Je pense qu'en général les enfants ne regardent pas assez leurs parents. Ils les prennent pour argent comptant, enfin je veux dire que leurs parents font partie intégrante de leur vie – ils n'imaginent même pas qu'un jour ils la quitteront, cette vie, pourtant, plus le temps passe et plus l'échéance approche.
Il y a un moment où on réalise que ce qu'il nous faut pour vivre bien, en harmonie, en douceur et longtemps, ce n'est pas ce qu'on a toujours cherché.
Corentin est pessimiste. Il fait partie de cette génération qui sait pertinemment qu'aujourd'hui chaque utilisateur de téléphone portable est un photographe, un vidéaste et un journaliste en puissance.
C'est important, la haine. Quand les histoires s'interrompent et te démontent, c'est ce qui permet de rester en vie et de faire briller la flamme.
Il sait pertinemment que c'est compliqué de s'intéresser au bonheur des autres quand on se sent flotter en marge de l'existence.
Un mariage, (…) un symbole de liberté parfois, c'était cela – non pas le début d'un enfermement, mais la conquête d'une indépendance à deux et la certitude de n'être plus seul à faire face aux éléments. Décupler les forces et le courage.
C'est bizarre un mariage. C'est comme une tempête. A peine a t-on donné son assentiment qu'on est pris dans un tourbillon où il est question de costumes, de salle, de photographes, de nombre d'invités, de couleurs de serviettes, on se laisse porter en tentant de respirer, on surnage et puis on s'aperçoit que, en fin de compte les autres (...) se moquent bien de ce dont on peut avoir envie, et le pire est que votre future épouse est complice de ce mouvement, elle le précède même, elle le dirige et elle vous oublie. Alors à un moment donné, vous prenez la tangente, vous faussez compagnie, on le remarque à peine et vous prenez une autre direction.
- Je suis sûre qu’un tas de filles vous tournent autour !
- Elles tournent mais elles ne s’arrêtent pas.
Elle portait un ensemble rouge et jaune un peu trop voyant pour un mariage - mais quand elle regarde la foule des invités, elle ne voit que des couleurs vives. C'est un mariage salade de fruits, alors que le sien, l'année dernière, était un saint-honoré, une religieuse au café-chantilly qui restait sur l'estomac. Un paris-brest raté. Et la touche myrtille de son ex-belle-mère était la cerise sur le gâteau. (page 174)
« C’est important , la photo de mariage . C’est ce qui restera des années sur le bahut de la salle à manger des beaux - parents et dans le deuxième tiroir du bureau du mari . On la ressortira devant les enfants —— la cadette ——- huit ans , aura des étoiles dans les yeux , l’aîné , quinze, jugera ce cliché terriblement ringard et assommant . » .