Fanny, sage-femme, mère-courage, fume des Dunhill, souffre d'o-to-spongiose. « Une maladie de femmes. Qui se déclare pendant la première grossesse, gagne du terrain à chaque enfant. L'étrier qui se calcifie doucement, tout doucement ». Elle a deux enfants. Ses deux oreilles sont touchées.
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Louis, jeune homme solitaire, prof de piano, vient de perdre son frère, mort dans un accident de voiture. Il accompagne sa belle-soeur à la maternité, et y rencontre Fanny.
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Fanny se rend chez Louis, et lui demande de lui apprendre à jouer du piano, avant qu'il ne soit trop tard. « Pire qu'un audiogramme, un clavier ».
« La leçon terminée, ils évitent de parler, avec cette sensation désagréable de la salle qui se rallume »
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C'est l'histoire d'un flirt, ce flirt avec toi, pour lequel je ferais n'importe quoi, l'histoire d'enfants, ces enfants que nous faisons et qui nous font… une histoire d'une originalité folle, avec, au centre, les oreilles de Fanny, qu'elle déshabille, et ces quatre-vingt-huit touches qui rappellent, évidemment, parce que le style est tout aussi délicat, le héros d'
Alessandro Baricco, Novecento, , né sur un bateau, où il joue du piano, bateau qu'il ne quitte pas, piano qu'il ne quitte pas (« La Terre, c'est un bateau trop grand pour moi. C'est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer. Pardonnez-moi. Mais je ne descendrai pas ». )
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Hugo Boris commence son roman par les deux sens du mot portée (celle des petits mammifères, celle d'une partition), et entrecoupe ses chapitres de vers de Rimbaud. C'est… trop beau.