S'enraciner, faire souche…
Héritage c'est la question de l'exil, de "l'enracinement des déracinés". de Lons-le-Saunier à Santiago du Chili, le lecteur est immergé dans une saga familiale sur quatre générations, inspirée en partie par le passé paternel de l'auteur* : "Mon père est chilien et fait partie d'une longue lignée de français qui sont partis fin 19e siècle, en fuyant la maladie du phylloxera** (...) Il faisait partie du MIR, le mouvement d'extrême-gauche révolutionnaire, soutien d'Allende… Il a été torturé et a fui le Chili en 1973, comme Ilario Da dans le livre (…) Adossée à mon histoire personnelle et intime, ce roman parle aussi d'un
héritage plus vaste et plus collectif, puisque je voulais raconter qu'à l'heure où l'on vit dans un monde de crises migratoires et de cimetières marins, les Français eux aussi ont été des migrants, qu'ils ont été à la place de ceux qui aujourd'hui traversent des mers, des océans, qui traversent des montagnes dans l'espoir d'une vie meilleure… et montrer qu'ils étaient bien contents de trouver des pays qui leur ouvraient leurs frontières et leurs bras pour faire souche ailleurs", commente
Miguel Bonnefoy. "J'ai cherché un assemblage délicat entre l'histoire réelle et quelques coquetteries avec le surnaturel", conclut l'auteur, s'inspirant du lexique de la vigne qui enracinera cette famille française sur un autre continent.
Si l'histoire est attachante, je suis passée à côté de ses digressions narratives imaginaires et fantasques, aux accents latino-américains.
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Miguel Bonnefoy est le fils d'un romancier chilien et d'une diplomate vénézuélienne.
** on rappelle que ce puceron, venu des Etats-Unis, a dévasté les vignobles et la viticulture française et européenne entre 1863 et 1895.