Second livre de
Franck Bouysse que je lis, après "
Orphelines".
Orphelines était un polar efficace, rondement mené.
Ici, avec
Glaise, nous sommes dans le roman dramatique. La tension monte dans ce huit clos oppressant, et je n'ai pas lâché le livre.
Généralement un auteur va se cantonner dans un genre de livre spécifique. Chapeau donc à
Franck Bouysse d'être capable de passer du policier au roman dramatique sans soucis, c'est assez rare (je crois) pour être souligné.
J'ai beaucoup aimé l'écriture dans ce livre.
Chaque scène est esquissée à la manière d'un tableau. Deux trois phrases plantent le décor, de manière très visuelle, et il est facile de se représenter la scène, les personnages.
Chaque verbe est soigneusement choisi pour donner le plus de détails possible, sur les bruits, les odeurs, les caractères, etc.
L'auteur travaille également dans la biologie, et cela se ressent : Chaque oiseau, chaque arbre, est nommé. Cela ajoute une dimension à cette nature omniprésente.
La première scène a été pensée comme un western, et c'est réussi, l'accroche fonctionne à merveille.
Valette est vraiment l'ogre voulu par l'auteur. Certaines scènes ont été écrites pour le rendre un peu humain et susciter de la compassion (lorsqu'il se pense caché et caresse son chien, par exemple). Mais ce personnage est tellement odieux que je n'ai pas pu ressentir cette compassion pour ma part!
La guerre n'est pas le personnage principal de ce roman, l'auteur ayant voulu raconter l'histoire de ceux qui restent sur les terres agricoles lorsque les hommes partent sur le front.
Elle est présente néanmoins de loin, lorsqu'une famille reçoit une lettre annonçant la mort de l'un des siens, ou bien lorsque des militaires viennent réquisitionner les bêtes valides dans les fermes pour l'effort de guerre. Nous nous retrouvons alors dans un lieu fermé, trois fermes dans le Cantal, à suivre ces personnages qui tentent de composer avec le dur travail physique de la ferme.
J'enlève néanmoins une étoile à ma critique, car j'ai trouvé que le traitement des personnages était déséquilibré.
Par exemple, Anna disparait pendant toute la partie centrale du livre (je suis restée sur ma faim avec sa relation avec Joseph). Leonard, également, disparait sur toute la fin du livre. J'ai trouvé dommage qu'il soit présent tel un père pour Joseph tout le long du roman, le protégeant, l'éduquant presque, pour l'abandonner finalement sur la fin, en proie à la haine de Valette.
Ce livre est un beau roman, qui va me rester un temps dans la tête.