Ce que j'aime dans les romans de Charlotte et plus particulièrement dans celui-ci ce sont les portraits de femmes qu'elle tisse avec toujours autant de tendresse et de douceur. Chacune des quatre héroïnes qui composent ce roman a sa propre trame narrative, ses propres combats, ses propres échecs. Tiyyi, Arkhane, Djiane, Aya Sin, chacune accepte son destin, le transcende, s'interroge et se construit, à sa manière. Leur construction autant que leur évolution est complètement dingue, d'autant plus dans ce second tome où de leur rencontre va enfin se dérouler un certain nombre de choses (est-ce que je reste volontairement vague pour ne pas vous spoiler ? oui !).
On retrouve avec grand plaisir les déserts, les tempêtes de sable, la culture orientale qui se dégage de la caravane de Kenzis, ces saltimbanques aux pouvoirs étranges dont Malik tire sa force. Mais aussi les animaux, qui, comme dans chaque roman de
Charlotte Bousquet ont leur propre place, accompagnent, chassent, tuent, défendent, réconfortent et protègent. Un loup papillon, un âne, un cheval, des serpents ailés, il n'y en a pas un seul qui ne peut se faire compagnon. On retrouve également les rites, la magie presque vaudous, les visions d'Aya Sin, mystérieuses, opaques, dictées par la déesse qui se fait d'ailleurs un peu plus interventionniste dans cette seconde partie tout en prétendant ne pas l'être. C'est quelque chose que j'ai eu du mal à comprendre. Puisqu'Aya Sin voit les fils de la destinée, c'est forcément que quelqu'un les trace, alors pourquoi prétendre que nos héroïnes ont le choix ? Autre point curieux c'est une petite allusion à la fin du roman qui prétend que souvent Azara et Azr'Khila étaient prises pour les faces d'une même médaille ce qui me conforte dans mon sentiment d'avoir eu à faire à la même entité tout le long du roman et non à deux. Comme deux formes d'un même pouvoir.
Bien sûr les fils commencent doucement à se dénouer dans ce second volume plus court que le précédent. On retrouve notre prophétie, le malfaisant Malik et cette quête d'immortalité affabulatrice. Petit à petit, toutes les pièces du puzzle s'emboîtent, les héroïnes se rencontrent comme on pouvait le pressentir depuis le début, et les membres de la caravane commencent à se révolter contre leur geôlier. Malgré tout, Malik reste toujours aussi effacé, et je le regrette parce qu'il représente tout de même l'ennemi et j'aurais aimé en savoir plus sur lui, sur son passé, sur ce qui l'a fait devenir ainsi… Tout comme l'Asag, ce mal qui semble ronger la terre. Beaucoup de points restent assez obscurs.
Ce qui ne l'est pas en revanche c'est mon amour pour l'écriture de Charlotte qui dans cette duologie prend des tournures oniriques et poétiques. J'aime particulièrement ce qu'elle nomme les « dyns » et qui ressemblent à des chants ancestraux notamment avec leur « eeeyoo » ou ce genre de sonorités qui me font immédiatement pensé aux chants samis par exemple.
En conclusion
Cette duologie, empreinte de magie orientale, où les femmes portent de multiples visages, femmes, mères, filles, élues, guerrières et guérisseuses, où les animaux se font compagnons et protecteurs, et où tous se lèvent face au mal absolu et à l'obscur, trouve une place toute particulière dans ma bibliothèque. Entre onirisme et combat, poésie et cauchemars,
Charlotte Bousquet conte le destin d'héroïnes hors normes dans un monde de déserts et de mythes, où le moindre pas est une bataille à mener, pour soi, et pour les autres.
Lien :
https://lesdreamdreamdunebou..