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3,82

sur 511 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Morgan, le héros de « Un anglais sous les tropiques » se doute des très probables infidélités de sa maitresse africaine : blennorragie, ce qui l'empêche d'assurer auprès de la fille qu'il aurait dû séduire pour avancer sa carrière. Il apprend que celle ci, ne pouvant que le prendre pour un impuissant, un garçon de bains vantard, un faux étalon fanfaron, se fiance avec son subordonné. Il subit le chantage d'un homme politique véreux, à contre courant des ordres que lui donne son chef, ordres impossibles à exécuter et contradictions diverses.

Alors, pour chasser ses idées noires, il prend un livre au hasard : « le pire est pour demain » !

Voici un bon début dans l'anthologie de ses désastres personnels, dont il nous confie les conséquences dans la première partie, et les causes dans la deuxième.
Il a donc tout raté, ce Morgan, il en profite pour relever le comique innocent de certains africains, l'un exhibant les prodigieuses lacunes de sa denture, les autres à l'aéroport, endimanchés, le mari porte une robe jaune et pourpre, la femme est en dentelle argent et les deux enfants en pyjama écarlate.


Hilarant, avec des trouvailles à chaque page, des remarques sur un pays imaginaire de l'Afrique de l'Ouest, William Boyd, né au Ghana, fait d'abord l'inventaire de la vie grouillante d'une petite ville, où se côtoient grand mères ratatinées aux seins flasques et chérubins aux ventres rebondis, avec poules, chiens et chèvres explorant les tas d'ordures. Sans compter les mendiants lépreux, aux moignons rongés, « d'agiles rabatteurs de parking escortant des vendeuses aux grosses fesses , des gamins proposant stylos billes, peignes, chiffons à poussière, oranges, porte-manteaux, lunettes de soleil et montres russes », et puis des vaches, et parfois des fous laissés libres ,maudissant les voitures des carrefours.

Cafards, moustiques et autres bestioles , chaleur tropicale :on y est, c'est l'Afrique.


Et puis, les expatriés ?

« Il y a les piliers de bar, les emmerdeurs, les feignants et les coureurs. Cocufiants et cocufiés se côtoyaient autour des tables de billard, les épouses désoeuvrées jouaient au bridge ou au tennis, se doraient autour de la piscine, abandonnant leurs enfants aux nurses, les corvées ménagères aux domestiques et les maris à leurs bureaux où ils gagnaient à longueur de journée de confortables salaires. Elles papotaient et médisaient, rêvaient à des amours illégitimes, parfois s'y adonnaient. »
Et bien sûr les carriéristes, les profiteurs, les alcooliques. (d'expérience l'eau au delà d'un niveau de touffeur ne comble pas la soif, mais les gin tonic, si. Comprendre un gin tonic. )


Pour ceux qui ont vécu en Afrique : On a tous connu des expatriés racontant leur « carrière brillante » ( dans le livre, en Orient) ou ayant laissé en métropole haras et château, pour se retrouver dans ce qu'ils considèrent un trou de deuxième zone. On a tous entendu de simples méchancetés ( Morgan appelle la femme des son chef la Grande Garce ou la Grande Pouffiasse.) ragots et calomnies sur les autres expatriés, puisque, les places étant chères, il fallait écraser les autres comme des cafards.


On a tous ri aussi devant l'innocence et le mépris des apparences de certains africains, devant certaines scènes ubuesques, par exemple les enfants africains scandent tous à son passage « oyimbo, oyimbo, le blanc, »en l'escortant : Morgan se demande s'il leur arrive parfois de ne pas remarquer la chose. La buvette portant l'inscription : Sissy ‘s tout va bien bien buvothèque »


Les deux mondes ne se croisent pas, n'habitent pas les mêmes quartiers, ne se mélangent pas, sauf les employés logés près de la résidence du haut commissaire.

Derrière la truculence, William Boyd décrit la puissance des croyances animistes, et aussi l'importance du fric pour en sortir, la corruption des élites africaines, et aussi les intérêts de l'ex colonie ( pétrole, richesses diverses, monopole qui se négocie ).

Il s'agit du Haut-Commissariat anglais, dix après l'Indépendance du pays, et sans doute toujours appartenant au Commonwealth, car pour compliquer les choses, une visite officielle d'une cousine de la Reine d'Angleterre est annoncée pour Noel, au moment des élections.

Et comme le rire se couple souvent sur des réalités plus sombres, ces élections sont manipulées par le Foreign office, qui désigne le futur gouverneur local, le corrompt , et s'assure qu'il est bien prêt à vendre son pays pour ses intérêts privés.

Pari réussi, l'impérialisme ou neo colonialisme court toujours.
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Planqué, fainéant, Morgan Leafy travaille à l'ambassade britannique d'un pays africain ou régne corruptions, magouilles, conflits d'intérêts, sexes et autres vices. Leafy est aussi pitoyable au travail qu'en amour. Il se voit un jour confier une mission alors que des tensions se font sentir dans le pays. le gras et transpirant Leafy va se transformer en héros malgré lui.
Portrait sans concessions de l'Afrique post coloniale, Boyd nous embarque avec jubilation dans les tribulations d'un type ordinaire qui n' a qu'un souhait, glander et sortir avec la fille de l'Ambassadeur. Boyd qui connait bien l'Afrique nous amuse, dans cette comédie truculente, drôle et transpirante !!!
A noter l'adaptation du livre de Boyd avec Sean Connery, mais préférez le livre nettement meilleur.
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J'ai adoré ce roman ! Lu à un moment très moyen de ma vie, où je revenais de quelques années difficiles passées à Mayotte, juste après la départementalisation en 2010. Grosse déception d'une grande majorité de Mahorais qui pensaient que tout allait changer, qu'ils allaient tous devenir riches, et percevoir immédiatement des minima sociaux comme en métropole... Donc, grèves à répétition, barrages routiers, agressions en tout genre contre les mzungus (Français de métropole), en fait blocage complet de l'île pendant plusieurs semaines. Bon, j'avais besoin de me changer les idées. Une personne bien attentionnée m'a conseillé ce livre. Je ne connaissais pas du tout William Boyd à cette époque. J'ai fais tout de suite le lien avec ce que je venais de vivre. Tout de suite identifié au personnage, bien que n'étant pas du tout dans le même domaine professionnel. Dans le roman, bien que n'étant pas nommé, l'intrigue se déroule certainement au Ghana, juste après l'indépendance, où l'auteur a vécu. Si mes souvenirs sont bons, on suit un attaché de la nouvelle ambassade britannique qui est chargé… d'à peu près tout. Et se retrouve entre les demandes de sa hiérarchie et les demandes des politiciens du pays nouvellement indépendant. Incapable de contenter tout le monde et d'ajuster des demandes contradictoires. Bon, il n'est pas tout à fait net non plus. Il entretient clandestinement une prostituée qui ne manque pas de profiter de son pouvoir. Le passage le plus hilarant dont je me souvienne est celui où il est chargé d'organiser la visite d'Elizabeth II. Bien sûr, rien ne se passera comme prévu. Il se dégage de ce roman une saveur toute africaine. Et l'on comprend l'impossible compréhension mutuelle entre Africains et Européens, due à deux façons radicales de voir le monde. Attention, l'Afrique peut vraiment rendre fou !
Je conseille vivement ce livre et cet auteur.
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Un anglais sous les tropiques de William Boyd est une belle invitation au voyage.
Le personnage principal, Morgan Leafy, travaillant pour le gouvernement britannique dans un pays africain, le Kinjanja, se voit mêlé à des intrigues plus ou moins malgré lui.
Cet anti héros n'a absolument rien pour plaire, jaloux, vindicatif, rancunier, mais son sens de la gaffe et toutes les péripéties qui lui tombent dessus m'ont fait sourire plus d'une fois.
William Boyd dresse un portait de l'Angleterre coloniale au vitriol.
Un bon moment de lecture !

Challenge ABC 2014/2015
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Voila donc le premier livre de Boyd ( donc je n'ai pas lu dans l'ordre! pas grave!) ....on y voit ses origines "africaines" et cela fait écho avec mon passage en Cote d'Ivoire à la fin de mes études....Livre plaisant, illustrant bien une certaine époque post coloniale et le destin d'expats médiocres incapables ( dans sens sans capacité de réussir mais aussi incapable d'en prendre la décision) de basculer vers une autre vie réussie en métropole . Il s'agit ici de tentatives ( naïves) de corruptions....tout cela sent l'amateurisme...mais pas dans l'écriture car le rythme est là. On sent derrière cette lecture le potentiel de l'écrivain, sans nul doute
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Morgan Leafy, indigne représentant de sa gracieuse Majesté, s'essaie à la diplomatie en terre africaine avec la subtilité d'un éléphant traversant un magasin de porcelaine.
Il en avait pourtant rêvé de cette affectation, après avoir raté 10 fois son diplôme puis allégrement moisi dans un quelconque bureau londonien.
Seulement voilà, l'Afrique semble attiser ses diablotins intérieurs.
Rouquin (pour ce qu'il en reste), déjà bien grassouillet, il picole comme un cochon, tyrannise ses deux domestiques, tente de se donner un air important (pour tuer l'ennui et crâner un peu), et empile joyeusement mensonges et omissions : tout pourvu qu'il puisse passer outre les situations inconfortables.
A vrai dire, la plume de Boyd est si savoureuse que l'on manque s'étrangler de rire toutes les deux pages.
Cocasseries de situations, personnages haut en couleur, bref, la bêtise humaine mise en boite avec un rare talent.
Ne laissez pas passer cette perle !
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Morgan Leafy est adjoint de l'ambassadeur britannique à Nkongsbamba, ville de seconde zone d'un pays africain imaginaire, pays qui a obtenu son indépendance il y a peu (le roman a été écrit en 1980). L'action n'est pas datée précisément, je dirais les années 50-60.

Morgan Leafy, la trentaine, est plutôt un anti- héros. Cette affectation ne lui plait pas (il a l'impression de végéter), son patron lui déplaît (même impression de végéter)
Alors pour oublier l'ennui qui le ronge, Morgan a une maîtresse (noire), essaie de séduire la fille de son patron (échoue et cette partie est assez drôle), rencontre un homme politique qui le « force » à tenter de corrompre le Dr Murray.
Morgan s'enferme dans le piège….mais finira quand même à trouver une « solution » à ses problèmes…
Très ironique ce roman est très intéressant sur le fonctionnement d'un pays nouvellement indépendant (jusqu'à la surprise finale…)
Un excellent moment de lecture
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C'est le premier livre de W.Boyd que je lis, sur les conseils d'une collègue de travail que je remercie ; et l'expérience a été suffisamment enthousiasmante pour que j'embraye illico sur un second, "L'amour est aveugle".
De multiples rebondissements m'ont entrainé jusque vers la fin du roman, par des chemins faits d'un style fluide, agrémentés d'un humour pince-sans-rire qui m'a beaucoup plus.
Ce livre m'a donné l'occasion de m'immerger quelques heures dans un univers dont j'ignore tout, celui du microcosme de diplomates dans une ancienne colonie, avec ses interactions plus ou moins nettes et cocasses avec les notables et les petites gens locaux.
W.Boyd sait donner corps à ses personnages. Je les ai en effet trouvé très palpables, W.Boyd faisant fréquemment allusion à leur aspect physique et aux désordres organiques qui parfois les traversent.
W.Boyd arrive également brillamment à entraîner ses héros, et le lecteur, vers des situations inextricables, pas à pas, à partir d'un point de départ a priori simple et inoffensif.
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Ce livre est très anglais : humour subversif, situation extrême, anti-héros pathologique…l'histoire de ce petit bout d'Angleterre en Afrique est savoureuse. La capacité de William Boyd à traiter de ces contemporains est incroyable et ce livre ne veut rien démontrer que l'absurdité des comportements colonialistes des pays Européens. Les passages sur le corps frappé par la foudre font partie des meilleurs pages de littérature qu'il m'ait été donné de lire.
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Satire sans pitié de l'Afrique post-coloniale et de l'attitude des Occidentaux - par un connaisseur, puisque Boyd est né au début des années 1950 au Ghana ; du reste, c'est un cadre qu'il affectionne, voir sa reprise plutôt réussie de la franchise James Bond, avec une première aventure, Solo, évoquant irrésistiblement ce sympathique Anglais sous les tropiques.

Morgan Leafy, fonctionnaire britannique, a échoué à Ngonksamba, et végète dans cette bourgade très secondaire du Kinjanja, ex-colonie de Sa Majesté, plongée dans la torpeur tropicale. Comme toujours, Boyd excelle à brosser le portrait d'un raté, ou plutôt d'un défait : Morgan est sans ambition, sans talent, a un peu trop de bedaine, sue la misanthropie et le racisme par tous les pores, et content de lui avec ça, mais le tout avec une inimitable touche so british s'il vous plaît !

"En y resongeant, il confessait à regret qu'il avait été grossier, boudeur, brutal, égoïste, déplaisant, hypocrite, lâche, prétentieux, fasciste, etc., etc. Une journée à peu près normale. Mais ..., se dit-il. Oui, mais. Etait-il tellement différent des autres dans ce pays de merde, dans ce vaste monde grouillant ?"

Affligeant de médiocrité, il faut bien dire que rien ne lui réussit, qu'il s'agisse de ses pathétiques tentatives de séduction auprès de la fille du commissaire, ou de la délicate mission de corruption que lui confie le politicien local, sans parler des basses oeuvres (successivement croque-mort, bouche-trou et Père Noël) que lui refile sans ciller son supérieur. Pour couronner le tout, le voilà affublé d'une blennorragie purulente, contractée auprès de la maîtresse bien volage qu'il entretient en ville.

Bien plus fin qu'un Sharpe (encore qu'on s'y marre bien), fichtrement bien tourné et délicieusement écrit (et traduit), un Boyd est un petit plaisir qui ne se boude pas. On y appréciera tout partiulièrement le comique de situation, avec son déploiement de scènes d'anthologie (la prise d'une perche du Niger pour impressionner Priscilla, les multiples déplacements du cadavre de la domestique, ses multiples confrontations avec le médecin qui a des principes, la rencontre imprévue dans la douche de la vieille duchesse... pour ne citer qu'elles), et surtout son deuxième / troisième degré plus que plaisant.

"L'idée puérile lui vint que s'il restait assez longtemps simplement assis sans bouger, s'il ne dérangeait personne, s'il n'attirait pas l'attention sur lui, tous les abominables traumatismes qui ravageaient actuellement sa vie finiraient par se lasser et s'éloigner en grondant, comme une armée en maraude en route pour aller saccager le village suivant."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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