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Ce livre est à la fois une satire féroce de la Russie au début des années 20 (la période NEP) et une fable de science fiction autour du rapport homme bête. En résumé, un professeur spécialiste en rajeunissement implanté l'hypophyse d'un jeune pas très clair récemment décédé. le résultat est à la fois à la hauteur de ses espérances (cela fonctionne pas et l'animal devient quasi un homme) et une grande désillusion (vous verrez pourquoi). C'est aussi la critique féroce de la dictature du prolétariat au travers du comité des locataires de l'immeuble. Une fable rapide, agréable à lire, mais pas aussi magique que le chef d'oeuvre : la Maitre et Marguerite
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Très bon petit roman plein d'humour et de personnages hauts en couleur, on est presque dans du vaudeville. L'ambiance russe des années 1920 est particulièrement agréable et la fiction scientifique de l'expérience sur le chien est prétexte pour critiquer les revendications et comportements des prolétaires communistes.
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Quel heureux maître d'un chien n'a pas un jour déclaré " Mon chien? , il ne lui manque que la parole...".
Coeur de Chien" de BOULGAKOV vous chassera s"en aucun doute ce rêve de votre caboche.
Cette "transfiguration" à laquelle nous assistons grâce à l'écriture vive et cinglante de l'auteur s'inscrit dans le chaos de l'époque totalitaire dans laquelle elle se joue.
A quel moment la réalité dépasse t elle la fiction ?
Héritier spirituel de Gogol, BOULGAKOV nous entraîne dans un univers flamboyant, terrifiant et absurde, implacable photographie de la nature profonde des hommes.
Souhaitez que votre chien reste ce qu'il est !
Est il à souhaiter que nous ne soyons qu'humain? ..

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Coeur de chien / Mikhaïl Boulgakov (1891-1940)
Filip Filippovitch Preobrajenski est un chirurgien de renommée mondiale exerçant à Moscou. Vivent avec lui dans un luxueux appartement de sept pièces sa cuisinière Daria et sa bonne Zina. Dans son exercice il est assisté du Dr Bromenthal. le comité d'administration de l'immeuble par la voix de son président Schwonder estime que la grandeur de l'appartement doit permettre le logement d'une personne supplémentaire.
Au cours de l'hiver 1924, le distingué docteur Preobrajenski recueille un chien abandonné. Spécialiste des problèmes du rajeunissement, notre esculape décide de greffer l'hypophyse et les glandes génitales d'un prolétaire juste décédé. Ainsi il va pouvoir étudier l'influence de ces organes sur le rajeunissement.
Tout ne se passe pas comme prévu et des effets secondaires inattendus surviennent : le chien peu à peu se transforme en homme, avec des conséquences infernales pour la maisonnée assourdie de bahulées. Sauf que cela permet d'avoir le locataire supplémentaire exigé.
Ce court roman satirique et fantastique écrit en 1925 fut interdit de publication en URSS en raison de son ton contre-révolutionnaire jusqu'en 1987.
On notera ici l'imagination débordante de Boulgakov ainsi que son style truculent et décalé pour se moquer avec humour de son époque qui suit juste la Révolution d'octobre 1917.Satire du régime communiste, le texte dépeint les prolétaires de manière féroce, mais en fait les bourgeois ne sont pas épargnés. Satire également de la bêtise humaine.
À noter que le début de l'histoire est conté par le chien lui-même avant que la narration ne devienne impersonnelle. Une petite touche originale de l'auteur, encore une !
Extraits : C'est le Filip Filippovitch qui parle :« Si vous vous souciez de votre digestion, écoutez mon conseil : ne parlez jamais, durant le repas, de bolchevisme ou de médecine. Et surtout jamais au grand jamais ne lisez avant le repas de journaux soviétiques….Les patients qui ne lisent pas les journaux se portent à merveille, tandis que ceux à qui j'avais donné à lire la Pravda ont tous perdu du poids ! …et puisqu'il y a la révolution sociale, le chauffage est inutile !! »
« Celui qui ne se presse jamais trouve toujours le temps pour tout. » (Dr Preobrajenski)

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Une découverte de cet écrivain et de son chien transformé en humain.
Les multiples scènes et situations décrites avec détail font que le fil de l'histoire est un peu difficile à suivre.....
Une seconde lecture s'impose pour pouvoir apprécier les détails et subtilités de Boulgakov ....A faire.....A suivre....
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Bon, pour ce qui est de l'histoire, elle va assez vite (je crois avoir terminé le livre en 2h). Et elle n'est pas bien compliquée. Comme dit dans le résumé, il s'agit, en gros, d'un chien qui devient un homme. Jusque là rien de compliqué, SAUF QUE le chien, il vit quand même dans la rue au départ, je veux dire par là qu'on a connu plus distingué, et l'hypophyse qu'on lui greffe provient d'un alcoolique grossier et mauvais. Bref, je vous laisse imaginer la galère de vivre avec ce charmant individu (à côté de ça, votre coloc qui nettoie pas sa vaisselle c'est de la gnognotte). Je vous avoue que j'ai bien ri quand le « chien-homme » a sorti ses premiers mots.
Autre aspect que j'ai apprécié : les changements de point de vue du narrateur. Une fois, on est dans la tête du chien, une fois le narrateur est externe et une fois on a même droit au journal du médecin qui assiste le professeur Transfigouratov.
Voilà pour ce qui est de l'histoire globalement. Cependant, je pense qu'il y a plein d'autres éléments externes à l'histoire qu'il faut connaitre pour mieux la comprendre. Tout d'abord, il s'agit d'une satire. Que critique-t'elle alors ? Eh bien, il faut savoir que quand le livre à été écrit, l'idéologie soviétique s'empare du pouvoir et le pays se transforme de plus en plus en état totalitaire. Comprenez : censure (raison pour laquelle le livre ne sera publié que des annéééées plus tard) et abolition de la propriété privée. Voilà pourquoi le professeur, habitué à son confort, s'insurge de devoir se séparer de certaines pièces de son grand appartement. Boulgakov critique donc le pouvoir et les idées soviétiques et tourne au ridicule les idées prolétaires tout en brossant un tableau de la réalité de l'époque.
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Entre Mikhaïl BOULGAKOV et la censure de l'Etat soviétique, il y a comme un arrière goût de jeu du chat et de la souris. Entre l'écrivain russe et le pouvoir bolchevik, c'est même une partie d'échecs qui se met peu à peu en place. En 1921 BOULGAKOV quitte ses fonctions de médecin pour se lancer en littérature, il est immédiatement dans le viseur du pourtant tout jeune Etat bolchevik en tant qu'homme de convictions « blanches » (anti-bolcheviks) et « bourgeoises ». Ce sont surtout ses pièces de théâtre qui sont interdites de publication pour raisons politiques. Plus tard, ses demandes d'exil adressées à STALINE sont toutes refusées. Il est sous ce régime politique l'un des écrivains russes les plus censurés. C'est le cas de la nouvelle « Coeur de chien ».

C'est en 1925, alors qu'il est surveillé par le pouvoir en place, que BOUGAKOV (1891-1940) écrit « Coeur de chien », une longue nouvelle à l'atmosphère satirique. À Moscou, Bouboul (son nom peut varier selon les traductions) est un chien de 2 ans en déshérence, recueilli par un médecin, Transfigouratov (petite précision : selon les traductions, il a été décidé de garder les patronymes originaux ou bien de les franciser pour les rendre proches des significations des noms donnés par BOULGAKOV, c'est le cas ici). Bouboul aboie, demande de la nourriture, observe les humains autour de lui. Toujours dans les pattes de son maître, il va devenir pourtant chien de laboratoire, le docteur épaulé par des confrères, décidant de lui greffer des testicules et un cerveau d'homme, prélevés sur un jeune membre du parti communiste de 28 ans, décédé – assassiné - quatre heures plus tôt. BOULGAKOV connaît son sujet puisqu'il fut lui-même médecin.

Tout paraît engagé pour que Bouboul ne survive pas à la délicate et complexe opération mais, contre tout espoir, il revient des ténèbres. C'est alors qu'il commence à agir en humain, à parler. le docteur Bormenthal tient un journal personnel, que le narrateur a ici la bonté de partager, journal qui représente sans doute le sommet du récit, puisque que nous y apprenons comment l'opération s'est déroulée, ainsi que les suites immédiates de celle-ci.

Bouboul, humanisé, réclame une identité, demande à s'appeler désormais Bouboulov. Il est devenu un être grossier et provocateur. Parmi ses premières phrases prononcées, celle-ci : « File-moi donc une cibiche, toi qu'as des rayures à ton sac à miches ». Ce récit, par sa structure, pourrait aisément être rapproché de la pièce de théâtre « R.U.R. » du Tchèque Karel ČAPEK écrite cinq ans plus tôt.

L'écriture de ce texte est parfois rugueuse, voire crue ou populaire (on peut penser ici à Nikolaï LESKOV), les songes du narrateur se glissant par moments dans ceux du chien. L'univers y est fantastique, teinté de science-fiction qui, pensait peut-être BOULGAKOV, devrait servir à contourner la censure. Malgré ce stratagème de l'allégorie, l'auteur en profite pour insérer quelques attaques contre l'appareil d'Etat : « Les patients [de la clinique] qui ne lisent pas de journaux se sentent parfaitement bien. Au contraire, ceux que je forçais à lire la Pravda perdaient du poids […]. Ce n'est pas tout. Réflexes rotuliens en baisse, peu d'appétit, état dépressif ».

Des scènes absurdes, typiques du théâtre russe, même si la présente nouvelle n'est en rien du théâtre, malgré les nombreux dialogues, viennent diversifier le texte, lui donnant une légèreté presque incongrue au vu des scènes dramatiques. Il pourrait être lu comme une farce. Il n'en est rien. Et le fond déplaît fortement au pouvoir. En effet, Bouboulov, une fois humain, rêve de devenir influent, devient vulgaire et alcoolique, ambitieux. Schwonder, le responsable du comité que veut rejoindre Bouboulov, est un homme sournois, assez immonde et sans scrupules.

S'il devait y avoir une morale, ce pourrait être la suivante : Bouboul, chien obéissant et sans aucun intérêt, devient vil et excessif dès qu'il se transforme en homme, il réclame alors sa part de pouvoir. « Coeur de chien » est immédiatement jugé contre-révolutionnaire par la censure d'Etat, le récit est interdit en URSS (le manuscrit de « Coeur de chien » est subtilisé dans la propre demeure de l'écrivain par les autorités en 1926). Plusieurs fois, BOULGAKOV tente de le faire publier. En vain. Il ne sera autorisé en URSS qu'en… 1987, en pleine perestroïka, plus de 60 ans après sa rédaction, et près de 50 après la mort de son auteur.

BOULGAKOV fut l'un des écrivains russes les plus persécutés par le régime soviétique. En 1929 il demande l'exil, sans succès. La plupart de ses oeuvres sont interdites et ne verront le jour que dans les années 1980 en U.R.S.S. Entre temps, il meurt de maladie, en 1940, à Moscou dans ce pays que jamais il n'aura pu fuir.

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Les nombreuses affaires récentes de squatt de maisons remettent d'actualité ce qu'on a souvent l'occasion de découvrir à ses dépends: mieux vaut tendre la main à un chien qu'à un humain...
Avec cette fabulette, Boulgakov tape sur tout le monde: les "révolutionnaires" autant que les "réactionnaires"..
On se régale, on rigole bien, mais souvent on se dit que c'est très (trop?) bien observé..
Finalement, on se demande de qui on se sentira le plus proche...
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« Coeur de chien » nous emmène en 1924 à Moscou. Filip Filippovitch Preobrajenski est un chirurgien de grande renommée spécialisé dans les opérations les plus complexes, qu'il pratique désormais à son domicile. Les recherches qu'il réalise l'amènent un jour à recueillir Boule, un chien errant et à lui greffer l'hypophyse et les testicules d'un homme récemment décédé pour tester l'effet de ces organes sur le rajeunissement de l'organisme. Mais cette opération va avoir de curieux effets secondaires car le chien va petit à petit se transformer en homme. Et pas n'importe quel homme puisqu'il s'avère grossier, ingérable et influençable du point de vue des idées politiques. Pour un chirurgien déjà harcelé par les comités soviétiques, la situation va s'avérer pour le moins compliquée.

J'ai commencé la lecture de « Coeur de chien » sur les (bonnes) recommandations de l'éditeur, sans connaitre quoi que ce soit sur son sujet. du coup, j'ai forcément été un peu surpris au moment de l'opération du chien Boule quand la nouvelle de Boulgakov a pris sa tonalité résolument fantastique. Mais le résultat est très intéressant à lire et constitue une critique à peine voilée du système soviétique et de sa vision de l'homme nouveau. Si personne ne semble s'étonner de la transformation de Boule en Boulov, c'est surtout son atavisme qui frappe, puisque créé à partir des organes d'un « camarade » vulgaire et grossier, il le devient lui même petit à petit. D'ailleurs, le livre a très longtemps été censuré en URSS car jugé contre-révolutionnaire. Il n'a été publié là-bas qu'en 1987. Sur sa forme, « coeur de chien » se révèle très original, notamment dans toute sa partie adoptant le point de vue du chien Boule, et drôle. Mélange de fantastique, d'irrationnel et de dérision, il met à mal les tenants des institutions et de la bureaucratie soviétiques, qui vont même jusqu'à tenter de faire lire Engels à Boulov.

Une passionnante plongée dans la société soviétique du début des années 1920 !
Lien : https://instagram.com/Mangeu..
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Critique brillante et tordante de l'homme en général, du communiste en particulier. Chant d'humour et de liberté face à la dictature.
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