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3,34

sur 256 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plus de 400 pages pour résumer la vie de trois personnages sur une période de quelques mois. Un producteur de cinéma qui va faire son coming-out, une starlette américaine rejointe par son passé par un mari poursuivi par le FBI, une écrivaine en panne d'inspiration qui devient alcoolique.
C'est bien écrit, plein d'humour, mais un peu long.
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L'anecdote est tellement connue et elle a été si souvent reprise que je ne sais plus si j'en ai été le témoin en direct ou si j'en ai reconstitué l'image à force de l'avoir lue. En 1985, lors d'une émission d'Apostrophe, Bernard Pivot se prend pour Darty et s'engage à rembourser tout lecteur non satisfait de Comme neige au soleil, l'un des premiers romans d'un jeune écrivain britannique, William Boyd.

Moi, je n'ai rien réclamé et j'ai même continué à acheter du Boyd. Trente-cinq ans plus tard, sans avoir lu l'intégralité de ses romans, je ne crois pas en avoir manqué beaucoup. Aucun ne ressemble à un autre. William Boyd est un écrivain imaginatif et curieux, qui n'hésite pas à remonter dans le temps jusqu'au début du XXe siècle, à faire voyager ses personnages un peu partout dans le monde et à investir tous les univers socio-économico-politico-culturels. En six ans d'écriture de critiques, celle-ci est la troisième que je lui consacre, après Les vies multiples d'Amory Clay et L'Amour est aveugle.

Son dernier-né, Trio, nous emmène à Brighton, une station balnéaire de la côte sud de l'Angleterre (Ah ! mes quinze ans et les petites anglaises…). Nous sommes en 1968, année tourmentée un peu partout sur la planète. A Brighton, tout est calme. On tourne un film, L'Epatante Echelle vers la Lune d'Emily Bracegirgle. Quelque chose de très fort, un scénario très conceptuel, une symbolique dans l'air du temps, selon le réalisateur… « Un film à la con, avec un titre à la con » grommelle le producteur, pas convaincu.

Et du titre du roman, Trio, que peut-on dire ? Pas sûr qu'il déclenche l'envie irrépressible d'ouvrir le livre, mais il est au moins explicite. Au sein de la petite communauté mobilisée pour le tournage du film, nous sommes invités dans l'intimité de trois personnages.

Engagée pour le rôle principal, Anny Viklund est une toute jeune actrice américaine très jolie. Considérée comme une star à Hollywood, elle est mal préparée à ce statut dans la vraie vie. Elle est incapable de choisir entre trois hommes exerçant une emprise sur elle, chacun à leur manière. Pour supporter cette situation fausse, elle s'en remet à une collection de tranquillisants, de somnifères, de stimulants et de coupe-faim, dont elle gère les quantités avec une bonne dose d'approximation

Elfrida Wing ne fait qu'indirectement partie de l'équipe du film. Elle est l'épouse du réalisateur, un homme volage. Aujourd'hui quadragénaire, elle avait écrit des romans dont le succès lui avait apporté notoriété et confort matériel. Mais ça, c'était avant !… Depuis dix ans, elle est en panne sèche d'inspiration, sauf pour imaginer les titres de ses prochains livres, ce qui lui permet de faire patienter son éditeur. Elle se console en éclusant en secret une quantité phénoménale d'alcools en tous genres.

Talbot Kydd est le producteur du film. Cet homme de soixante ans à l'allure très britannique est un professionnel expérimenté, pragmatique et cynique. Il cherche en permanence à trouver des solutions concrètes aux aléas du tournage et à satisfaire aux exigences parfois loufoques des parties prenantes, tout en veillant à éviter les dérapages budgétaires. A titre personnel, ses rêves érotiques lui ont fait prendre conscience de son homosexualité, sans pour autant qu'il franchisse le pas de relations concrètes. Ça le travaille !

Le roman livre une critique caricaturale amusante du monde du cinéma et des coulisses d'un tournage. Les comportements des personnages secondaires n'ont rien à envier à ceux du trio. Sur le plateau et autour, les motivations secrètes et refoulées finissent par se révéler, impliquant des compromissions insolubles. le salut réside, semble-t-il, dans l'imagination des scénaristes et dans leur aptitude à apporter des adaptations parfois acrobatiques au script d'origine.

En l'absence de véritable intrigue, on peut regretter dans Trio un manque de consistance globale de l'histoire et une fin décevante. Mais Boyd confirme son talent de conteur hors pair à l'imagination débridée. Son oeil acéré et sa plume goguenarde font passer un très bon moment de lecture. A déguster page après page, sans en demander plus, remboursement non garanti !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le titre du livre est-il une discrète allusion à un autre roman de William Boyd, "Solo" ? Je ne sais. En tout cas, il y a bien trois personnages principaux dans celui-ci, trois têtes d'affiche pourrait-on dire (parmi bon nombre de seconds rôles) puisque l'auteur nous immerge dans le milieu du cinéma (anglais) au printemps de 1968. Talbot Kydd est producteur et supervise le tournage d'un film où Anny Viklund tient la vedette ; quant à Elfrida Wing, écrivaine, c'est l'épouse du réalisateur. Tous les trois essaient péniblement de maîtriser leur vie personnelle et professionnelle et soignent leur mal-être par des palliatifs plus ou moins efficaces : Talbot, à défaut d'assumer pleinement son homosexualité, pratique la photo de studio avec des modèles surtout masculins ; Anny jongle avec les médicaments pour demeurer dans un état de lucidité et de concentration compatible avec son métier ; Elfrida, qui fut qualifiée de "nouvelle Virginia Woolf" mais n'a pas écrit une ligne depuis dix ans, est maintenant une alcoolique avérée. le hasard des événements ou des rencontres va infléchir leur destin de façon irréversible, à des degrés divers.
Si l'action – et il y en a, de l'action, et des retournements de situation – se déroule principalement en Angleterre et en particulier à Brighton, là où se tourne le film, un pan de l'histoire d'Anny (sa conclusion, en quelque sorte) a pour cadre la France, entre Paris, où vient de se produire une petite révolution, et le bassin d'Arcachon. William Boyd, auteur britannique francophile, a parsemé son texte d'expressions ou de mots issus de la langue de Molière, ce qui fait toujours plaisir : l'inverse est tellement répandu !
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Un film est tourné à Brighton, et pour ce faire tous s'y trouvent, les acteurs, le metteur en scène , les producteurs. le livre s'attache aux destins de deux d'entre eux et en plus à celui de la femme du réalisateur , leur point commun principal est l'hésiation et le sentiment de ne pas être vraiment dans leur vie. Au fil des chapitres on suit leur cheminement mental , si le ton est assez léger le style simple, le fond est plus complexe et conduit à nous interroger sur notre propre vie.
Un bon livre qui réussit à nous faire nous évader et en même temps nous charme par son ton plaisant. Une belle lecture d'été.
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On retrouve, ce que je nomme le "fatalisme" de William Boyd. Nous voilà dans le monde du cinéma, sur le tournage d'un film. Une actrice américaine célèbre mais un peu paumée. Un réalisateur proche de la soixantaine, las de son associé à moitié véreux. Un cameraman qui pique des rouleaux de pellicule vierge. Une écrivain devenue alcoolique et qui ne produit plus rien suite à n fausses couches. Un tableau 100% Boyd.
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William Boyd vient nous parler de cinéma et de littérature, nous sommes en 1968 dans la station balnéaire de Brighton.
Trois personnages vont être amenés à entremêler leurs destins, enchevêtrement de situations cocasses, de cachotteries en mélodrames, parfois viles, souvent savoureuses.
Au programme : Sexe, mensonges, alcools et barbituriques !
Chez Boyd, si le ton est léger les vérités n'en sont pas moins dramatiques.
Il y a tout d'abord ce tournage de film au titre improbable : « L'épatante Echelle pour la Lune d'Emily Bracegirdle » qui n'en finit pas de poser problèmes.
Le producteur Talbot Kydd se voit confronter à un associé peu scrupuleux, à un vol de pellicules, à un couteux chantage et à l'exigence de ses acteurs ... en plus d'une crise existentielle personnelle.
Son actrice principale Anny Viklund croyait vivre la Dolce Vita sur les plateaux de tournage mais c'est son passé qui la rattrape.
Cela ne s'arrête pas là ! il y a aussi les tracas de l'épouse du metteur en scène ! Si Reggie Tipton, Rodrigo pour les intimes, vit une romance avec la scénariste, son épouse Elfrida Wing, jadis acclamée comme la digne héritière de Virginia Woolf, se débat entre le manque d'inspiration, la jalousie et l'alcool dont elle use dès le petit déjeuner !
Trois figures attachantes qui ont du mal avec la réalité de leur vie et qui cachés derrière masques, duplicité et faux-semblants entretiennent leur mal de vivre.
Une lecture agréable ou l'humour côtoie le pathétique, un milieu que l'auteur, scénariste et réalisateur décrit avec conviction et habileté et d'où émane un certain réaliste malgré les problèmes en série !
Ce ne sera pas mon Boyd préféré, mais une lecture plaisante et avant tout distrayante.

Merci à Babelio et aux éditions Stock pour l'envoi du roman, lu dans le cadre de la masse Critique.
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Brighton été 1968 sur le tournage de L'épatante Echelle pour la lune d'Emily Bracegirdle, le dernier film de Reggie Tipton.

Le trio de William Boyd est composé de Talbot Kydd producteur comme papa mais sans panache, qui refoule son homosexualité auprès de sa femme et de ses enfants ; Elfrida Wing, l'épouse tant de fois trompée du réalisateur, écrivaine qui noie ses 10 dernières années de pages blanches dans l'alcool et enfin Anne Viklund une jeune première délicieuse et populaire qui tente d'échapper à son ex-mari terroriste fraîchement sorti de prison.

Les personnages en traînent de la souffrance, de la déprime, du mal de vivre, de la misère morale et pourtant vous allez vous amuser grâce à la plume pleine d'un humour pince sans rire et sophistiqué, de cet auteur so british !

Un roman que j'ai eu énormément de plaisir à lire.
Merci à Babelio

Lien : http://www.levoyagedelola.com
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Ils forment un triangle de trois points lumineux, une constellation perdue dans la galaxie du cinéma.
Producteur, actrice, écrivaine, ils existent au monde par le prisme de leur personnage public, qui les définit aux yeux des autres, quand ils recherchent la vérité intime de leur personne. Ils sont trois étoiles dont l'éclat pâlit, un trio de personnages en quête d'identité.
Anny vit la vie banale à laquelle elle aspire par le truchement des rôles qu'elle incarne. Elfrida assouvit sa passion pour l'écriture par sa muse Virginia Woolf, quand Talbot cache et se cache son moi privé, intime.
Ils vivent par et pour les autres, eux qui définissent leur identité. Ceux qu'ils ne sont plus, ceux qu'ils ne sont pas; ceux qu'ils ont été; ceux qui les entourent et les inspirent; ceux qui les accompagnent ou les quittent. Ceux qu'ils recherchent ou qu'ils fuient.
Des identités passées et présentes qui se succèdent, se métamorphosent, se transforment Autant de couches opacifiant leur véritable personnalité.
Des identités qui s'accumulent et se superposent lorsque l'on se rend l'acteur de sa propre vie, l'écrivain de sa personnalité.
Ils deviennent l'autre, le personnage de leur propre personne, dont les autres sont autant de composantes. Leur vie imite un roman, quand le cinéma s'inspire de leur vie. Leur métamorphose devient usurpation.
Pourront-ils écrire leur propre vie, se libérer de l'image publique qui corsète leur personnalité, du personnage de fiction qui cadenasse leur âme? Leur faudra-t-il tuer leur alter-ego pour redonner un sens à cette vie?
Il leur faudra se réinventer ou mourir.
William Boyd aborde dans ce roman très plaisant et rythmé les problématiques très intéressantes de l'identité , de la connaissance et de l'acceptation de soi. Dommage que la réflexion soit un peu noyé dans de très nombreux détails factuels qui alourdissent le propos .
Une lecture très agréable et intrigante néanmoins !
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Duplicité, Capitulation, Evasion : la Règle de trois façon William Boyd. Les trois parties de son dernier roman sonnent le réveil façon Mérinos de mon intérêt pour le célèbre romancier anglais. Un réveil en beauté.
Je ne sais pas vous, mais j'avais l'impression que depuis une dizaine d'années, l'écriture de l'auteur génial d'un anglais sous les Tropiques, ronronnait. J'avais l'image d'un vieux chat flemmardant en boule devant un feu de cheminée dans sa maison en Dordogne.
Certes, William Boyd n'avait pas perdu sons sens du romanesque, renifleur de personnages charismatiques, mais j'avais trouvé le ton de ses livres les plus récents bien fade. de jolis plats que le cuistot avait oublié d'assaisonner.
Et bien, au diable l'hypertension, William Boyd a ressorti la salière, fini la préretraite de la prose et le plaid sur les genoux, l'auteur Trio nous ramène en 1968 pour le tournage d'un film au titre invendable : « L'épatante échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle ». On se calme Arte, c'est une fiction, et ce n'est même pas sous-titré en langue Ouzbèque.
Au générique du roman, il y a Talbot, producteur tourmenté par une homosexualité refoulée qui aspire à se défouler et par un associé aussi fiable qu'une garantie pour une machine à laver. Il passe son temps à gérer l'ingérable, l'anarchie du tournage et les caprices des stars et des investisseurs.
Autre vedette du roman, Elfrida, l'épouse du réalisateur qui cherche l'inspiration dans l'alcool en apnée et sans bouée. Cul sec et langue pâteuse. Elle s'accroche à un projet inabouti portant sur le jour du suicide de Virginia Woolf. Gilet de sauvetage perméable à la vodka.
Le trio est complété par Anny Viklund, actrice principale du film, célèbre mais tourmentée, pléonasme, par un ex-mari recherché par la CIA pour des loisirs terroristes. Elle joue au docteur avec son jeune partenaire dans le film tout en étant en couple avec un vieux philosophe français très à gauche. Un agenda sexuel de ministre. Elle ne trouve la paix que dans les opiacés.
William Boyd évite de transmettre la déprime de ses personnages au lecteur en construisant son roman comme une farce et face à la duplicité des êtres qui gravitent autour du trio, il parvient à les rendre tous très attachants. Impossible d'avoir un chouchou. C'est comme devoir choisir un chiot parmi une portée de labradors dans un chenil. On repart avec les trois.
Les amours tragiques d'Anny se transforment en vaudeville, Elfrida réécrit sans cesse le premier paragraphe de son roman, partage ses hallucinations éthyliques et Talbot sort de sa torpeur pour affronter les turpitudes de son associé. Les personnages croisent leur solitude dans des scènes burlesques très réussies.
A l'image de l'époque qu'il décrit, William Boyd s'autorise beaucoup de libertés dans la narration. Les gueules de bois sont psychédéliques, les amours libérés, les trente glorieuses gloutonnent à marche forcée, les apparences du bonheur souvent trompeuses.
Sans cette Masse Critique, j'aurai certainement boycotté ce roman malgré le pédigré de son auteur et la beauté de la couverture. J'ai toujours bavé devant les Coccinelles. Merci donc à Babélio et aux éditions du Seuil qui m'ont rabiboché avec William Boyd.
Un trio mené avec brio.
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William, raconte-moi une histoire !
J'aimerais que ce soit glamour, tu penses qu'on pourrait situer l'histoire dans le milieu du cinéma ?
Oh et je voudrais des personnages attachants, qui pourraient devenir mes amis, à qui j'aurai envie de tendre la main, tu peux ?
Merci William ! 😊

Brighton, 1968, tournage d'un film.
Talbot est le producteur. Ancien militaire, il a la soixantaine et se cherche encore.
Anny est la star américaine du film. Elle a le chic pour choisir des hommes qui ne lui conviennent pas. Mais peut-être qu'avec Troy...
Elfrida est romancière, mariée au réalisateur. La "nouvelle Virginia Woolf" a une consommation d'alcool inversement proportionnelle à sa production littéraire.

Voilà un roman qui m'a apporté ce que j'aime parfois trouver dans mes lectures : de l'évasion, de l'attachement pour les personnages, un véritable intérêt pour leur destin, des sourires attendris fréquents, des "mais non !" quand un personnage prend une décision que j'estime mauvaise... Bref, une délicieuse immersion dans une histoire.

William Boyd est un conteur de talent et cette parenthèse à Brighton en 1968 m'a infiniment plu.
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