Séjour tendance rustre et âpre à la ferme, du côté de Puy Violent.
Montagne et campagne, dans une ambiance plutôt rugueuse et dramatique avec une histoire qui se déroule à l'époque de la Première Guerre mondiale dans le Cantal.
Roman rustique, intimiste, d'une belle puissance. Force des personnages, tendresse enfouie sous les silences, rudesse du milieu paysan et du quotidien du monde rural. Des femmes et des hommes besogneux. Et, de la fureur.
Comme de nouveau la foudre n'augurant rien de bon, la nuit précédent son départ, c'est le drame vécu par nombre de familles qui s'abat sur Victor et ses proches en ce jour d'été 1914 dans la ferme familiale. C'est la mobilisation générale.
"Ce ne fut qu'une fois l'uniforme revêtu qu'il prit véritablement conscience qu'on le volait à lui-même et à ceux qu'il aimait".
Le jeune Joseph, alors adolescent, se retrouve l'homme de la maison, il va falloir s'organiser, s'occuper de la ferme, avec Marie sa grand-mère, Mathilde sa mère, et avec l'aide de Leonard leur ami voisin.
Valette, propriétaire alentour, apparaît d'emblée comme un personnage détestable et écoeurant ; marié à Irène, il va héberger Hélène sa belle-soeur qui débarque avec sa fille Anna, parties se mettre à l'abri à la campagne.
Leur arrivée va bouleverser l'ordre quotidien des choses, et avec cette terrible guerre, réveiller le volcan en sommeil en chacun des personnages.
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La nature environnante est décrite de façon magnifique dans ce monde rural d'un coin que l'auteur connaît bien.
Il sait trouver le ton juste pour signifier le dur labeur de la vie à la ferme, la solitude et la résignation que prennent à bras le corps les femmes, courageuses, pragmatiques, en ces temps où les hommes vaillants sont partis à la guerre ; le coeur en émoi des plus jeunes qui se découvrent alors.
Glaise... on peut s'y embourber, subir la fatalité, ou s'efforcer de la sculpter à la façon d'un tour nouveau que l'on voudrait donner à sa vie...
Les mots choisis par l'auteur donnent toute la mesure de cette terre à la fois matrice et tombeau.
L'atmosphère est palpable, grise, elle est comme un ciel d'orage. Brouilles entre les familles, violence sourde, souffrances tues ... Et toujours le devoir de combattre pour survivre en ces temps et milieux difficiles.
Un style brut et puissant.
Peut-être plus de mystères auxquels je m'attendais qu'il n'y parait au final, mais un roman fidèle à ce que j'ai pu lire de l'auteur jusqu'alors.