La modernité liquide, la vie en miettes, la vie dans le déplacement.
Si la société de consommation tient à ne jamais se retrouver à court de consommateurs, l’anxiété en question — en violation flagrante des promesses explicites et véhémentes du marché — doit toutefois être constamment renforcée et stimulée. Les marchés de la consommation se nourrissent de l’anxiété des consommateurs potentiels qu’ils suscitent eux-mêmes et s’évertuent à intensifier.
Nous l’avons déjà vu, contrairement à la promesse déclarée (et largement crue) de la publicité, le consumérisme ne concerne pas la satisfaction des désirs mais l’excitation du désir de toujours plus de désirs — de préférence, le genre de désirs qui ne peuvent en principe être assouvis.
Les supermarchés interdisent aux exclus le retour à la "normalité" : grilles d'acier, caméras de surveillance et gardes de sécurité ajoutent à l'atmosphère de champ de bataille [...]. Dans leur arrogante inaccessibilité, elles semblent clamer : je te mets au défi ! Mais au défi de quoi ?

Dans les manœuvres de l’élite savante hétérogène (globale), l’« hybridation » est un substitut aux anciennes stratégies d’« assimilation » — ajusté aux nouvelles circonstances de l’époque post-hiérarchie, moderne liquide. Elle s’accompagne, par achat forfaitaire, du « multiculturalisme » — déclaration de l’équivalence des cultures, postulat de leur égalité, autant que stratégie d’« assimilation » accompagnée d’une vision de l’évolution culturelle et d’une hiérarchie des cultures. La modernité liquide est « liquide » en ceci qu’elle est également post-hiérarchique. Les ordres authentiques ou postulés de supériorité/infériorité, autrefois censés avoir été structurés clairement par la logique irréfutable du progrès, sont aujourd’hui érodés et fondus — alors que les nouveaux sont trop fluides et éphémères pour se solidifier en une forme reconnaissable et la conserver assez longtemps pour être adoptés comme cadres de référence pour la composition de l’identité. En conséquence, l’« identité » est devenue quelque chose que l’on s’attribue tout seul, le résultat d’efforts confiés aux individus : résultat il est vrai temporaire, doté d’une espérance de vie indéfinie mais sans doute brève.
La principale leçon des trente dernières années est qu'un modèle économique qui permet aux membres les plus riches de la société d'accumuler une part toujours plus grande du gâteau finira par s'autodétruire. C'est une leçon qui, semble t-il, reste encore à apprendre.
« Si tu veux la paix, œuvre pour la justice » ; et, contrairement au savoir, la sagesse ne vieillit pas. L’absence de justice fait obstacle à la paix, aujourd’hui comme il y a deux millénaires. Cela n’a pas changé.
Pour citer Burger à nouveau : " Si un artiste aujourd'hui signe un tuyau de poêle et l'expose, il ne dénonce pas le marché de l'art, il s'y adapte(...) Puisque, aujourd'hui, la protestation de l'avant-garde historique contre l'art en tant qu'institution est acceptée comme de l'art, le geste de protestation de la néo-avant-garde pert toute authenticité."
La peur ambiante, émanent d'une insécurité existentielle, résultant en une aversion pour l'action. L'opacité et l'impénétrabilité du monde, causant le scepticisme quant à la possibilité de résister au " destin" et la méfiance face à toute suggestion que d'autres façons de vivre seraient envisageables.
(traduction libre de la p. 175).
De nos jours, il y a une tendance marquée à la séparation du pouvoir et de la politique. Le pouvoir véritable, celui qui détermine le champ des possibles, est un flux - il est extraterritorial.
(Traduction libre de la p. 74)
Des tonnes de soucis privés ne deviennent pas des causes publiques simplement parce qu'ils ont été rendus publics.
(traduction libre de la P.3)
Le "managérialisme" a transféré l'idéologie de marché d'un secteur à l'autre. AInsi la société s'est dessaisie d'elle-même pour donner libre cours à des individus asociaux.
( Traduction libre de la p. 31)