Citations sur Né d'aucune femme (818)
je savais à quoi m'en tenir avec les hommes, qu'il y en avait deux sortes, ceux avec un pouvoir sur les autres, venu de l'argent ou du sang, ou même des deux à la fois, et puis les lâches.
[...]
Parce qu'être lâche, c'est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange.
Ses lèvres fermées pendaient de chaque côté de sa bouche. Il ressemblait à une sorte de coupable qui découvre sa culpabilité en remontant le temps jusqu'à se retrouver au moment précis où il est devenu coupable, quelqu'un qui posséderait même pas de mots pour se venir en aide et encore moins pour venir en aide aux autres.
la pire des choses n'était pas de mourir, mais de perdre toute raison de mourir.
C'est une femme.
Leur mystère, c'est pas une chose qu'on peut expliquer, nous les hommes, juste tenter de s'en approcher.
Je crois qu'elles naissent toutes avec le savoir de ce mystère qu'elles ont au fond d'elles, qui nous bouscule le sang, d'abord grossièrement, comme du tissu brut qu'elles travaillent à faire la robe de mariée.
La beauté, ça s'empêche pas, c'est quelque chose que les hommes ont pas eu le choix de pas inventer, pour lui vouloir du bien ou du mal.
Je me suis vue rêvant le rêve, comme si j'étais devenue le rêve lui-même, un rêve vide de rêve, un vide préférable à la vraie vie sur terre, avec l'espoir d'y trouver quelqu'un qui viendrait à mon secours en m'empêchant de le quitter pour toujours.
C'est là que j'ai compris, que le diable, lui, il vient sans qu'on ait besoin de l'appeler.
Qui pourrait m'en vouloir de fendre ma douleur en deux pour essayer de vivre un peu mieux ?
C'est comme si cette fille m'avait attrapé la main, en même temps qu'elle en tenait une autre, et que, par le fait, elle prenait un peu de sa douleur, à l'autre, et un peu de la mienne aussi, et qu'elle les filtrait pour en faire autre chose de moins douloureux, comme on filtrerait une eau croupie, sans pour autant espérer qu'elle devienne potable.
Ce qui me fascinait, c'était le journal avec les mots de différentes tailles qui dansaient dessus et qui avaient l'air de m'appeler, des colonnes de lettres qui montaient sur la page comme des bulles d'air. Je sais pas ce qui s'est passé dans ma tête, pourquoi à ce moment-là, une sorte de fringale qui avait rien à voir avec celle qui triture le ventre, non, un autre genre de faim qui en finirait plus de grandir. Une faim de mots.
Je savais qu'on pouvait pas avoir deux familles dans une seule vie, que les rêves sont rien plus que des rêves, et que ceux qu'on nous vend sans qu'on les rêve soi-même, il faut les fuir à tout prix.