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3,57

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Écrivain à la réputation bien établie, William Boyd est avant tout un conteur talentueux. Cela fait plusieurs décennies que ses livres se succèdent et qu'il trouve à chaque fois une histoire qui ne ressemble pas aux précédentes. Dans L'amour est aveugle, il embarque lectrices et lecteurs aux quatre coins de l'Europe, dans l'univers de la musique aux confins du dix-neuvième et du vingtième siècle.

Le personnage principal, Brody Moncur, est un jeune Écossais. Doté d'une mauvaise vue, mais doué en revanche de l'oreille absolue, Brodie est accordeur de pianos, un accordeur de piano à la sensibilité tactile digitale aussi subtile que son audition. Il est capable de rendre les touches d'un piano « légères comme des plumes, des bulles de savon, des flocons de neige… ». En mission à Paris pour le compte d'un grand facteur de pianos écossais, il se rend ainsi indispensable auprès d'un grand pianiste irlandais sur le retour, John Kilbarron, qui souffre des doigts d'une main. A chaque prestation, Brodie aura réglé tellement finement le piano qu'il lui a vendu, que le maestro pourra reprendre avec succès sa carrière de concertiste international.

Les deux hommes partiront ensemble à Saint-Petersbourg pour une tournée ambitieuse, à la demande d'une richissime mécène russe. Mais leurs relations auront des hauts et des bas, avec, au fil du temps, plus de bas que de hauts. Entre le dévoué Brodie Moncur et l'orgueilleux John Kilbarron, se dressera le frère du pianiste, un homme d'affaires retors aux manigances imprévisibles. Et entre eux deux, il y aura aussi Lika...

Lika, une cantatrice sans avenir, mais une femme fatale ! Brodie tombe raide dingue dans la minute où il la voit. Et Brodie est ainsi fait qu'il restera toujours l'homme d'une seule femme. Est-elle, de son côté, la femme d'un seul homme ? Non, on le sait depuis le début. Alors la question doit être reformulée différemment : de combien d'hommes Lika est-elle la femme ? le pauvre Brodie n'est pas au bout de ses (mauvaises) surprises.

Au deux-tiers du livre, se produit un événement totalement inattendu, surprenant : un duel anachronique qui se termine tragiquement. Plus rien ne sera désormais comme avant. Brodie devient un homme traqué, un fugitif. La suite de l'ouvrage est consacré à ses pérégrinations dans toute l'Europe pour échapper à ses poursuivants présumés : Biarritz, Édimbourg, Paris, Nice, Saint-Pétersbourg, Vienne, Trieste... Une diversité de lieux qui n'empêche pas la répétitivité des situations.

Finalement, c'est dans les îles Andaman, au large des côtes de l'Inde, que Brodie cherchera à se faire oublier définitivement. Il y deviendra l'assistant d'une ethnologue américaine, célibataire endurcie, passionnée par la sexualité des aborigènes…

Il est temps d'évoquer un détail triste, que j'ai passé sous silence et qui a son importance : Brodie est phtisique, tuberculeux dirait-on de nos jours. Cette maladie, hélas fatale, était courante à l'époque. Dans une fiction, un personnage principal atteint de phtisie présente l'avantage de pouvoir mettre une fin à l'ouvrage en mourant, quand bon semble à l'auteur. Car il faut bien que les histoires – même les meilleures – aient une fin… Et la possibilité d'arracher une larme à leurs lectrices et leurs lecteurs.

Boyd est bavard et observateur. Rien dans l'univers de son personnage principal n'échappe à son oeil et à sa plume. le lecteur est ainsi invité dans la famille de Brodie, ce qui n'apporte rien à l'intrigue, pas plus que les personnages rencontrés par Brodie au hasard de ses voyages. Cela donne par moment à la lecture un sentiment de longueur.

Mais globalement, sans être le chef d'oeuvre de William Boyd, L'amour est aveugle se laisse lire agréablement ; quelques passages sont prenants ou surprenants. le personnage de Brodie Moncur est attachant. L'auteur, bien documenté comme à chacune de ses publications, reconstitue parfaitement l'atmosphère des grandes villes européennes de l'époque, ainsi que l'actualité musicale qui s'y déploie.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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C'est toujours avec plaisir que je me plonge dans la lecture de William Boyd, un attachement ancien , comme un vieux copain de lycée que l'on croise en revenant sur ses terres natales et avec qui on renoue une conversation jamais achevée .

Ce nouveau roman est un bon cru, une histoire de passion amoureuse à la fin du XIX ème siècle , emportant le lecteur dans une fuite à travers l'Europe puis vers des contrées beaucoup plus lointaines , les Iles Andaman, sur des notes de piano et de vieilles chansons écossaises .

Grace à sa détermination à quitter son foyer familial sur lequel son paternel règne avec autorité , aidé par son oreille absolue, son habileté et son intelligence, Brodie Moncur devient accordeur de piano dans une maison réputée d'Edimbourg . Apprécié par son patron, il est envoyé en renfort dans la succursale parisienne . Brodie est ravi de partir à la découverte d'un nouveau pays, loin de sa famille.

C'est lors de ce séjour qu'il fait des miracles d'ajustage pour le jeu du pianiste John Killbaron et tombe amoureux d'une cantatrice russe, Lika , la maitresse du musicien . Leur idylle finit par être découverte . La fuite, seul ou à deux sera la seule possibilité d'échapper à la vengeance ...

William Boyd décrit avec brio la vie dans ces villes européennes prisées , Trieste, Vienne, Nice ou Biarritz où on sent l'ébullition du début du vingtième siècle encore hésitant à se débarrasser de tous les carcans du siècle précédent . Il fait pénétrer le lecteur dans les coulisses des salles de concerts , avec des musiciens exigeants , parfois roublards , il donne envie de soulever le couvercle de son piano pour regarder toute cette belle mécanique à l'intérieur et que le métier de Brodie nous fait admirer et puis il nous fait rêver avec son histoire romantique , son héros attachant et sa belle russe .

Bouclant la romance dans des îles de l'océan indien , il ouvre la porte sur d'autres choses : la découverte et la préoccupation pour l'avenir des peuples autochtones et la libéralisation de la femme avec Maje, une anthropologue, un personnage féminin libre et en opposition à celui de Lika .

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Fumer tue !...et pas seulement avec la nicotine, le goudron et les autres saletés qui collent aux poumons tuberculeux de notre héros, mais aussi par son attachement à une marque de tabac, qui telle une balise le géolocalise partout dans le monde...elle vous intrigue ma petite énigme ? Il va falloir que vous lisiez ce dernier roman de William Boyd pour comprendre.

On est au tournant du siècle, fin 19e début 20e, on entre très vite dans le récit des aventures et des amours compliquées de Brodie Moncur, jeune écossais, fils d'un pasteur assez terrifiant, qui tombe amoureux d'une cantatrice russe, au point de tout abandonner pour elle.

Ce qui intrigue, c'est la magie de son milieu professionnel lié à celui des musiciens, celui des accordeurs et facteurs d'instruments, un artisanat magnifique que l'auteur décrit avec passion et minutie. Il nous embarque à travers l'Europe de cette époque dans un grand roman sentimental et musical, sur les traces de ses personnages, un quatuor aux liens sulfureux.

On ne peut pas parler de fresque historique puisqu'on a juste un croquis d'ambiance pour chaque lieu parcouru, cette « dame aux camélias » au masculin nous promène plutôt dans divers univers romanesques assez reconnaissables, et pas forcément les plus pacifiques.

C'est fluide, bien construit , bien raconté avec un soupçon de décalage . Il est vrai que le héros est très myope et malgré la technologie très perfectionnée de ses lunettes pour l'époque, détail maintes fois rappelé dans l’histoire, il ne voit pas vraiment ce qui se joue autour de lui...

un bon roman pour l'été !
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1894 - Edimbourg - Brodie Moncur, jeune accordeur de piano âgé de 24 ans, à la vue défaillante mais à l'oreille absolue, se construit petit à petit une solide réputation auprès de pianistes réputés et fabricants de pianos qui s'attachent ses services. Cette réputation l'amènera à rencontrer les frères Kilbarron, John le pianiste talentueux mais en perte de vitesse et son frère, Malachi, lui servant d'attaché de presse. Cette rencontre va se révéler décisive sur sa vie à double titres car il va tomber sous le charme de la compagne du "Liszt irlandais", la troublante Lika Blum, soprano à ses heures. le pianiste va retrouver grâce à Brodie les faveurs du public celui-ci vivant avec Lika une relation amoureuse cachée le faisant parcourir le monde, de Paris aux îles Andaman (dans l'Océan Indien) mêlant concerts, fuites, amour et maladie.

A travers la romance brûlante qui lie les deux personnages, William Boyd, dresse le portrait d'un homme complètement envoûté par une femme et qui verra sa vie bouleverser, devant faire face non seulement à la maladie, la tuberculose, mais également aux rivalités que ses capacités professionnelles et son sens du commerce attiseront, le faisant parcourir le monde non seulement pour répondre aux sollicitations dont il fait l'objet mais également pour fuir ses rivaux ou trouver un climat plus clément à son mal.

Je dois avouer que je me suis laissée totalement embarquer dans l'histoire aux côtés de Brodie, cet écossais faisant preuve d'indépendance et résolution face à l'autorité d'un père autoritaire, pasteur, régnant sur sa descendance, pour tomber sous la coupe d'une femme dont il devient dépendant même si l'amour est partagé. Ce récit est le parfait exemple du roman qui vous tient en haleine par les différents thèmes traités : amour, intrigues, rebondissements, famille mais également par l'éclairage de l'auteur sur un domaine très confidentiel, celui des artisans qui oeuvrent dans les coulisses : les accordeurs d'instruments.

Même si le personnage de Lika Blum m'a semblé comporter très vite des zones d'ombre et que Brodie, aveuglé par son amour, n'a pas entrevues, malgré un héros qui peut se révéler à la fois naïf dans son comportement ou avant-gardiste dans le marketing, j'ai trouvé que l'ensemble était finement mené, avec ce qu'il faut de rebondissements, d'intrigues jalonnant les 12 années du récit pour nous conduire à une fin dans la plus pure tradition romantique.

Il y a de l'amour, des fuites, des voyages, un duel, des relations familiales complexes (mais finalement très peu évoquées), de la musique bien sûr et surtout une petite musique chargée d'un accord magique le tout porté par une  écriture fluide qui vous emmène au bout du récit et du monde avec maîtrise et raffinement.

J'ai aimé parce que c'était la lecture idéale pour l'été avec ce qu'il faut de dépaysements mais également de découvertes sur les coulisses des concerts, à la fois éblouie par les capacités de Brodie à accorder les pianos mais à ne pas le mettre en garde face à l'amour, d'autant quand celui-ci vous aveugle et se révèle dangereux.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Et si on commençait par passer un savon à celui ou celle qui a validé ce titre (traduit de l'original) et choisi cette mièvre photographie pour la couverture ? Honnêtement, cela ne rend pas service à ce livre qui est tout sauf le pâle roman d'amour qu'évoquent ces deux attributs. Connaissant William Boyd que je lis depuis ses débuts, cela m'étonnait aussi. Mieux vaut s'intéresser au sous-titre (qui n'apparaît qu'en page de garde) : le ravissement de Brodie Moncur. Voilà qui donne déjà un peu mieux le ton et sonne plus "boydien". Rien que le nom de ce héros, écossais comme son auteur bien que d'un autre siècle met dans l'ambiance - et personnellement m'a immédiatement rappelé l'un de mes romans préférés de Boyd, A livre ouvert. Pour le reste, c'est à une véritable épopée que nous convie l'auteur, depuis Édimbourg jusqu'aux îles Andaman en passant par Paris, Vienne, Biarritz, Saint-Pétersbourg ou encore Trieste. Immersive, passionnée et addictive, comme d'habitude.

"J'ai toujours pensé qu'une vie sans complication n'est pas vraiment une vie, voyez-vous. Dans la vie, certaines choses tournent mal, rien n'est éternel, et nous n'en pouvons mais. Les amis vous trahissent, la famille vous tourmente, les maîtresses vous trompent. C'est la norme, oui ?"

Les complications, Brodie Moncur les a plutôt bien gérées jusqu'à présent. Il a réussi à s'éloigner du presbytère familial et d'un père tyrannique dans le sud de l'Écosse pour entrer au service d'une entreprise de vente de pianos à Édimbourg. Son oreille absolue lui a permis de devenir un fantastique accordeur de pianos et son patron lui propose d'aller assister son fils à qui il a confié la direction d'une toute nouvelle boutique à Paris. Nous sommes dans la dernière décennie du 19ème siècle, à l'aube d'un tout nouveau et Brodie saisit sa chance, travaille à l'excellente réputation des pianos Channon, devient l'un des accordeurs que l'on s'arrache dans la capitale française. Pourtant, deux "complications" plus pernicieuses que les autres vont infléchir encore une fois son destin : la rencontre coup de foudre avec Lika Blum une jeune cantatrice russe qui tente de percer, maîtresse d'un pianiste célèbre pour lequel il travaille, et les premiers symptômes de la tuberculose qui jettent une ombre sur son avenir. La nature humaine n'étant pas non plus réputée exempte de complications, on se doute que ce qui attend notre héros n'a rien d'un long fleuve tranquille et heureusement, sinon il n'y aurait pas de livre (ou un mauvais)...

Le talent de William Boyd est de nous immerger à chaque roman dans une époque et un environnement très différents, de façon à la fois documentée et totalement naturelle (et ça, c'est un sacré boulot !). Il se glisse ici dans la peau d'un accordeur virtuose et nous balade au milieu des notes et des partitions dans les lieux les plus beaux et les plus influents en matière de musique, nous plongeant dans les circuits de l'époque, riches mécènes et commanditaires à l'appui, sur les plus grandes scènes d'Europe. Roman très cosmopolite, à la fois reflet d'une époque et inscrit dans la modernité grâce à des personnages forts, riches, sortes d'aventuriers discrets et curieux. L'histoire d'amour qui sert de fil rouge à l'intrigue en est l'exact reflet, jamais linéaire, souvent inattendue, traitée avec une pointe d'humour qui fait toute la différence. L'auteur donne à son héros un panache singulier, très écossais comme il le souligne souvent, au coeur d'un Empire britannique à son apogée mais déjà menacé, et signe autour de la destinée de Brodie Moncur un de ces romans uniques dont il a le secret. Qui mérite mieux que cette couverture trompeuse, croyez-moi.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Eh bien , finalement beaucoup mais vraiment beaucoup mieux que ce que lle si mauvais titre pouvait laisser penser. C'est bien construit , tout en rebondissements mais dans une ligne directrice que l'on sent se dessiner puis se dévoiler.
Et ce personnage central est bien sympathique ! mais pas bien chanceux !
Vive l'Ecosse!
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Depuis 1984 - Un Anglais sous les tropiques - William BOYD, enfant de l'Ecosse installé en Dordogne, a publié plus de 20 ouvrages : romans, pièces de théâtre et recueils de nouvelles.
Il est passé maître dans l'humour, (évidemment britannique) et il a très vite accru ses ambitions d'auteur : il a opté pour le portrait évoluant sur une vie entière dans le cadre propice offert par l'Empire britannique - le Front des Flandres en 1914-18 dans Les nouvelles confessions, le Front d'Afrique centrale - Comme neige au soleil - sans compter le Front de Londres, où les agents spéciaux sont en guerre quasi permanente - La vie aux aguets - en 2007.
Les personnages de BOYD ont de quoi faire dans leurs métiers (Armadillo, jeune expert en assurances), ce qui ne les prive pas de mener des amours passionnées.
Le jeune Brodie Moncur est dans ce cas. En cette toute fin du XIXème siècle, ce fils d'un colérique pasteur de l'Eglise d'Ecosse, il a reçu de la nature un don très rare : l'oreille absolue ; il lui suffit d'une seule écoute d'une phrase musicale pour en déterminer la tonalité. Autant dire qu'il pratique de façon excellente l'accordage des pianos, ainsi que leurs opérations d'entretien et de réparation.
Son patron d'Edinbourg veut lui confier la direction de la grande succursale de Paris mais le fils du patron, déjà dans la place, manoeuvrera avec succès contre cette promotion. C'est à Paris que Brodie rencontrera une jeune cantatrice russe, maitresse d'un grand pianiste, interprète et compositeur. Entre eux, le conflit professionnel et le conflit amoureux vont s'envenimer mutuellement, au point que Brodie devra organiser une fuite souvent dramatique, marqué par une grave maladie.
Tous les éléments nécessaires à un "page turner" sont ici rassemblés. Je vous souhaite d'en profiter autant que moi !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ce roman se déroule de 1894 à 1906, aux quatre coins de l'Europe et dans les îles Andaman.
Le personnage principal, Brodie Moncur, est un jeune Écossais, fils de pasteur, accordeur de pianos, très doué, capable de rendre les touches d'un piano « légères comme des plumes, des bulles de savon, des flocons de neige… ». Employé à Edimbourg par la maison Channon, fabriquant des pianos, il est envoyé à Paris par Ainsley Channon, le Directeur pour seconder son frère, Calder.
Là-bas, Brodie aura du mal avec Calder, incapable et malhonnête. Pour développer l'affaire, Brodie a une idée : " Il faudrait qu'un pianiste célèbre joue sur un Channon pour tous ses concerts et récitals".
C'est ainsi que Brodie va rencontrer John Kilbarron, pianiste Irlandais, sa maîtresse, Lika, soprano russe, et le frère de John, Malachi. Brodie va devenir très proche d'eux et les suivre dans leurs tournées. Il va tomber amoureux de Lika puis va découvrir qu'il a la tuberculose. Après un séjour en convalescence à Nice, Brodie suivra les Kilbarron et Lika à Saint-Petersbourg. La liaison de Brodie et Lika va être découverte par Malachi. Après un duel qui finit mal, les amants vont s'enfuir un peu partout en Europe, poursuivis par Malachi.
Brodie est un personnage attachant, qui y voit mal, au propre comme au figuré, inventif, sensible, droit et naïf. Au cours de sa courte vie, il sera plusieurs fois trahi.
C'est bien écrit et prenant.
J'ai découvert avec intérêt le métier d'accordeur de pianos.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Sous la plume de William Boyd, le lieu commun que constitue le titre, L'Amour est aveugle, porte à sourire et je me suis dit que je n'allais pas m'ennuyer. Gagné ! Boyd appuie le clin d'oeil à son lecteur avec le sous-titre, le Ravissement de Brodie Moncur, en faisant jouer la polysémie du mot, choix qui lui permet de faire allusion à la fois à la joie, au rapt amoureux, voire à l'extase religieuse… autant de thèmes que le lecteur retrouvera, souvent subvertis, au cours du texte.

Autant que dans les autres romans que j'ai lus de lui, William Boyd fait du lecteur son complice, me semble-t-il. Tout au long de l'histoire, il joue avec les clichés du roman sentimental. Cette aventure se déroule entre 1894 et 1906, et nous entraîne dans une sorte de voyage d'apprentissage, si j'ose dire, voyage « obligé » à cette époque pour tout jeune homme de la bonne société. Brodie n'en est pourtant pas issu et il ne voyage pas par choix. Son père est pasteur, prêcheur apprécié, alcoolique et violent, tyrannique, détestant ce fils qui ne ressemble pas à tous ses autres enfants. Un don rare et précieux va permettre à Brodie de quitter cet horrible bonhomme : il possède l'oreille absolue, autrement dit, il est capable d'identifier une note sans point de comparaison. Il se révèle pourtant un pianiste moyen, mais il deviendra un accordeur hors-pair, ce qui lui permet de voyager et de trouver du travail où qu'il soit. On suivra Brodie de lieu en lieu, en sept parties de longueur inégales, avec plusieurs retours et nouveaux départs : Écosse, France, Suisse, Russie, Autriche et les îles Andaman-et-Nicobar. Il va tomber amoureux fou de Lydia Blum, dite Lika, soprano très moyennement talentueuse, qui trouve des contrats grâce à son célèbre amant, le Listz irlandais, John Killbarron, dont Brodie va devenir l'accordeur attitré. Il manque à cette présentation un personnage important, Malachi, le bien-nommé, frère inquiétant du pianiste. Dans la Bible, le prophète Malachie dénonce « la répudiation et le comportement injuste des hommes par rapport à la femme qu'ils ont aimée dans leur jeunesse [...] important témoignage du passage progressif à la monogamie fidèle » dit Wikipédia… À bon entendeur !

Résumons en ajoutant quelques ingrédients : un musicien « manqué », orphelin de mère, doté d'un père détestable, vivant des amours contrariées et, de surcroît, atteint de tuberculose ; un virtuose sur le retour, tenant sous sa coupe une très belle jeune femme amoureuse de notre héros ; un personnage inquiétant et sans scrupule, frère du rival de notre héros, et qui dissimule bien des secrets ; un facteur de piano charmant et honnête, mais dont le fils est un aigrefin ; plein de Russes très russes, plein de musiciens amis et rivaux, et un adorable et fidèle Jack Russell nommé César. De plus, un prologue qui laisse présumer de la fin… Tout était réuni pour un roman bien sirupeux. Ce n'est heureusement pas le cas. Un narrateur à la troisième personne nous montre la vie telle que Brodie la conçoit et la traverse, mais le lecteur de William Boyd est bien moins naïf que le jeune héros. Même s'il n'en connaît pas avec certitude les détails, il sait voir ce que Brodie ne voit pas, aveuglé par l'amour, par l'honnêteté, par sa générosité naturelle ou… par sa très mauvaise vue ! J'ai bien aimé ce roman qui nous permet de passer du XIXe au XXe siècle, de la femme qui se laisse porter par son destin à celle qui le prend en main, de l'Europe encore sous influence romantique à des îles asiatiques où vivent des peuplades « primitives », en nous laissant conduire par un jeune homme très attachant. Et comme d'habitude, j'ai bien aimé l'humour de William Boyd, toujours fin, toujours discret, toujours présent.
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Un roman agréable à suivre avec son héros picaresque, fils de pasteur despotique qui voit son destin de jeune accordeur de piano talentueux le propulser dans toutes les villes européennes , y trouver la passion suivie de la fuite éperdue devant la jalousie maléfique d'un homme violent.
C'est une restitution minutieuse de l'atmosphère du début de siècle, ses mondes bourgeois, ses mécènes, ses bonnes tables…
J'ai découvert l'univers du piano et de ses coulisses, j'ai beaucoup voyagé dans de belles villes, un bon moment!
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