Béatrice est auxiliaire de puériculture en maternité. Chaque jour de garde, c'est parti pour 12 heures d'écoute, de soin, d'angoisse, de soutien, de panique et de désespérance. Tout ce que respirent les femmes qui viennent d'accoucher, elle l'intègre, le digère, le prend sur elle, en refoulant ses propres douleurs, son propre passé. Elle n'a pas toujours fait ce métier, elle ne le fera peut-être pas éternellement. Auparavant, elle menait une vie de bohème, avec ses enfants - les vivants - avec son amour gypsy de Gabor, avec Paolo et les Pierre, une vie d'itinérance, de spectacles, de route, de danse, et son corps nu. Et là maintenant, face à elle, sous ses yeux, des corps déformés, épuisés, déroutés, en larmes, en sang, en lait et en sueurs... Refouler la mort pour accueillir la vie.
S'emparer du thème de la maternité pour exploser ses normes, ses conventions, ça fait toujours un bien fou à lire. Bien sûr, on sombre dans les blessures, dans ce qui rend nos corps à l'état animal, dans l'épuisement qui exacerbe toutes les réactions. Mais on peut aussi y voir du sublime. Avec les mots de
Julie Bonnie, à chaque nouvelle chambre qu'elle nous entrouvre, on est happé, captivé, convaincu. Ses mots simples reflètent des situations bien différentes, de femmes plus ou moins isolées, plus ou moins traumatisées par leur vécu, proche ou plus ancien, plus ou moins dociles ou autoritaires. Et entre les patientes et les médecins, ce statut d'auxiliaire de puériculture qui doit tout éponger, au propre comme au figuré.
Les chapitres alternent entre les récits de ses gardes à la maternité et les flash back de son passé, qui sont là pour nous dévoiler peu à peu la vie mouvementée, complexe, de Béatrice, faisant d'elle le portrait d'une femme singulière et forte.
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