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sur 2186 notes
Pierre-Marie, écrivain goncourisé en panne d'inspiration, entame une correspondance par mail avec Adeline, admirative lectrice. Progressivemement, cet échange commence à beaucoup compter pour l'un comme pour l'autre et les confidences, malentendus, rebondissements et révélations vont s'enchaîner.

Le roman épistolaire a bien changé depuis Laclos ! Est-ce parce que les mails arrivent de façon instantanée et de façon plus dynamique ? Les livres s'inspirant de ce procédé (je pense à Glattauer) sont assez souvent légers, sans doute parce que les relations, les amitiés ou les amours y évoluent à vitesse grand V - et leur lecture aussi. Ici toutefois, les échanges entre nos deux personnages ne se limitent pas à des phrases brèves à l'allure de textos, non c'est plus fouillé, ce sont de vraies, de longues lettres.
Assez rapidement nos deux correspondants s'épanchent et se révèlent : elle se décrit comme solitaire et menant une vie assez fade. Lui, l'écrivain donneur de leçons et marié quatre fois, est tenaillé par le désir de percer le secret de la disparition de son épouse Eva.
Mais la vérité est peut-être ailleurs, et de rebondissements en quiproquos (jusque à mettre la zizanie dans un couple d'amis s'immiscant dans ces échanges), de gentil flirt en confidences intimes (c'est fou comme l'on peut être amené à se dévoiler par écran interposé), une intrigue se noue et une autre histoire apparaît peu à peu en filigrane, tout à fait différente de celle qu'on imaginait au tout début du livre, comme un puzzle composé de bribes de mails.

Je m'attendais à quelque chose de l'ordre du Cercle littéraire des Amateurs d'Epluchures de Patates, et de vraiment très léger au vu de la couverture et de ce que proposait la 4e de couverture. Mais même si l'on ressent le grand bonheur d'écriture des deux auteurs, l'histoire est bien plus complexe et ambigue que cela - plus douloureuse, aussi. On y fait son deuil, on part à la recherche de personnes disparues, on se trompe, on se ment, on se fait souffrir, et à la fin on est bien obligé de se mettre à nu pour avancer.

Pour avoir eu la chance d'assister à une rencontre avec ces deux auteurs (merci à Babelio !), leur plaisir de travailler ensemble est évident, partant d'une idée semée sans savoir où cela allait les mener, et le résultat est plus que plaisant et cohérent - malgré bien des petits poussins semés en route -, grâce à une écriture fantaisiste, drôle, terriblement vivante.
Lien : http://anyuka.canalblog.com/..
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Et oui j'ai terminé ce livre sans pouvoir m'en détacher alors que j'avais un apriori négatif en commençant cette lecture « Et je danse, aussi » de Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux proposée par Babelio et les éditions Fleuve.

Au début, je trouvais un peu grotesque ces échanges par mails aussi longs et bien écrits, en pensant que les gens n'ont pas que ça à faire ou n'ont pas toujours l'énergie nécessaire. Et puis, l'intrigue bien ficelée avec des personnages attachants où drôles a fait son oeuvre. Ce drame burlesque, c'est celui d'un écrivain en panne d'inspiration qui entame une correspondance avec une lectrice qui a l'air d'être encrée autant que lui dans un désert affectif. Ils vont donc entamer une relation virtuelle et être amenés à dire qui ils sont vraiment, tout cela avec un certain suspense suite à l'envoi d'un paquet dont le contenu ne sera pas tout de suite dévoilé. Moi qui suis réfractaire aux sites de rencontres (non à la marchandisation de l'amour !) on voit ici qu'internet offre la possibilité de rencontres tout à fait intéressantes.

C'est donc avec plaisir que je suis allée rencontrer les auteurs à Paris le 18 mars 2015 et j'ai eu l'agréable surprise de découvrir que ce roman à 4 mains à totalement été improvisé et construit au fil du temps, sans scénario de départ. Pour moi, le seul défaut est le titre mais je comprends que ce n'est pas facile à trouver. Par contre j'ai adoré le format, l'objet livre en tant que tel avec une présentation très agréable (police de caractères, qualité du papier) et ça compte !


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Un mot sur la couverture et le titre, qui ont fait débat lors de la rencontre avec les auteurs, comme je ne tarderai pas à vous en parler. La couverture m'a entièrement plu : c'est typiquement le genre de livre sur lequel je me serais retournée en librairie (et je choisis presque uniquement sur un critère de « beauté », avant de m'aventurer au résumé de 4ème de couverture). Je trouve qu'elle retrace à merveille les échanges des personnages, avec des éléments futiles et quotidiens. J'ai également aimé le titre : rien que le mot « danse », ça me suffit ! Et je trouve, là aussi, qu'il correspond bien au contenu du roman.

Il m'est difficile de vous dire ce que j'ai pensé de cette lecture, tant je suis passée par plusieurs émotions. Tout d'abord, il y a la première partie, fraîche, légère, divertissante. C'est la partie du roman qui m'a le plus séduite, je l'ai trouvée drôle et amusante. Cependant, la seconde partie se veut plus lente, plus dramatique, plus lourde, moins… moins. Et là, j'ai moins adhéré.

Etrange expérience que celle d'un roman à quatre mains ! Pour ce faire, la forme épistolaire est bien adaptée, même si nous avons la surprise de découvrir plus de deux personnages. Pourtant, malgré la dualité des auteurs, j'ai trouvé que les courriers échangés étaient écrits sur le même ton, dans une quasi uniformité de plume. J'aurais été moins surprise d'apprendre qu'il n'y avait qu'un auteur, que de savoir qu'il y en a deux !
Certes, nos personnages ont l'humour en commun, et c'est d'ailleurs ce qui m'a tant plu. Mais j'aurais aimé leur trouver de grandes différences également. C'est presque dommage, car cela m'a donné une impression de linéarité dans l'intrigue.

Les révélations qui interviennent au fil des lettres pèsent sur l'ambiance du roman, ce que j'ai également regretté. La révélation de l'enveloppe est surprenante, tout comme les dernières lettres d'Adeline… mais néanmoins prévisible. Quant à la fin… j'ai bien aimé, cette fin en suspens, sans réellement savoir ce qui se passera. Cela laisse tout le loisir au lecteur de s'imaginer ce qu'il souhaite. Fin de la fiction, début de la réalité, pour les personnages comme pour les lecteurs !
Néanmoins, j'ai vraiment aimé l'humour, le ton, les sujets abordés. Cette correspondance m'a parfois troublée par son manque d'ancrage dans la réalité, justement, mais m'a tout de même bien fait rire par ses banalités quotidiennes. Paradoxal, non ?

EN CONCLUSION
Après avoir fini Et je danse, aussi, je garde une bonne impression de ma lecture : légère, divertissante. Cependant, j'ai regretté que se perde cette innocence dans une seconde partie plus dramatique. Un roman épistolaire qui pourra en étonner plus d'un, que je recommande pour la découverte !
Lien : https://carnetparisien.wordp..
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le jour où l'écrivain Pierre-Marie Sotto reçoit un courriel bizarre d'une de ses lectrices, celui-ci décide instinctivement de ne pas y donner suite. C'est sans compter avec l'opiniâtreté d'Adeline, la mystérieuse correspondante, qui finira par envahir l'esprit de Pierre-Marie et le révèlera à lui-même.

Les écrivains, comme le héros du livre, reçoivent probablement un courrier abondant de la part de leurs lecteurs. Des mots d'admiration, de déception mais aussi des mots d'amour. Telle est la rançon de la célébrité ou peut-être de la proximité que la lecture d'un livre induit entre le lecteur et l'auteur. Touché ou insensible, celui-ci devra répondre, en évitant les correspondances trop envahissantes mais en ne refusant pas dans certains cas de s'en inspirer.

Les auteurs, rencontrés grâce à Babelio et aux Editions Fleuve que je remercie, ont d'ailleurs confirmé la réalité de ce fait. Mais ici, même s'ils y ont mis des éléments personnels, il s'agit d'un roman né d'un échange de mails entre les deux auteurs, en temps réel, où chacun a découvert avec impatience la suite que l'autre donnait au récit. Il n'y avait donc pas de trame préétablie, seulement à posteriori, quelques réajustements de loin en loin pour la cohérence de l'histoire.

Beaucoup de choses justes dans cette version moderne du roman épistolaire. Sur la famille et sur la vie d'écrivain, ses doutes, son ego, son rapport à ses lecteurs. Sur le désamour et les sentiments qui agitent ceux qui se quittent, mais aussi sur le début d'une relation et son formidable pouvoir dynamisant. Un roman distrayant et original.



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Quand j'ai lu les noms de Bondoux et Mourlevat, je me suis prise à deux fois pour comprendre que j'avais bien lu. Plutôt habituée à les voir sur des couvertures de romans de littérature jeunesse, j'étais plutôt déconcertée devant cet exemplaire de Et je danse aussi qui est bel et bien un roman adulte. Alors fallait-il ouvrir ou non cette couverture à poussin ? N'allais-je pas être déçue en lisant ces deux auteurs dans un autre champ littéraire autre que celui où on les trouve habituellement? Une pointe de stress monte en moi. Je décide de me jeter à l'eau ou plutôt dans le livre.
Et verdict……
Un chef-d'oeuvre ! Un roman épistolaire entre une lectrice et un écrivain un arrogant. Au fil des mails chacun se dévoile, aborde des blessures personnelles mais pas que…. Il y a aussi des situations embarrassantes de la vie, les anecdotes croustillantes d'écrivain, et l'intervention d'autres personnages au caractère bien trempé.

Attention, si vous ouvrez ce livre, vous allez être happé par les personnages, et l'histoire. Attendez-vous à le lire d'une traite et d'y laisser quelques heures de sommeil si vous le commencer en soirée.
Une très belle réussie et une superbe surprise, qui l'eût cru ? Certainement pas moi.
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Ce roman a été écrit à 4 mains sous la forme épistolaire, par 2 écrivains plus connus pour leurs romans jeunesse Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat. Un peu déroutant mais la magie opère dès les premières pages.
Un romancier célèbre reçoit d'une de ses admiratrices un paquet avec son adresse email au dos. Ne souhaitant pas ouvrir l'enveloppe qu'il pense contenir un manuscrit et la retourner à l'expéditeur, il lui demande par mail son adresse. S'ensuit une longue correspondance de plusieurs mois entre ces deux personnes à priori très différentes mais que la solitude rapproche. Chacun découvre progressivement l'autre et le lecteur fait, par la même occasion, connaissance avec cet écrivain en panne d'inspiration et avec cette femme en pleine crise existentielle. La curiosité d'en apprendre davantage sur l'autre cède progressivement le pas à la complicité, à l'amitié… Puise l'ouverture du paquet va faire remonter des secrets à la surface.
Beaucoup de légèreté dans leurs échanges malgré le récit de moments parfois difficiles relatés par les deux personnages. On referme le livre avec au moins 10 raisons de trouver que la vie peut être belle.
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J'ai dévoré ce roman épistolaire !
Je trouve l'écriture simple et moderne, sans fioritures inutiles héritées des cours de français ou de mauvais ateliers littéraires: la lecture en est donc aisée
Cette histoire d'amitié et, en toile de fond, l'histoire d'amour des amants, m'ont complètement emporté. J'y adhéré sans réserve, m'y plongeant dès que possible, m'impatientant quand on me troublait lors de ma lecture. Les auteurs distillent un léger suspense tout au long du roman, ce qui tient suffisamment en haleine le lecteur
Un tout petit bémol pour la fin: personnellement, j'aurai laissé Véra et Vincent vivre leur vie
Un très bon roman, très "frais", une lecture idéale pour le printemps, l'été ou pour les vacances
Je recommande vivement !
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J'ai reçu ce livre en préparation d'une rencontre avec ces auteurs (que j'attends impatiemment) : merci à fleuve édition et à babelio !

Ma critique va peut-être être un peu étrange, parce que j'éprouve des choses étrange par rapport à ce livre.

On suit donc principalement deux personages - un homme, une femme - qui s'échangent des mails. Inconnus au départ ils vont se rapprocher par une façon un peu commune de voir la vie, sans avoir de point commun qui saute aux yeux. Puis, une véritable intrigue doucement se met en route.

Tout d'abord, j'ai été gênée par les valeurs des protagonistes, très loin des miennes. La féminité au sens qui me hérisse le poil est énormément mise en avant : on sens une nette cission entre personages féminins et masculin, qui n'évoluent pas dans le même monde juste pour un chromosome de différence. Les rôles sociaux sont très définis et considérés comme normaux, jamais discuter et c'est quelque chose qui me pose des soucis dans ma vie personnelle en ce moment. Plusieurs autres petits points m'ont également mis mal à l'aise, censé être des trucs joyeux mais qui appuyaient pile sur ce qui fait que en ce moment je me sens rejetée par la société actuelle sans possibilité de réconcilliation.
Bref, tout ça ne concerne que moi et n'est pas forcémeent directement lié à la qualité du livre. Je ne pense pas non plus qu'une critique soit le lieu pour en discuter, mais forcément ça a pesé lourd sur mon impression à la lecture.

J'ai beaucoup aimé ce format épistolaire : c'est très dynamique, par forcément l'un après l'autre, avec des délais variable et parfois très court. Pour avoir déjà eu de riches échanges de mails (dans des cadres différents), ça m'a rappelé de bons souvenirs ! On découvre beaucoup de la personalité des personages - ou de la partie qu'ils partagent en tout cas - et finalement assez peu de leur vie. C'est assez rarement aussi bien rendu.

Malgré ce format, une histoire qui avance se déroule, avec un peu de mystère, du suspens, des révélations et des rebondissements. C'est ammené sans heurt, ça ne crée pas de rupture avec le style et c'est très chouette. J'ai trouvé le rythme bien géré et accrocheur. Des nouveautés (stylistique ou scénaristique) viennent secouer le lecteur juste au moment ou la routine commence à lasser.

Je suppose que les personages peuvent être attachant, mais j'y ai été insensible.

Je n'ai pas non plus beaucoup aimé le style. C'est extrèmement fluide et ça se lit agréablement mais je ne l'ai pas trouvé beau. Je n'étais globalement pas d'accord avec les commentaire fait par les protagonistes sur la beauté de telle ou telle phrase. Pierre-Marie a une façon de voir les choses et ne se remet pas en questions : les points de suspension c'est mal, les phrases littéraire un peu lourde c'est mal, les phrases toutes légère c'est beau. Pourquoi pas, mais le ton sur lequel tout cela est dit m'agace un peu, on sent la suffisance du personage et en tant que lecteur ça m'agace. Ca fait partie des petites choses qui m'ont fait me détacher des personages.

En livre qui donc me laisse une impression étrange : des choses que j'ai trouvé très réussie et qui m'ont vraiment accrochés ( le rythme, le scénario, le format), d'autres qui m'ont franchement agacées (certaines valeurs des protagonistes) et engendré un certain détachement. du coup j'ai été accrochée par un bouquin dont je me sentais détachée. Etrange je vous dis.

Je n'y ai pas trouvé la bouffée de bonne humeur et de légèreté promise promise, mais c'est peut-être à cause de ma sensibilité propre ç certains des sujets abordés.
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Soyons clair d'entrée de jeu, je ne sais absolument pas danser.

Et pourtant, j'ai tourné, virevolté et vibrionné dans les bras des deux auteurs, tout au long de ce roman.

Une écriture à quatre mains, composée exclusivement d'échanges de mails, version moderne des échanges épistolaires. Une idée de départ intéressante, même si on se demande vraiment s'il y a de quoi tenir tout un roman ou si le tout ne va pas retomber comme un soufflé.

Je tire vraiment mon chapeau à Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat pour avoir su maintenir jusqu'au bout l'intérêt du récit, sans jamais perdre pied, ni trébucher.

En tant qu'auteurs, lorsque l'on a deux prénoms composés, on est sans doute prédestinés à goûter à ce genre d'échanges.

Un dialogue d'une belle humanité, qui donne la pêche et l'envie de se trémousser. Oui, on sautille à travers les jolies trouvailles stylistiques et les bons mots des deux auteurs. On s'amuse avec eux à travers cette histoire qui fait du bien. On sourit de voir ces deux personnages enjoliver les choses en écrivant, avant de réellement se dévoiler l'un à l'autre.

Ne croyez pas que les deux écrivains soient tombés dans la facilité pour autant. Leurs joutes verbales (ou plutôt numériques) se déploient tout au long d'une histoire qui tient la route, grâce à une (deux) écriture(s) travaillées. On est loin des échanges rapides de mails tel que cela est devenu la norme dans la société actuelle. Au contraire, le vecteur moderne n'est que le matériau qui permet un échange « à l'ancienne », où l'on prend le temps d'exprimer ses sentiments usant de phrases profondes et recherchées.

Et il y a véritablement une histoire qui se développe tout au long de ces pages, une aura mystérieuse y plane par le biais d'un énigmatique paquet. Sans s'en rendre vraiment compte, le récit monte crescendo jusqu'à la belle et touchante révélation finale.

Une discussion sur la vie, les échecs sentimentaux, à travers le passé (voire les secrets) des deux personnages principaux. Une vie d'expériences, d'amours perdus et d'enfants qui grandissent. Un tête-à-tête où s'intercalent avec intelligence quelques personnages secondaires.

Et je danse, aussi est donc un roman plein d'humour et d'humanité, qui se moque parfois gentiment les relations humaines actuelles. Un roman « feel good », comme on dit actuellement quand on veut absolument étiqueter les écrits. Mais je déteste les étiquettes, et je retiens plutôt cette belle manière de se dévoiler par écran interposé, avec la distance, qui fait tomber la réserve naturelle.

Oui un drôle et très touchant roman sur la vie et sur la revanche qu'on peut en prendre. Tout compte-fait, moi aussi j'aime danser, enlacé par ce genre de jolis mots.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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[ 3.5/5 ] Je venais de lire Quand souffle le vent du nord quand j'ai entamé Et je danse, aussi. Il faut croire que j'étais en pleine période "roman épistolaire" ! On y retrouve au début le même genre d'ambiance : un homme et une femme qui s'échangent des emails, de plus en plus souvent, et de façon plus en plus engagée. Avec également le même départ maladroit dans cette relation inopinée : Adeline Parmelan a envoyé un paquet à un auteur, Pierre-Marie, et celui-ci entre uniquement en contact avec elle pour lui renvoyer ce qu'il suppose être un manuscrit. On le sent agacé, mais pour préserver son image publique, l'écrivain se force à rester politiquement correct. Pourtant, de fil en aiguille et d'opinions partagée en jeux d'esprit, ces deux inconnus vont tisser des liens pour le moins inattendus. Adeline l'enjoint à ne plus ouvrir son paquet, même si elle affirme que ce n'est rien de ce que Pierre-Marie pourrait imaginer, et ils deviennent amis... jusqu'à ce que la vérité les rattrape.

L'oeuvre d'Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat est davantage ciblée sur Pierre-Marie, puisque après de nombreux échanges avec Adeline, on voit apparaître d'autres correspondances avec son éditeur, un couple d'amis, sa belle-fille et l'indescriptible Lisbeth. Les passages liés à cette dernière sont grandioses, on en rit ouvertement en imaginant le tableau et les échanges d'emails sont hilarants. C'est cela également qui prend aux tripes avec ce roman : écrivains ou non, les personnages sont comme vous et moi - avec leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses, leurs dilemmes amoureux et leurs amitiés à l'épreuve du feu. Avec tous les quiproquos et les non-dits qu'on accumule dans la vie jusqu'au jour où l'engrenage se grippe et où l'on ne peut plus avancer avant d'enfin recueillir des réponses claires et nettes.

Si Adeline peut se montrer agaçante à toujours tout ramener à son problème de poids et à sembler grossir le trait, on ne peut que compatir à sa situation sans réussir à comprendre comment elle va se dépêtrer de son passé. de son côté, Pierre-Marie n'est pas forcément mieux loti. Son quatrième mariage était enfin le bon, mais son épouse est portée disparue depuis des années, et depuis c'est la page blanche et les questions qui le taraudent de jour comme de nuit. Où est-elle ? Comment va-t-elle ? Que s'est-il passé ? Et je danse, aussi nous montre combien il est difficile de faire le deuil d'une relation quand la vérité reste voilée. À partir de là, Pierre-Marie sera amené à faire un choix irréversible : si quelqu'un détenait cette même vérité, est-il sûr au fond de vouloir la connaître, au risque de mettre à mal ce qu'il était parvenu à reconstruire depuis le drame ?

À travers leurs deux personnages principaux, Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat entament un véritable ballet littéraire et relationnel. Que l'on parle de Josy et Max devant composer avec cette routine qui occasionne bien des ruptures, même dans les mariages les plus heureux. Ou d'Adeline et Pierre-Marie dansant l'un autour de l'autre sans jamais oser franchir le pas, et remaniant les faits pour mieux repousser l'échéance. Je pensais entrevoir la fin de cette histoire, mais à un moment donné, les auteurs lui font prendre un tournant aussi décisif qu'inattendu. J'ai adoré être aussi surprise ! C'est ce fameux paquet - végétant sur une étagère depuis des mois - qui dénouera tous les malentendus dans des larmes de colère, de souffrance et de libération. On a envie parfois de rire, parfois de pleurer, face aux enjeux et aux épreuves traversées par ce duo si pittoresque, mais ce roman est avant tout une ode à la vie et - clin d'oeil à Pierre-Marie - j'ai l'audace de terminer cette chronique sur des points de suspension...
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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