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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Effroyable de voir qu'il y a à peine sept décennies l'Irlande était encore un pays peuplé de gens d'une mentalité archaïque sans logique, sans compassion, sans humanité. C'est à cette époque en avril 1949 qu'Eva Fitzgerald ( Goold-Verschoyles de son nom de jeune fille) décide de quitter son mari et son foyer au conté de Mayo pour partir à Dublin. Avec le peu d'héritage qui lui reste de sa mère elle y achète une maison et ouvre un studio d'Art pour enfants, afin de subsister et de faire quelque chose d'utile pour les enfants dans une société où la créativité est considérée marginale et l'expression de soi mal vu. Elle est déjà proche de la cinquantaine , des enfants majeurs, un âge où la femme pour l'époque et le pays est déjà considérée « hors d'usage » . Même si au début elle manque encore de confiance en elle, l'idée que sa vraie vie commence peut-être que maintenant et le cadeau d'un ami de son mari va l'encourager pour y avancer.
Pourtant la société irlandaise est non seulement sujet au ségrégationnisme religieux, machiste et homophobe mais elle lui reproche même d'être végétarienne , sans parler de sa situation de femme séparée, le divorce étant impossible à obtenir, et que la permission de son mari étant nécessaire pour qu'elle puisse ouvrir un compte en banque et obtenir un passeport . Certains de ces qualificatifs désavantageant aussi ses deux enfants s'y ajoutera son obsession à les protéger, malgré leurs âges adultes.

Un livre sociologiquement intéressant, où on peut admirer cette femme très réceptive à la vie et ses possibilités , luttant pour préserver son indépendance , son respect à elle-même malgré les sérieuses difficultés financières et morales et les tragédies auxquelles elle sera obligée de faire face. Dotée aussi d'une notion d'empathie ancrée, celle-ci lui sera plus souvent un fardeau qu'une bénédiction, que la société finira quand même par reconnaître et apprécier.

Première rencontre interessante avec Bolger avec ce roman inspiré librement de la vraie histoire de Sheila Fitzgerald , que l'auteur mettra treize ans à écrire. Il la croise à 18 ans dans sa caravane dans le conté de Mayo alors qu'elle a déjà 73 ans, et ils resteront amis jusqu'à sa mort en 2000.Une femme courageuse pour son époque qui a la chance d'être ressuscitée sous la plume magique de Bolger. Un livre émouvant, éprouvant, aux personnages masculins décevants mais féminins attachants qui se posent beaucoup de questions existentielles,
Qu'est-ce-qu'une vie ?
Qu'elle est la définition d'une bonne mère ?
Quel est la définition du bonheur que chacun cherche comme l'épée de Graal , est-elle primordiale pour une vie réussie, satisfaisante ?
« Le bonheur est un cadeau rare, saisit-le quand tu le peux* »,en dira Hazel, la fille d'Eva. Ce qu'elle fera.
Histoire d'une vie , où les livres aussi auront un rôle déterminant à certaines étapes de la vie d'Eva, Gurdjieff, “Rencontres avec des hommes remarquables”, Herman Hesse , “Le jeu des perles de verre”……étrangement des livres et auteurs qui m'ont aussi influencée .
Une femme qui malgré toutes les tragédies de sa vie décida de vivre dans le présent et de chercher et saisir la joie et le bonheur au coeur de la vie, jusqu'à la fin, “…..no bomb that ever burst shatters the crystal spirit.”
( George Orwell )


* ‘Happiness is a rare gift, Grasp it when you can.'


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A 45 ans, l'irlandaise Eva, fatiguée d'une vie trop fade, quitte son lieutenant colonel de mari pour se consacrer à son école de peinture et à sa famille, son fils Francis qui assume clandestinement à Londres son homosexualité et sa fille Hazel dont la vie de couple bat de l'aile au Kenya.

Ce qui est beau, c'est la deuxième partie du livre, la force de cette femme qui, malgré les épreuves, vivant de rien dans sa cabane, va poursuivre sa passion pour la poésie, ses combats pour la nature et les animaux.

Ce n'est pas mon genre de livre mais c'est sans doute un bon livre dans le genre.
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Babelio Masse Critique épisode je ne sais plus combien tant notre collaboration est ancienne. Et bon millésime cette fois avec le dernier roman de Dermot Bolger Une arche de lumière. Cet auteur irlandais est l'un des meilleurs contemporains, mais j'en dis autant de Colum McCann, Joseph O'Connor ou Donal Ryan. Années cinquante, Eva est l'héroïne irlandaise, épouse de Freddie, mais qui ne partage pas les idées conservatrices de son mari. Eva reprend sa liberté. Et se consacrera à sa vie personnelle, ce n'est cependant pas un roman que je définirais comme féministe, c'est bien mieux que cela. Francis, le fils d'Eva et Freddie, est homosexuel. En ce temps là, pas facile. Leur fille Hazel, très indépendante, aura besoin de deux mariages pour comprendre sa solitude.

On suit Eva du comté de Mayo au Maroc, en passant par l'Espagne et le Kenya qui s'éveille à l'indépendance. C'est un très beau personnage romanesque, un peu inadapté que ce soit à l'Irlande rétrograde (oui, ma chère Irlande a longtemps privilégié l'obscuroté), ou au monde en général. Mais surtout Eva a vraiment existé et Dermot Bolger l'a bien connue. J'ai aimé cette dame mûre, vieillissante, très âgée et son énergie à vivre au mieux avec ses convictions, qui parvient à ne jamais s'arroger le droit de donner des leçons. Une vie jalonnée de drames terribles, trois horreurs successives. Mais Eva est une vivante, une opiniatre qui tout au long de son existence, a privilégié sa liberté tout en empathies, difddrentes, avec Franciset Hazel.

On sent l'importance qu'a eue dans la vie de Bolger Stella, le modèle qui lui a inspiré le personnage d'Eva. C'est très émouvant et pour tout dire on envie cette relation. Relation déjà évoquée dans Toute la famille sur la jetée du Paradis, que publia l'auteur en 2008, la famille Goold Verschoyle, dont Stella (Eva) est le membre le plus attachant. Les 460 pages d'Une arche de lumière, c'est une odyssée, un voyage "vital" avec ses tristesses infinies, ses moments de joie simple, surtout les rapports d'Eva avec les jeunes générations, sans flatterie ni démagogie. Et la grande complexité des fils qui unissent les êtres humains.

Merci à Babelio, qui m'a parfois éloigné de mes conforts littéraires, et c'est très bien ainsi. Et aux Editions Joelle Losfeld.
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Devinez où j'étais ces quinze derniers jours ? Très souvent entre le comté de Mayo, Dublin, le Wexford, l'Espagne, le Maroc, Londres et le Kenya avec… Eva.

Dans la famille Goold Verschoyle, je voudrais la fille cadette ! Mais oui, souvenez-vous de Toute la famille sur la jetée du Paradis dont je vous ai parlé en 2012 je crois. C'est avec cette incroyable fresque historique, sociale et familiale que j'ai fait la connaissance de Dermot Bolger, au fin fond du comté de Donegal. C'est avec plaisir tout à fait certain que j'ai retrouvé cette « suite » (même si Dermot Bolger se défend d'avoir écrit une suite et revendique plutôt un portrait de la fille cadette de la famille). N'empêche, on l'avait laissé mariér malgré son esprit libre, mère de 3 enfants, embringuée avec un certain Freddie Fitzgerald dont elle porte désormais le nom. le bonhomme est à peu près tout le contraire d'Eva. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle est « rentrée dans le moule » de la société bien bien-pensante de l'époque en épousant cet aristocrate éculé. Les temps changent en Irlande, mais pas Freddie ! Nous la retrouvons en 1949, en train de faire ses valises à la quasi-veille de son demi-siècle. Les enfants sont élevés, adultes. Elle peut désormais tenir la promesse faite à sa mère celle du droit au bonheur. Ce quu ne veut pas dire délaisser ses enfants. Francis aura tant besoin d'elle ; Hazel est tellement « tout feu, tou flamme ». Mais remettons tout ça dans le contexte de l'époque : en Irlande, le divorce n'existe pas, une femme est mineure à vie, dépendante de son époux jusque pour avoir un passeport. Bon, c'était kif-kif en France… Eva quitte donc Freddie. Ce n'est pas si facile dans son esprit le moment venu, où elle le regarde dormir dans la même pièce qu'elle. Malgré leurs disputes, elle n'a pas de haine pour lui, juste de la colère, des reproches, mais aussi de l'affection, toujours. C'était juste pas le bon numéro, celui tiré par dépit amoureux. Lui, finit par se réveiller et n'est pas surpris de la voir le quitter. Il lui dit qu'il va s'atteler « à fermer [Glanmire House] correctement, sinon les Gitans entreront et emporteront tout » . Ce manoir transformé en maison de chasse est la seule chose qu'il reste à Freddie, le parent pauvre du clan Fitzgerald qui détient le gigantesque et somptueux Turlough Park. Il est alcoolique, il a un pied bot, il est dans le dénigrement de la société irlandaise qui change en ces années 50.

Nous allons suivre Eva jusqu'à l'an 2000. Une traversée du demi-siècle qu'il lui reste à vivre, comme femme libre, qui se cherche une place dans la société, qui s'interroge sur le rôle d'une femme délivré e des liens du mariage, qui interroge la notion de bonheur. Eva est une rêveuse qui souhaite réaliser ses rêves. Elle va comprendre que la réalité est parfois rude. Elle va se relever inlassablement de chaque coup dure, rebondir et repartir sur de nouvelles voies. Artiste peintre, elle veut libérer l'imagination des enfants grâce à la peinture dans cette société irlandaise corsetée. Puis elle se cherche dans l'écriture. Mais c'est difficile pour une femme à l'esprit aussi libre qu'elle de se faire accepter par les éditeurs. Finalement, elle va se créer un univers bien à elle, dans une caravane surnommée L'Arche de lumière par sa petite-fille. Elle va être un âme réconfortante pour les gens un peu paumé dans la vie, pour les âmes esseulées quelles qu'elles soient, humaine ou animale. Ceux qui ne savent pas trop comment se trouver, se sentir bien dans une société pas toujours simple. Un jour, elle rencontre un certain Donal, jeune chômeur d'une vingtaine d'années qui voudrait être écrivain… Devinez qui c'est ! 😉

Pour ceux qui l'ignorent, et c'est ce que rappelle Dermot Bolger dans la postface de l'ouvrage, c'est qu'il s'est inspiré d'une histoire vraie. Eva a été inspirée par Sheila. Toute la famille a existé. Les noms ont été changés pour tout un tas de raison, notamment le fait que c'est tout de même bien difficile de savoir qui est exactement quelqu'un (on ne sera jamais dans son esprit), tout comme il est difficile de se connaître complètement soi-même. Sheila a finalement été le mentor de Dermot Bolger, celle qui lui a donné la force de réussir dans son projet alors qu'il était ouvrier et chômeur. Bon, mais tout ça est la dimension supplémentaire du récit que l'on apprend à la fin.

J'ai mis 2 semaines à lire ce livre, à traverser un demi-siècle en compagnie d'Eva. Il se passe tellement de choses dans sa vie si riche, mais aussi très tragique. On ne s'ennuie pas, c'est incroyablement raconté, avec, par instants, un sens du suspense qui vous assomme ! On se prend, à l'instar d'Eva, quelques coups durs ! Ses sentiments sont ainsi parfaitement bien retranscrits, sans que l'on tombe dans le larmoyant, parce que, même quand elle est dans des moments d'abattement profond, il y a toujours une petite lumière au fond d'elle qui reprend le dessus et la vie reprend. C'était génial de vivre dans cette caravane trimbalée du Mayo au Wexford, jusqu'au dernier moment où cela fût possible. J'ai quitté à regret Johnny le chien, et tous les chats qu'elle a hébergés. En revanche, j'ai eu quelques surprises avec la traduction quand j'ai lu le mot « Gitan » à plusieurs reprises. J'ai eu le pressentiment que le mot employé n'était pas tout à fait exact. Je voyais poindre le mot « tinker » dans la version originale. Et bingo, c'était bien ce mot qu'a employé Dermot Bolger (donc pas le mot « gypsy » ou « travellers ». Il n'y a pas de Gitans en Irlande dans les années 50-60, encore moins au fin fond du Mayo. Il y a des retameurs, des ferrailleurs nomades qui vendent leurs services. Ils sont spécialistes du travail des métaux. Rafistolent les outils agricoles, fabriquent des boites de conserves… Ce sont des Irlandais, avec des bouilles qui vont avec, si je puis dire. J'ai lu (en diagonal) un livre sur le sujet, écrit des universitaires américains : Irish Travellers, the unsettled life, de Sharon Bohon Gmekch et George Gmelch, Indiana University Press, 2014, qui raconte entre autres, l'origine sémantique du mot « tinker« , liée aux métaux et l'évolution de leur vie. Ils ont été très discriminés quand ils ont commencé à chercher du travail en ville, dans les années 70 et c'est devenu un mot péjoratif. En tout cas, bien que la communauté des gens du voyage irlandais soit complexe, ce ne sont pas des Gitans – et pas des Roms non plus, même si de nos jours, vous pouvez croiser des Roms à Dublin.

Dermot Bolger a mis une dizaine d'années pour écrire ce roman envoûtant. Alors je lui pardonne quelques répétitions.

C'est un incroyable voyage dans le temps et l'histoire de l'Irlande que je vous invite à faire, sur les pas d'une femme hors normes très attachante. J'ai beaucoup aimé et je pense que c'est un livre dont on se souvient longtemps, comme Toute la famille sur la jetée du Paradis.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Dans ce livre, on retrouve Eva Fitzgerald un des personnages du célèbre roman de BolgerToute la famille sur la jetée du paradis.
On suit son parcours de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'à sa mort. On ne peut qu'admirer la résilience d'Eva malgré les nombreux drames qui ont marqué sa vie. Ce livre confirme les talents de romancier de Bolger même si certains chapitres ne me semblent pas nécessaires.
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