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sur 276 notes
Je vous parle un peu de Quand dieu boxait en amateur de Guy Boley.

On suit le parcours de René, orphelin de père mort « paf, entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre », expression tant répétée qu'il n'en gardera que cet unique souvenir, dont la mère autoritaire lui préférera la boxe à ses aspirations artistiques afin qu'il ne devienne pas une gonzesse, que jamais une émotion ne glisse sur ce visage de héros grec et ce port altier.
Il embrassera à 14 ans la carrière de forgeron, en même temps qu'il balancera ses premiers uppercuts et knowout. Il empruntera plus tard, pour son ami Pierrot ( non pas sa plume... mouais, facile ), devenu abbé, la tunique de Jésus sur scène, lors de son élévation, chaque année durant la fête paroissiale, jusqu'au drame familial.
Dans ce second roman, Guy Boley prend la plume pour rendre à son père défunt, sa couronne de lauriers, tressée de superbes phrases et d'envolées lyriques absolument sublimes.
Plus grand chose de prosaïque dans ce récit, c'est presque un poème sans vers que nous propose l'auteur, écrit avec force, respect, et une grande maturité littéraire.
Boley décrit la condition des hommes de cette époque oubliée dans un paysage populaire, un peu à la manière d'un Giono et ses visions De Grèce antique.
Dieu du ring, Zeus de la forge, fils du tout-puissant sur scène, mon missel à la main, j'ai relu plusieurs fois quelques passages, tant ils étaient beaux, en communion avec l'auteur.
Quel magnifique moment de partage et d'intimité ! de la très belle littérature pour une vie finalement chagrine.
Ce second roman permet également un coup de projecteur sur le premier Fils du feu, et de ressentir davantage ce qui était de l'ordre de l'imaginaire et de l'autobiographie... à moins que tout ne soit qu'autofiction.
Quand le texte est supérieur à l'histoire qu'il raconte, ça reste de l'or en barre.
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Ce petit livre (170 pages) est un petit bijou. Petit bijou d'écriture, d'abord, avec des images, une virtuosité dans la construction… Petit bijou d'histoire, aussi, avec ce fils qui raconte son père, qui explore, qui gratte, qui reconstruit, qui retrouve la magie de l'enfance.

Guy Boley, qui a été maçon, ouvrier, chanteur de rue, cracheur de feu, acrobate, saltimbanque, directeur de cirque, funambule à grande hauteur, machiniste, scénariste, chauffeur de bus, garde du corps, cascadeur puis dramaturge de compagnies de danse et de théâtre, fait revivre sous nos yeux son père, lui même personnage hors du commun, couronné par un titre de champion de France de boxe amateur. Il faut aussi revivre la ville de Besançon des années 30 jusqu'au tournant des années 2000 – l'essentiel de l'histoire se déroulant dans les années 50 et 60 – avec une maestria incroyable. La forge du père, proche du dépôt de la SNCF, et ses locomotives à vapeur qui parsèment le paysage de suie en même temps que d'une poésie surannée.

René et son ami Pierre forme une équipe comme on n'est plus sûr qu'il puisse en exister. Amis d'enfance, ils ont tout partagé, et, une fois grandis, la foi de l'un et l'areligion de l'autre peuvent encore cohabiter et s'entendre. Rien que cela fait du bien, dans notre société où les communautés, fussent-elles Bookstagrammeuses ou Booktubeuses vivent davantage de l'exclusion que de l'inclusion… mais je m'emporte…

Et puis on retrouve la société des années 60, avec une mère qui ne veut pas que son fils lise, qui le met à la boxe pour en faire un « homme », avec un curé qui voit le mal partout, avec des « taiseux » et une grand-mère rude.

Rafraîchissant, ce livre l'est, mais ce n'est pas une bluette en mode « easy reading ». Car les mots sont travaillés jusqu'à l'os y compris pour décrire les sentiments les plus brutaux, les situations les plus dures. Car le monde s'écroule, autour d'un petit cercueil, qui brise net une famille entière. L'auteur, alors, ne s'épargne pas lorsque, décrivant le père ayant sombré dans l'alcool, il se décrit lui-même comme cynique, méprisant, envers ce père qu'il avait porté au pinacle et qui est redescendu du piédestal. Ils ne partagent plus grand chose d'autre que des beuveries tristes…

Mais, heureusement, un mois à peine avant la disparition du père, ce père et ce fils sont parvenus à se retrouver. Car c'est en fait cela que raconte ce livre : une relation père-fils – et, plus largement, sans doute, même s'il y a sans doute des distinctions, d'une relation parent-enfant -, marquée par la relation du père à sa mère, notamment. Et, que l'on soit père, ou que l'on soit fils, ou que l'on soit les deux, bien que l'on n'ait naturellement pas vécu la même chose, on ne peut pas ne pas trouver dans ce livre des échos de nos propres interrogations, angoisses, cassures.

Je ne sors pas de ce livre en ayant l'impression de m'être pris un uppercut… mais en regrettant presque de ne pas avoir eu l'occasion d'enfiler les gants dans une salle comme celle qui nous est décrite, avec son ring « peu éclairé, sale et gris dans la froideur du gymnase que tente de chauffer un ridicule poêle à bois », dans cette salle où ne se trouvent que « quelques chaises vides, balais et serpillières, un ou deux punching-balls , des sacs de frappe au cuir troué, de vieux tapis de gym, des haltères, une grosse balance en fonte qui ressemble à une horloge comtoise ».

Un livre pour les pères, pour les fils, pour les amateurs de mots également…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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Guy Boley raconte son père : petit garçon rêveur, élevé par une mère mal aimante et rigide que la culture inquiète et que la lecture effraie. René ne connait de son géniteur qu'une photo de l'harmonie où il joue du cornet à pistons et la seule phrase que la mère a pu lui dire '' Paf ! Ecrasé entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre !''. René aime les mots, il passe son temps dans la lecture et la contemplation du dictionnaire. Il découvre ensuite la boxe, puis le travail à la forge puis le théâtre. C'est un véritable artiste que la vie va façonner autrement.
A travers ce récit, le narrateur exprime tout l'amour pour son père, toute l'admiration qu'il lui porte: un homme, simple qui allait au bout de ses passions. Champion de France de boxe amateur, figurant de théâtre qui devint ''vedette'' en interprétant le Christ avant de finir alcoolique après un drame.
Beaucoup de sensibilité pour parler itinéraire de vie, et injonction sociale. L'auteur met en scène l'habitus Bourdieusien : il est difficile de s'extraire du carcan imposé malgré le talent, le travail, les aspirations et même les réussites.
C'est le fils qui en mettant des mots, redonne de la dignité à ce colosse tombé en alcoolisme. C'est cet amour filial, né de la re-connaissance à travers la fragilité, après la chute, après la maladie qui célèbre l'extraordinaire de ce destin populaire.
Guy Boley magnifie la boxe, décrypte le théâtre et interroge la religion. Il dit aussi l'immensité et la maladresse de l'amour dans les relations père/fils.
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Du côté de Besançon, une amitié durable se noue entre René et Pierrot. René,orphelin de père, amateur de livres et du dictionnaire au grand désespoir de sa mère femme de ménage apprend très jeune le métier de forgeron pour faire bouillir la marmite du foyer. Il suit des cours de boxe de façon assidue et devient un très bon amateur. Pierrot, grand lecteur de la bible devient l'abbé Delvault et embarque René dans une reconstitution théâtrale de la passion du Christ. le narrateur, fils de René raconte l'histoire et y apparaît, au début et à la fin. Roman sympathique, mais l'humour un peu lourd qui fait parfois sourire ne suffit pas à donner du corps à cette narration qui s'essouffle assez vite.
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Après Fils du feu sorti en 2016 aux éditions Grasset, l'auteur bisontin Guy Boley revient avec Quand Dieu boxait en amateur, son nouveau roman. Disponible en format poche chez Folio depuis peu, ce nouveau livre signé Guy Boley est l'occasion de se confronter à nouveau avec un auteur dont le nom résonne de plus en plus.

# La bande-annonce

« Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, ouvrir son dictionnaire et recopier des mots dont il se demande comment il parviendrait à les tordre sous sa langue pour construire des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier. »

Dans une France rurale oubliée, un gamin passionné par les mots grandit auprès d'une mère que la littérature effraie. Elle veut faire de lui un homme. Alors très tôt, René devient forgeron puis champion de boxe, domptant l'enclume et le ring avec la même grâce. Mais jamais ne faiblit son amour des lettres. Quand son ami d'enfance, devenu abbé de la paroisse du quartier, lui offre le rôle principal de sa pièce de théâtre, René se lance dans le plus dur et le plus lumineux des combats, sous les yeux ébahis de son fils.

# L'avis de Lettres it be

Fils de René Boley, forgeron puis boxeur de grand talent, Guy Boley repart sur les traces de ses racines. Après Fils du feu, un premier livre qui avait marqué le début de sa traversée du temps, l'auteur revient aux affaires avec Quand Dieu boxait en amateur. Sans grande surprise, il sera question de boxe, de ring, de sueur et de souvenirs.

C'est une Lettre au père pour mettre les poings sur les « i » que nous offre Guy Boley dans son dernier roman. Deuxième volet d'une trilogie prévue sur ses origines et celles de son monde disparu, Quand Dieu boxait en amateur est un petit joyau, taillé à la serpe. Les trouvailles sont nombreuses, les inventivités de la langue toujours plus savoureuses. Page après page, le titre prend toute son ampleur et cette course au père devient toujours un peu plus splendide. C'est court, c'est incisif, entre ring de boxe, scène de théâtre et pages du dictionnaire : difficile de ne pas apprécier ce doux mélange !

Après lecture, facile de comprendre la nomination de ce nouveau livre de Guy Boley dans la liste pour le Goncourt 2018. Difficile en revanche de comprendre pourquoi ce roman n'est pas allé plus loin. Quand Dieu boxait en amateur est un roman fort, qui boxe les mots et feinte les facilités du genre avec la vivacité des plus grands. Et quelle dernière page… Fort, très fort !

Découvrez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Découverte car première lecture de cet auteur.
Guy Boley rend ici hommage à son père auquel il voue un amour inconditionnel et nous retrace le parcours de sa vie grâce à ses souvenirs et la découverte d'un petit carnet d'écolier que Guy retrouve après la mort de son père. Une redécouverte du père...
Un devoir de mémoire, un portrait intime, un livre plein d'émotions.
La plume de l'auteur ne m'a pas toujours plu mais le respect et la dignité du récit l'ont emporté.

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C'est un livre magnifique, un bel hommage de l'auteur à son père. Mais bien plus que cela, bien plus qu'un autre de ces livres où un auteur rend hommage à son père. Guy Boley y trace un portrait intimiste et touchant de René, son père, tout au long de son existence. On le découvre à 7 ans et on va le voir grandir. On va le voir plus tard adulte, monter sa forge et exercer comme forgeron. On va le voir également devenir boxeur amateur et champion de France. On va le voir enfin devenir comédien amateur et prendre le costume de Jésus dans un spectacle religieux mis en scène par son meilleur ami d'enfance devenu curé de paroisse. Après sa mort, Guy Boley décide de lui rendre sa ceinture de champion, de lui redonner sa grandeur avec des mots très beaux, des mots d'amour, comme un cadeau. Il évoque de façon très belle et très pudique le rapport de son père au monde, à la vie. Son père avait l'amour des mots, mais « personne ne les lui avait offerts », son rang social ne lui permettait pas d'y accéder. Son fils lui en fait don dans une très belle langue parfaitement équilibrée entre pudeur et lyrisme. J'ai aimé l'émouvante tendresse des mots pour parler du père, leur drôlerie pour décrire la réalisation du spectacle, leur dureté pour raconter le fils rebelle. Après le fils dans son premier roman, le père dans le deuxième, j'attends avec impatience le troisième roman de Guy Boley avec sa mère peut-être en déesse.
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Il y a quelque chose de très touchant dans la façon dont, à partir de l'image d'un défunt humilié par sa fin, l'écrivain tente de redonner tout son éclat à une figure paternelle originale, riche de multiples passions et d'une volonté de vivre pleinement sa vie. Comme une revanche sur une enfance pas toujours rose aux côtés d'une mère veuve et acariâtre, et sur le refus de lui donner accès à l'éducation qu'il aurait souhaitée, René s'engage à fond dans tout ce qu'il fait. Sa mère l'inscrit à la boxe : il deviendra champion. Son ami Pierrot l'embauche pour le spectacle paroissial : il travaille dur pour tenir le rôle de Jésus, lui qui jusqu'alors grimaçait en diable dans une opérette municipale.

Il y a quelque chose d'émouvant dans le parcours de vie de cet homme passionné, à la fois orgueilleux et modeste, célébrité locale et homme simple. C'est un portrait toujours ambivalent qui se dessine, entre l'homme dans la force de l'âge qui apparaissait comme un Dieu au jeune Guy et le retraité qu'il jugea ensuite parfois avec dédain.

L'auteur ne cherche pas à embellir son rôle, plutôt à se mettre au service de la grandeur paternelle qu'il souhaite restaurer. Cette volonté de mettre en valeur le génie des gens modestes, c'est déjà ce que j'avais aimé chez Jean-Luc Seigle, en particulier dans Femme à la mobylette. On n'est pas si loin de cet univers dans ce portrait réjouissant.

Mais le sujet pourrait sembler déjà-vu si la langue n'était pas si belle.

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Très difficile de lire et réagir à ce deuxième livre, le Fils du Feu m'avait tellement bouleversé, envahie, bousculée que j'avait des craintes en lisant ce texte. La première partie m'a semblé consensuelle, une ode à son père, des phrases très travaillée, léchée, un phrasé poétique presque théâtral, tout cet ensemble de signaux ont failli me faire renoncer, car je n'y retrouvais pas la lutte des mots, la puissance et la vérité des émotions de son premier opus. J'ai décidé de m'accrocher, d'accepter cet hommage à un père complexe, entre le feu absolu, le verbe flamboyant et le combat physique. J'ai commencer à prendre goût à cet éloge sincère, à cette dérision émouvante. J'ai baissé la garde et apprécié la langue, dans sa recherche et son rythme et enfin, j'ai partagé la tendresse d'un fils pour un père improbable. La fin de ce roman est magnifique, les mains mêlées du père et du fils, un morceau de roi ! Je tire donc mon chapeau devant cet auteur et le félicite, ce devait être très difficile pour lui pour passer ainsi de la force et de la violence vers l'univers pudique de la tendresse et de l'émotion.
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Guy apprend que son père a été retrouvé mort à l'hôpital un matin, celui la même où il est né.. Il décide alors de nous relater la vie de cet homme, ex forgeron, ex boxeur, ex acteur de théâtre amateur attaché à sa région. Son père, René a partagé son enfance et plus avec son frère de coeur, Pierrot qui attiré par les livres à fini dans les Ordres en devenant abbé. Pierrot veut dynamiser un peu la représentation théâtrale donnée chaque année et pour ce faire, il fait appel à son ami, René pour incarner le rôle principal, job où finalement René se révèle.
Guy Boley rend ici hommage et met en lumière son père au travers de ce roman qui est une déclaration d'amour filial.. Il nous fait part de l'enfance de son père, de sa vie, de ses aspirations littéraires abrégées en raison de sa condition sociale
Ce roman peint les sentiments et relations existants entre ces 2 hommes grâce à une écriture vivante, forte tel un uppercut mais qui se fait tendre à d'autres moments, tel un baume.
Le thème est intéressant, l'écriture aussi mais je ne suis pas arrivée à entrer dans le monde de Guy Boley ni à me mettre dans l'ambiance générale... Un petit arrière goût de déception....
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