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sur 877 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Glaise » de Franck Bouysse
Encore un chef d'oeuvre de Farnck Bouysse cet auteur de romans noirs où se chevauchent laideur et beauté, vide et trop-plein, non-dits et phrases assassines, et bien plus.
A chaque nouveau roman de cet auteur que j'ai découvert avec « Né d'aucune femme »
Je suis époustouflée par le style foisonnant, par la poésie qui se dégage de certains passages, par la palette de sentiments, d'émotions qui me traversent au cours de mes lectures. Pour « Glaise » malgré le climat oppressant de cette campagne où un couple de taiseux se côtoient, s'aperçoivent à peine, se supportent difficilement, on est confronté à la douleur de la perte d'êtres chers, au risque et à l'attente de cette perte, alors que pour contrebalancer l'équilibre des choses, une histoire d'amour se noue entre deux jeunes gens que la guerre a rapprochés. La douleur, la jalousie, la haine qui monte, chez le vieux Valette s'opposent à la poésie du jeune Joseph qui découvre la beauté et l'espoir alors que la rudesse de sa vie ne l'y a pas habitué.
De chapitre en chapitre, avec des mots qui virevoltent, Franck Bouysse nous amène petit à petit à un dénouement qui nous prend aux tripes, cheminant de page en page au milieu de la campagne où l'on tait ce que l'on ressent, comme si cela pouvait empêcher les sentiments de naitre et de croître.
Il distille un parfum entêtant d'amour, de renonciation, de désespoir.
Un livre coup de coeur et coup de poing.
Merci à Mr Franck Bouysse de m'avoir fait vibrer par son art particulier
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Passant régulièrement des vacances dans le Cantal, je me suis lancée dans la lecture de ce roman qui y situe son action. J'escomptais ainsi également valider lors d'un challenge l'item "un roman mettant une région française à l'honneur à travers son terroir". Et c'est vrai que j'ai reconnu mon Cantal adoré, son été ardent et son hiver glacial (même si malheureusement de moins en moins...), ses maisons typiques, ses montagnes qui définissent l'horizon, la part prédominante de l'agriculture et de l'élevage, surtout il y a un siècle.

Mais ce roman s'avère bien plus qu'un roman "terroir".
Il traite d'autres sujets avec justesse et sensibilité.
De la guerre. de l'amour.
Et de tout un nuancier de sentiments humains et de ressentis à différentes étapes de la vie.

L'action débute en août 1914, les hommes valides s'apprêtent à partir pour la guerre. Pourtant cette grande guerre sera l'absente de ce roman, traitée de loin, l'attention étant portée sur ceux qui restent.
Passionnant et bouleversant.
Joseph, 15 ans, reste dans la ferme familiale avec sa mère Mathilde et sa grand-mère Marie, et endosse le rôle de l'homme de la maison, tout en s'inquiétant pour son père parti au front.
Léonard l'accompagne tel un grand-père d'adoption.
Valette, son voisin et ennemi présenté comme un dangereux détraqué mental, ne participe pas à la guerre en raison d'une main difforme. Il accueille en revanche sa belle-soeur Hélène et sa nièce Anna, ce qui n'est pas du goût de sa femme Irène ; il faut dire que tous deux s'inquiètent pour leur jeune fils Eugène parti se battre.
Pour ces personnages la vie continue, loin du danger mais pas de la souffrance. Tous les sentiments semblent exacerbés, et la vie, la mort, l'amour et la haine s'entremêlent et se côtoient de manière inexorable.

J'ai été bouleversée par la force des sentiments évoqués dans ce beau roman, et par la puissance de l'écriture de Franck Bouysse.
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La vie est à elle seule âpre et il faut une énorme dose de résilience pour certains, d'alcool pour d'autres ou bien de résistance pour y survivre. Ajoutez-y une sale guerre bien que lointaine, des caractères parfois querelleurs ou démissionnaires, un sort qui s'acharne et une écriture acérée: vous lirez une histoire qui colle à vos doigts, magnifiquement façonnée.
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Quand la littérature est menacée par Giebel, Angot, Patterson, Grimaldi, Valognes, etc... et que rien ne va plus, un héros solitaire se dresse, et son nom est Franck Bouysse. Putain, ce que c'est bon de se dire qu'il y a encore des écrivains qui savent écrire, ont lu des classiques mais surtout en ont retenu les leçons.

Heum, pardon. C'est peu dire que ce roman est bien écrit. C'est de la littérature de gourmet, mes chéris. C'est beau, et ça vous élève. Bon, d'accord, c'est un roman de terroir, et les romans de terroir ont une certaine propension à m'emmerder, mais j'aurais été bien bête de bouder Bouysse pour cette simple raison.
J'ai beaucoup aimé, même si dans le genre, j'ai préféré Il reste la poussière de Sandrine Collette, un poil plus puissant et plus âpre. En toile de fond, la guerre de 14-18, et je dois dire que là aussi, je commence à saturer sur ce thème.
J'ai surtout été contrarié par la fin ; l'impression que l'auteur ne savait pas comment conclure son récit et livrait un deus-ex machina un peu facile.
Ce n'est que le premier livre de l'auteur que je me tape, mais ce ne sera pas le dernier.
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Lorsque j'ai vu qu'un nouveau roman de Franck Bouysse était paru, je me suis précipitée pour l'acheter, tellement j'avais aimé ses précédents romans "grossir le ciel" et "Plateau".
On retrouve son écriture très sèche, précise et surtout son univers de prédilection : la campagne corrézienne.
L'histoire commence en 1914, la 1ère guerre mondiale vient de commencer, les hommes ont été mobilisés.
Un petit hameau dans le Cantal n'est pas épargné, il regroupe trois fermes. Dans la première, le père, Victor est parti combattre, laissant sa femme, son fils et la grand-mère à la ferme. Joseph a 15 ans, il lui a promis de s'occuper de la ferme comme un homme.
A côté, habite un vieil ami de la famille, Léonard et sa femme Lucie, celui-ci lui prête main forte très souvent lors des travaux des champs, il lui prête également sa mule. Ce couple ne se parle plus depuis la mort de leur fils.
La troisième ferme est occupée par la famille Valette, le père n'a pas pu partir à la guerre car il a une main en moins suite à un accident. Cela le rend amer et empli de hargne et de colère. Son fils, Eugène, lui est en train de combattre. Deux femmes viennent s'installer dans cette ferme en attendant des jours meilleurs, il s'agit de la femme et de la fille du frère du fermier. Ce sont des femmes de la ville, Hélène (la mère) va avoir beaucoup de mal à s'adapter à la rudesse des travaux des champs. Anna, sa fille de 15-16 ans est plus robuste. Lorsqu'elle va rencontrer Joseph, ce sera le coup de foudre. Ensemble, ils vont découvrir la sexualité, ils devront se cacher de leurs parents.
La guerre est lointaine et évoquée à travers les lettres des soldats et les permissions. Tous ces personnages sont occupés à travailler dur pour survivre au quotidien, la nature est rude.
On sent monter la tension entre ces personnages, la menace vient de Valette.
Ce qui est frappant c'est le peu de dialogues, ce sont des taiseux.
L'auteur sait parfaitement planter un décor et créer une ambiance, on visualise très bien ce hameau, les montagnes au-loin.
Je le recommande !
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Chantegril, au pied du puy Violent, août 1914. Victor, comme tant d'autres mobilisés, doit quitter sa ferme au coeur du Cantal. Il confie les rênes à sa mère, à sa femme et surtout à son fils Joseph, 15 ans, qui devient l'homme de la famille le temps d'un conflit que tous pensent de courte durée. L'adolescent, entouré de sa mère, Mathilde, et de sa grand-mère, Marie, va s'acquitter des tâches quotidiennes avec courage sous l'oeil protecteur du vieux Léonard, ami et soutien de la famille depuis de nombreuses années. Non loin de là, dans la ferme voisine, les Valette, un couple aigri et violent, lui dont la main atrophiée l'empêche d'accomplir son devoir et elle qui pleure son fils parti au front, recueillent chez eux leur belle-soeur et leur nièce Anna, le père étant lui aussi parti à la guerre...

C'est dans ce contexte tragique que Franck Bouysse plante le décor de son roman. Un monde empli de rancoeurs, de violence, d'aigreur, de souffrance mais aussi d'espoir et d'amour.

Comme à son accoutumée l'auteur dépeint avec force et âpreté des êtres taiseux parfois meurtris, aigris, généreux ou encore insouciants. Avec une écriture caractéristique faite d'images et de tournures de style (parfois un peu trop appuyées) Franck Bouysse construit son histoire touche par touche. Si au loin, la guerre gronde, au puy Violent (qui porte bien son nom), l'orage menace à chaque instant.

Bien sûr, certains reprocheront une histoire d'amour somme toute banale là où d'autres accuseront un style parfois ampoulé.

Mon reproche principal sera cet épilogue que je trouve inutile, un peu trop démonstratif qui n'avait pas besoin d'être écrit pour le lecteur attentif.

Pour le reste, je continue d'apprécier les romans qui m'emportent loin de mon quotidien et Bouysse y parvient parfaitement.
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La guerre de 1914 a besoin de chair à canon, et elle s'approvisionne dans le Cantal, chez les Landry où elle enrôle Victor,le père et dans la ferme voisine, chez les Valette, le fils Eugène. L'exploitation de la ferme familiale des landry repose désormais sur les épaules de Joseph, 15 ans et de sa mère Mathilde, parfois aidés par Léonard, un vieux voisin sympathique et serviable. du côté des valette, le père handicapé d'une main, irascible, alcoolique et sa femme accueillent leur belle soeur Hélène dont le mari a été également mobilisé et sa fille Anna pour les éloigner du front trop près de chez elles. Franck Bouysse, avec sa qualité d'écriture nous embarque dans l'intimité de cette France rurale avec des personnages superbement campés et une histoire où Joseph et son guide moral, le vieux Léonard ont la part belle et affrontent la bêtise et la méchanceté incarnée par l'horrible Valette. Amitié, amour et résilience sont présents à chaque page et atténuent la noirceur du roman.
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Je suis comme une idiote à ne pas savoir comment parler de ce livre de Franck Bouysse que j'ai pourtant beaucoup aimé. Alors me voici en train de regarder la quatrième de couverture, pour y piocher quelques idées… Et il y est dit que ce roman à l'écriture à la fois âpre et lyrique, est sauvage et poignant. On le compare au Bruit et à la fureur de Faulkner, tout en traitant l'auteur de sculpteur hors pair de la langue. Bon bon bon… tout cela est un peu dithyrambique, je n'ai visiblement pas été la seule à hésiter devant les mots à employer pour décrire ce roman. Mais situons l'histoire, pour commencer… Nous sommes à l'été 1914, dans le Cantal. Les hommes sont mobilisés et les fermes confiées aux femmes, aux hommes trop âgés, trop jeunes ou invalides. Joseph se retrouve ainsi seul avec sa mère et sa grand-mère. Heureusement, Léonard, le voisin, va donner un coup de main. Dans la ferme voisine, Valette, resté à la maison en raison d'une main estropiée, reçoit sa belle-soeur et sa nièce, tandis que son fils et son frère sont sur le front. Tout ce petit monde va se jauger, s'aimer ou se détester copieusement tandis que la guerre fait rage, s'éternise et que les nouvelles du front se font rares. Valette est connu pour être abject et rancunier. le lecteur va rapidement s'apercevoir qu'il peut être à la hauteur de sa réputation. Mis à part les deux jeunes gens qui s'éveillent ensemble à l'amour et à la sensualité, il faut dire que la situation des adultes est compliquée. Chacun est enfermé dans ses pensées, sa solitude, le souvenir des absents et cherche à oublier à sa façon le présent. Franck Bouysse excelle réellement à créer un climat de tension palpable, dont le premier acte est un orage impressionnant dont Joseph a très peur. Les orages ont eu le mauvais rôle dans l'histoire de la famille. Mais qui de la nature ou des hommes auront le plus à coeur de rejouer la prochaine partie de malheur ? La mère de Joseph se perd dans le travail, la femme de Valette dans le souhait d'une nouvelle maternité, sa belle-soeur dans la mélancolie… Et Franck Bouysse excelle aussi à décrire des montagnes à la fois belles et hostiles, mystérieuses, qui cachent à peine la folie et l'imprudence des hommes. Dans ce roman, on patauge régulièrement dans la fange, avec de la glaise jusqu'au cou, on pense que personne ne s'en sortira indemne, on tremble pour la naïveté des jeunes gens, on voudrait pouvoir vomir un bon coup, sauver ce qui peut l'être et s'enfuir au loin. Nul besoin d'être au front en somme pour vivre l'enfer. Ce roman dur et violent, servi par une écriture superbe aux longs passages allant parfois jusqu'au lyrisme, est fascinant et effectivement d'une beauté glaciale digne des plus grands romans.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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La glaise, c'est celle des tranchées dans laquelle se vautrent les soldats de 14-18 ; la glaise c'est aussi celle que modèle Joseph, glaise échappatoire à cette vie miséreuse qu'il mène aux côtés de sa mère et de sa grand-mère depuis que son père est parti au front.

C'est un roman sur ceux qui restent. Ceux qui restent lorsque les hommes en âge de se battre à l'été 1914 sont partis au front. Ceux qui restent et doivent vivre jour après jour l'angoisse de ne jamais revoir l'être aimé. Ceux qui restent et retrouvent tant bien que mal un nouvel équilibre familial et social dans un village paysan où tous les hommes laboureurs sont partis. Ceux qui restent et survivent plus qu'ils ne vivent. Alors, le monde change : les femmes prennent le relais des hommes, redoublant d'efforts pour masquer leur chagrin et accomplir les tâches du foyer et de la terre. Et les enfants grandissent un peu trop vite...

Dans ce roman, la vie dans les tranchées est évoquée par petites touches, esquissée seulement. le choix de ce point de vue décalé est un coup de maître et donne une véritable authenticité au récit : nous vivons avec les personnages du village et ne savons pas plus qu'eux ce qui se passe réellement au front. Pourtant, Franck Bouysse ne nous épargne pas l'horreur et nous ne pouvons sortir indemnes de cette lecture. Les pages crient la souffrance des personnages et exaltent crûment une violence inouïe, heureusement légèrement compensée par une jolie idylle, bulle d'air frais dans ce monde boueux.

Si « Né d'aucune femme » m'a bien plus captivée que « Glaise », j'ai retrouvé avec un immense plaisir ce qui fait de Franck Bouysse un très grand écrivain : sa merveilleuse plume, sa manière virtuose de tisser des relations fortes et sincères entre les personnages dont la psychologie est ciselée, mais aussi sa subtilité narrative que j'avais tant appréciée alors. Son écriture par petites touches est si fine que le sens profond, un peu flottant, demande au lecteur de rester aux aguets : chaque mot est à sa place, aucune phrase n'est laissée au hasard. J'ai été, une fois encore, admirative de sa capacité à écrire des pages équivoques, à deux niveaux de lecture. Franck Bouysse parvient ainsi à laisser toute sa place à l'interprétation du lecteur dans un livre aux infinis possibles.

Challenge Multi-Défis 2021
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Second livre de Franck Bouysse que je lis, après "Orphelines".

Orphelines était un polar efficace, rondement mené.
Ici, avec Glaise, nous sommes dans le roman dramatique. La tension monte dans ce huit clos oppressant, et je n'ai pas lâché le livre.

Généralement un auteur va se cantonner dans un genre de livre spécifique. Chapeau donc à Franck Bouysse d'être capable de passer du policier au roman dramatique sans soucis, c'est assez rare (je crois) pour être souligné.

J'ai beaucoup aimé l'écriture dans ce livre.
Chaque scène est esquissée à la manière d'un tableau. Deux trois phrases plantent le décor, de manière très visuelle, et il est facile de se représenter la scène, les personnages.
Chaque verbe est soigneusement choisi pour donner le plus de détails possible, sur les bruits, les odeurs, les caractères, etc.
L'auteur travaille également dans la biologie, et cela se ressent : Chaque oiseau, chaque arbre, est nommé. Cela ajoute une dimension à cette nature omniprésente.

La première scène a été pensée comme un western, et c'est réussi, l'accroche fonctionne à merveille.

Valette est vraiment l'ogre voulu par l'auteur. Certaines scènes ont été écrites pour le rendre un peu humain et susciter de la compassion (lorsqu'il se pense caché et caresse son chien, par exemple). Mais ce personnage est tellement odieux que je n'ai pas pu ressentir cette compassion pour ma part!

La guerre n'est pas le personnage principal de ce roman, l'auteur ayant voulu raconter l'histoire de ceux qui restent sur les terres agricoles lorsque les hommes partent sur le front.
Elle est présente néanmoins de loin, lorsqu'une famille reçoit une lettre annonçant la mort de l'un des siens, ou bien lorsque des militaires viennent réquisitionner les bêtes valides dans les fermes pour l'effort de guerre. Nous nous retrouvons alors dans un lieu fermé, trois fermes dans le Cantal, à suivre ces personnages qui tentent de composer avec le dur travail physique de la ferme.

J'enlève néanmoins une étoile à ma critique, car j'ai trouvé que le traitement des personnages était déséquilibré.
Par exemple, Anna disparait pendant toute la partie centrale du livre (je suis restée sur ma faim avec sa relation avec Joseph). Leonard, également, disparait sur toute la fin du livre. J'ai trouvé dommage qu'il soit présent tel un père pour Joseph tout le long du roman, le protégeant, l'éduquant presque, pour l'abandonner finalement sur la fin, en proie à la haine de Valette.

Ce livre est un beau roman, qui va me rester un temps dans la tête.





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