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sur 276 notes
Il y eut d'abord le choc de l'écriture et de la description de la ville de Besançon (cf citation), puis la cocasserie au coin des phrases de ce roman.
Cheminant de manière mi anecdotique, mi humoristique, Guy Boley nous présente son père qui fut champion de France de boxe et Jésus Christ dans une représentation théâtrale paroissiale.
Le titre aurait d'ailleurs pu être : “Jésus Christ boxait en amateur”, mais de ce père, rejeté parfois, l'auteur dresse un portrait sans concession et pourtant déifié : “Tu n'as jamais été un raté, papa, tu es mon unique Dieu, le seul auquel je crois, le seul auquel, jamais, je ne cesserai de croire.”

Un hommage en forme d'uppercut fait de la synthèse des métiers de l'auteur : ouvrier, chanteur des rues, cracheur de feu, directeur de cirque, funambule, chauffeur de bus, dramaturge…
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Je découvre Guy Boley, avec ce titre énigmatique mais joliment tourné: "Quand Dieu boxait en amateur". J'avais pointé ce titre dans une liste des  Goncourt potentiels de 2018. Il en a été écarté en cours de finalisation de la liste, mais peu importe, pour le lecteur que je suis, l'obtention du prix ou non, j'avais envie de le lire ... il me manquait juste du temps.

Une fois ouvert, ce récit ne se quitte pas facilement. Il fait revivre une époque, celle de mon enfance, de ses rêves, de ses combats. de ses apprentissages, ses expériences. le lecteur se retrouve dans ce travailleur forgeron, cette mère qui ne veut pas que son fils passe pour mauviette, ce curé de paroisse qui veut faire tourner les caisses de la fête paroissiale et rameuter les âmes, ce fils qui surfe sur les mots de 68 sans trop se préoccuper des blessures qu'il inflige aux anciens. Ce monde qui se tricote et se détricote sur fond de dichotomisations excessives opposant les rôles de père et mère, père et fils, homme et Dieu, curés et ouvriers, vie et mort. 

Guy Boley, dans son écriture légère, joue admirablement avec ses oppositions, ces renvois d'un sens à l'autre, d'un point de vue à son contraire, d'un trait d'humour à une méchanceté profonde. L'opposition, parfois très poétique, semble un réservoir inépuisable d'expression de ces mondes qui s'opposent entre eux et, parfois en eux-mêmes. La question fondamentale restant la même: "Suis-je ce que je fais?"

Une première partie, très courte, pose un constat. C'est souvent à la mort de ceux qu'on aime qu'on réalise qu'ils avaient des rêves si grands. La deuxième partie, le corps même du récit nous offre à la fois le récit d'une amitié entre deux gosses, amitié qui restera forte, une fois adulte; mais aussi l'histoire d'une époque, de la vie d'un quartier populaire, des métiers d'alors et des distractions d'époque.  Je ne suis pas certain que de jeunes lecteurs (je vous parle d'un temps que les moins de 40 ans ...) puissent réaliser la justesse et la rigueur de cette transcription de ce qu'étaient alors la vie, l'amour, la foi, la mort.  Et c'est là qu'on devine enfin la force, le charisme, l'opiniâtreté et la finitude de cet homme, père, forgeron, boxeur et Dieu en même temps!  En termes de contenu, derrière ces mots, il y a de quoi ravir les plus pointus amateurs du sens des choses. 

Et puis, une troisième partie, de quelques courts chapitres, donne le sens profond de ce combat des dieux, ceux de la forge, de la scène, de la Foi, de la vie et, tout simplement de l'amour filial.

Un vrai, beau roman qui ranime des souvenirs, fait émerger du passé enfouis et questionne le présent et l'avenir vers lequel nous voulons aller, ou pas!
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Guy Boley se qualifie volontiers de romancier du réel et c'est vrai. Après le fils du feu, il confirme cette définition dans ce nouveau roman au titre énigmatique : Quand Dieu boxait en amateur.
Avant de consacrer le troisième livre de sa trilogie à sa mère, celui qui fut maçon, forgeron, funambule, rend un hommage magnifique à son père, un hommage romancé et sans concession, rempli d'une admiration sans borne, hommage à la fois dur et tendre.
Dès les premières lignes, je survole Besançon, ville natale de Victor Hugo et des frères Lumière, avant de zoomer vers cet hôpital de quartier où est né René Boley, le 3 mai 1926 : « Ce quartier fut toute sa vie, sa seule mappemonde, sa scène de théâtre, son unique opéra. Il y grandit, s'y maria, procréa. » Tout pourrait être dit mais voilà que l'auteur m'emmène déjà à la fin, à la mort de ce père, le 8 octobre 1999, dans ce même hôpital, à trois étages de distance…
« Car c'était lui, mon père, qui fut tout à la fois mon premier homme, ma première parole, ma première étincelle et ma première aurore. » Que c'est beau ! Et cela vient après une scène d'une intimité crue où le fils assiste son père qui ne peut plus uriner tout seul.
Ce père, forgeron que j'avais aimé voir en action dans le fils du feu, joue les utilités au théâtre municipal et monte des opérettes avec sa mère, petits spectacles dont ils régalent les voisins. Il lui a donné le goût des mots, mots que le fils retrouve dans un carnet, mots difficiles qui ne servaient pas mais qui côtoyaient un poème sur leur quartier des Chaprais.
Finalement et c'est normal, ce livre parle peu de la forge mais est axé sur les deux passions du père : la boxe et le théâtre. Au passage, une superbe phrase : « C'est un artiste, mon père, il est né comme ça et il n'y est pour rien : sensible, créateur, naïf, orgueilleux, entêté, innocent, fragile et responsable. » Il fut Champion de France amateur et partagea avec son fils une immense admiration pour Mohamed Ali.
Sans détailler la suite, il faut parler du meilleur ami de René Boley : Pierrot qui « rencontre Dieu comme on rencontre une femme ». C'est le point de départ de la fameuse pièce qui explique le titre du roman. Avec humour et causticité, l'auteur parle du spectacle paroissial, du curé arc-bouté sur ses principes et qui redoute les majorettes comme le diable mais l'abbé Delvault (Pierrot) parvient à mettre enfin en place ses idées. Ici, Guy Boley révèle un talent certain pour écrire les dialogues savoureux entre les deux amis et les débats enflammés avec le curé de la paroisse.
Si je trouve que cela prend beaucoup de place dans le livre, je reconnais l'importance de ce qui s'est passé alors que l'alcool commence à faire des ravages : « Il avait été Roi sur un ring, Jésus sur une scène, Zeus dans la forge, il était monté bien trop haut pour se permettre de descendre comme un simple mortel jusqu'au niveau d'un bar, ou pire d'un caniveau. »
Sensible, humain, plein de rêves assouvis ou non et surtout débordant d'amour filial « tandis que la bobine finit de dérouler l'ultime pellicule », c'est un livre magnifique, émouvant, comme chaque fils aimerait en écrire sur son père.
Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Grasset pour cette belle lecture.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Besançon, l'hôpital du quartier, on y faisait de tout, deuil et maternité. C'est là que René vit le jour et qu'il mourut dans le même bâtiment que celui qui l'avait enfanté. Guy Boley va recoudre son passé déchiré et l'assembler pièce par pièce pour faire revivre son père. Il nous entraîne entre un dépôt de chemin de fer et la forge paternelle, à la recherche d'un héros boxeur et artiste amateur, d'une beauté sauvage à la James Dean, qui deviendra un soir sur la scène d'un théâtre paroissial le fils de Dieu.

Le père de René s'est fait écrasé quand son épouse était enceinte, sa mère, son deuil l'a transformée en un triste personnage acariâtre et morose, contrainte d'aller faire des ménages chez les bourgeois, et pour lui, l'école au rabais et entrer dans la vie active à 14 ans chez un forgeron parce que ça fait un salaire de plus à la maison. Il puise son savoir dans le Petit Larousse illustré, un amoureux des mots qui se plonge dans l'océan des lettres. Il recopie des mots au hasard, en fonction de leurs formes et de leurs sonorités.

Et puis il y a Pierrot, le copain de toujours, le frère incontournable, qui à force de lire la Bible est devenu père abbé. René est un artiste, sensible, créateur, naïf, orgueilleux, fragile. Sa mère l'a inscrit dans un club de boxe pour faire de lui un homme.
« Ça fait les hommes, la boxe, affirme sa mère. Tout comme la gnôle, les tranchées, l'enclume ou le pas de l'oie. C'est pour ça qu'elle l'a inscrit au club, afin qu'il entre, en costaud, dans le troupeau des mâles, qu'il accède à l'âge adulte en gentleman couillu. »

La mort du second fils, le petit frère de l'auteur « Ainsi le petit frère était devenu un ange. le seigneur Tout-Puissant l'avait rappelé à lui comme on rappelle un chien pour qu'il rapporte un os, sauf que l'os, c'était lui. », ajoutée à la mort de Marcel Cerdan et le père se retrouve kO, et le champion sombre.

« Il commençait à boire, en revanche. Et pas en amateur, mais en professionnel... Très vite, il devint champion du monde des trinqueurs, catégorie poids lourds. Il ne vola pas son titre. »

Si je n'est pas retrouvé toute la poésie de son premier roman « Fils du feu » l'écriture reste toujours aussi belle, comme le forgeron Guy Boley sait ciseler ses phrases, travailler les mots. Que ce soit un combat de boxe, où le travail du forgeron, les descriptions sont toujours un travail de précision. L'auteur sait nous émouvoir, nous attendrir, nous faire sourire. Guy Boley au-delà de l'émotion provoquée par le souvenir de ce père n'hésite pas à se mettre à nu pour évoquer sa propre déchéance et cette douleur de ne pas être devenu le fils dont ses parents rêvaient et dont ils auraient pu être fiers. Une magnifique déclaration d'amour d'un fils à son père..







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Avec Quand Dieu boxait en amateur, Guy Boley écrit un magnifique hommage à son père.
Dans ce roman, l'auteur, dans un style truculent, plein d'humour mais surtout plein de tendresse, nous fait part de l'amour qu'il porte à son père et qu'il n'a pas toujours pu ou su lui dire.
Un roman que j'ai lu d'une seule traite avec un infini plaisir.
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J'aurai préféré commencer par son 1er roman : fils du feu ,mais il était sorti à ma bibliothèque ( je l'ai réservé ) donc je me suis " rabattue" sur son 2ème.
Difficile à lacher tant le style est lumineux,percutant ,âpre et parfois lyrique.J'ai ri ,j'ai pleuré au travers la plume de Guy Boley
Roman intimiste où il raconte au travers ses yeux d'enfant ,d'adolescent et d'homme,la vie de son père.
Un gamin,élevé sans père, par une mère dure à l'ouvrage femme de ménage chez les bourgeois ,pour qui lire un livre etait une perte de temps et qui inscrira son fils René à la boxe deux activités totalement opposées qui plus tard se rejoindront.
Une amitié indéfaillible entre deux gamins: René et Pierrot pour qui la littérature et le théatre ouvriront plus tard de grandes esperances,surtout pour Pierrot qui deviendra abbé Pierre .René lui sera forgeron mais aura bien d'autres " cordes à son arc" .Le tout évoqué dans un quartier populaire du Jura, au commencement dans les années 30 ,jusqu'à la mort du père dans le même hôpital qui le vit naître. Un livre oùles liens du père et du fils sont décrits de façon magistrale.A recommander⭐⭐⭐⭐

Extrait( page 123)
" -Ça cause quand même de Jésus ,ton histoire?
--Ça parle d'éternité .D'intemporel.On n'est plus sur terre mais dans sa métaphore: on touche les étoiles!
-J'atteindrai le sommet?
--Oui.
--Le sommet des sommets?
-- Je te le jure.
-- Je deviendrai comme Dieu?
-- Je ne te demande pas de blasphémer. Tu deviendras roi ce n'est déjà pas si mal.
--Roi du monde?
--On va commencer plus bas ,tu graderas au jour le jour.
-- Je commencerai à quel niveau dans la royauté ?
--Dans l'état actuel de ta modestie et de ta perception de l'art ,je ne peux rien t'offrir d'autre ,mon vieil et grand ami ,que la couronne de roi des cons. 》
L'abbé part en piaffant ,court sur la neige glisse,tombe et crie.Renė lui saute dessus et ils finissent corps mêlés sur neige humide ,dans l'eblouissant charivari des rires fous de leurs dix ans.
J'ai mis cet extrait car j'ai pensé à l'écrivain : René Fallet que j'aimais beaucoup.⭐⭐⭐⭐

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Superbe. Un uppercut littéraire, oui. L'image coule de source, ce livre parle entre autres de boxe, l'auteur en parle d'ailleurs tellement bien.

« Ce n'est rien d'autre que ça, la boxe : adrénaline fleurdelisée sur liberté incandescente. Une vie d'éclair, de rédemption, un naufrage sans radeau où celui qui se noie n'ira pas plus profond que le bleu du tapis. Elle est bien loin de ce que d'aucuns en disent : sport violent où deux tas de viande abrutis se martèlent le visage. La boxe n'est pas un jeu. On joue à la raquette, on joue au ballon rond. On ne joue pas à la boxe. C'est pour cela qu'on l'appelle le noble art. Car il faut de la noblesse pour monter sur un ring. »

Un hommage vibrant, attendrissant à son père. Ce livre ... pour le glorifier. le déifier. Et sanctifier son nom sur l'autel païen qu'on nomme littérature.
Une touchante histoire d'amitié.
Une excellent moment de lecture; Guy Boley manie les mots comme un boxeur manie ses poings, avec puissance et précision, et beaucoup de talent. Des mots, des phrases, des paragraphes percutants, touchants, qui donnent des frissons, qui enchantent.
Des mots qui parlent de la vie, simplement. Et je suis tombée sous le charme de sa plume.
Rendez-vous donc pris avec son précédent opus Fils du feu.

« Je n'ai compris cela qu'après. Il faut que les gens meurent pour que le linceul devienne ce palimpseste où leur vie fut écrite avec leur destinée, et non avec celle qu'on leur avait, de leur vivant, forgée. »

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Avec un récit inspiré de son vécu, construit sur l'amour filial et l'amitié, Guy Boley transforme en maitre l'essai de son remarquable premier roman Les fils du feu.

Guy Boley, c'est un style d'une élégance sans pareille, lumineuse, poétique, capable de vous glisser une métrique heptasyllabe dans une seule phrase. La plume reste pour autant simple pour décrire, analyser, faire passer l'émotion, avec pudeur et un petit zeste d'humour savoureux.

Le propos m'a moins accrochée, lassée de cette régulière production de récits en thérapie familiale personnelle qui fait le fonds de commerce de nombres d'auteurs français.
Si mon plaisir n'a tenu que par l'écrit, voici néanmoins une belle histoire d'amitié entre deux amis d'enfance aux parcours d'adultes bien éloignés. Une fraternité d'hommes qui ne se dément pas, au-delà des différences intellectuelles et spirituelles. Et pour l'auteur qui plonge dans le passé, un travail de mémoire pour un père qu'il était nécessaire de se réapproprier pour mieux le comprendre.

Un auteur qui fait son chemin, et qui le mérite bien.
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René, forgeron depuis l'âge de quatorze ans, deviendra champion de France de boxe, écrira des opérettes, fera du théâtre à la salle paroissiale........
Mais il restera avant tout forgeron et vivra en sourdine ses véritables passions.
René, c'est le père du narrateur, le père de l'auteur.
Auteur qui en fait un beau portrait et lui déclare après sa mort un amour qu'il n'a pas vraiment su lui montrer de son vivant.
D'une belle écriture cultivée, il témoigne d'une époque où le travail primait sur les aspirations.
Il y a beaucoup de sentiments, de l'humour aussi.
Si j'ai apprécié le livre, je n'ai cependant pas su me faire gagner par l'émotion et suis un peu restée en retrait.
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Lu dans le cadre du Prix Horizon du 2ème roman de la ville de Marche-en-Famenne (Belgique), édition 2020
Je découvre cet auteur à l'occasion de son deuxième roman.
L'écriture est très belle.
Le sujet est touchant. Ecrire sur son père, celui qui a été son Dieu... Comme je le comprends, moi qui ai élevé mon père à ce même rang...
Forgeron de métier, ce père est aussi boxeur amateur. Cela donne lieu à des descriptions du travail sur les locomotives et voitures de chemin de fer ainsi que celles des combats de boxe.
Je me suis fortement ennuyée. Je n'ai pas été touchée . Je suis passée à côté...
Je me demande si l'auteur n'a pas voulu en faire une oeuvre magistrale, à la hauteur de l'estime qu'il avait pour son père... et qu'à force d'en faire trop, il m'a perdue en chemin. Dommage...
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