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sur 564 notes
En ces temps néolibéral, je voudrais m'asseoir

S'asseoir un instant au bord de la création, juste s'asseoir, le dos au néant et contempler la création dans ce qu'elle a de plus vertigineux, de plus merveilleux, de plus… de plus quoi ? Où est le mot qui pourrait exprimer cet émerveillement absolu, en même temps que ce sentiment de vertige, de dépassement.
S'asseoir un instant au bord de la création qui ne cesse jamais de se poursuivre, tissant son drap de velours et d'or et de matériaux encore plus précieux, plus merveilleux.

Par deux fois, j'ai eu l'occasion de contempler le grand canyon aux états unis. La première fois par la rive sud, en venant de Los Angeles et la deuxième fois par la rive nord en venant se Sans Francisco.
La première fois je vis un endroit splendide, super bien aménagé où prendre plein de belle photo et se constituer des souvenirs à offrir en famille, et de se donner à voir comme un touriste éclairé qui ne va pas en club méditerranée.
La seconde fois, après une route sauvage, tournante, mal entretenue, nous sommes arrivés sur un lieu encore très sauvage. Je me suis approché du bord pour voir, et là, j'ai ressenti un vertige que je n'avais jamais ressenti. Un vertige mêlant le corps, la psyché et l'esprit. Un vertige qui m'a cloué sur place. La hauteur abyssale, les couches et les couches de sédiment nous donnant à voir 4 000 000 d'année, d'une beauté a nous figer. J'étais dépassé, submergé par quelque chose de plus grand que moi et en même temps d'un merveilleux sans pareil. Il a fallu que je me mette à genoux pour pouvoir continuer à contempler. Alors j'ai compris à cette échelle microscopique ce qu'était la « crainte » de Dieu.

S'asseoir un instant au bord de la création, juste s'asseoir, le dos au néant et contempler la création dans ce qu'elle a de plus vertigineux, de plus merveilleux.
Pourquoi cette introduction ?

Parce que j'ai lu le Très-Bas de Christian Bobin en ces temps ou tout semble arrêté, pour repartir dans un autre mouvement inattendu. Quand je lis, le met dans la marge, les phrases que j'aimerais citer, que j'aimerais avoir été capable d'écrire, et là, c'est tout le livre qui serait une gigantesque citation.
Mon épouse l'a lu d'une seule traite de 3h00 du matin à 6h30 par une nuit d'insomnie. Et elle ma offert l'urgence de le lire. J'ai choisi de le cheminer comme on voyage sur un sentier où il nous faudra garder suffisamment de souffle pour parvenir au sommet.

Ce livre possède, non pas le mot de l'émerveillement, mais les mots créant la parabole de ce qu'est la crainte de Dieu, crainte qui n'est ni peur, ni frayeur, ni angoisse, mais qui est émerveillement devant la création, la vie de Saint François d'Assise.
Je me suis finalement, un instant assis au bord de la création avec le néant dans le dos, et avec lui toute mes peurs, pour ne contempler que la création. La litanie de la peur des Bene Gesserit de Dune, faisant passer la peur derrière soi.

"C'est à cette instant-là que vous aviez compris devant quoi vous étiez. C'est en voyant cette joie d'un chien galeux que vous aviez su être devant ce qu'on appelle une image sainte."
Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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Peut-être faut-il avoir la foi pour apprécier et réellement comprendre ce roman consacré à Saint François d'Assise. Car "Le Très-Bas" dont il s'agit ici n'est pas l'humble François mais Dieu, celui qui parle dans l'intime et chuchote dans la brise, celui qui fait escorte à toute sa création sur les chemins du monde.
Le "Très-Bas", le Dieu des âmes simples, celui qui "passe tout son temps dans la compagnie futile des enfants, des chiens et des ânes", à l'exact opposé du "Très-Haut", ce Dieu lointain, obscur et redoutable qui inflige au coeur des hommes la blessure de son silence.
Peut-être faut-il avoir la foi pour aimer ce livre... ou peut-être pas, et qu'importe ! Car au travers de la figure lumineuse de Saint François, il y a dans "Le Très-Bas" de Christian Bobin un souffle d'une puissance qui vous étreint, une parole d'une beauté singulière et un message d'amour offert au monde d'aujourd'hui avec l'évidence aveuglante d'une brûlure.
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"Qui a bâti la maison souillée par ses habitants ?"

Voilà le Très-Haut mis en question dans sa toute puissance. Aurait-il perdu le contrôle de Sa créature. Elle s'écarte inexorablement du chemin de l'amour. Ses colères n'y font rien, Dieu serait-il fatigué ? Las de voir Sa créature se fourvoyer dans l'indignité alors que depuis des siècles des voix ne cessent de la rappeler à "l'infinie douceur".

En s'appropriant la démarche de François d'Assise qui a trouvé sa voie dans la pauvreté et l'amour de son prochain, Christian Bobin imagine un "Dieu à hauteur d'enfance", un Dieu magnanime, le Très-Bas, qu'il espère capable de conserver en l'homme son innocence originelle.

"Le treizième siècle parlait au coeur… le vingtième parle pour vendre, il lui faut flatter l'oeil". Ivre de sa puissance, l'homme de ce siècle - dont tu es, toi le lecteur - n'a plus foi qu'en l'économie et le sexe.

Voilà un texte qui multiplie les figures de style. Christian Bobin est un maître dans l'art du suggestif et de l'évocateur. Il fait appel à d'innombrables images pour stimuler l'imaginaire et tenter d'extraire l'homme de sa soif de jouissance des biens terrestres.

Tant d'évidences, et pourtant, qui les entend ? Un roman dans lequel filtre la déception, l'inquiétude.


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quel beau livre!!
Comment j'ai pu passer a coté Christian Bobin après tant de lectures....
Une plume légère , spirituel ,poétique ,pleine de réflexion ,d'amour..
les traces Saint-François-D'assise dans une quete initiatique...
je l'ai dévoré , je l'ai avalé...
Il a touché mon coeur..
C'est une histoire qui me marquera...
une écriture fabuleuse ,mystique ,magique...
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Le Très-bas /Christian Bobin
C.Bobin nous offre ici une magnifique biographie en pointillé, mais essentielle de Saint François d'Assise, dans un style fluide tout à fait poétique, imagé et dépouillé. Il sait ciseler tel un orfèvre des phrases qui touchent et c'est un véritable joyau qui est livré ainsi à notre réflexion. Car à partir de cet opus empreint de spiritualité dont émane une grande piété, l'auteur se livre à une réflexion plus générale sur des sujets divers : la mère et l'enfant, le père et le fils, l'amour, Dieu etc.
François d'Assise naquit vers 1181 et mourut en 1226.
« le marchand, le guerrier et le prêtre : ces trois là se partagent le treizième siècle… Ces trois là espèrent quelque chose en récompense de leur travail : la fortune, la gloire ou le salut. »
Son enfance et son adolescence partagées entre le commerce avec son père et la guerre pour son prince, nous sont contés jusqu'à cette révélation à San Damiano qui va aboutir à la renonciation aux richesses terrestres et l'entrée dans les ordres. Puis il fondera son propre ordre, celui des franciscains voué à la prière, la pauvreté et le respect de la vie.
De magnifiques commentaires ont été écrits par des lecteurs : que ce soit Margot, Dominique ou Droopy et d'autres encore, tous ceux là ont parfaitement analysé ce récit. Il m'est ipso facto difficile d'ajouter quelque chose.
Je dirai simplement que j'ai particulièrement aimé le passage du procès intenté par le père contre le fils pour quelques ducats détournés pour une bonne cause pourtant. Quand François quitte ses vêtements et les remet à son père avec quelques ducats qui lui restent, on ressent une ambiance particulièrement dramatique.
Et François de conclure sans détour son discours en s'adressant à son père : « le procès que tu me fais me libère de toi. Là s'achève ton oeuvre de géniteur… »
Bien que n'étant pas catholique ni même croyant, j'ai découvert une richesse exceptionnelle dans ce livre. J'ai été touché par cette mélodie spirituelle.
A lire et relire…
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Le Très-Haut… le Très-Bas… il est question de la Bible dans cet ouvrage.
Christian Bobin réinvente la vie de Saint François d'Assise, à la manière d'un conte où les mots se suivent comme dans un poème..
Les personnages et les situations sont prétextes à des considérations sur le père, la mère, l'enfant, l'amour..
Le côté religieux m'a un peu pesé au milieu du livre.
Si le début est poétique, j'ai trouve la dernière partie plus philosophique, ou sociologique, et à mon goût, légèrement sentencieuse.
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En nous parlant de la figure de Saint François d'Assises, Christian Bobin évoque sa doctrine, sa joie de vivre mais aussi son regard rassurant et audacieux. Une oeuvre érudite et documentée qui, en prenant le parti du plus bas, de l'humain et de l'invisible, nous porte jusqu'aux confins de l'âme humaine à la recherche de l'essence même des êtres. Une écriture comme toujours maîtrisée, faite de souffle et de lumière. Une très belle oeuvre.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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La figure de Saint-François d'Assise du XVe siècle inspire le roman "Le très-bas", de Christian Bobin, considéré comme l'une des oeuvres les plus marquantes de celui-ci.
C'est ce que j'ai ressenti à sa lecture, érudite, et éclairée par cette grande figure.
Au-delà d'une méditation sur la nature de l'homme, c'est une recherche de la vérité.
De la beauté dans un monde où la souffrance et le mal coexistent avec la joie et l'amour.
C'est une véritable quête spirituelle, abordée avec beaucoup de sensibilité, source de réflexion personnelle, que l'on ait ou pas la foi.
Source de fraîcheur et une écriture qui nous éloigne avec bonheur de l'hypermatérialisme de notre société de consommation.
Avec une pointe d'humour : « La pâtisserie et l'amour, c'est pareil – une question de fraîcheur et que tous les ingrédients, même les plus amers, tournent au délice. »
…Avant que l'étau ne se resserre !
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Un livre de poche à 4, 20 euro à lire d'urgence. La vie de Saint-François d'Assisse, certes, mais surtout la transcription juste, poétique, édifiante des aspirations spirituelles de tout homme. Pour ne pas être un saint, le lecteur n'en est pas moins en quête et la lecture de ce petit ouvrage lui sera une veritable bénédiction Il le fait revenir "comme le saumon vers les eaux éternelles" (page 65).

Quelques citations :
"La croissance de l'esprit est à l'inverse de la croisance de la chair. le corps grandit en prenant de la taille . L'esprit grandit en perdant de la hauteur. La sainteté renverse les lois de la maturité : l'homme y est la fleur, l'enfance y est le fruit." page 39.

"Ce n'est pas qu'il y ait une petite enfance de l'art, une misère infantile de la main. C'est que l'on suit alors une autre perspective que celle, indifférente, géômètre, de la raison. On suit la perspective du coeur qui dessine ce qui n'est pas, pour mieux voir ce qui est;" page 36

"La maladie c'est l'absence de chemin, l'incertitude des voies. On n'est pas devant une question, on est à l'intérieur. On est soi-même la question. Une vie neuve, c'est ce que l'on voudrait mais la volont", faisant partie de la vie ancienne, n'a aucune force (...) on voudrait bien d'une vie nouvelle mais sans perdre la vie ancienne. Ne pas connaître l'instant du passage, l'heure de la main vide." page 52

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Ouf ! j'en suis venu à bout !
Voilà plusieurs années qu'il me nargait ce minuscule livre ! Plus d'une fois je l'ai ouvert, enchantée de la première page, et puis, il me tombait des mains...Oyé, oyé ! je termine l'année sur une (petite) réussite : je l'ai lu ! jusqu'au point final !!!

Le sujet affiché est une biographie de Saint François d'Assise ; point de recherche bibliographiques, mais un fil conducteur, pour nous parler de la difficulté de quitter l'enfance pour se construire adulte.
Un personnage secondaire : Dieu. La façon dont l'auteur nous le décrit me le rend drôlement sympathique, Dieu. Il ressemble vraiment aux hommes...euh...plus par leurs travers que leurs vertus : "un Dieu ivre qui reprenait son offrande, piétinait sa parole", avec des moments de gaieté, un Dieu, un peu "farce". Bref un Dieu paternaliste qui ressemble baucoup à un père omnipotent, dont on aime partager ses moments de gaieté en surveillant du coin de l'oeil, le moment où il va...déraper !
En héroïne cachée : LA MERE ! sanctification de la femme. Avec en prime un chapitre " le camp des femmes, le rire du Dieu". Pas question de passer à côté d'elle : elle est de quasiment toutes les pages.
Il est aussi question d'amour. Et Christian Bobin en parle bien. Et au plus haut niveau de l'amour, celui de Dieu pour sa créature, et de sa créature pour Dieu, presque aussi haut que l'amour maternel. Ah l'amour d'une mère !

Bref, je n'ai lu dans ce court roman, qu'une réflexion sur la parentalité, la difficulté de se créer une vie, de s'éloigner de ses géniteurs. L'écartellement douloureux de la destinée de tout un chacun "Par le nom de famille, un enfant rejoint l'amoncellement des morts en arrière des parents. Par le prénom il rejoint l'immensité fertile du vivant, tout le champ du possible". Avec cette phrase, il serait possible d'imaginer un enthousiasme, un appetit de vie, mais, dans l'ensemble de ce livre j'y ai entendu beaucoup d'angoisse.

Quant au style, de super paragraphes d'un lyrisme échevelé, surtout lorsqu'il met en mots son amour pour la Bible : Christian Bobin est un lecteur passionné et transporté par la richesse de ce monument littéraire. de très belles pages comme la première qui m'avait séduite.
Pour le reste, le style est ampoulé, pompeux, sentencieux et (trop) souvent saint-sulpicien. Oserais-je dire que j'assimile son style au rythme de la musique disco : c'est du deux temps. "...l'amour veut l'éveil. L'amour est l'éveil..." ou "Il n'y a pas de Terre Sainte. C'est toute la terre qui est sainte..."
Abus de tournures littéraires qui tentent de faire croire à la profondeur de la pensée. M. Bobin aime les mots, aime en jouer avec adresse comme un bateleur certain de son savoir-faire.

Merci à Babelio qui me permet de garder une des phrases que je préfère dans ce petit ouvrage.
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