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3,97

sur 877 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1914, les hommes, en âge d'être réquisitionnés, s'en sont allés, laissant femmes, vieillards, adolescents, infirmes s'occuper de la terre et des bêtes. Ceux qui restent tentent de faire comme si , malgré la peur de ne plus revoir les absents. Dans ce climat mortifère, comme si la folie du monde les contaminait, des drames germent. La peur attise les haines et les jalousies, les rancoeurs et les frustrations deviennent folies. Les protagonistes de ce(s) drame(e) habitent trois fermes voisines ; enfermés dans leurs douleurs, tous espèrent le retour des absents, père, fils, mari. Si la guerre reste en arriere-plan dans le récit ( de ceux qui sont partis, nous ne savons rien de ce qu'ils vivent dans l'enfer des mitrailles) , elle reste cependant présente, : lettres des absents, rumeurs, mauvaises nouvelles viennent rappeler l'horreur. Mais le drame ne frappe pas toujours là ou on l'attend. Franck Bouysse m'a éblouie par son écriture et le rythme impeccable de son roman. Avec des mots, des phrases tantôt lyriques tantôt sobres, il sait décrire à la perfection un geste, un sentiment, un paysage, un non-dit. Les critiques de presse évoquent avec raison Faulkner. le compliment est méritė pour ce roman noir et incandescent.
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Une histoire sombre, violente, oppressante, et ... surprenante. Roman classé dans les polars, je ne m'attendais pas à cette lecture; j'ai plutôt découvert un roman rural à la limite du thriller. Mais peu importe, quelle lecture ! En admiration devant le talent de l'auteur je suis !
Pas de démesure, juste ce qu'il faut de mots, de dialogues, de descriptions pour camper le décor et embarquer le lecteur dans les montagnes du Cantal. La rudesse de la vie dans une exploitation rurale, les labeurs inhérents variant selon les saison et contraints par le climat sont dépeints avec authenticité.

« C'est facile pour personne, mais nous, on ne le montre pas quand c'est pas facile. »

On courbe l'échine comme les personnages aux caractères si bien campés, on se retrouve au coeur des secrets, des tabous, des tourmentes, sur fond de Grande Guerre qui vient d'éclater.

« On passa de l'été à l'hiver par un mince trait d'union teinté d'ocre et de rouge. le froid s'installa, la neige se mit à tomber début novembre, et on se recroquevilla derrière les murs, car il n'y avait plus guère que cela à faire, courber l'échine, attendre que ça passe.
Fragiles humains.
Qui enduraient la neige scarifiée de traces, pareille à une vaste carte dessinée à l'encre sympathique.
Enduraient les redoux, comme des mensonges auxquels ils avaient fini par ne plus croire.
Enduraient les tempêtes et le froid.
Enduraient la pâle lumière et le coût supplémentaire de chaque effort, bien plus qu'en plein été.
Enduraient les hordes de vent venues du nord, s'abritant auprès de grands feux de bois, attendant patiemment que le ciel se vide de ses humeurs, et que s'allongent enfin les jours.
Enduraient, tels des premiers hommes au fond de leur caverne, occupés à construire des mots dans leur tête et à écrire leur histoire à l'aide de tisons éteints, à chercher dans le regard d'un autre bonne raison d'être là, à chercher une réponse aux seules questions qui vaillent : Pourquoi suis-je au monde et qui peut permettre une telle folie ?
Enduraient le silence et la solitude dans la prison d'hiver.
Enduraient la sagesse du monde, espérant la débâcle des étangs.
Enduraient un destin commun, pétris de résignation.
Fragiles humains, qui enduraient comme ils avaient toujours enduré.
Enduraient aussi la guerre au travers de lettres tâchées de boue, et dans de grands silences dressés en église où ils entraient contre leur gré, sans jamais faillir.
Fragiles humains.
Qui endurèrent. »

Glaise c'est aussi une histoire d'amour et une belle relation quasi filiale apportent un peu de tendresse.
La tension monte crescendo. On attend les drames au détour d'un sentier ombragé par le Puy. Ils poindront sous une forme inattendue.
« le balancier d'une pendule répandait du temps en un lieu qui ne savait apparemment qu'en faire. »

Un roman social, rural absolument électrisant.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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C'est comme un roman de terroir.
Je ne les aime plus beaucoup en général, mais là, il y a la belle écriture de Frank Bouysse, et l'intrigue est particulièrement bien menée.
L'écriture est classique, très descriptive.
C'est en 1914, dans un village du Cantal .
On suit la vie de trois familles vivant dans des fermes isolées.
Les temps sont rudes. Les maris et les fils sont partis à la guerre.
On a l'impression d'avoir lu déjà tant d'histoires sur ce thème !
Mais avec la patte personnelle de l'auteur, c'est complètement prenant.
Seule la fin m'a un peu déçue. Sensation qu'il manque quelque chose.
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Un roman d'atmosphère puissant et pesant, dans lequel la tension psychologique croît de page en page, à mesure que les canons de la grande guerre déploient leur oeuvre de mort.
Ils sont huit à se retrouver sur les hauteurs de Chantegril après la grande mobilisation de 1914 : Mathilde et son fils Joseph, qui va devoir apprendre à grandir sans le père parti au combat ; la frêle Hélène et sa fille Anna, cette dernière partageant bientôt sa vigoureuse et voluptueuse jeunesse avec Joseph, malgré la menace pesante de l'oncle Valette chez lequel sa mère et elles ont du se réfugier ; Vallette, un être aussi bestial que sa femme est folle ; Léonard enfin, le personnage solaire de ce noir roman, qui a de profondes raisons de tutorer avec tendresse le jeune Joseph, à défaut d'échanger avec sa rebouteuse de femme.
Guerre ou pas, la terre exige l'effort, la jeunesse appelle l'amour, la perversité cherche le crime…
A travers le drame qui se joue au sein des trois foyers, mini-communauté éloignée du village montagnard de Chantegril lui-même isolé du monde, j'ai été particulièrement sensible à cette sensation paradoxale d'enfermement dans un huis clos oppressant, alors même que l'histoire se joue en pleine nature. Mais une nature âpre et exigeante, abrutissant les hommes de labeur et ne lui épargnant rien de ses effets, chaleur étouffante l'été et froid mordant l'hiver.
On ne lâche pas ce roman de terroir dans lequel on s'enfonce un peu plus à chaque page dans la terre glaiseuse, comme dans une sépulture.


Challenge multi-défis 2018
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Cinquième roman que je viens de terminer de cet auteur. Franck Bouysse est un écrivain de la terre, des émotions, d'un pays rural que l'on oublie trop souvent au détriment des métropoles et mégapoles. Pour preuve lorsque je dis que je vis en Dordogne certaines personnes me demandent, mais c'est où ça? Ces départements tel que la Creuse, La Corrèze, La Dordogne, le Lot sont des coins très ruraux, on est à la campagne, chez les paysans certains diront, c'est vrai. Après, tout dépend de quelle façon on le dit!

Avec Glaise on se retrouve dans le Cantal, qui fait partie de ces régions du centre de la France. Ces coins de campagne où les gens ont encore l'habitude de se débrouiller seuls, qui vivent de la terre et des bêtes. Ces coins reculés où les familles sont ancrées depuis des années et qui pour rien ne céderaient leur lopin de terre. Là où certaines rancoeurs entre quelques familles ont débuté il y a des années et persistent. Quelques secrets sont imprégnés dans cette terre et se fertilisent avec le temps au lieu de s'amoindrirent.

Je vous rassure, n'étant pas du coin, on y vit très bien aussi. Mais, revenons à nos moulins avec ce récit noir et dramatique. Celui-ci débute pendant l'été 1914, la guerre emmènera les meilleurs, les plus forts, tous ces hommes vaillants qui font vivre leur famille. Joseph a quinze ans lorsque son père part lui aussi.

"Victor ne réagit pas lorsqu'on l'appela "soldat" pour la première fois. Cette manière de les désigner frères, de les démembrer de leur passé, parut ruisseler sur lui. Ce ne fut qu'une fois l'uniforme revêtu qu'il prit véritablement conscience qu'on le volait à lui-même et à ceux qu'il aimait."

Trois fermes au bout d'un chemin sans fin, trois familles isolées et pourtant si proche. Leurs vies vont prendre des virages imprévus, mais là, je vous laisse découvrir le résumé et si le coeur vous en dit de lire ce récit.

Tout à la fois poignante, triste, riche, vraie et pleine de poésie, l'écriture de l'auteur m'a encore beaucoup émue. Les émotions sont vives, les odeurs sont là, on voit ce ciel qui s'obscurcit et se met en colère. Cette guerre qui va endurcir les coeurs et changer à jamais les âmes en peine. Quelques scènes terribles vont être décrites ici. On ne peut nommer ces romans des thrillers ce sont de réels romans noirs et sauvages qui nous tordent les tripes.

Lien : https://passionlectureannick..
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Un style toujours aussi magnifique, qui vient tout droit d'une époque révolue. Sans doute la plume la plus classique des auteurs contemporains. Franck Bouysse sait dépeindre la vie rurale française du temps de nos aïeux comme personne. Une histoire simple (peut-être un peu trop?), tranches de vie de 2 familles devant survivre aux conséquences dramatiques de la 1ère guerre mondiale. Énorme talent.
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Un roman très bien écrit. le quotidien de 3 fermes pendant la première guerre mondiale dont des membres ont été mobilisés en 1914, pour certains le père, pour d'autres le fils unique. Il reste donc les personnes âgées, les femmes, les ados , les hommes non mobilisables. Tout ce petit monde essaie cahin caha de faire tourner la ferme car la guerre ne va pas durer. Hélas, la guerre dure , les nouvelles des mobilisés sont rares, au village l'annonce de la mort des soldats commencent. La ferme des Valette recueille la belle soeur et la nièce fuyant la Ville. L'attente, le quotidien, les rancoeurs, les premiers émois, la vieillesse s'organisent tant bien que mal.
J'ai bien aimé l'atmosphère du livre telle une chape qui s'installe petit à petit. Les fermiers restant s'endurcissent et se réfugient dans le travail, par nécessité et pour éviter de penser au pire.
Un roman qui s'intéressent à ceux qui restent, à l'arrière à la campagne, impactés par la guerre, par le départ des bras vaillants et l'effort de guerre nécessaire et obligatoire pour chacun.
A lire et à découvrir
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Après mon coup de coeur pour Né d'aucune femme lu en début d'année, je voulais savoir si c'était l'histoire d'une lecture ou si j'étais conquise par d'autres romans de Franck Bouysse.... Donc Glaise.....

L'action se situe dans le Cantal au pied du Puy Violent, cela plante le décor si déjà l'environnement porte en lui toute la rudesse du récit. La première guerre mondiale vient d'appeler tous les hommes valides sur les champ de bataille, ne restent dans les fermes que femmes, hommes âgés ou réformés et nous découvrons à travers principalement deux familles, les Landry et les Valette, les conflits familiaux quand ville et ruralité se trouvent à cohabiter mais aussi les rivalités ancestrales, les désirs inassouvis ou refoulés qui peuvent transformer l'humain en bête primaire.

Glaise : définition : Terre grasse compacte et plastique, imperméable.

Oui ici presque tout est poisseux, collant, dur et impénétrable.... Mais c'est la terre d'ici et elle façonne ses habitants.

Dès que j'ai commencé ma lecture, j'ai retrouvé l'écriture de Franck Bouysse, directe, dépouillée et pourtant précise, dès les premières pages le décor est planté, les personnages caractérisés et la nature omniprésente installée, elle qui façonne les êtres et les âmes et ici elle est sans concession tout comme les sentiments.

A de nombreuses reprises l'auteur décrit les visages à la manière d'un paysage avec leurs crevasses, leurs vallons, leurs nuances. Comme un sculpteur, il pétrit les phrases les rendant à leur plus juste expression, il malaxe les mots pour en faire une histoire où l'âme humaine se trouve disséquée, montrant tout ce qu'elle cache de plus sombre et de plus vile, révélant ses plus bas instincts mais avec aussi ses moments de grâce.

"Des mots il n'en possédait pas tant que ça, en tout cas pas qui auraient pu convenir pour rendre grâce à ce sentiment, la conscience surnaturelle que ce baiser n'était pas une pierre posée au hasard, mais qu'il s'agissait d'une construction grandiose s'élevant bien au-delà des montagnes. (....) Et voilà que cette grande encyclopédie devenait obsolète, mise respectueusement à distance par de nouvelles vérités, une présence importée, une forme magistrale de chair, l'expression d'un miracle. (p124)"

Il faut du talent pour se fondre  ainsi dans le décor et s'effacer derrière ses personnages, leur laissant toute la place pour nous raconter une histoire certes rude mais  dans laquelle chacun cache ses failles, ses douleurs et où d'autres laissent parler leur animalité.

"-(...) Tu dois avoir une âme d'artiste. (...)

- Je ne sais pas d'où ça me vient. Quand je m'y attelle, plus rien n'a d'importance, c'est comme si je fabriquais un souvenir que je voudrais pas voir disparaître pour garder à l'intérieur toute l'émotion que j'ai ressentie à un moment (p287)"

Il a pris un soin particulier à façonner chacun de ses personnages, gens du cru, taillés à la serpe mais à plusieurs facettes pour certains, les faisant évoluer dans un environnement qui leur ressemble mais celui-ci ne les a-t-il pas façonnés ? Ajoutez-y une période troublée où ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, subissant à la fois les assauts du temps mais aussi des événements, se retrouvant mis à nu :

"-C'est facile pour personne, mais nous, on ne le montre pas quand c'est pas facile (p338)"

Franck Bouysse à travers une histoire de haine mais aussi d'amour, de jalousie et de bestialité laisse l'humain et la bête se confronter, s'affronter. Certains ne cherchent pas à s'élever, d'autres s'y complaisent en répondant à leurs instincts les plus primaires. J'ai particulièrement aimé le personnage de Léonard, ce philosophe protecteur de Victor, taiseux mais tellement humain, protecteur voir philosophe.

C'est un roman noir, rude, rien d'un policier, mais presque une étude sociétale, humaine. Pas de leçon à tirer, des faits rien que des faits, sans cruauté autre que celle des hommes.

Et bien me voilà convaincue que Franck Bouysse sait écrire sur nous, âmes humaines, mais aussi sur ce qu'il observe de la nature, de son environnement, de nous et des bêtes mais parfois les limites se fondent et se confondent.

Un auteur que je vais suivre.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Pourquoi "Glaise" ? Quatre hypothèses en vrac :
• Pour évoquer la terre grasse et lourde des campagnes auvergnates (où Franck Bouysse situe son roman), ces pâtures tourbeuses abreuvées d'orages ?
• Pour les petites statuettes d'argile que Joseph, 15 ans, sculpte avec soin et offre à la belle Anna ?
• Ou pour préfigurer, peut-être, la boue des tranchées qui en cette terrible année 1914 ensevelira bientôt tous les hommes envoyés au front ?
• À moins qu'il ne faille y voir une référence biblique ?
"À la sueur de ton visage
Tu mangeras ton pain,
Jusqu'à ce que tu retournes au sol
Puisque tu en fus tiré.
Car tu es glaise
Et tu retourneras à la glaise."
(Genèse III, 19)

Je ne saurais dire...
Ce que je sais par contre, c'est que Franck Bouysse nous propose là un nouveau drame rural impeccablement maîtrisé, un roman sauvage et tragique qui prend racine dans un petit hameau perdu en plein coeur du Cantal. Là, à quelques encablures du bien nommé Puy-Violent, trois fermes isolées.
Celle des Landry d'abord, dont Victor le chef de famille, mobilisé à l'est, a dû confier les clés à son épouse Mathilde et à leur fils Joseph.
Un peu plus loin celle de l'infâme Valette (un paysan hargneux, violent et alcoolique, déclaré inapte au combat en raison d'une main mutilée) et de sa femme Irène, inconsolable d'avoir vu son enfant appelé sous les drapeaux.
Et puis enfin celle du vieux Léonard, brave bonhomme bourru mais vaillant, en qui Joseph voit le parfait grand-père de substitution. C'est d'ailleurs à lui qu'il se confiera en premier quand Anna, la nièce de Valette, viendra bouleverser l'équilibre fragile établi de longue date sur ces terres reculées.

Voilà donc quelques-uns des personnages aux caractères soigneusement travaillés que le lecteur apprendra à chérir ou à craindre, à haïr ou à prendre en pitié au gré des événements. Chacun d'entre eux semble avoir été patiemment façonné dans la glaise, avant que de sa plume âpre et lyrique, l'auteur ne leur donne vie. Et quelles vies ! Quel drame pour ceux que le devoir a convoqué au front, et quelle solitude pour ceux qui sont restés là, coincés dans l'attente, contraints de s'occuper des bêtes et des récoltes. Quelle parfaite évidence que ce coup de foudre entre Joseph et Anna, et quelle violence dans le même temps à la ferme Valette, quelle noirceur absolue au sein de ce foyer déchiré de pulsions malsaines...

Une fois encore, Franck Bouysse mêle donc avec brio le sublime et l'abject, et nous voilà tiraillé de sentiments contradictoires.
A travers ce texte d'une beauté foudroyante, et alors qu'on ne sait rien de la guerre qui fait rage au loin, il nous emmène sur les chemins d'une ruralité pleine de contrastes, où vibre une tension palpable mais où l'on parle peu. Quelques mots échangés dans l'urgence, quelques dialogues secs entrecoupés de descriptions superbes suffisent à tisser une atmosphère parfaitement saisissante.
Voilà donc à nouveau un roman réussi, une sorte de huis-clos à ciel ouvert, comme chargé d'odeurs puissantes, l'humus après l'orage, la sueur des hommes au travail, les bêtes de somme, les cendres froides au fond des âtres éteints...
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C'est un voyage auquel nous convie Franck Bouysse, ou plutôt des voyages. Dans le temps – année 1914, début de la première guerre mondiale – et dans l'âme des hommes.

Franck Bouysse a le talent rare de savoir recréer des atmosphères, à tel point que l'on se sent littéralement transporté dans le passé et dans ce monde rural qu'il décrit si bien.

Glaise est un roman qui marque par cette proximité que l'on ressent immédiatement avec des femmes et des hommes de la terre (même si on vit loin de ce monde là). Des vies simples, bousculées par l'arrivée de la guerre et le départ des hommes vers le front.

L'auteur a pris le parti de ne pas décrire ce conflit mais de demeurer aux cotés de ceux qui restent, les jeunes, les vieux, les inaptes à la boucherie. Intrigue simple mais émotions grandeur nature. Ou l'art de sublimer par les mots, les maux d'un quotidien lourd, encore épaissi par la lointaine bataille. Cette cambrousse vidée de ses hommes partis en campagne et qui dicte ses lois.

C'est une vraie expérience humaine que de côtoyer ces êtres durs au mal et cette terre qui demande tant d'efforts. Une belle idée que de s'éloigner du conflit pour mieux se pencher sur ceux qui essayent de survivre.

Lire Franck Bouysse, c'est se confronter au meilleur comme au pire de ce que sont les hommes. Pas des fabulations fictionnelles non, des personnages qui auraient pu exister et qui partagent leur amour ou leur haine.

Avec Glaise, plus encore qu'avec les précédents romans de l'auteur, les mots frappent et ensorcellent le lecteur (ce qui n'est pas un mince exploit). Une écriture à la fois réaliste et poétique, si expressive et si belle. Mots choisis, soignés, polis, manipulés. Au point d'avoir envie de relire des passages entiers.

Et puis, il y a les dialogues, étonnants. Parce que, même si on a affaire à des taiseux, ils sont pétris d'humanité. Touchants, à l'extrême parfois.

Franck Bouysse a une capacité étonnante à ainsi déployer tant de puissance dans son écriture pour parler du quotidien. Pas besoin d'artifices quand on possède de telles dispositions pour faire parler les mots et les âmes. Glaise est un roman à l'histoire simple, sublimée par un auteur au sommet de son art. Peut-on encore parler de roman noir ? C'est discutable, mais c'est une question sans importance, Glaise est un roman universel.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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