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3,82

sur 511 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Afrique adieu. Où vont les eaux noires du Kinjanja?
Ton coeur samba. Saigne autant qu'il peut
Des musiciens de Casamance. Aux marabouts de Pretoria
C'est tout un peuple fou qui danse pour un sorcier vaudou ..."

Fanshawe, le supérieur de Morgan Leafy, fonctionnaire du Haut Commissariat Britannique, l'a chargé de se débarrasser du corps d'une domestique...

Innocence, la domestique noire en question, tuée par un coup de foudre ne pouvait pas être emmenée à la morgue à cause de Shango...
Mais, qui est Shango?

- "Shango, c'est Dieu pour la foudre! Fit pieusement Isaac. Vous pas pouvoir tôcher elle, pas tôcher elle, missié. Vous apporter tout le monde waballah, vous en y a mourir. Faut un grand gri-gri
-D'abord venir prêtre sorcier."

Je suis déjà mort, pensait Morgan. Un gri-gri , un prêtre( combien d'argent? La somme ne cessera de monter jour après jour...)

- "40 livres. Ah, non! Il faut que Maria, sa fille achète une chèvre et de la bière. Je pense 50 livres, peut-être 60. Et les funérailles, pour Shango, il faut funérailles spéciales et Maria n'a que 15 livres."

15 livres, un salaire mensuel normal, au Kinjanja... Fabshawe pouvait-il donner ou prêter l'argent?

Pas de pompes funèbres, à cause du wallahah. Innocence était là sous le soleil brûlant, avec des noirs autour, ( des mamas, des gosses, des ouvriers ), mais à distance à cause de l'odeur et des mouches.

"Mais, il y avait des gris-gris, des tas de cailloux, 2 plumes et une feuille, une boîte de conserve surmontée d'une pierre. "
Les gens jetaient tout par terre?

Morgan va arriver à enlever Innocence, malgré la décomposition avancée (avant l'arrivée du prêtre ) mais alors, tous les domestiques du Haut Commissariat refusent de travailler si Innocence ne revient pas.

Pas important savoir qui l'a déménagée, il faut qu'elle revienne par ses propres moyens ou pas...

"Noir c'est noir, il n' y a pas d'espoir".
Oui gris c'est gris
Et c'est fini, oh, oh, oh, oh
Ça me rend fou.."

" Il y a les piliers de bar, les emmerdeurs, les feignants et les coureurs. Cocufiants et cocufiés se côtoyaient autour des tables de billard, les épouses désoeuvrées jouaient au bridge ou au tennis, se doraient autour de la piscine, abandonnant leurs enfants aux nurses, les corvées ménagères aux domestiques et les maris à leurs bureaux où ils gagnaient à longueur de journée de confortables salaires. "
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« (...) c'était un boulot à plein temps que de se venger du monde. Fallait pas mollir. »

J'ai rencontré un homme affreux, et je l'aime bien. C'est n'importe quoi me direz-vous. Oui je sais, mais William Boyd l'a rendu sympathique parce qu'il « était un aristocrate de la douleur et de la frustration, un prince de l'angoisse et de la honte. » Outre le fait que cela se passe en Afrique où « les réalités vous traquaient sans pitié », j'ai pu aisément transposer certains de ses défauts en d'autres lieux, d'autres temps et chez des personnes que je connais, voire moi-même. Il est tellement plus humain avec ses faux pas et sa méchanceté de couverture que certains de ses congénères. Je pourrais dire que j'ai eu pitié de lui, mais même pas. L'auteur a fait moduler mon ressenti par la survenance de situations que je trouve tellement drôles ou incongrues, que cela rend ce personnage finalement touchant et proche du lecteur. Je me regarde en face et j'avoue mentir, aimer, baiser et me débattre pour ne pas être aspirée dans un tourbillon qui ne me plait pas. Mais lorsqu'on a la guigne, né sous une mauvaise étoile... on ruse et on s'empêtre. Mais je ne me venge pas :) Lui s'y risque et on s'amuse en lisant ses déboires.

« ''Naturellement, je les aime beaucoup aussi'', stupéfait de pouvoir prononcer ces mots sans s'étouffer. »
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Sous les tropiques, dans un petit, tout petit pays d'Afrique anglophone, prenez quelques fonctionnaires du Foreign Office jouant maladroitement un jeu de stratégie pour lequel ils ne sont pas taillés, ajoutez des politiciens locaux qui en profitent, pendant que la domesticité des premiers tente de faire bouillir de bien modestes marmites. Choisissez comme héros de votre histoire un personnage dont l'ambition dépasse de loin les capacités, soumettez le à un cocktail explosif d'avanies et vous obtenez une satire aussi corrosive que drôle de cette société post-coloniale où « expat », diplomates étrangers ou politiciens affairistes continuent, sans vergogne ni pudeur, à vivre confortablement sur la bête toujours exsangue.
Notre antihéros annonce la couleur : « On n'envoyait vraiment que les fonds de tiroir ici… mais il réalisa alors qu'il s'incluait dans la condamnation générale, ce qui le déprima profondément, avant que son orgueil ne lui souffle qu'il était différent des autres, spécial, l'exception qui confirme la règle. L'évidence de cette assertion ne lui parut pas aussi convaincante qu'il s'y attendait, aussi changea-t-il de sujet. »
Les personnages défilent dans une joyeuse et effrayante sarabande d'erreurs, de catastrophes ou de coïncidences malvenues pour soumettre notre « premier secrétaire au haut commissaire adjoint » à une multitude de tourments, pour le plus grand plaisir du lecteur se délectant de situations aussi loufoques qu'embarrassantes.
Son patron, « spécialiste de l'Asie (il possède des paravents et des meubles en rotin de Thaïlande), [qui] avait encore deux ans à tirer avant la retraite et nourrissait le rêve secret d'un dernier poste spectaculaire, un point final brillant à une carrière peu inspirée », ne le reçoit que pour lui confier les tâches dont il ne veut pas s'acquitter. Pour faire bonne mesure toute sa famille s'en mêle, l'épouse entend le transformer en Père Noël et la fille, qui « lui avait ouvert la braguette », ne lui laisse en guise de trophée « qu'un slip blanc bordé de dentelle bleue ». Un politicien rusé dont il doit s'attirer les bonnes grâces le met sur le grill, les croyances animistes des domestiques lui posent un problème insoluble, un médecin écossais honnête et compétent lui refuse des passe-droits et la duchesse, lointaine cousine de la Reine, lui offre une rencontre… bouleversante à l'occasion d'une scène que j'ai trouvé absolument hilarante.
Notre héros qui « pour la première fois de sa vie était l'homme qu'il fallait, dans l'endroit où il le fallait, à l'heure où il le fallait », sortira-t-il vainqueur de toutes ces épreuves ?
Ne nous y trompons pas, c'est très drôle mais la bouffonnerie des personnages ne masque en rien leur suffisance, leur médiocrité et leur insensibilité au malheur qui frappe sous leurs fenêtres. Les « élites » africaines et leurs prévarications ne sont pas plus épargnées, tandis que le personnage chargé à lui tout seul de représenter l'honnêteté et la compétence est isolé et donc, au final, condamné à disparaître.
Un grand roman très agréable à lire, sur des sujets sérieux, traités avec humour et distance.
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Dans ce roman, nous suivons les tribulations d'un fonctionnaire diplomatique britannique en poste dans la deuxième ville d'un pays de l'Afrique de l'Ouest.
On se situe au plus près de sa conscience, tourmentée. Il est question de ses états d'âmes mais aussi de situations rocambolesques avec un summum final.
Souvent dépeint comme une satire du milieu diplomatique de Sa Majesté, je pense qu'il faut l'étendre à la culture du gentleman britannique, corseté dans une politesse intenable.
Le livre a été publié pour la première fois en 1981 et il a peu vieilli. Il possède les ingrédients du roman anglais, beaucoup d'alcool, de sexe et d'humour à base d'absurde et d'autodérision.
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C'est un ami - grand lecteur - qui, il y a plus de 20 ans, m'a prêté cet ouvrage qui m'a permis de découvrir William Boyd. Il est devenu un de mes écrivains préférés, dans la lignée de Graham Greene. J'apprécie particulièrement sa façon de décrire les ambiances exotiques, qu'elles soient sud-américaines ou africaines.
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Un Anglais sous les tropiques / William Boyd
L'histoire se déroule au Kinjanja, un pays imaginaire d'Afrique occidentale, ancienne colonie britannique, imaginaire mais plus vrai que nature avec sa moiteur, ses moustiques, ses alcools, ses tabous et ses Blancs toujours présents au sein d'un corps « diplomatique » important malgré l'indépendance acquise depuis des lustres, qui pour asseoir leur présence et assurer leurs intérêts favorisent un parti politique local par toutes sortes de magouilles ce qui ne manque pas de créer des tensions.
Morgan Leafy, premier secrétaire auprès du haut commissaire adjoint de la ville de Nkongsamba, est le personnage principal de ce roman jubilatoire. Il n'ignore pas que Hazel, sa maîtresse africaine, le trompe pendant qu'il courtise la belle Priscilla, fille de Arthur Fanshawe, le haut-commissaire adjoint. Ce qui ne va pas sans avoir de conséquences fâcheuses pour notre « héros », la trentaine bedonnante, porté sur l'alcool et les femmes car il s'ennuie à ce poste de secrétaire chargé de délivrer des visas, les soirées au club entre expatriés faisant suite à la routine administrative.
Morgan est un personnage grognon et vitupérant, mais néanmoins humain, un homme avec ses qualités et ses faiblesses, ce qui le conduit dans des situations rocambolesques quand on lui confie les tâches les plus saugrenues ou les plus délicates qu'il accepte. Souvent les situations lui échappent et frisent la catastrophe pour le laisser anéanti. Champion de la gaffe (la chair est faible !) , Morgan reste un personnage sympathique tout au long du roman, tiraillé qu'il est entre l'hypocrisie coloniale et son administration et les traditions ancestrales surprenantes des populations locales.
Au fil des chapitres on retiendra aussi du personnage très charismatique de Morgan, que dès qu'il voit une femme, il ne pense qu'au sexe, et il s'en étonne lui-même en se demandant si c'est normal et si c'est la même chose pour les autres. Hazel lui est nécessaire estime – t - il car source sûre de relations sexuelles sans complications. Autre personnage intéressant : le docteur Murray, le juste et l'intransigeant, l'incorruptible et l'honnête, qui détonne au milieu de tous les magouilleurs des deux camps.
Ce roman quelque peu hilarant, teinté de sensualité et d'un érotisme mesuré et retenu lié aux pensées obsessionnelles de Morgan, est une satire lancée à la Grande Bretagne post coloniale avec son paternalisme condescendant, et William Boyd, qui est né et a vécu en Afrique au Ghana, a puisé dans ses souvenirs pour construire très habilement son roman, avec une première partie factuelle présente, une deuxième partie retour au passé pour expliquer la situation présente et une troisième partie constituant un dénouement assez inattendu quand des élections tournent au vinaigre.
Un bon moment de lecture.
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