvenirs, on sent l'émotion ressentie par cette femme pour son domaine, ses domestiques et les tribus voisines. On n'échappe pas à des passages racistes et très colonialistes. Même si le livre a été publié en 1960, il faut se rappeler que Karen Blixen a vécu en Afrique entre 1914 et 1931 : ses réflexions et remarques sont le fruit de son époque. Mais ça m'a tout de même gênée.

Malgré ces aspects, j'ai découvert dans cet ouvrage une femme à la vie rocambolesque et j'ai envie d'en savoir plus sur elle et sa vie ! Prochaines lectures : La ferme africaine et Baronne Blixen (de Dominique de Saint Pern).
Commenter  J’apprécie          30
Un indispensable petit prolongement de l'ambiance de la ferme africaine qui m'avait tant passionné. J'avais lu ce livre dans ma jeunesse. Il m'avait captivé et relu cette semaine, il m'a toujours laissé la même impression. le talent de plume de Karen Blixen ne se dément pas. Dans ce petit recueil, elle perle de ses Kikuyu, de ses somali, des Masaï, berf, de tous ces peuples qu'elle a cotoyé en Afrique.
Elle nous relate aussi quelques moments de vie, comme ceux liés aux safaris. elle évoque les safaris photos qu'elle ne partique pas mais qu'elle estime. Lors de ces excursions que j'ai pu pratiquer en namibie, on ressent en effet le même sentiment que le chasseur qui guette sa proie, la mise à mort en moins... Ce sont moins de ombres qu'une certaine forme de nostalgie qui parcourt les plaines d'Afrique au travers de ce merveilleux livre.
Commenter  J’apprécie          20
J'aime beaucoup en général les livres qui expliquent les cultures étrangères... même si ce coté de l histoire était interessant, l histoire est vraiment longue et sans intérêt pour moi.. je me suis ennuyée profondément...
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (113) Voir plus



Quiz Voir plus

Karen Blixen

qui est Karen Blixen?

un homme
une femme

13 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Karen BlixenCréer un quiz sur ce livre

{* *}