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3,97

sur 876 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un roman âpre, dur, sans fioritures. C'est un roman de terroir qui se passe pendant la première guerre. L'écriture est fluide, les mots parfois font une envolée lyrique. L'action tombe comme un couperet sur ces paysans qui subissent ou qui martyrisent. Il y a l'amour de deux adolescents et la haine de Valette, infâme individu. Pas de fin heureuse dans ce livre, juste des morceaux de vie que l'on a juste le temps de connaître alors qu'il faut déjà fermer le roman. Pas de compassion envers les animaux ou les hommes. C'est brut, abject et personnellement j'ai dû sauter quelques passages que j'ai jugé "trop"... C'est un roman qui restera dans ma mémoire. Pas forcément le plus beau mais le plus fort émotionnellement sans aucun doute.
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Ce qui frappe avant tout avec ce roman c'est son authenticité. Dés les premières lignes on est pris par l'émotion avec ce fils partant à la guerre et laissant la gestion de la ferme familiale à sa mère, sa femme et son fils. L'auteur nous plonge ensuite dans le dure quotidien du monde rural au cours de la première guerre mondiale avec l'incertitude du lendemain. A ce contexte déjà difficile vient s'ajouter les rancoeurs de village. le cadre est posé et l'auteur va alors nous livrer des personnages fascinants ; que ce soit la femme citadine qui se découvre les épaules pour assumer la ferme familiale ; que ce soit le fils qui découvre ses premiers émois et bien évidemment le personnage de Valette. Un excellent roman a toujours un personnage sombre que l'on adore détester et je dois dire que Valette tient ses promesses. A cela s'ajoute le style de l'auteur qui parvient à insuffler de la poésie à ce monde de fureur. Un vrai moment d'authenticité qui aborde la guerre avec ceux qui restent. MAGISTRAL.
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"Glaise". le mot à lui tout seul sonne sale. "Argile" eut sûrement été trop brillant, trop enthousiaste. Voilà. Ouvrir "Glaise" c'est voir un bel Apollon (ou une jolie Vénus, selon les goûts) entrer délicatement dans un bain de merde. L'image mérite peut-être quelques explications.

Autant le dire tout de suite, si "Né d'aucune femme" m'avait laissé dubitatif, "Glaise" aura finalement réussi à me séduire (comme résister à Apollon ?). Très rapidement, j'ai laissé mes pas s'embourber dans les vies des Lary et des Valette comme on s'enfonce avec curiosité, plaisir et angoisse dans des sables mouvants.

D'Apollon, ici, on trouvera la poésie. Celle qui tourne les phrases pour les rendre enchanteresse, celle qui rend la nature aussi belle que mortelle, celle qui déguise en beau le laid. Et Dieu sait que le laid, chauffé à la Bouysse, ça déborde de partout pour mieux vous prouver – mais était-ce nécessaire ? – le degré de dégueulasserie du caricatural méchant qu'incarne le père Valette, par exemple. Evidemment pour contrebalancer les délires enragés du vieux pervers, on nous sert une romance, pas moins caricaturale, entre un jeune paysan et une belle parisienne hébergée chez son méchant oncle, l'Ogre Valette. Bref, tu vois le tableau, Roméo et Juliette chez les Culs-Terreux où les transports de l'Amour, sont aussi brûlants et furieux que les élans de Haine. Mais il n'y a pas que deux jeunes tourtereaux et un Grand Méchant Con dans l'histoire, chaque personnage su(b)it son petit bonhomme de chemin vers une destinée guère plus lumineuse qu'une pensée de complotiste.

Heureusement ! Heureusement que de ce bain de noirceurs émerge la beauté des mots et la richesse des images tout droit sorties de la plume ensorcelante de l'auteur. le style est envoûtant, vous tournez les pages avec ce plaisir un poil malsain qui vous fait attendre la prochaine saloperie de l'un, le coup de sang suivant de l'autre ou le rebondissement qui mettra unetelle ou untel dans une situation encore plus scabreuse. On ne demande pas particulièrement à ce que les personnages s'en sortent ici, on attend de voir jusqu'où ils pourront s'enfoncer. Et on savoure… comme on croquerait un étron saveur chocolat, un délicieux dégoût dont on se délecte autant qu'il vous débecte. La dégustation est intense, elle laissera un souvenir puissant de ce récit au pied du Puy-Violent.
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Je viens de finir Glaise de Franck Bouysse, une plongée dans un univers rural glaçant de vérité à une époque trouble de la grande guerre, cet été 1914, laissant les hommes partir au front, le Cantal terre d'accueil de cette histoire, où domine le puy Violent, arrosée par La Maronne, la ferme de Chantegril et celle des Valette, la commune de Saint-Paul-de-Salers, ces lieux d'une région austère, ces habitants perdus dans des traditions de familles, déambulant cette terre de sacrifice, cette glaise inspiratrice, ce sol peuplé de morts et semence, ce tableau nous entraine dans les couloirs multiples de ce roman Glaise, où Franck Bouysse puise ses mots dans un lyrisme authentique, façonnant une prose magnétique pour nous aimantant dans une dépendance obsédante, happée dans une frénésie lecture dévorante, ces 400 pages sont une mise en bouche, mais le roman est fini.
Il y a toujours des histoires qui viennent vous attraper là où vous vous n'imagez pas, cette sensation vous transperce l'intérieur comme Glaise de Franck Bouysse natif de Brive-la-Gaillarde, auteur de plusieurs romans comme Grossir le ciel, Plateau et son dernier Né d'aucune femme. Je n'oublie pas le roman de Jean-Baptiste del Amo Règne animal, cette cristallisation prosaïque de la sauvagerie de ce milieu rurale, mais aussi de Simon Johannin avec L'été des charognes, une austérité palpable venant glacer l'échine de votre dos, Glaise vient parfaire cette trinité de lecture où la ruralité est le coeur de l'intrigue, avec en sourdine cette boucherie dans les tranchées de cette guerre assassine sont l'écho de cette histoire de Franck Bouysse.
Le titre est la force de ce monde paysan, cette terre, celle qui donne la vie, où sillonne Franck Bouysse pour parfaire avec beaucoup de poésie ce petit joyau dramatique. Cette glaise inonde l'intrigue par sa présence, celle qui happe les morts en elle, ces cadavres aspirés en elle, ces tombes creusées par la force des mains calleuses par le travail de la terre, cette glaise qui souille les soldats, perdus dans ses tranchées de la mort, cette glaise que l'on laboure, que l'on travaille pour lui donner des semences, cette source de vie, pour avoir ce seigle, cet avoine , ce blé et ses légumes, nourrissant ces paysans, ces âmes perdus dans cette région aux paysages durs, un climat féroce, cette glaise inspiratrice d'imagination, créatrice de statue sous la main fragile de cet adolescent égaré dans sa ferme, avec sa mére et sa grand-mère, son père partit sur le front, le laissant dans le tumulte de la vie paysanne, cette vie cruelle d'acharnement, de travail, de peu de gratitude…
Il y a cette guerre sourde dans ce livre, elle n'est pas du tout décrite mais elle est présente dans sa férocité la plus sournoise, les hommes sont partis, dépeuplant le village, la place est vide, les fermes, seuls les plus âges, les plus jeunes, les handicapés (mutilés, estropiés…) et les femmes, devenant des hommes de laboure, se meurtrissant la chair à la tâche. Puis ces lettres rassurantes, trop protectrices d'une vérité qui se propage, comme cette durée de cette grande guerre qui se dilate, qui gangrène les pensées, puis ces missives porteuses de mort, l'annonce des hommes tombés aux fronts. Cette guerre est présente tout le long du roman, comme une mélodie qui bat le coeur de cette région, un larsen pénétrant les coeurs, les us et coutumes figeant l'attende de ces hommes partis, comme Victor le père de Joseph, laissant derrière lui sa famille, sa ferme, sa vie de paysan…
Il y a aussi l'amour, celui de la famille, des hommes partants à la guerre laissant leur famille, comme Victor avec son fils Joseph, un déchirement, sa femme moins démonstrative Mathilde, un couple unit pour la terre, comme souvent à cette époque, l'amour n'a pas lieu, l'intérêt prime, comme le couple de l'autre ferme Valette et sa femme Irène, unit par le pire, lui affable et pervers, estropié de sa main par un arbre, ne pouvant faire la guerre, se laissant aller à ses vices les plus bas, comme la cupidité, le mensonge, la violence, le sexe , il n'est aimé par personne, il frappe son chien, maltraite les animaux avec cette forme de bestialité sexuelle perverse de la zoophilie, mais trop lâche pour battre sa femme, il porte un regard lubrique sur sa nièce Anna de 15 ans, fille de son frère Émile parti à la guerre comme son fils Eugène, qu'il a élevé plus qu'éduqué avec la force et l'humiliation de ce caractère de frustration et de rancoeur, c'est un homme fourbe et sombre. Sa femme aime son fils Eugène, d'un amour de mère, son côté femme n'existe plus, l'acte conjugale est une torture depuis que son fils est parti, a-t ‘il été un jour plaisant !, cet amour qu'elle porte à son fils c'est celui qu'elle n'a pas pour son mari, ce qui va la pousser à la folie, cette folie que va subir aussi la femme d'Émile du frère de Valette, Hélène fragilisé par sa venue dans cette région reculée, loin de son mari mais de sa ville, c'est une femme urbaine, accrochée au plaisir mondain que la ville lui procure, son séjour chez sa belle-famille va briser ces certitudes et fissurer ses esprits pour laisser son âme naviguer dans une déprime proche de la folie. Ces deux femmes d'une nature que tout oppose, Irène et Mathilde, l'un fragile et douce, l'autre froide et robuste, toutes les deux auront des destins similaires de folie… le pure amour lie Anna et Joseph deux adolescents égarés dans la servitude de l'instant, lui devenu l'homme de la maison après le départ de son père Victor, et la mort de sa grand-mère Marie, peu de temps après le départ de son fils à la guerre, et Anna livrée à elle-même, sa mère dépressive, sa tante froide comme la pierre et son oncle qui lui fait peur par ce regard libidineux et aussi ce caractère rustre, cette jeune fille de la ville comme Joseph sont deux êtres innocents amoureux et asservis par leur famille. Joseph combat sur plusieurs front , son âge d'adolescent que sa mére surprotège, la perte de sa grand-mère, qui été très proche de lui, il l'a vue mourir dans son lit comme si elle s'était endormi en lui donnant sa confiance et une part d'elle avec ce petit coffret, qui se diffuse dans cet enfant devenu trop vite un jeune homme, par l'amour d'Anna, par ce travail de la terre et ce Valette s'opposant à l'amour de ces deux adolescents. Anna et joseph sont cette lumière de ce roman, ils découvrent ensemble l'âme humaine qui les entourent, comme Anna, et ses grands-parents maternelles, des bourgeois trop bornés à accepter le mariage de leur fille à un simple instituteur, une différence sociale trop importante, les ignorants, laissant Anna sans nouvelle de ses aïeux, Joseph s'endurcit face à la méchanceté de Valette, laissant en lui le venin se propager en lui, pour vouloir se venger de cet homme ignoble, malgré l'amitié de son voisin , un homme d'un âge certain , ami de son grand-père, tué par la foudre, ce voisin mariée à une femme peu présente, impotente de son poids et de la mort de leur fils dans cette glaise, Léonard aide la ferme depuis le départ de Victor, il est souvent un soutien à Joseph, le considérant comme son fils , lui prodiguant des conseils avec une modestie propre à son âge et avec un tact singulier certain où Joseph écoute cette sagesse avec beaucoup de justesse.
Ce roman distille une force mystique, la religion flotte une incantation sur les personnages, caresse cette glaise pour la bénir, avec ce curé se battant contre un chien enragé étant le suppo de Satin, métaphore des allemands, Marie la grand-mère refuse la messe, Dieu règne surtout sur des âmes faible comme Irène, allant se réfugier dans cette folie…
Ce roman est une initiation de ces deux enfants devenus trop tôt adultes, Joseph et Anna, deux être lumineux, éclairant ce roman de leur beauté naïves d'innocences, de la beauté de cette amitié de Joseph et Léonard, une fraternité des âges qui s'opposent, la bestialité de Valette et de la guerre, la folie des êtres fragiles en rupture d'amour et de repères comme Irène et Mathilde et aussi le mystère de l'écriture de Franck Bouysse, une prose si envoutante, une histoire qui glisse lentement en vous pour distiller ce précieux nectar que Glaise.
Glaise se vagabonde comme une ballade dans les bois, il y a toujours une découverte qui se cache derrière un arbre !
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une histoire forte servie par une belle écriture pleine de poésie et de finesse. J'ai aimé les chapitres courts qui s'enchaînent et qui passent d'un personnage à l'autre . On ressent l'intimité de chacun, on dissèque leurs pensées, le tréfonds de leur âme, la noirceur côtoie la bonté. Un monde rural très dur en cette année 1914 qui voit partir les hommes pour une guerre lointaine dont on ne comprend pas grand chose mais qui fauche pères et fils . Tous ont des secrets qui affleurent à un moment ou un autre, tous ont des blessures cicatrisées au vitriol. Et dans cette oppressante réalité, l'espoir s'incarne dans la nature forte et violente de cette région volcanique, la rivière en particulier, détentrice des secrets, silencieuse des mots des hommes, et l'amour beau et pur de Joseph et d'Anna .....Les figures des hommes sont marquantes, violente chez Valette, bienveillante et protectrice chez Léonard, avec ce jeune homme Joseph à la fois fragile et fort . Tandis que les femmes subissent sans s'épanouir, jeu des mariages entre familles, puis du joug masculin, seule Anna est libre et choisit celui qu'elle aimera..... monde rempli de rancoeurs, de violence, de souffrance mais aussi d'espoir et d'amour, âpreté des êtres meurtris, aigris ou bien généreux et encore plein d'insouciance..........un joli roman plein de jolis mots.
"Victor montait à cru, serrant dans une seule main la corde de chanvre graisseux reliée au mors, qui tenait lieu de rênes. À ce qu'il savait, on ne réquisitionnait pas les selles. Son regard déborda des trois corps adossés à l'ombre de la maison. Trois générations à jamais emprisonnées dans la boîte osseuse de son crâne, une vision dont il ferait plus tard chair de souvenir, où qu'il se trouvât."
"Au loin, un gros nuage manchonnait le puy Violent, et on aurait pu croire que cette ruine de volcan rejetait encore des fumées vieilles de trois millions d'années, à la manière de ces lumières d'étoiles mortes qui parviennent encore aux yeux des vivants. Un vestige de la fureur de la terre qui avait façonné ce monde en lui offrant la vie, depuis les algues souveraines, pour parvenir à ces deux femmes et à ce gamin en train de contempler des coulées de basalte fossilisé. Puis le soleil disparut lentement, disque parfait ingurgité par la montagne, qu'une autre recracherait au matin dans toute sa splendeur."
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Glaise est un roman comme j'en croise peu souvent, d'une force et d'une beauté qui on su me toucher en plein coeur. Avant toute chose, il y a l'écriture de Franck Bouysse. Elle vaut la peine que l'on s'y arrête, que l'on y revienne à deux fois parce que non seulement c'est une écriture riche, j‘y ai appris de nombreux mots que je ne connaissais pas, vernaculaire, andain, mais en plus en lisant certaines phrases à voix haute c'était comme une mélodie, une poésie, un petit miracle de littérature. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette écriture, rude, rugueuse et qui colle tellement bien à l'histoire du roman. L'histoire débute avec la mobilisation de la première guerre en 1914. Les hommes partent au front, les paysans laisse leurs fermes. Ne reste bientôt plus que les éclopés, les femmes, les vieux et les jeunes. C'est auprès de ces hommes et ces femmes que l'on va suivre les premières années de guerre au fil des mois. C'est un roman noir du terroir, rural comme sait si bien le faire l'auteur. C'est dur, terrible et tellement beau à la fois. On se retrouve ans un petit hameau perdu au fin fond du Cantal au pied du Puy Violent où vivent trois famille. On y trouve le jeune Joseph qui n'a que 14 ans et voit partir son père au front se retrouvant seul avec sa mère et sa grand-mère. Il ya aussi le vieux Léonard et la vielle Lucie dans une ferme voisine. Puis il y a Valette à qui il manque plusieurs doigts et qui ne peut tenir un fusil, il reste avec sa femme et voit partir leur fils unique Eugène. Valette est le grand méchant de l'histoire, c'est une abomination, il en faut bien un. Valette va accueillir la femme et la fille de son frère parti au front et à partir de là la vie dans le hameau va être changée. On va suivre une magnifique histoire d'amour sur un fond de tension insoutenable avec des moments très forts en intensité. Et puis il y a l'arrivée d'un nouveau personnage qui vient apporter une nouvelle et qui moi m'a retourné, que je n'ai pas vu venir et qui apporte un plus géant à notre roman. Merci pour ces 424 pages de bonheur total, j'ai adoré la montée en tension qui va de plus en plus loin et le dénouement qui m'a laissé sur le carreau avec mes kleenex. J'ai eu la sensation de vivre une lecture hors norme de laquelle je ressors émue et reconnaissante. Bonne lecture.
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A Saint-Paul-de-Salers, en août 1914, les hommes sont partis au front. Chez les Landry, Victor, quinze ans, resté seul avec sa mère, doit s'occuper des travaux de la ferme. le vieux Valette, son voisin, accueille sa belle-soeur Hélène et sa fille Marie, venues se réfugier à la campagne. L'arrivée des deux femmes bouleverse la vie dans ces montagnes du Cantal.

Parler d'un roman de Franck Bouysse n'est jamais chose aisée, voir même un exercice périlleux.
Les mots me manquent tant l'émotion est grande quand la dernière page se tourne.
Juste quelques lignes pour situer le roman :
Août 1914, prémices de la "Grande guerre", les hommes partent au combat, les femmes abandonnées retroussent leurs manches. Alors que le village se redessine aux couleurs de l'attente, de l'espoir et du désespoir, la vie tente de suivre son cours avec son lot de rancoeur et de misère.
Une palette de personnages puissants, dont certains vous paraîtront détestables et d'autres terriblement attachants, le tout sous la plume profonde et musicale de Franck Bouysse. Ainsi Amour, Haine, Jalousie, Injustice se fondent dans le décor en une magnifique fresque poétique.
C'est juste sublime !



Lien : http://maison-lacoste.fr/lu-..
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Un récit initiatique aussi rude que la terre du Cantal. Des personnages incroyablement marquants, taiseux, durs au mal, et pourtant intensément humains. Merci Franck Bouysse, pour ce superbe texte.
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Glaise / Franck Bouysse
Dans la chaleur torride de l'été 1914, alors que l'orage gronde, Victor Lary se prépare à partir à la guerre.
Au lieu-dit Chantegril au pied du Puy Violent, au coeur du Cantal, Marie sa mère et Mathilde sa femme vaquent à leurs occupations, résignées, sachant qu'elles ne pourront bientôt plus compter que sur Joseph pour prendre soin de la ferme familiale. Il est le fils de Victor et Mathilde et est âgé seulement de quinze ans. Il a conscience qu'il va devoir devenir un homme avant l'âge d'homme, son univers amputé de la part tendre de l'enfance, une fois son père parti au combat. Léonard, l'ami, l'amoureux de la terre, le paysan voisin déjà bien âgé pourra cependant venir donner un coup de main pour les gros travaux.
Joseph a une passion secrète : la sculpture sur glaise qu'il pratique à l'insu de tous dans son petit atelier soigneusement caché non loin de la ferme.
La ferme des Grands Bois de la famille Valette se trouve non loin de celle de la famille Lary, juste en contre bas. La relation entre les deux fermes est tendue depuis longtemps pour une histoire de rachat de terre et Valette est un personnage violent, notamment avec sa femme Irène, sournois et envieux. Handicapé d'une main suite à un accident, il n'est pas à la guerre et en veut à la terre entière. C'est le fils Eugène qui est parti au combat.
La ferme des Grands Bois est bientôt rejointe par Hélène et sa fille Anna. Émile le mari d'Hélène et frère de Valette est aussi parti au combat. Il ne voulait pas voir sa femme et sa fille rester seules à la ville près de la ligne de front où il est instituteur. Cette arrivée va bouleverser les habitudes et l'ordre établi immuable de la vie de ces montagnes.
Irène et Valette mènent la vie dure aux deux femmes et particulièrement à Hélène la citadine qui reste étrangère à ce pays et ses coutumes. Quant à Anna, elle est l'objet de pensées et de pulsions lubriques venant de Valette.
Un sentiment trouble réciproque abolissant leur solitude nait quand en rase campagne Joseph et Anna se rencontrent fortuitement.
Tous ces personnages bien campés vont peu à peu être emportés par la passion et la violence jusqu'à la folie.
Un roman étonnant de Franck Bouysse, un roman noir où au coeur de la campagne vidée de ses hommes valides, les drames couvent attisés par des rancoeurs. Une violence latente qui va crescendo émane des pages de ce livre où seul l'amour qui va naître entre Joseph et Anna apporte un peu de baume. Mais pour combien de temps en cette époque de misère quand gronde l'orage. le tout dans un style parfaitement ciselé pour mettre en valeur la ruralité, décrire les superstitions et le fatalisme paysan, une écriture poétique et lyrique pour évoquer la passion naissante entre deux jeunes, dans une atmosphère bucolique tour à tour émouvante puis dramatique au coeur d'une nature sauvage et furieuse.
Extrait : « …Dehors la neige éparpillait les rayons lunaires qui parvenaient à pénétrer par les interstices des volets, figeant toute chose dans un épais halo…Joseph se sentait grandi grâce à cette fille…Il aurait tout donné pour connaître ses pensées, savoir ce qu'elle désirait, le moment de la découverte de son corps, ne sachant rien de plus que ce que lui dictait son piètre instinct, cet instinct qu'il avait refoulé tant bien que mal pour ligoter au mieux ses gestes maladroits. Il l'avait laissée faire. »

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Je crois que je suis devenue une fan des livres de Franck Bouysse (même si je n'ai pas encore tout lu!). Après avoir été envoûtée par "Né d'aucune femme", je suis tombée sous le charme de "Glaise"! Un coup de coeur!

Cantal, été 1914, pendant que les hommes partent au front, les femmes, les enfants et les vieillards restent à la ferme. Leur vie s'écoule au rythme des saisons, des moissons et des récoltes. Joseph, 15 ans, doit très vite apprendre à devenir un homme, à prendre soin de sa famille et à se méfier de Valette, voisin infirme, pétri de rage et de rancunes. L'arrivée d'Anna, la nièce de Valette, venue se réfugier avec sa mère, va chambouler l'équilibre précaire qui existait jusqu'alors entre tous.

Encore une fois l'écriture ciselée, au cordeau et surtout magnifique de Franck Bouysse fait mouche! On est de suite plongé dans une ambiance et un décor très réalistes et dans lequel on se projette aisément. C'est fort, rugueux, terreux, fougueux et d'une puissance évocatrice incroyable ! La complexité et l'ambiguïté des personnages donnent toute sa consistance à une histoire a priori banale. Bref, une atmosphère pesante et une tension qui montent tout au long du roman pour annoncer le drame à venir. Superbe!
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