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sur 276 notes
Un grand, un immense MERCI au éditions Grasset et à Masse Critique de Babelio qui m'ont permis de lire ce superbe roman !
Mon père, ce héros... C'est un peu le poème de Victor Hugo qui donne la scansion du roman-récit de Guy Boley. A l'hôpital de Besançon (Doubs), trois étages séparent la naissance de René, ce père tant admiré, de sa mort. Cette distance, apparemment étriquée, le narrateur nous en fait toucher la beauté banale en accomplissant par l'écriture le chemin à rebours.
Orphelin de père ("Paf ! Ecrasé entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre"), René voyage sans quasiment bouger de l'appartement familial hormis pour l'école et puis, plus tard, pour sa forge. Ses plus belles explorations, c'est le Larousse qui les lui offre dans le secret de sa chambre : les mots, leur musique, leurs significations, les images qu'ils font naître, représentent un trésor dont il se sent à la fois dépositaire et indigne. Effrayée par l'idée que son fils puisse se "féminiser" par la lecture (activité peu virile s'il en est !), la mère de René l'exhorte à s'inscrire dans un club de boxe. Boxeur amateur, devenu champion, René combat avec la même fierté et la même dignité qu'il frappe l'enclume. Il cogne et les traces que laissent ses coups sont autant de mots imprimés dans la chair pour marquer son passage, pour cerner les contours d'une vie.
Et voilà que Pierrot, l'ami d'enfance devenu abbé shakespearien, a l'idée saugrenue d'adapter la Passion du Christ pour la fête paroissiale annuelle et d'en confier le premier rôle à son copain René ! Après tout, amoureux des mots au point d'en faire des chansons, des opérettes et des poèmes, ce dernier pourrait aussi bien s'approprier ceux d'un autre pour leur donner vie ! La stature et le charisme de René font de lui un Jésus convaincant, surtout aux yeux de son fils, persuadé de la réalité des souffrances endurées par son père sur scène. Mais les enfants grandissent et les pères vieillissent. le père, mis KO par la perte d'un second fils, s'enfonce dans l'alcool et son fils apprend le mépris.
La mémoire de ce père flamboyant, de ce dieu sculpté par un regard d'enfant, est magnifiquement inscrite dans les phrases du narrateur, dans cette fresque à la fois sociale et intime à laquelle il donne toutes les nuances de la vie et de l'amour filial. Cet amour à la fois admiratif, impertinent et respectueux est mis en mots d'une manière poignante : l'humour, parfois corrosif, mais le plus souvent teinté d'une tendre malice, baigne la narration, alors même qu'elle semble imprégnée d'un chagrin immense, de ceux que l'on sait irrémédiables. Guy Boley réussit le tour de force d'émouvoir par des phrases d'un lyrisme sensible, charnel, et parvient, sans grandiloquence, ni affectation, à exprimer la profondeur des sentiments et leur complexité. "Quand Dieu boxait en amateur" érige un splendide Tombeau à ce père couronné d'épines, à ce Mohamed Ali auréolé de la gloire des humbles et des purs. Beau et juste du premier au dernier mot.
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Guy Boley enfile ses gants de boxe pour mettre KO ses lecteurs.
Après Fils du feu, premier roman, multi-primé, où il posait son regard sur le fils qu'il fut, il dresse un autel à son père « Parce que c'est insensé, le nombre de choses dont ça peut être champion du monde, un père ; le nombre de combats que ça a dû mener pour transmettre la vie, puis la porter, à bout de bras, de nos premiers pas à nos premiers ébats, en supportant son poids comme Atlas l'univers. »
Pour cela il nous fait gravir le podium à rebours, la troisième marche est celle de l'état des lieux et de la découverte de la boite de Pandore. Celle du sommet c'est la vie de ses parents avec la mise en avant de la vie de son père, la construction d'un homme, qui ne se fait pas sans amour et sans amitié, celle avec l'ami Pierre, est remarquable. La seconde marche qui devient ici la dernière, est celle où l'enfant que chacun a pu être doit mettre KO ses regrets ou remords, car dans la vie chacun doit couper le cordon et être parfois égoïste, mais le temps passe vite.
La famille est une famille simple vivant à Besançon, quartier Cras Chaprais, comme les gens humbles ils sont élevés dans des valeurs à leur portée, le travail, le respect, la dignité, la maison doit toujours être astiquée-encaustiquée, on élève les enfants à ne pas rêver plus haut, car la culture par exemple, est quelque chose qui ne peut leur être accessible. On les forge à être des hommes, on boxe pour étoffer ses épaules de mec, on bosse de ses mains, on gagne son pain.
Alors souvent dans cette éducation les rêves sont étouffés dans l'oeuf.
L'auteur à l'art de nous rendre une gestuelle, qui m'émeut et de faire revivre une société qui a disparu. Autrefois chacun pouvait s'identifier à son monde : ouvriers, paysans, bourgeois, cela marquait une appartenance et aussi une fierté. Maintenant, le monde est partagé entre les riches et une multitude qui vit en lisière qui ne se sent plus rien, concernée par rien, plus grave qui n'a plus rien à transmettre.
Alors, il y avait encore la transmission, minot il apprenait le métier de la forge, sans un sou en retour pour le travail accompli, juste l'héritage du geste, de la sueur partagée autour de la gueule de feu…
Et puis au sortir de l'adolescence, le fils, le jeune se croit plus fort, plus vivant, plus libre et claque la porte. Il reviendra poussé par de multiples raisons, mais passera à côté de ses parents usés, désabusés par cette vie qui les pousse en dehors d'eux, leur monde a déjà foutu le camp.
L'âge où devenus inutiles, ils sombrent l'un après l'autre dans l'océan d'une vieillesse précoce.
Pourtant, « On aurait fait une photographie de nos deux mains que l'on n'eût pas distingué laquelle était la sienne, laquelle était la mienne, hormis peut-être d'infimes tavelures trahissant l'âge… Mon père fréquemment, à cette heure, s'endormait. Je posais alors, profitant de son sommeil, une de mes mains sur une des siennes, cherchant dans l'énigme de nos doigts emmêlés une trace adamique. Car c'était lui, mon père, qui fut tout à la fois mon premier homme, ma première parole, ma première étincelle et ma première aurore. »
La main qui tient la plume, celle du fils ? du père ? fait crisser les mots sur la page de nos émotions partagées.
L'émotion, crescendo, s'insinue en nous, pour nous cueillir de plein fouet, comme un uppercut donné, du plus profond des gants de boxe délivrant, non des coups, mais « des mots d'or et de jade, de porphyre et de marbre, pour le glorifier. le déifier. »
Rencontrer Guy Boley, l'écouter dans ses mots et ses silences, dans sa vérité d'homme, rend ses livres encore plus bouleversants et je fais partie des lecteurs qui attendent ses autres livres avec impatience.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 novembre 2018.
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La vie du père de l'auteur à Besançon. Issu d'une famille modeste – son père, cheminot, est mort accidentellement, sa mère fait des ménages – il ne peut faire d'étude, bien qu'il soit passionné par la lecture. Il devient forgeron, joue des rôles de figurant au théâtre municipal, écrit lui-même des chansons, chante des airs d'opérette avec sa femme dans sa cuisine devant un public de voisins. Mais ce qui le sort du troupeau, c'est la boxe. Il devient même champion amateur. Pierre, son ami d'enfance, devient prêtre et bientôt curé de la paroisse. Il l'engage pour jouer Jésus dans la Passion, rôle qu'il va endosser pendant une vingtaine d'années jusqu'à la mort prématurée d'un bébé qui aurait pu enfin être le frère de l'auteur. La fin de sa vie est triste, marquée par le sentiment de l'échec et l'alcoolisme. Hommage vibrant à un père méconnu et même renié par l'auteur. Très belle langue, travaillée, pleine d'humour, de références, de dérision peut-être jusqu'à devenir un peu trop systématique.
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« En Afrique, quand un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle » Amadou Hampâté Bâ.

Quand un père décède, pour ses enfants, c'est un monde qui s'éteint, celui de l'enfance.

Avec Quand Dieu boxait en amateur, Guy Boley rend un vibrant hommage à son père disparu. Mais qui était ce père ?

René, le père de l'auteur est né à Besançon, dans le même hôpital où il mourra, trois étages plus bas. Élevé seul par sa mère, veuve, René n'a qu'un ami, Pierrot. Ils sont inséparables. Leur territoire de jeux, c'est le dépôt ferroviaire, au milieu de locomotives en réparation et de wagons mis au rebut. Tous deux passent leur temps plongés dans les livres. René voue une passion au dictionnaire tandis que Pierrot est féru de mythologie. Ce goût pour les mots désespère la mère de René. Elle décide de le mettre à la boxe.

La suite de ma chronique sur le blog. Lien ci-dessous


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Ce sont les derniers chapitres qui donnent la clé de ce beau roman. Pourquoi écrire un roman et non un récit sur son père? Pour revivre et ré-inventer des années heureuses, passées trop vite et gâchées trop tôt.
Un livre émouvant mais jamais larmoyant, drôle, incarné.
Qui nous rappelle la citation de F. Dard, "si j'avais su que je l'aimais tant, je l'aurais aimé davantage".
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René, le père du narrateur est décédé, seul dans un petit hôpital de quartier. Pour l'homme vivant le constat est difficile, connait-il vraiment cet homme au-delà de l'alcoolique qui lui reste en tête ? Pour le fils c'est l'occasion de redécouvrir le père. Fils unique et orphelin de père, forgeron à quatorze ans, lecteur en secret, toujours fourré avec Pierrot qui deviendra prêtre, boxeur et comédien, René a eu une vie multiple et bien remplie. Ses objectifs de se surpasser, d'apprendre et d'être le meilleur l'ont mené dans des situations incongrues. Entre champion de France de boxe en amateur et le rôle de Jésus dans la troupe de la paroisse, comment ne pas être un dieu vivant aux yeux de son fils ?

J'avoue cette lecture a été plutôt difficile. Je n'ai pas vraiment compris où l'auteur m'emmenait, j'ai eu l'impression d'un enchaînement de faits et histoires qui forment la vie de René. Peu à peu le narrateur apprend à connaître ce père qui a été un dieu, un homme dur, détruit, finissant alcoolique.

Plutôt attachant, ce grand gaillard traverse les décennies avec son petit Larousse illustré et son grand ami Pierrot, tout deux parlent littérature, mots, foi et humanité. Ils échangent surtout des silences car dans leur quartier populaire et ouvrier on n'a pas l'habitude de parler pour rien dire. Voilà un univers dans lequel il n'est pas aisé de grandir.

Ce qui m'a tenu jusqu'au bout c'est indiscutablement le style ! Parfois ampoulé, j'y ai trouvé quelques longueurs. L'auteur joue magistralement avec les mots, les expressions, les figures de styles, le vocabulaire très précis dans tous les domaines... Et surtout la petite touche d'humour qui va bien !

Je ressors donc mitigée de cette lecture mais garde un bon souvenir de cette plume précise et incisive !
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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Un très bon moment à la lecture de ce livre.
Très émouvant surtout à la fin.
Le style est très poétique .
Un bel hommage d'un fils à son père qui a eu du mal à lui confier tout son Amour lors de son vivant.
Un livre qui parle de religion de modernisme et de leur évolution.
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C'est un roman touchant, émouvant que l'auteur nous offre ici. C'est aussi autobiographique car Guy Boley parle de son père, de ses liens d'amitié avec un ami d'enfance devenu prêtre.
L'auteur raconte qui était son père et de quelle manière il a inspiré sa vie. le récit est simple, bien écrit et agréable. Cette histoire est universelle. J'ai passé un joli moment de lecture.
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Après Victor Hugo et les Frères Lumière, René est né à Besançon, en 1926. Orphelin de père, il vivait avec sa mère dans un quartier populaire. « Ce quartier fut toute sa vie, sa seule mappemonde, sa scène de théâtre, son unique opéra…il y passa sa vie, de forgeron, y aima l'enclume, la boxe et l'opérette. Et le théâtre par-dessus-tout ».

René avait un ami, Pierrot, qui devint abbé. Grâce à lui, René avait interprété « La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Malgré l'autorité que sa mère déployait pour éloigner René de ces objets (les livres) « qui zigouillent les méninges et abîment les yeux » René avait une âme d'artiste.

Hélas, il fallut que son père soit victime d'un AVC à 64 ans et qu'il meure un peu plus tard, pour que Guy , le fils de René, réalise qu'il était passé à côté d'un homme sans le connaître.
« Il faut que les gens meurent pour que leur linceul devienne ce palimpseste où leur vie fut écrite avec leur destinée, et non avec celle qu'on leur avait, de leur vivant, forgée. »

D'une histoire qui pourrait être banale, un rendez-vous manqué entre un fils et son père, la réparation qui arrive à la lumière de regrets et de remords illumine ce roman. C'est forcément triste et pourtant, c'est très beau. Guy rend un bel hommage à son père à travers les mots, les phrases, les références littéraires que ce dernier aimait.

Quant à l'écriture, l'humour voire l'ironie qui la compose m'ont fait penser à la soupape que nous utilisons parfois pour cacher nos vraies émotions ou les sentiments que nous n'osons pas extérioriser.
Bel hommage au père, ode à l'amitié, et honneur à l'écriture, aux mots, à la musique, au théâtre… à la culture en général.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Avec Quand Dieu boxait en amateur, Guy Boley part à nouveau à la rencontre de son père. Mais d'un père séducteur, un père qui s'est construit dans une misère relative. René est orphelin, élevé par une mère peu éduquée et qui a peur des livres, il devient forgeron puisqu'il faut bien vivre, et boxeur, car ça fait du bien de se sortir la tête des livres ! Devenu père de famille il sera également un temps comédien amateur.

La famille vit quelque part au bord du Doubs, du côté de Besançon. L'ami Pierrot, l'ami d'enfance, appelé par Dieu, est entré dans les ordres. Revenu au pays il devient l'Abbé de ce Dieu en qui ne croit pas René, mais dont il va lui parler toute sa vie. A tel point que pendant des années René va tenir le rôle de Jésus à la fête paroissiale … Jusqu'au drame, déjà évoqué dans le premier roman, dense et destructeur, la mort d'un enfant, d'un petit, repris par un Dieu inhumain…

On entre avec ce roman comme dans un autre temps, pourtant les années 50 ne sont pas si loin. Mais ici c'est le monde de la forge et de la cure, du théâtre amateur et de Luis Mariano, le monde des ouvriers et des Abbés, des femmes qui viennent voir ce bel athlète qui incarne Jésus, toutes sans doute secrètement amoureuses du beau René. C'est nostalgique à souhait d'une époque révolue, parfois triste et souvent belle, celle de l'enfance insouciante, celle plus difficile de la famille désunie à la suite de la perte d'un enfant, une fois de trop et de la famille anéantie par un Dieu qui n'est ni bonté ni amour.
Ce sont les souvenirs d'un fils pour cet homme taiseux qui n'avoue jamais son amour, puis d'un homme affaibli, alcoolique, solitaire et abandonné y compris par ce fils qui pourtant le glorifie aujourd'hui par ses mots et son amour révélé.

lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/10/26/quand-dieu-boxait-en-amateur-guy-boley/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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