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sur 276 notes
J'avais tellement aimé le premier roman de Guy Boley, Fils du feu, que je me suis naturellement précipitée sur son nouveau roman. Guy Boley raconte ici son père René à qui il rend un magnifique hommage. " Mon père ce héros. Mon roi d'éternité". Après son décès, Guy Boley comprend quel artiste était vraiment son père et quels étaient ses rêves. " Toujours on sous-estime les gens qu'on aime trop, ou ceux qu'on aurait dû aimer encore bien davantage."

René habitait près d'un dépôt de locomotives dans un quartier populaire d'ouvriers et de cheminots à Besançon. Orphelin de père, René est brimé par sa mère, une femme acariâtre qui lui impose la pratique de la boxe car elle déteste le voir plongé dans les livres et craint qu'il ne devienne trop efféminé. Ensuite René devient forgeron, devient parallèlement Champion de France de boxe, met en scène avec sa femme dans leur cuisine de naïves petites opérettes et joue des petits rôles au théâtre municipal. C'était un homme d'une extrême sensibilité qui a eu une vie multiple. " Il a fait des tas de choses."

René a un ami, Pierrot, qu'il considère comme un frère, ils sont "deux lierres à jamais enlacés". Pierrot devient abbé et propose à son ami d'interpréter le rôle de Jésus dans son adaptation de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la scène du théâtre paroissial. La vie de René s'enrichit encore d'une autre facette "Roi sur un ring, Jésus sur une scène, Zeus dans la forge."

Quand Guy Boley écrit à propos de son père "Il ne sait pas que ce sera son fils qui, plus tard, arrachera au Petit Larousse des mots d'or, et de jade, de porphyre et de marbre, pour le glorifier. le déifier. Et sanctifier son nom sur cet autel païen qu'on nomme littérature", il n'y a aucune vantardise dans ses propos, ce sont vraiment des mots d'or qu'il manie dans un style éblouissant. L'amour de son père pour les mots et les dictionnaires éclaire l'utilisation par l'auteur d'expressions qui peuvent être jugées assez emphatiques, c'est rare et on lui pardonnera aisément puisque qu'il a reçu cette passion des mots savants en héritage...

Dans un premier temps j'ai éprouvé une certaine déception en retrouvant les mêmes lieux, la même atmosphère que dans Fils du feu (la suie des locomotives, les rails du dépôt, les draps qui sèchent, le muret, la forge...) et la reprise de certaines des thématiques de son premier roman, la ruralité, le monde qui va trop vite... Mais après tout, son premier roman était inspiré de son vécu auprès de cette forge qui a tant compté dans son enfance...
J'ai encore été époustouflée par le style éblouissant de Guy Boley, j'ai savouré cette lecture lentement. J'ai été touchée par son regard sur son enfance décrite comme un palais des merveilles et sur sa complicité avec son père, son dieu vivant. Je l'ai trouvé particulièrement émouvant dans ses regrets et remords dans la dernière partie du récit que j'ai trouvée magnifique. le mot "papa" sort enfin dans les dernières pages... J'ai aimé sa sincérité dans le regard qu'il porte sur son attitude envers ses parents lorsqu'il les a quittés, il n'est pas tendre envers lui-même... Ce roman parle aussi d'une magnifique amitié entre René et Pierre, deux êtres unis par l'amour des livres, les échanges entre les deux hommes sont souvent extrêmement savoureux.
Un magnifique hommage empreint de nostalgie mais non dénué d'humour porté par une écriture sublime.

Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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« Quand Dieu boxait en amateur »… un titre prometteur, attirant, déconcertant et … c'est une réussite !
J'ai adoré cette histoire toute en originalité … Un savoureux mélange de langue française, de boxe, de théâtre, de religion, de relations filiales et fraternelles, de tour de force et de puissance !
Une lecture qui redonne force et courage et qui nous montre que la vie est un ring de boxe et que chacun (chacune) à sa manière y construit le propre match de sa vie 😊
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Je découvre Guy Bioley par ce roman et je suis séduite.

Guy Boley peint avec justesse et pudeur les sentiments d'un fils pour son père. Il évoque son père et un monde ouvrier aujourd'hui disparu. Vivant à Besançon, le narrateur a grandi dans une famille enracinée depuis plusieurs générations, dans le quartier d'ouvriers et de cheminots du dépôt, entre une mère au foyer et un père forgeron. Ce dernier, René, orphelin de père, a grandi, lui, avec une mère exigeante besognant pour élever son fils. Inquiète de le voir plongé dans les livres ou le dictionnaire, dont il recopie des mots qu'il aime, elle l'inscrit à la boxe pour l'endurcir et l'envoie travailler. Il grandira dans ce milieu prolétaire, forgeron le jour, boxeur les fins de semaine et acteur de second rôle pour arrondir ses fins de mois. Ensuite, avec son épouse, il montera des opérettes de quartier pour divertir ses voisins ouvriers.

Son fils unique, Guy, nous raconte ce père alors qu'il vient de mourir. de l'admiration sans borne qu'il lui vouait, enfant, à l'opposition amère de l'adolescence, il n'omet rien. Au fil des pages, on comprend ses regrets et la mauvaise conscience qui l'habite de s'être éloigné de ce père qu'il voyait comme une épave qu'il ne voulait pas être.

Il nous raconte aussi, l'ami d'enfance de son père, Pierre -devenu prêtre dans leur paroisse d'origine - leur amitié indéfectible, leur complicité silencieuse, leurs oppositions et l'amour du théâtre qui poussa Pierre a donné le rôle de sa vie à René qu'il endossa des années durant. Un beau voyage en nostalgie.

Ecrit dans une langue magnifique, ourlée de métaphores, ce roman nous offre, par sa puissance d'évocation, des pages d'anthologie (le récit du combat sur le ring, les répétitions de la Passion). Ce récit prend littéralement aux tripes, par ce qu'il raconte mais aussi par son style lyrique et vif à la fois, le vocabulaire choisi et l'émotion qui affleure à chaque phrase.

Ici bat le coeur du monde ouvrier, de l'amitié, de la solidarité et de l'amour au-delà de la misère et de la nostalgie. Un coup de coeur pour moi.
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J'ai apprécié ce livre de Guy Boley. Auteur trop peu connu, au parcours professionnel atypique, M. Boley nous peint ici un portrait de feu son père. Ce livre autobiographique m'a beaucoup touché. On y retrouve l'amour filial attendu, mais aussi les regrets du fils qui ressent le manque du père disparu et de tout ce qu'il n'a pas dit ou fait du vivant de ce dernier. A l'image d'un Albert Cohen, qui, dans le livre à ma mère, fait un portrait tendre et rempli de cet amour perdu de la mère au fils et du fils à la mère. Ici, Guy Boley décrit avec beaucoup plus de pudeur, ce père à la fois champion de boxe, comédien amateur à succès, mais aussi l'homme plus sombre attiré par l'alccol et peu enclin à l'ouverture et à la discussion. Merci à Guy Boley de nous faire partager ce récit intime qui touche à des histoires familiales parfois douloureuses.
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L'histoire en elle-même est somme toute banale : c'est un récit de vie. le narrateur qui relate la vie de son père décédé. Ce père dont l'ami d'enfance est devenu le curé de la paroisse alors que lui est forgeron. Il boxe aussi , il obtiendra même un titre de champion de France.
Le roman est focalisé sur cette longue amitié indéfectible, tellement indéfectible que le père acceptera de jouer le rôle de Jésus dans l'adaptation faite par l'abbé de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ lors de la fête paroissiale devenue poussiéreuse.

Le style et l'écriture m'ont beaucoup plu : une belle plume, du rythme, des images, des métaphores. de quoi nous faire passer quelques heures plaisantes.

Lu dans le cadre du Prix Horizon du 2e roman de Marche-en-Famenne (Belgique)- 2020
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De son écriture élégante et poétique, Guy Boley nous raconte l'histoire de son père dans ce quartier ouvrier de Besançon qui l'a vu naître et mourir. Orphelin avant même sa naissance, élevé par une mère triste et rude, il devient apprenti forgeron à 14 ans à peine, et s'entraîne à la boxe pour "devenir un homme", sa mère voyant d'un mauvais oeil son amour des livres.

Guy Boley nous retrace ainsi l'itinéraire de ce père adulé puis méprisé, qu'il finira par comprendre trop tard : son amour des mots contrarié par les études qu'il n'a jamais faites, ses velléités artistiques jamais vraiment prises au sérieux, la mort d'un enfant qui le brise définitivement.

Un hommage touchant d'un fils à son père, une chronique douce-amère de la vie dans ce quartier ouvrier aussi. Guy Boley nous offre un roman à la fois tendre et poignant, servi par un style fluide, simple et poétique, tout simplement élégant.
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Hommage filial, à la fois pudique et lyrique, à un père complexe, taiseux comme bien des hommes de sa génération. Orphelin dès son plus jeune âge, il devient forgeron, poussé par sa mère. Pétrie par les représentations du temps, celle-ci préfère voir son fils suer sang et eaux à la forge ou sur des rings de boxe, plutôt que se « crever » les yeux sur des livres comme son copain d'école qui deviendra abbé.
L'exercice d'admiration traite en creux la question de l'assignation sociale et de ses conséquences calamiteuses de générations en générations. Portée par une écriture généreuse et pourtant retenue, « Quand Dieu boxait en amateur » n'est pas sans rappeler « le bleu de chauffe » de Nan Aurousseau. Pour touchante que soit cette démarche, je me suis bizarrement détachée progressivement des personnages et de leurs destins, pour refermer le livre en me sentant un peu comme une intruse.
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« Quand Dieu boxait en amateur » c'est tout d'abord le plaisir de retrouver l'ambiance et les lieux du premier roman de Guy Boley : cette lessive humide qui sèche au gré du vent pendant que la forge et les locomotives rythment le quotidien des ouvriers de Besançon. Mais, « Quand Dieu boxait en amateur » c'est surtout le plaisir de retrouver la plume époustouflante de cet auteur découvert/révélé sur le (trop) tard.

« Car c'était lui, mon père, qui fut tout à la fois mon premier homme, ma première parole, ma première étincelle et ma première aurore. »

Ce récit, qui débute par le décès du père de l'auteur, remonte ensuite le temps afin de nous conter l'histoire de ce père d'origine modeste, devenu forgeron par nécessité et boxeur par obligation, ainsi que celle de son ami d'enfance, devenu abbé. Outre une belle histoire d'amitié entre deux gamins devenus inséparables, Guy Boley rend surtout un hommage vibrant à son père. Pourtant, au fil de l'adolescence, Guy Boley perdra progressivement la foi en celui qui fut jadis son Dieu, avant de la retrouver (beaucoup trop tard) et de la partager avec nous…

Si Dieu boxait visiblement en amateur, son fils écrit par contre comme un véritable professionnel, proposant une narration pleine de nostalgie, d'humour et de tendresse, construisant des phrases débordantes de poésie, d'ironie et d'émotion et ressuscitant non seulement son Dieu au fil des pages, mais également l'atmosphère, les sons et les odeurs de son enfance.

Encore un coup de coeur de cette rentrée littéraire 2018, d'ailleurs méritoirement sélectionné parmi la première sélection des candidats au Goncourt.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Déçue d'être déçue….
Mais pouvait-il en être autrement, quand Fils du Feu, une de mes plus grandes révélations littéraires, m'avait fait connaître la transcendance ?
Il ne faut jamais révéler le secret d'un tour de magie, et c'est un peu l'impression que ce deuxième roman de Guy Boley me donne. J'étais dans mon mystère, vénérant un livre dont la force était de l'ordre du divin, et soudain l'auteur vient réécrire une sorte de deuxième version qui m'apparaît presque burlesque tellement elle me désillusionne. Comment éteindre le souffle magistral, la puissance volcanique d'un premier roman? En en écrivant un deuxième sur le même thème (la famille, les origines) mais dans un autre style. Guy Boley s'essaie à l'humour, et je le préférais en dramaturge. Je préférais quand il me parlait de son enfance, des silences, des grenouilles étêtées, des draps séchant à l'air, de tout ce qu'il inscrivait en nous par métaphores sublimes. Je n'avais pas envie de voir l'envers du décor, je voulais rester sur scène, et non derrière la caméra, je ne voulais pas connaitre les détails ni savoir ce qu'il se passe derrière le rideau de théâtre. Je préférais son père taiseux, et allégorique.
Les dizaines de répétition de la mort du grand-père « « paf, écrasé entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre » (on a compris !) ainsi que les dialogues autour du fantasme majorettes m'ont agacée, et quelle tristesse, quand, à l'issue d'un sublime paragraphe sur la boxe que pratiquait son père, l'auteur conclut « C'est ça qu'il dirait, si seulement ils pouvait l'exprimer en ces termes. » Quelle humilité, j'en reste coite…
Certains préféreront peut-être ce deuxième roman, plus lumineux et réaliste, tout est affaire de sensibilité. À vous de vous faire votre opinion !
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Guy Boley évoque ici son père, forgeron, amateur d'opérette et boxeur, ainsi que Pierre, l'ami de son père qui deviendra prêtre. Il nous livre un portrait tendre, sensible et amusé de sa famille et du milieu populaire dans lequel elle vit.
C'est écrit dans une langue simple et belle, les formules peuvent être percutantes, même si on peut lui reprocher d'abuser parfois des métaphores. Touchant.
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