Telle Félix sentant monter une irrépressible contrariété devant son Whiskas goût "pâté de campagne" alors qu'évidemment c'était goût "saumon sauvage" qu'il fallait prendre, longtemps j'hésitai avant de me lancer dans le dernier Bouysse, échaudée par plusieurs critiques bien plus tièdes que pour le punchy "Né d'aucune femme".
De fait, le début n'est pas fantastiquement convaincant ; l'auteur semble avoir mal réglé la pression au tuyau (t'as vérifié les injecteurs, Francky ?) : les adjectifs, verbes, adverbes giclent en tourbillons et , même en retroussant ses manches et en claquant du fouet , il semble galérer à les faire monter à leur bonne place sur le tabouret.
Et ce titre, vacillant un poil entre poétique et pouetique ? Bouysse se serait-il télétransporté sous la peau de
Christian Signol, frôlant dangereusement au passage l'étagère des G comme Virginie , avec des titres exquis tel "Que ne bruissent que les scintillantes étoiles" ?
Non, mais si, il est bien ce titre en vrai.
Le coup de tonnerre de l'évidence ne frappe pas forcément les - nombreux et hétéroclites- personnages. Ils m'ont semblé un peu figés , comme des santons dans une crèche, tout le monde est là mais pas grand chose à se dire, ah d'accord c'était le sujet ok.
Heureusement le jeune Matthieu revivifie un peu l'attention par son amour puissant de la nature, il sent même les arbres lui parler à travers les pieds, c'est tentant, je veux les mêmes. La jeune Mabel nous remet aussi en selle par son impétueuse sensualité , j'adhère totalement en voilà une bonne idée, la panacée à tous les coups durs de la vie ("les inévitables aspérités de la vie" , copyright mon tonton
Jean-Pierre de Vannes).
Au fil du texte, les dialogues à la cow-boy qui nous enchantèrent dans ses autres ouvrages reprennent enfin du poil de la bête, c'est vif, ça envoie, on s'y retrouve, ouf.
Il manque quand même une homogénéité, je trouve. Ce n'est que mon avis, d'amoureuse déçue de l'univers enveloppant et du style claquant de ses précédents romans.
Et si un livre est une auberge espagnole où l'on trouve surtout ce qu'on y a apporté, eh beh mon flamenco fut assurément sans duende.
Quoi qu'il en soit, reprenant sans vergogne le souffle à trémolo gaullien, je conclurai : groupie dégrisée, groupie désoeuvrée mais groupie délibérée :)