Dimanche dernier, il est arrivé une chose bien étrange. Alors que je somnolais, étendue nonchalamment sur un transat au bord d'une piscine à peine occupée, croupissant sous une chaleur étonnamment accablante pour un début de soirée, je fus dérangée par les rires d'un bambin que j'entendais barbouiller dans l'eau depuis un long moment déjà. Ouvrant à demi l'oeil, agacée il faut l'admettre, je vis que son père s'amusait à l'éclabousser, jouette. La scène était d'une futilité somme toute insignifiante. Sauf que – et j'en fus estomaquée ! l'enfant riait de bon coeur. En fait – il riait tant et si bien, d'une force et avec une telle candeur, que j'en fus profondément troublée. Car il me semblait assister là au premier fou rire d'une vie. Je me suis demandé si ce gamin de quelques mois se souviendrait de cet instant lorsque, dans trente ans, il aurait mon âge – et moi le double. L'idée m'a attristée. le spectacle était d'une telle authenticité qu'il aurait mérité de rester graver dans nos mémoires. Dans celle de l'enfant – pour l'avoir vécu ; dans la mienne – pour en avoir été le témoin. Et tel un Lamartine – à un lac près ; pestant contre le temps qui emporte toute merveille en ce monde, j'ai songé à
Christian Bobin.
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