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3,97

sur 870 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'incipit « Ce qu'il advint cette nuit-là, le ciel seul en décida »enclenche une lecture lumineuse. Glaise, de Franck Bouysse, majeur, bouleversant est un roman qui puise ses rimes dans un régionalisme peint d'une main de maître. Tout est beau, ici. Chaque point, virgule, affine le summum. le lecteur lit avec la plus grande attention une délivrance, une histoire née depuis des millénaires, travaillée telle la glaise dont viendra une sculpture de renom. le lecteur ne lâchera pas un seul instant des yeux, cette création perfectionniste. L'ambiance est prenante, sombre. Elle s'allie à cette époque de 1914 où la guerre a bousculé l'habitus des terroirs. Les hommes partis, les femmes guerrières d'un quotidien difficile, en prise avec cette solitude, sont devenues battantes, volontaires et lourdes de secrets enfouis que les hommes ont déchargé sur leurs épaules en silence, dans ce départ forcé pour la guerre. Elles sont cette cartographie magnifiée d'une époque où les évènements tels des crocs dévoraient la féminité, la vie même. Les hommes qui restent en cette terre engluée et pourtant riche de sens, sont âgés, malades et trop jeunes pour affronter les affres de la guerre, ce sera en l'occurrence notre protagoniste Joseph. Tout se passe en quasi huis-clos comme si les montagnes étaient des murs insurmontables. A l'instar d'un village à l'idiosyncrasie rétrécie. L'angoisse n'est jamais présente malgré le sombre qui s'échappe des lignes. Valette est l'ombre néfaste, un homme qui broie le clair et qui vibre dans les pulsions malsaines. L'étau se resserre. Le lecteur est captif. Pris dans les mailles d'une écriture cousue d'or, ciselée, fine et brillante. pénètre dans cette histoire par une porte battante, grinçante et marche sur les dalles gelées d'un antre décrit à la perfection. Ce dernier prend cette histoire à plein bras et ne quitte plus des yeux ce cantal ténébreux. Joseph, 15 ans, majuscule de ce récit est l'emblème d'une époque. Il grandira dans le sublime littéraire et la renaissance émancipatrice. Les femmes sont belles car authentiques. Riches de cette sincérité qui fait la part belle au courage et à cette normalité qui refuse tout changement.Le lecteur tourne les pages à toute allure, en grande délectation. Les nuages filent dans ce noir livresque manichéen, car sublime. L'orage gronde. Les hommes meurent. Les femmes fauchées dans l'âpre du quotidien deviennent leur propre démon. Cette histoire est un cri. Sa beauté inestimable, rare et gracieuse est un perlé verbal hors pair. Un rappel à la nuit qui foudroie. Un passage entre le noir et le blanc. le lyrisme est le toit du juste, posé là où il faut dans un précis hors norme que seuls les écrivains de l'intériorité connaissent. Majeur, culte, incontournable il couronne le verbe d'une aura époustouflante. « Glaise » est une oeuvre doublée d'une poésie vibrante. le relire en pleine montagne dans ce Cantal, en pleine montagne dont chaque forme, chaque nuance est une signature mémorielle. En lice pour le Prix des lecteurs U, ce roman est une chance.
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Presque une chronique villageoise sauf que ça n'est pas si simple … L'action se passe au début de la première guerre mondiale, Joseph un jeune garçon de seize ans va devoir endosser le rôle de chef de clan et qu'il va révéler sa formidable énergie à l'épreuve des faits.
Dans un village du Cantal, les jeunes hommes sont au front et il ne reste que les femmes, les enfants, les handicapés et les vieillards. Les anciennes rancoeurs refont surface avec ce qu'elles amènent de cupidité, de malveillance et de manipulations. Pas vraiment une balade de santé dans ces paysages à couper le souffle, décrits par un auteur conteur et poète, au mieux de sa forme.
Après « Nous rêvions juste de liberté » de Henri Loevenbruck en 2015, « le garçon » de Marcus Malte en 2016, assurément mon coup de coeur 2017, ce roman noir est tout simplement inclassable !
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Magnifique roman, encore une fois j'ai été happé par le récit de Franck Bouysse, écrivain de talent, un poète des mots et de la langue Française, qui sait rendre la moindre de ses histoires haletante et ce fut le cas lors de cette lecture, qui m'a totalement transporté
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Pour ceux qui apprécient Franck Bouysse, je dirais un bon cru.
Pour ceux qui n'ont jamais lu cet auteur, rentrez dans l'ambiance, dans son approche âpre et grise de l'être humain. Ça sent la terre, l'humus, le fumier de ferme. La vie de la campagne d'avant les trente glorieuses, quand les paysans vivaient isolées face aux éléments, quand ils servaient de chair à canon pour des causes qu'ils ne connaissaient pas, pour des gens plus éduqués et plus nobles qu'eux.
En mémoire de mon grand père revenu grand blessé, de ma grand-mère, de ma grande-tante, restées à la ferme....
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Je vous parlais de ma découverte de Franck Bouysse avec "Grossir le ciel" acheté par hasard sur un vide-grenier. Un vrai coup de coeur. Et alors qu'attend sagement sur mon chevet "Plateau", s'est présentée l'opportunité de lire son dernier opus, "Glaise". (Comprenez qu'il était disponible à la médiathèque ! )
Un autre coup de coeur.

Un très grand roman. Noir. Encore. C'est son univers. Son écriture est somptueuse et sa capacité à plonger au fond de l'âme de ses personnages et à en extirper toute la noirceur ou toute la lumière, à les mettre en scène dans un décor dont la beauté n'a d'égale que la rudesse, est celle d'un très grand écrivain. L'histoire se passe en août 1914 dans un village du Cantal, tous les hommes valides sont partis à la guerre, ceux qui restent tentent de survivre dans les 3 fermes isolées de cette région semi-montagneuse. Avec leurs démons, leurs folies, leurs espoirs, les effets pervers de la guerre car il n'y a pas que le front qui souffre. Il y a une tension qui monte tout au long du roman, on sait presque dès le début qu'un drame couve mais, et c'est là tout le talent de l'auteur, il ne nous emmène pas forcément là où on croyait aller...Des personnages très forts, certains terriblement attachants, comme le jeune Joseph 15 ans grandi d'un coup avec le départ du père à la guerre, qui va découvrir l'amour avec Anna venue de la ville, et cela nous vaut des pages magnifiques...ou Léonard le vieux voisin et ami qui va servir de père de substitution à Joseph et lui transmettre savoir et valeurs...

Il y aurait tant à dire encore sur ce livre magnifique, sur les femmes de ce roman, sur le rapport aux animaux, sur ce titre"Glaise" métaphore sur plusieurs plans... mais je n'en dirai qu'une: lisez-le ! Vous ne le regretterez pas.
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Comme une évidence...
J'ai donc (enfin) voyagé à travers la "Glaise" de Franck Bouysse, au pays du Puy Violent. le hasard a voulu qu'alors que je le lisais, je visionne une vidéo qui montrait la rencontre de l'Arve et du Rhône à Genève. Une rivière, un fleuve qui s'entremêlent pour former un tout et rejoindre la mer. Deux fluides, l'un boueux et agité, l'autre, à la fois sombre et lumineux, dont on sent pourtant bien la puissance qu'il camoufle sous de faux airs tranquilles.
Et un parallèle (peut-être audacieux) me saute aux yeux. le contraste (et l'harmonie puisque ces deux eaux n'en formeront qu'une) de ces deux fluides est tellement proche de celui que crée la rencontre des deux langues qu'entrecroise Franck Bouysse au fil du récit qu'il nous livre. La langue riche, belle, poétique, métaphorique du narrateur et les mots comptés, rares, bruts, abrupts mais non moins efficaces des personnages dont il conte le destin. Un récit d'eau et de boue en quelque sorte, comme son titre l'indique... de cette glaise dont on sculpte les chefs-d'oeuvre.
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Ce roman de Franck Bouysse débute au mois d'août 1914, au moment où le père de Joseph, 15 ans, doit quitter les siens pour aller combattre l'ennemi dans la boue des tranchées. L'adolescent, entouré de sa mère et de sa grand-mère, devient subitement l'homme de la famille. Si le vieux voisin d'à côté n'hésite pas à lui donner un coup de main pour faire tourner la ferme, il doit cependant se méfier de l'autre voisin, un pervers alcoolique et violent à la main atrophiée, dont le fils est également parti rejoindre le front…

L'auteur effectue le choix judicieux de ne pas suivre ceux qui partent à la guerre, mais de raconter le quotidien des femmes, enfants, vieillards et infirmes qui restent. En installant son récit à Chantegril, au pied du Puy-Violent, une montagne du Cantal située dans l'arrière-pays rural, il demeure bien loin des affrontements et de cette guerre qui vide progressivement les campagnes de ses hommes valides. Si les nouvelles du front se limitent souvent à quelques lettres, voire des avis de décès, l'inquiétude, l'attente et l'absence plus longue que prévue, commencent à peser sur ces paysans qui se tuent à la tâche à défaut de le faire au front…

À travers le quotidien de ces familles amputées de leurs bras les plus solides, Franck Bouysse dépeint avec grand talent une palette de sentiments humains, allant du premier amour à ceux beaucoup plus nauséabonds. En plongeant le lecteur dans un monde de corvées, d'amertume et de non-dits, mais également d'entraide et d'amitié, il livre un roman certes sombre, mais éclairé de sa plume emplie de poésie. Si je suis plutôt du genre à me nourrir de l'intrigue, ici, la dégustation des phrases alignées avec brio par Franck Bouysse aura suffi à me rassasier. La lenteur du récit s'accompagne ainsi du bonheur d'avoir le temps de peser chaque mot et de s'en imprégner afin de prolonger le plaisir…

Une fois le livre refermé, il ne reste plus qu'à enlever la glaise qui colle encore à nos chaussures, tout en continuant à distinguer ces personnages rugueux et taiseux qui errent encore dans la brume de notre esprit.

Beaucoup aimé !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Glaise est un roman sur la terre, et ceux qui la peuplent, celle au coeur du Cantal, où quelques humains farouches et rudes s'accrochent à leurs racines au sein de fermes éparpillées autour de hameaux perdus.

Une histoire qui commence au tout début de la première guerre mondiale, quand tous les hommes valides doivent quitter les leurs pour défendre la France.
Ne reste alors que les plus jeunes, les femmes et les vieux.
Personne ne sait alors combien de temps durera l'absence et tous doivent s'organiser pour maintenir leur ferme en état de les faire vivre.

L'auteur s'attache plus particulièrement à trois familles, les lary, les Valette, et celle du vieux Léonard. ils sont tous voisins .
Un voisinage parfois difficile car le père Valette à la méchanceté et la malveillance chevillées au corps telle la gangrène qui pourrit tout.

La lumière viendra d'Anna une jeune fille qui a trouvé refuge avec sa mère chez son oncle valette. Joseph, le fils Lary va croiser sa route et dés lors ils s'ouvriront ensemble à l'amour malgré le climat sombre et la désapprobation de leur famille. Léonard, le voisin bienveillant, apportera son soutien discret à la famille Lary et plus particulièrement à Joseph.

Franck Bouysse nous offre ici un récit qui place le lecteur au plus prés des personnages et de cette terre immuable, fruste, et pourtant si riche.
Les sentiments sont retenus, comme enfouis au plus profond de cette glaise que joseph sculpte pour exulter ce qui le touche et qu'il ne peut exprimer autrement. Chacun porte en lui des blessures, des faiblesses, des doutes, et Franck Bouysse leur donne corps avec ferveur, d'une plume au style sobre et aussi riche et belle que cette nature qui vit en lui et qui lui parle.

Ce livre est une merveille, autant que " grossir le ciel", et son auteur n'a pas fini de nous enrichir. C'est un plaisir d'avoir sa prose à la fois ténébreuse et lumineuse entre nos mains.
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Aaah Franck Bouysse ! C'est toujours un réel plaisir que de lire sa plume. J'aime beaucoup son style d'écriture et la manière dont il décrit la nature , l'environnement et ses personnages.

Voici un autre roman noir, de terroir, très sombre, dur mais aussi avec une once de lumière concrétisée par une histoire d'amour.

Certains personnages sont touchant, d'autres complètement abjectes.

Ce livre fera partie de mon top 3 pour l'auteur. Avec Grossir le ciel, il est loin deuxième préféré.

A lire sans hésitation :)
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Une bouleversante évocation du monde rural. Celui des petits gestes, précieux, suspendus, de l'horloge qu'on remonte à la main. C'est aussi la détresse des femmes de Saint-Paul de Salers dans le cantal, qui doivent continuer à vivre en cette année 1914. Celle où tous les hommes valides ont été appelés sous les drapeaux pour combattre un ennemi inconnu et invisible tapi dans les tranchées des Ardennes.
C'est l'attente des femmes, des mères, des filles et des fils qui ont pris la relève. Ce sont les invalides, Valette mutilé, Léonard trop vieux qui restent quand les frères, les pères et les fils meurent.
Et pourtant il y a l'espoir, la parenthèse éblouissante de Joseph et Anna, deux adolescents qui se découvrent au milieu de la tempête. Joseph qui croyait ne plus jamais retrouver son souffle et la légèreté de ses 15 ans après le départ à la guerre de Victor son père. Joseph qui se demande « « comment ce qui n'existait pas avant, pouvait se mettre à compter autant du jour au lendemain. ».
Le récit est cru, souvent violent opposant la pureté des premiers émois à la concupiscence et l'obsession obscène d'un mâle en rut, celles de Valette, l'homme blessé, fou de haine, celui dont la guerre n'a pas voulu, qui ne sera le héros de personne.
L'écriture est précise, détaillant les scènes du quotidien au ralenti, arrêtant le temps, l'imprégnant de pesanteur, saturant l'air de tension, de frustration, de danger imminent.
Un grand roman où l'humanité, ou plutôt l'animalité est exacerbée par la présence lointaine de la guerre pourtant présente dans le coeur de chacun des personnages.
Une écriture somptueuse, sensitive, charnelles, forte, percutante. Que d'images denses, justes, faisant mouche à tous les coups !
Un grand moment de lecture et de littérature.
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