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A travers le témoignage de quatre femmes dont l'une se suicidera, c'est une photographie de l'état du monde du travail, ou l'on s'implante dans des régions à coup de subvention et qu'on laisse sur le carreau des centaines de famille en
fermant l'usine qu'elles années plus tard. Un scandale qui se banalise sans qu'a aucun moment nos gouvernants ne lèvent le petit doigt. François Bon montre la détresse, la colère, la désespérance de ces gens manipulés, jetés à la rue sans aucun espoir. le témoignage de ces femmes vous serre le coeur à l'image de Nadia qui préfèrera voir son outil de travail aux proies des flammes plutôt qu'abandonnée. Daewoo s'est redonné une dignité à des gens qui n'ont plus que la colère et les mots pour exprimer leur désarroi. Et Daewoo pourrait s'appeler Moulinex, Arcelor MIittal, Continental etc ... la liste est malheureusement scandaleusement longue.
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J'aurais vraiment aimé apprécier ce livre. Déjà parce que ça aurait rendu bien plus facile la présentation que je devais en faire dans le cadre de mes cours, ensuite parce que l'idée de donner une voix à ces femmes licenciées, qu'on entend toujours trop peu, me paraissait bonne.
Je n'ai pas tout détesté indistinctement ; certains passages m'ont même touchée. L'ensemble en lui-même m'a pourtant franchement déçue et ennuyée.
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dans un jardin, lire Daewoo de François Bon, une autre vie, en m'interrogeant sur sa façon de retransmettre les entretiens. Tout en savourant la quiétude de ce qui m'entourait et m'entoure. Pensant qu'il est arrivé à transmettre, me semble-t-il, l'émotion, à créer la beauté à laquelle ces filles ont droit, avec leurs mots, à travers ses choix, ses mises en forme, le déroulement des visites.
Sa façon de restituer, par une phrase décalée ou une description de son interlocutrice, ou des lieux et des sons, les silences et le rythme de la mémoire.
Accessoirement, ou surtout, découvert en quoi l'ouvrier existe différemment des employés par la possession d'un métier, si limité soit-il devenu, par une souffrance plus physique, par une action sur la matière, par une création si encadrée, mécanique soit-elle.
Lien : http://brigetoun.blogspot.com
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Les lendemains mortels d'une catastrophe sociale qui n'eut jamais rien de naturel. Une magnifique et pudique chronique de la casse impavide.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/01/27/note-de-lecture-daewoo-francois-bon/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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« Si les ouvrières n'ont plus leur place nulle part, que le roman soit mémoire. »
Enquêteur de terrain, François Bon donne la parole aux salariés des trois entreprises du groupe Daewoo de Fameck, en Lorraine.
Implanté en France grâce à une pluie de subsides publiques, ces usines de micro-onde et de téléviseurs s'installent dans une région exsangue depuis l'arrêt des aciéries. Mais il semble que l'emploi ne soit pas une motivation première chez Daewoo ! Les 1200 personnes employées sur ces sites vont vite déchanter.
Cet ouvrage est le compte-rendu de l'enquête menée sur le terrain, qui s'est accompagnée d'une mise en scène théâtrale jouée par les ouvrières de l'usine dans une salle des fêtes communale, pour faire connaitre ce passage socialement et économiquement tragique : quand on a un travail, on est, on existe. le licenciement est perçu comme une perte d'identité, une mort sociale.
Aussi intéressant que puisse être le thème du livre, je me suis cependant ennuyée, même si certains passages étaient touchants.
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Ce livre appelé roman par son auteur est un récit hybride qui ressemble de façon lointaine à un reportage sur la fermeture brutale des usines Daewoo en Lorraine et sur ses conséquences sur la vie des anciennes salariées de l'entreprise coréenne.

Le récit, discontinu mais développé selon un fil à peu près chronologique, est surtout construit sur les comptes-rendus d'entretiens avec les ouvrières licenciées mais incorpore également des apartés sur la trouble vie du PDG de Daewoo, des méditations sur la paysage vu d'avion, des extraits de la pièce de théâtre que François Bon a écrite sur le même sujet, des résumés d'articles de presse, des récits personnels sur les promenades de l'auteur sur les friches industrielles…

Comme dans un roman classique, l'auteur est mû par une quête de vérité et par un travail sur le langage. Comment rendre compte d'une réalité que la plupart des lecteurs de roman ignorent ? A ce propos, une citation très judicieuse de Rabelais en exergue du livre : « il est bien vray ce que l'on dit, que la moitié du monde ne sçay comment l'aultre vit ». François Bon veut briser l'indifférence de la majorité envers le désarroi, l'angoisse et le drame vécus par les anciennes ouvrières de Daewoo. Nul analyse idéologique mais un simple constat de souffrance et d'échec. Donner la parole à celles qui en sont généralement privées dans la sphère publique est un acte de solidarité. Derrière ce livre pointe cependant les limites de l'exercice : dans cette région meurtrie, François Bon est de passage. Il vient d'un autre monde et le jour où il repart d'où il vient, les femmes qu'il a rencontrées et qu'il a fait parler restent désespérément attachées à leur piquet sinistré. Je crois néanmoins que donner la parole à ces femmes est un geste qui vaut mieux que rien, mieux que l'indifférence.

De façon très intéressante, le livre est une illustration de certaines caractéristiques du langage : la langue comme barrière entre les groupes sociaux (la langue des fonctionnaires technocrates, la langue des media où ‘rien ne nous concerne' dit une ouvrière), la langue comme barrière entre citoyens de différents pays (ici entre Français et Coréens), la langue comme marqueur social (dans une scène cruelle où les ouvrières sont invitées sur un plateau de télévision en compagnie d'hommes riches et instruits), la langue comme outil de fiction et de manipulation (et là paradoxalement, je ne pense pas à celle de l'écrivain mais à celle des hommes politiques, celle des syndicats ou celle des patrons), la langue comme outil de domination. La langue des classes dirigeantes ne décrit pas la réalité vécue par les classes populaires.

Ce livre fait écho aux idées développées par Zygmunt Bauman. C'est un témoignage sur une population pauvre, d'une grande vulnérabilité face aux aléas économiques. Il illustre la disparition du devoir de solidarité envers les plus faibles. Chacun pour soi. Cela peut marcher pour certains mais pas pour tous. le problème n'est pas que des usines ferment. Car il est probablement illusoire d'espérer continuer à produire en France des produits peu sophistiqués qui sont maintenant fabriqués en Chine à un coût imbattable. La critique développée dans ce livre porte plus sur le choix fait par les politiques de subventionner des industries qui n'ont pas une grande espérance de vie et sur la brutalité et l'indifférence dont sont victimes les salariés de ces entreprises fragiles.

Certes le livre est parfois long et répétitif mais pour une fois que l'on donne la parole à ceux qui en sont privés, ne la leur reprenons pas trop vite.
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Il n'est pas facile de parler de ce livre. Mais ce n'est rien par rapport à ce qu'il raconte. Il s‘agit en effet de se rendre à l'usine Daewoo de Fameck qui vient de fermer. Une grande majorité de femmes se retrouvent au chômage. On les écoute raconter leur histoire, leurs rêves de voyage, leur joie d'être ensemble lorsqu'elles étaient à l'usine.
C'est aussi le constat d'un échec politique, d'un fiasco économique et par delà même, une approche concrète des méfaits de la mondialisation. C'est le mépris des dirigeants, l'inconsistance des fameuses « cellules de reclassement » où les femmes se voient offrir des emplois dans le télémarketing ou le dressage animalier. François Bon nous fait vivre une aventure sous ces ciels gris de Lorraine où les ouvrières deviennent de vraies héroïnes de la vie, nous apprennent la survie et la dignité, dignité de ceux qui gardent toute leur fierté quand bien même les médias grossissent l'évènement, insistant sur la désolation. Il recueille les confidences entre un café et une conversation, il s'imprègne des lieux, en construit une pièce de théâtre et l'on voit très bien comment les entretiens enregistrés au mini-disc, finissent par se transformés pour être joués sur une scène car François Bon alternent les genres. On assiste à la discussion à bâtons rompus puis on lit la pièce, la scène qu'en fait l'auteur. Pas un mot n'est changé, et l'on note au passage le respect que François Bon porte à ces ouvrières qui le reçoivent. On est loin des reportages voyeuristes d'une certaine télévision. Travaillant pour le Centre Dramatique de Nancy alors dirigé par Charles Tordjman, François Bon a déjà l'idée de sa pièce, donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ou alors tronquée par l'esprit du moment. Avec tous ces personnages, on fouille par le menu cet échec, ce retrait de Daewoo qui implanta trois usines en Lorraine, alléché par les subventions publiques, on remonte jusqu'à Mr Woo, fondateur de cette firme, sorte de self-made man à la coréenne, on parle aussi de la visite des dirigeants avec un traducteur, de l'incompréhension mutuelle qui n'était pas uniquement due au barrage de la langue.
Et puis plane ce fantôme qui revient en filigrane, allégorie si ce n'était que de la fiction, de ce gâchis, de la mise en échec de ces bonnes volontés qui élisent cette Sylvia – à la mémoire de laquelle le livre est dédié tout entier – comme porte-parole, un peu naturellement, pendant les luttes où la solidarité est de mise, où l'on brûle des palettes devant l'usine et l'on se sert les coudes, pour s'apercevoir bien sûr que tout était déjà programmé depuis longtemps, on se rend compte – ce n'est hélas pas nouveau et ça continue- que la vie de personnes dépendent d'un seuil de rentabilité et l'on déplace une usine comme on joue au Monopoly.
C'est un livre triste mais tellement vivant. Ce sont des vrais gens qui parlent, sans fard, de leurs vies gâchées, sans voix off pitoyable, l'auteur n'existe que dans ses déplacements, quelques photos volées sur les sites désolés pour construire son décor et par l'objectivité de son appareil à recueillir les impressions sous le regard bienveillant de Sylvia, finalement personnage essentiel de cette histoire .
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Après un début très laborieux, j'ai réussi à rentrer dans cette histoire vraie, de licenciements économiques de Daewoo.

J'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture. Pas le fait que ce livre soit partagé entre récits, pièce de théatre et commentaires de l'auteur. C'est la syntaxe qui m'a gênée.

Cependant après une centaine de pages, je me suis intéressée à ces femmes qui tenaient à leur travail à l'usine Daewoo.

C'est un beau témoignage.
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Le sujet est intéressant, mais je n'ai pas "accroché", l' ensemble me semblant un peu confus.
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